Hier soir je parlais à ma mère et elle m'a dit que Frimousse était mort.
Et je n'étais pas triste de savoir qu'elle avait dû le faire piquer, parce qu'il avait seize ans et qu'il était malade, et qu'au moins comme ça il ne souffrait plus. Et je n'étais pas triste parce qu'il avait eu une belle vie de chat: seize ans passés à rien glander, à se lécher le trou de balle et à tuer des bestioles, c'est un peu le nec plus ultra du chat.
Et je n'étais pas triste de ne pas lui avoir dit au revoir, parce qu'il était déjà malade quand je suis rentrée pour Noël et qu'en lui disant au revoir avant de repartir, je me doutais bien que c'était la dernière fois que je le voyais.
Mais je suis triste parce que j'aurais dû être là quand ma mère s'est finalement résolue à le faire piquer. Et je suis triste parce que je n'arrive pas à me défaire de l'idée qu'il est mort en se demandant où j'étais.
Et je suis triste parce que c'est seulement maintenant que je réalise que je ne le reverrai plus jamais.
Je ne lui ferai plus jamais de câlins. Je ne plongerai plus jamais la tête dans sa fourrure pour la renifler (c'est pas bizarre okay, il sentait super bon mon chat). Je ne l'entendrai plus jamais ronronner sur mes genoux quand je regarde la télé. Je n'entendrai plus jamais son miaulement super chiant qui nous faisait tous crier "Ta gueule Frimousse" parce que sans déconner, ce chat miaulait en permanence et on n'a jamais su pourquoi, si ce n'est pour faire chier son monde.
C'était un casse-couilles de première, c'est vrai. Il demandait des câlins et puis il décidait d'un seul coup qu'il en avait marre et qu'il allait te bouffer le bras à la place. Il rentrait jamais ses griffes quand il se faisait un nid sur mes genoux et résultat j'avais toujours des petits trous sur les cuisses de tous mes pantalons. Il adorait mettre son trou de balle dans le visage des gens pour aucune raison particulière, si ce n'est qu'il savait probablement que ça dégoûtait tout le monde. Il venait toujours s'étaler avec bonheur sur ma pile de linge propre et se frotter aux jambes de tous les gens qui avaient des pantalons noirs juste pour laisser des poils dessus, et je te jure que près d'un an après mon déménagement en Nouvelle-Zélande, je trouvais encore des poils de Frimousse dans mes fringues, parce qu'il avait tellement dormi dessus que ses poils finissaient par se mêler aux fibres de mes vêtements.
Mais c'était mon casse-couilles.
C'était mon casse-couilles au nom pourri parce que je l'avais choisi quand j'avais 9 ans et j'étais bête et mièvre, si j'avais su je lui aurais donné un nom qui pète la classe genre Schopenhauer ou Sargeant Fuzzyboots, mais non toute sa vie il s'est appelé Frimousse, et maintenant il est mort.
Et je suis triste parce que je ne sentirai plus jamais cette petite boule de poils qui ronronnait si confortablement entre mes jambes pendant la nuit, cette présence qui me rassurait à chaque fois que je me réveillais d'un cauchemar persuadée qu'un monstre se cachait dans un coin sombre de la chambre. Pendant quinze ans j'ai dormi avec lui, et quelquefois je me réveille encore en sursaut dans mon lit à Auckland parce que j'ai cru sentir le poids de cette petite boule de poils entre mes pieds.
C'était mon petit chaton, c'était mon vieux pépère, et maintenant il est mort.
Et je suis triste parce que je me demande: qui va venir me donner des coups de patte sur le visage à quatre heures du matin pour que je lui ouvre la porte? Qui va me suivre partout quand je suis malade, et me regarder d'un air sérieux quand je vomis mes tripes dans les toilettes? Qui va m'offrir des moitiés de souris joliment enrubannées d'entrailles et les poser délicatement sur mon lit au petit matin? Qui va venir mettre des poils sur tous mes vêtements?
Et je regarde mon nouveau jean qui n'a pas de tout petits trous sur les cuisses et ça me donne envie de pleurer, parce que mon Frimousse est mort et je ne le reverrai plus jamais.
Je pense que je n'ai pas besoin de te dire que je sais exactement ce que tu ressens. C'est pas facile de perdre nos bébêtes, surtout pas quand on les a depuis aussi longtemps. J'essaie de me rassurer et de me dire que Lily savait qu'elle était seule chez le veto car je voulais la soigner, que je faisais ça pour elle, mais une partie de moi me dit toujours qu'elle est morte seule, que je n'étais pas près d'elle et qu'elle s'est laissée mourir car elle se pensait abandonner. L'impression ne part pas de suite, je l'ai toujours et ça fait trois mois. J'ai même un nouveau chat et je pense tous les jours à ma Lily, tous les jours je veux lui dire bonjour et la câliner et tous les jours je me rappelle qu'elle n'est plus là. Ça fait vide de rentrer et de voir que toutes les petites habitudes qu'on avait avec notre animal ne sont plus là, ça fait mal de se dire qu'on ne les reverra plus jamais mais ça passe. C'est comme tout, c'est de moins en moins difficile à vivre. Faut juste attendre que ça passe et cesser de s'en vouloir. T'as aimé Frimousse (et t'étais bien la seule à l'aimer à ce point) et je suis sur qu'il adorait sa maitresse. Je me réconforte en me disant que Lily a eu une super longue vie, pleine de câlins et d'amour et c'est pareil pour Frimousse. Je te fais de gros bisous ma belle et un calin très fort à 20 000km. Olive you!
RépondreSupprimerJuste pour te dire que je ne connaissais pas Frimousse mais que je suis triste aussi qu'il soit parti. Je te dirais bien comme Rafiki à Simba il vit en toi, mais d'ici là bon courage pour ton deuil :(
RépondreSupprimerTu as fait monter des larmes au coin de mes yeux... J'ai reconnu tant de choses dans ce que tu décris... Le chat qui montre son cul à la terre entière, mais pourquoi ils font tous ça ?! Et leur odeur... Vrai, qu'ils sentent bons. Tu fourres ton nez dans leur poil, et après tu râles pendant 20 minutes parce que t'as des poils dans les qui chatouillent, et dans la bouche, et dans les yeux... Mais c'est tellement irrésistible !
RépondreSupprimerJe suis toute désolée pour ton Frimousse, qui en plus était un chat magnifique !
Courage.
Il te lacère les jambes, il te force à te lever la nuit pour le servir, à le nourrir à l'œil, il te montre son derrière en guise de récompense - et tu l'aimes ?
RépondreSupprimerUn petit exposé s'impose, on dirait :) fr.wikipedia.org/.../Syndrome_de_Stockh...
Rhooo à cause de Frimousse (et de toi) j'ai du me moucher dans ma manche parce que tout mon visage coulait (ouais, pas que les yeux)....Grosse pensée d'amour pour nos sales chats trop chiants mais tellement adorables (et inoubliables) :)
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