lundi 17 décembre 2018

Séries 2018, partie II : le top

Et c'est parti pour mes séries préférées de l'année!

Alors, comme d'habitude, je me concentre sur les nouveautés (soit : les séries sorties en 2018, ou fin 2017), mais je voudrais quand même commencer avec un petit hommage aux excellentes saisons 2018 de séries plus anciennes qui, comme un bon rouge, vieillissent avec brio (enfin c'est ce qu'on m'a dit, perso je bois pas de vin rouge parce que ça me fait la bouche toute pâteuse et j'aime pas les tanins) :

1. La saison 3 de The Expanse qui fait que nous mettre la tête à l'envers et on en redemande.
(Et aussi : Amos est désormais officiellement mon personnage préféré, et si vous touchez à un cheveu de sa tête dans la prochaine saison, je fais la révolution.)

2. La saison 2 de Luke Cage, qui était étonnamment profonde pour un truc de super-héros (et MERCI pour non pas un, mais DEUX méchants charismatiques et profonds!) (Dommage que ce soit cette série-là que Netflix décide d'annuler, mais bon, au moins on a eu deux bonnes saisons.)



3. La saison 2 d'Atlanta, qui frôle le génie pur sur tous les plans (interprètes, réalisation, scénario, musique, TOUT Y EST).

4. La saison 5 de Brooklyn-Nine-Nine, qui a eu quelques faiblesses d'écriture vers la fin mais était globalement vraiment solide, et puis on a eu le mariage de Jake et Amy et c'était tellement choupi que ça pardonne tout.

Et aussi le MEILLEUR COLD OPEN DE TOUTE L'HISTOIRE DES COLD OPENS :


5. Crazy Ex-Girlfriend qui est toujours PAR-FAITE.

6. La saison 2 de The Handmaid's Tale qui m'a faite clairement reconsidérer mes choix en matière de loisirs :

- T'es de nouveau en train de pleurer?
- Wiiiiiiiiiii
- Mais Cha, tu te fais du mal!
- C'est si triiiiiiiste
- Mais arrête de regarder alors!
- Mais ça fait *snif* passer un message important *snif* sur la société!

(En fait, je mets cette série sur le même plan émotionnel que "la Liste de Schindler" : ça fait pas du bien à regarder, mais une fois que tu l'as vu, t'es content de l'avoir vu.)

(Et à ceux et celles qui se tâtent à regarder la saison 2 parce que la première était bien costaude : LES CHOSES NE S'ARRANGENT PAS, voilà, vous êtes préparés.)

Voilà, on peut sans plus tarder passer à mes coups de coeur de cette année !


8. Wellington Paranormal


On commence en douceur avec une petite série comique gentiment allumée, et qui rassemble plein de choses que j'adore – des Néo-Zélandais, de l'humour absurde, de l'humour absurde néo-zélandais, ah et est-ce que j'ai précisé que c'était un spin-off de What We Do In The Shadows (le documenteur le plus drôle du monde) et que c'était écrit et réalisé par Jemaine Clement (l'un des deux hommes les plus drôles du monde)?

(Pour ceux qui se demandent, le second c'est Bret McKenzie, parce que Flight of the Conchords c'est ma série culte, c'est ce que je regarde quand je suis malade, c'est ma série pour me remonter le moral après une grosse journée, bref, c'est mon F.R.I.E.N.D.S néo-zélandais.)

Bref, si tu aimes l'humour un peu absurde, et que tu es réceptif aux blagues purement kiwies, cette série te fera probablement hurler de rire.

Quelques morceaux choisis :



7. Sharp Objects


On fait un grand écart radical avec une série bien glauque, noire et poisseuse comme on les aime comme on est obligé de regarder parce que c'est bientôt la fin du monde et qu'apparemment tout le monde est dépressif de nos jours.

(Pourquoi tous les memes internet sont bourrés de blagues sur le suicide, maintenant?)

(Où est passé le bon vieux temps où c'étaient juste des chats mignons qui parlaient de cheeseburgers avec des fautes d'orthographe?)

Bref, cette minisérie est réalisée par Jean-Marc Vallée, qui nous avait déjà livré le très bon "Big Little Lies" l'an dernier, et on retrouve pas mal de points communs entre les deux séries : toutes les deux des miniséries (du moins à l'origine), adaptées de romans écrits par des auteures auréolées de gloire, toutes les deux produites par HBO, et toutes les deux avec des femmes brisées au centre de l'histoire.

(D'ailleurs, l'auteure de "Sharp Objects", Gillian Flynn, a également écrit le polar "Gone Girl", lui aussi adapté à l'écran, mais au cinéma cette fois-ci.)

L'histoire : Camille, une journaliste au lourd passé émotionnel (jouée par Amy Adams, toujours impeccable) retourne dans sa ville natale du sud des Etats-Unis pour couvrir un fait divers bien glauque (deux adolescentes assassinées) – et devine quoi? Ça pourrait n'être que le début....


Camille est alcoolique, se scarifie, a l'air constamment au bord du gouffre, et passe le plus clair de son temps à conduire dans le noir avec ses magnifiques cheveux au vent :


Et elle passe le reste du temps à interviewer des gens chelous et à se prendre la tête avec l'espèce de monstruosité gracieuse qui lui sert de mère.

C'est poisseux, tout le monde transpire à blinde, tous les personnages secondaires ont l'air à deux secondes de péter une durite, et c'est captivant, fascinant, et assez horrible en fin de compte.

Verdict : je donne à cette série la note de malaise/20, mais dans un sens cool. (Pense "première saison de True Detective".)



6. Deutschland 86


Il y a fort fort longtemps (en 2015) je te parlais de Deutschland 83, la mini-série qui m'a fait regretter que c'était une mini-série tellement que j'en voulais plus.

Eh ben devine quoi, Dieu existe, et cette année, on a eu droit à une suite !

(Donc, je triche, Deutschland 86 n'est pas vraiment une nouvelle série, mais après un hiatus si long, j'avais envie de t'en reparler.)

Donc notre poto Martin est de retour et il est toujours aussi naïf, ça fait un peu tièp mais on l'aime quand même. (Coeur sur toi, Martin.) C'est toujours autant le bordel en RDA, sauf que maintenant c'est aussi le bordel à Paris, en Afrique du Sud, et en Libye, et tu le sens ou pas le budget Amazon?

Par contre, je te conseille de revoir la première saison avant d'embrayer, parce que woouh les scénaristes s'emmerdent pas à nous rappeler qui est qui, ils plongent immédiatement dans le vif de l'action comme si on n'avait pas tous eu des vies pendant ces trois dernières années, en mode "Ah mais tu te rappelles probablement de ce personnage secondaire, de son histoire, et de toutes les interactions qu'il a eues avec tous les autres personnages."

(Euh, pas du tout, mais c'est pas grave, merci d'avoir ramené cette série, je vous aime tous.)

Bref, saute tout de suite sur Deutschland 86 si tu aimes les séries d'espionnage pleines d'action, de suspense, et d'un sens de l'humour inattendu :


(Belles références, Martin)

5. Bodyguard


Une mini-série haletante signée la BBC, ce qui est un gage de qualité dès le départ (tu sais au moins qu'ils vont pas diluer l'histoire pour faire plus d'épisodes, et c'est déjà beaucoup).

L'histoire suit David Budd, un sergent dans la police de Londres (joué par Richard Madden, alias Robb Stark dans Game of Thrones) (mais si, rappelle-toi, on étais tous tellement tristes quand il s'est fait assassiner dans la saison 3) (en tout cas moi j'étais triste).

David Budd est un ancien soldat qui souffre de PTSD (en VF "trouble de stress post-traumatique") (en gros : il va pas super).

Son mariage est détruit par son état de santé mentale troublant, au premier épisode, il manque d'exploser dans un attentat, et pour le récompenser, on l'assigne comme garde du corps de la ministre de l'intérieur, sauf qu'ABSOLUMENT TOUT LE MONDE VEUT LA TUER.


(Super !)

Donc, la série a des bons acteurs, un scénario bien ficelé, des premiers épisodes absolument haletants (au sens où j'ai littéralement oublié de respirer à deux-trois reprises), une tension à faire claquer ton slip, et, surtout, un très profond sens du réel.

Je dis "sens du réel" et pas "réalisme" parce que, soyons honnête, je suis pas flic, et encore moins flic en Grande-Bretagne, donc j'ai aucune idée de la véracité de ce qui m'est présenté à l'écran, mais on a une très forte sensation de réel en regardant les événements se dérouler. Genre, t'as vraiment l'impression que ça pourrait être en train de se passer en ce moment, et la série est super accrocheuse dans le sens où elle t'immerge ainsi complètement dans l'action.

Après, je reste mitigée quant à certains des éléments en filigrane que la série fait passer l'air de rien (le personnage qui est controversé pour appeler sans cesse à une surveillance renforcée des citoyens – notamment en exploitant les données personnelles sur les réseaux sociaux – finit assassiné dans un attentat, du coup.... ben, ça lui donne un peu raison?).

Petit bonus (seulement pour les gens qui ont regardé la série) (ou qui ont pas peur des spoilers) : un petit compteur de tous les "Ma'am" :


(Y'en a environ dix mille.)


4. 1983




Oh là là une série polonaise sur Netflix mais fallait que je la voie même si j'avais aucune idée de quoi ça parlait.

(Histoire que j'aie autre chose que le Witcher pour pratiquer ma LV3.)

Et, devine quoi? La série c'est une uchronie, alias MON GENRE DE SCIENCE-FICTION PRÉFÉRÉ DANS LE MONDE ENTIER, est-ce que ce monde est pas trop merveilleux des fois??!

Résumons : la série se nomme "1983", mais elle ne se passe en fait pas en 1983 (piégé!) mais en 2003. C'est donc une uchronie, soit un "passé alternatif" (pense "The Man in The High Castle"), puisque le postulat de départ de la série est de réécrire l'histoire : en 1983, donc, un attentat à Varsovie coûte la vie à plusieurs centaines de personnes, à la suite de quoi, la nation qui était sur le point de rejeter le communisme s'unit, et le rideau de fer ne tombe jamais.

Nous sommes maintenant en 2003, et la Guerre Froide n'est toujours pas terminée. Nous suivons la vie de Kajetan, orphelin des attentats de 1983 et désormais étudiant en droit, qui évolue dans une Varsovie semi-moderne (où les gens ont des ordinateurs, mais tout le monde s'habille comme dans 1984) (le film, pas la vraie année) (tu suis toujours?)


(Charmant)

La vie somme toute heureuse de Kajetan est bouleversée lorsque son professeur de droit lui offre une vieille photo de lui à un mariage en 1983, et Kajetan est genre ? okay ? mais ensuite le mec meurt mystérieusement (LOL en fait c'est pas mystérieux du tout, il est clairement assassiné) et donc Kajetan se dit que tout ça n'est pas le fruit du hasard et qu'il doit résoudre le mystère de ces inconnus sur la photo, et dès qu'il essaye d'avoir des réponses, oh tiens! Toutes les archives de cette époque sont effacées, c'est fâcheux dis donc.

Tu t'en doutes, toute cette histoire sent la machination à plein nez, et Kajetan plonge de plus en plus profond dans une conspiration gigantesque, aidé par le flic le plus "film noir" de toute l'histoire des films noirs :


(Le mec porte un imper même quand il ne pleut pas, c'est dire.)

Bref, l'histoire est captivante, les décors nous immergent dans ce passé alternatif, et l'exposition est heureusement pas trop longue étant donné qu'on n'a que 20 ans d'histoire alternative à expliquer (ce qui est bien plus digeste que les 350 années d'explication d'Altered Carbon, par exemple)

Seul petit bémol, certains des acteurs secondaires sont un peu à la ramasse (mais heureusement, les trois acteurs principaux sont solides), et puis est-ce que quelqu'un peut m'expliquer pourquoi "l'Oncle" mafieux, qui s'exprime par ailleurs dans un polonais absolument parfait, parle avec un accent asiatique tellement forcé qu'on dirait le méchant dans Tintin et le Lotus Bleu?


(Michel Leeb, sors de ce corps!)

Bref, si tu aimes les uchronies, les histoires d'espions, et que la VO ne te dérange pas, cours voir 1983.

(C'est moi ou ce top 2018 contient beaucoup trop d'histoires d'espionnage?)


3. The Alienist


Doux Jésus une série avec Daniel Brühl mais je saute tout de suite à bord t'as même pas besoin de me dire de quoi ça parle !

C'était à peu près ma réaction quand j'ai appris la sortie de "The Alienist".

(La faute à "Good Bye Lenin" et à ce crush que je me trimballe depuis quinze ans.)

(Attends, QUINZE ANS?)

(Ah oui. 2003.)

(On est vieux, les gars.)

Et, surprise, la série est bonne même en enlevant le facteur "Daniel Brühl mon amour d'enfance", donc c'est cool!

Le pitch : nous sommes à New York, à la fin du XIXè siècle, et l'aliéniste (c'était le vieux nom pour "psychiatre") Laszlo Kreizler (Daniel Brühl) va aider la police new-yorkaise à résoudre une série de crimes macabres – en gros, c'est un peu "Esprits Criminels" mais en 1896.


(Mais avec beaucoup moins d'ordis et beaucoup plus de craie.)

Le Dr. Kreizler est aidé dans sa tâche par Sara Howard (Dakota Fanning), une jeune femme résolue à briller malgré le machisme ambiant, et son meilleur ami John Moore (Luke Evans – mais si, tu sais, le mec du Hobbit qui ressemblait plus à Orlando Bloom qu'Orlando Bloom), un ivrogne absolument adorable qui passe son temps à remplir le rôle de damoiselle en détresse, sans déconner c'est hilarant le mec fait 1m90 et se fait kidnapper à chaque épisode par littéralement n'importe quel clochard, j'adore.

Et aussi, il passe son temps à demander Sara en mariage alors qu'il est clairement une épave et qu'elle mérite tellement mieux, mais C'EST TROP MIGNON JE LES SHIPPE QUAND MÊME.


(DIS OUI SARA SON COEUR EST PUR)

La série est pleine de suspense, d'enquêtes, de déductions brillantes, et de réflexions intéressantes sur la société. Par contre, niveau réalisme historique, au niveau des costumes et des décors c'est parfait, au niveau des moeurs, moyen.

(Genre c'est le XIXè siècle, des prostitutées trans se font assassiner, et la police américaine en a quelque chose à foutre?)

(On est au XXIè siècle et les gars tirent sur des noirs juste parce qu'ils sont noirs, vous voyez pas le décalage?)

Big up aussi au personnage de Sara qui arrive à se faire respecter dans son travail par quasiment tout le monde, alors que LOL parce qu'on a beau être à New York, ville progressiste, dans la vraie vie tout le monde sait que son rôle dans la série aurait été bien écourté :

- Bonjour, je m'appelle Sara Howard, je viens vous aider dans votre enquête.
- Parfait, j'avais justement une petite faim ! Tu vas me faire un sandwich, chaton?

Enfin bon, si on faisait des séries historiques vraiment réalistes, tous les personnages seraient détestables, donc je comprends quand même que les scénaristes prennent quelques libertés de ce côté-là.

(C'est un peu comme dans "Vikings" où y'a que les méchants Vikings qui violent des meufs, et les gentils Vikings sont en mode "non non, le consentement c'est important, chez nous, au neuvième siècle".)

Bref, si tu aimes les séries historiques, policières, ou les deux, tu vas kiffer The Alienist !


2. The Marvelous Mrs Maisel


Ha mais comment t'expliquer le coup de foudre instantané que j'ai eu pour cette série?

Comme beaucoup, je suis complètement passée à côté de The Marvelous Mrs. Maisel lors de sa sortie, et j'en ai seulement entendu parler quand elle a raflé littéralement tous les bons Emmys en septembre dans la section "comédie".

(Meilleure actrice principale, meilleure actrice secondaire, meilleur scénario, meilleure réalisation, meilleure série, RIEN QUE CA.)

Je me suis donc dit qu'il fallait que j'aille voir par moi-même si une série peut être tellement bien qu'elle arrive à détrôner Atlanta, GLOW et Silicon Valley (trois excellentes séries, soit dit en passant) (Même si j'ai un peu de mal à comprendre ce que GLOW et Atlanta font dans la section "comédie") (Je pense que ça en dit long sur la dramatitude des séries dramatiques actuelles) (Encore une fois, je ne suis pas remise de The Handmaid's Tale).

Et devine quoi? Cette série est tout bonnement MAGIQUE.

C'est drôle, c'est bien écrit, c'est bien filmé, les acteurs sont bons, les personnages sont un délice, les décors sont divins, et MON


DIEU


CES


TENUES !!!


(Emoji coeur avec les yeux !)

L'intrigue suit la vie de Midge Maisel, une jeune femme juive aisée (mais genre BIEN RICHE hein) qui vit dans le New York de la fin des années 50 (d'où ses magnifiques tenues). Sa vie de fille à papa sans problèmes s'effondre quand son mari la quitte sur un coup de tête et qu'elle se demande comment elle n'a rien vu venir, comment il a pu lui faire ça, et surtout, qu'est-ce qu'elle va faire de sa vie maintenant?

Alors que tout le monde autour de Midge lui fout la pression pour aller récupérer son mari par tous les moyens nécessaires, elle découvre le stand-up, et se trouve une pote / imprésario qui est déterminée à en faire la nouvelle étoile montante de la scène comique.

Et tu te rappelles plus haut quand je te disais que les personnages sont un délice? Ils sont tous tellement géniaux que j'arrive pas à décider qui je préfère, entre la mère BCBG coincée de Midge :


Son père gentiment à l'ouest :


Et sa copine Susie qui est juste adorable :


Bref, The Marvelous Mrs. Maisel est la série parfaite pour te mettre la pêche et te faire re-gravir la pente après "Sharp Objects" (ou, à tout hasard, la saison 2 de The Handmaid's Tale.) (Est-ce que j'ai déjà mentionné la saison 2 de The Handmaid's Tale?)


1. The Haunting of Hill House


Oh là là oh là là mais comme cette série m'a mis la tête à l'envers.

J'ai tellement de choses à dire sur cette petite merveille que je ne sais même pas par où commencer, donc commençons par te raconter de quoi ça parle :

Alors c'est l'histoire d'une famille qui s'installe dans un manoir qui a l'air méga hanté, et devine quoi? Il est hanté!


(quelle surprise)

La série oscille entre passé et présent, entre l'été que la famille a passé dans la maison et qui s'est terminé par la mort mystérieuse de la mère, et le présent où les enfants, désormais adultes, se retrouvent obligés de confronter la maison hantée une fois de plus.

On suit donc les cinq enfants de la fratrie Crain : l'aîné, Steven, qui pourrait aussi bien être une tranche de pain de mie tellement il sert à presque rien :


(DERRIÈRE TOI !)

(Et ça tombe bien, Stephen adulte est joué par Michiel Huisman, alias le Daario Naharis du pauvre dans Game of Thrones.)

Ensuite, on a Shirley, la raisonnable, la responsable, bref la "maman" de la famille :


(DERRIÈRE TOI !)

Et puis il y a Theo, qui est super-intelligente, a des pouvoirs de médium, et les utilise dans sa vie d'adulte pour protéger les enfants qui ont souffert de traumatismes comme elle, ET MALGRÉ TOUT CA ELLE NON PLUS N'ARRIVE PAS A REGARDER DERRIÈRE ELLE : 


(DERRIÈRE TOI BORDEL!)

En dernier, il y a les jumeaux Nell et Luke, qui ont été le plus affectés par les fantômes de Hill House, et qui sont tombés respectivement en dépression et dans la drogue et BORDEL MAIS REGARDEZ DERRIÈRE VOUS LES ENFANTS !


(LE PIANO PUTAIN IL EST JUSTE LA!!!)

Et enfin, on a les parents Olivia et Hugh (qu'on ne voit presque que dans les flash-backs), des parents aimants et désemparés face aux esprits qui hantent la maison, et je sais pas mais peut-être que ça aiderait si VOUS REGARDIEZ DERRIÈRE VOUS UNE FOIS DANS VOTRE VIE NON??! 


Bref, c'est l'histoire d'une famille qui fait constamment des échecs critiques à tous leurs perception checks, et c'est l'histoire de moi sur mon canapé en train de gémir de terreur à chaque instant de la série parce que, tu l'as compris, il y a des fantômes cachés PARTOUT, TOUT LE TEMPS :


(BON DIEU MAIS RETOURNEZ-VOUS!)

Je te le dis tout net, cette série m'a causé des cauchemars pendant des jours, au point que j'étais à ça de laisser tomber à mi-parcours parce que je suis clairement une petite chose fragile qui s'est trop ramollie depuis son adolescence.

(Il fut un temps où je pouvais manger mon petit dèj devant l'Exorciste, laisse-moi te dire que ce temps est BIEN RÉVOLU.)

Fort heureusement, j'ai continué la série jusqu'au bout, et je m'adresse ici personnellement aux petites flipettes dans mon genre : faites de même, parce que la fin est super apaisante et a fait disparaître tous mes cauchemars.

(Et, globalement, l'horreur est moins épouvantable à partir de l'épisode 6.)

Et j'ai tellement bien fait de persévérer, parce que cette série est bien plus qu'une série d'horreur fort bien ficelée (ce qui en soi serait déjà pas mal) : c'est un drame familial et une réflexion puissante sur la mort, le deuil, et plein d'autres trucs joyeux.

Visuellement, la série est un chef-d'oeuvre, et pas seulement pour tous les fantômes cachés en arrière-plan : chaque effet de lumière, chaque travelling a son importance (par contre, pas merci pour avoir mis des statues partout dans tous les putains de couloirs de ce putain de manoir). Contrairement à beaucoup de films d'horreur, Hill House résiste à l'envie de sur-cuter l'action au montage, et préfère au contraire de longs plans ininterrompus qui font doucement monter l'angoisse (voire des plans-séquences hallucinants de plusieurs dizaines de minutes, cf. le brio incroyable de l'épisode 6, qui alterne passé et présent sans une seule coupure).

Les acteurs sont tous excellents, adultes comme enfants – et aussi, est-ce que c'est possible d'adopter le petit Luke s'il vous plaît, c'est pas pour moi c'est pour une copine :


(Mais ces grosses lunettes, quoi!)

Les personnages, enfin, forment le noyau de la série – tous admirablement bien écrits et bien interprétés, tous attachants et exaspérants à tour de rôle, ils donnent vraiment l'impression de voir des membres d'une véritable famille en interaction, avec tout ce que ça comporte d'amour, de jalousie, de commérages et de squelettes dans le placard.

La vraie force de cette série, ce n'est pas la façade horrifique de l'histoire, c'est la réflexion beaucoup plus pertinente sur la perte des êtres chers et sur les clivages que les non-dits creusent dans une famille. Les fantômes, nous dit la série au final, ne sont que l'expression de nos peurs, de notre chagrin et de nos traumas.


(Et, des fois, une meuf des années 20 qui vient juste te hanter pour le fun.)

Des gens beaucoup plus intelligents que moi ont même très justement relevé que les cinq enfants Crain, une fois adultes, personnifient les cinq étapes du deuil : Stephen est le déni, Shirley la colère, Theo le marchandage, Luke la dépression, et Nell l'acceptation.

Bref, mes gémissements de peur se sont peu à peu mués en sanglots au fur et à mesure que la série progressait, et je vais pas te raconter la fin mais laisse-moi juste te dire que ça fait du BIEN de voir une série qui répond à toutes les questions que tu te poses, et qui te fout un bon point final après avoir mis tous les points sur les i.

Donc, si tu n'as pas encore regardé cette série et que tu n'as pas trop peur de faire des cauchemars deux-trois jours, file vite regarder The Haunting of Hill House.

Pour les autres, un résumé bref :


(Voilà, c'est bon, c'est toute la série.)

Et toi, quelles ont été tes meilleures découvertes séries de cette année? 

dimanche 2 décembre 2018

Séries 2018, partie I : le flop


Comme chaque année, parce qu'on vit dans l'âge d'or de la télévision, je te fais un petit récap des nouvelles séries que j'ai regardées cette année, avec les plus et les moins.

Et comme d'habitude, parce que c'est plus rigolo de dire du mal des gens, on commence avec les séries que j'ai pas aimées cette année.

Il n'y en a pas eu tant que ça, parce qu'âge d'or des séries oblige, je fais un gros tri avant d'attaquer un truc nouveau, et je ne regarde que :

1. Les séries qui ont des bonnes critiques
2. ET qui ont un sujet qui m'intéresse

(Donc, arrêtez de me gaver avec Casa del Papel, je l'ai pas vue, je la verrai pas, les histoires de braquages ça me fait chier, on passe à autre chose.)

Je commence doucement avec les "mentions honorables", alias : les saisons qui étaient pas terribles, mais pas assez mauvaises pour me faire complètement retirer la série de ma liste, mais quand même suffisamment mauvaises pour que je les considère "en sursis" (à savoir : si la saison suivante ne corrige pas le tir, c'est tchao).

- La saison 4 de Superstore qui commence à s'essouffler, notamment avec l'arc narratif Jonah/Amy en mode "on sort plus ou moins ensemble m'enfin c'est casual" alors que merde ça servait à quoi de me farcir trois saisons de regards langoureux si c'était pour me sortir une romance tiède?


(MAIS AIMEZ-VOUS MIEUX QUE CA BORDEL!)

- La saison 5 de Vikings, où clairement tu sens que The History Channel s'était dit : "Si on a de la chance, on peut faire peut-être trois saisons", et ensuite ils sont devenus ivres de leur propre succès, et maintenant ils rechignent à tuer leur poule aux oeufs d'or et je sais que c'est dur parce que c'est votre programme le plus rentable, mais, les gars, à un moment donné, il faut savoir s'arrêter, et vous auriez clairement dû vous arrêter à la mort de Ragnar.

(Et que personne ne vienne me dire "Han spoiler!", on sait comment il meurt depuis le treizième siècle, hein!)

- La saison 2 de Jessica Jones où on est d'accord qu'on s'est fait super chier, en fait? Et que toute la trame narrative avec la mère n'apporte au final pas grand-chose au personnage de Jessica Jones?


(Et aussi, y'a que moi qui ait eu envie de coller des tartes à Trish tout le long de la saison?)

Bon, maintenant qu'on s'est mis en bouche, on peut attaquer le lourd, alias : les séries bien décevantes de 2018.

On commence par celle que j'arrive toujours pas à dire si je l'ai aimée ou détestée, j'ai nommé :

Castle Rock


Clairement, c'était une série qui avait tout pour m'allécher : inspirée de l'univers de Stephen King, bourrée de bons acteurs (notamment l'excellent André Holland, que j'avais beaucoup aimé dans la série The Knick, et qui m'a fait pleurer comme une madeleine dans Moonlight), et est-ce que j'ai mentionné que c'était un hommage aux livres de Stephen King?

Dix épisodes plus tard, je suis....perplexe.

Est-ce que cette série était bonne? Honnêtement, je ne sais pas. Je l'ai vaguement appréciée (suffisamment pour la regarder jusqu'au bout), mais, si je l'avais pas vue, je pense que ça n'aurait pas bouleversé ma vie.

D'un côté, j'ai beaucoup apprécié les petites références à l'oeuvre de Stephen King, qui ont la grande qualité de savoir se faire discrètes et de ne pas hurler au visage du spectateur "C'EST UNE REFEREEEENNNNCEUUUUH!" (n'est-ce pas, Stranger Things?). D'ailleurs, j'en ai probablement loupé pas mal, en dehors des évidents clins d'oeil à Shining, Cujo, Simetierre et Shawshank Redemption.


(Par contre, comment est-ce que vous faites descendre le môme à Jerusalem's Lot et y'a PAS DE VAMPIRES??! C'te déception.)

Autre point fort de la série, les interprètes sont tous très bons (mention spéciale à Sissy Spacek, magistrale). Par contre, le scénario chelou, on en cause deux minutes?

En gros, c'est l"histoire de Henry Deaver, un mec de Castle Rock qui a mystérieusement disparu pendant onze jours étant enfant, et s'est réveillé amnésique. Vingt-sept ans plus tard, il revient à Castle Rock pour s'occuper de sa mère qui est malade d'Alzheimer, et s'occupe en même temps du cas d'un jeune homme découvert dans une cage au fin fond d'une vieille prison (et surnommé "le Kid") qui apparemment est là lui aussi depuis vingt-sept ans (sauf qu'il a l'air d'avoir....allez, trente balais max.)

Toute la saison oscille entre passé et présent, y'a des promenades dans les bois, des oiseaux chelous, un pasteur fou qui s'est peut-être fait assassiner mais peut-être que non, une stalker médium, des acouphènes, le Kid est apparemment une sorte d’engeance du mal (?) mais en fait non (?) mais en fait si peut-être (?), et aussi y'a peut-être deux Henry Deaver (??) mais peut-être qu'un seul (??!)

Ah oui, et y'a le petit frère du môme de "Maman j'ai raté l'avion", aussi.


(Ma foi, on n'est plus à ça près.)

Bref, tu l'auras compris, ça part dans tous les sens, on te pose mille questions et on t'apporte à peu près deux réponses, et, pour moi qui aime pouvoir mettre les points sur le i, ça la fout mal.


The Terror


Récapitulons deux minutes les trucs que j'aime :

- les séries historiques : j'aime
- le fantastique : j'aime
- les acteurs britanniques : ouiiiii
- les trucs qui se passent dans le Grand Nord : j'adore (depuis que j'ai lu mon premier Jack London quand j'avais sept ans) (C'était "L'Appel de la Forêt" et c'était tout bonnement magique).

Du coup, tu peux imaginer mon enthousiasme quand j'ai entendu qu'il se préparait une série historico-fantastique, pleine d'acteurs absolument crème de la crème (Jared Harris = mon idole), qui se basait sur l'histoire vraie de l'expédition perdue du capitaine Franklin qui avait tenté de franchir le Pôle Nord en bateau, et en plus ils ont une inuit dans l'histoire et elle est jouée par une vraie actrice inuit? N'en jetez plus, je monte à bord.

Malheureusement, j'ai vite déchanté après quelques épisodes (même si j'ai tout de même regardé la série jusqu'au bout) (mais après, on va pas se mentir, le fait que c'était une mini-série était quand même un gros facteur) (s'il y avait eu une saison 2, j'aurais peut-être abandonné plus tôt).

Premier souci : le problème du réalisme.

C'est marrant, parce que quand la série est sortie, tout le monde s'est extasié sur les effets spéciaux et leur "réalisme bluffant", et j'étais là devant ma télé en train de me dire "Est-ce qu'on parle bien de la même série?"

Parce que je veux bien qu'on n'ait pas tous le budget de Game of Thrones pour aller tourner en Islande et mettre tous ses acteurs en hypothermie, mais bon, vous êtes censés être au POLE NORD en HIVER et les gus sont toujours dehors à visage découvert, OKLM, même pas une petite paire de gants, c'est bon, on est à la cool, une petite caïpirinha Jean-Denis?

Donc je trouve ça hyper dommage que, pour une série qui se passe dans le Grand Nord, on ne sente jamais le froid - quand les mecs des CGI n'oublient pas carrément leurs fondamentaux :


(Euh... non ? Vous oubliez rien, là? Genre, au hasard, de la buée qui sortirait de leurs bouches et de leurs nez parce qu'il fait -30 degrés?)

Et puis juste une dernière remarque et j'arrête : OU EST LE VENT?

Parce que bon, les décors sont bien faits, les banquises, les glaciers, tout ça, mais vous êtes au Pôle Nord à des lieues de toute terre, y'a pas un arbre ou une montagne pour faire barrage, ça devrait souffler sa race et pas un seul dude n'est décoiffé! Alors excusez-moi du peu, mais pour les "effets spéciaux fabuleusement réalistes", on repassera.

Idem pour la créature Tuunbaq (un genre d'esprit inuit qui est décrit comme un ours polaire avec un visage humain), parce que MANDIEU QU'IL EST LAID, et surtout MANDIEU QU'IL FAIT CHEAP, on dirait un jeu vidéo tellement le rendu de la bestiole fait fake.

Et ça, je pense qu'ils le savaient chez AMC, vu qu'ils attendent environ cinq épisodes avant de nous montrer un bout de bestiole dans le noir complet :


(Yeurk)

Et qu'il n'y a au final qu'une seule scène où on le voit en plein jour et de plain pied, et ça dure environ une-demi seconde :


(De toute évidence, c'est les mêmes génies qui nous ont apporté le tigre de Walking Dead.)

Enfin bref, laissons de côté les aspects techniques de la série pour nous concentrer sur le scénario : eh bien, au début, c'est plutôt prenant. Les acteurs sont tous excellents, et la tension monte crescendo de manière fort savoureuse (oh non, on est pris dans la glace ! oh non, on n'a plus de rhum ! oh non, on commence à tous choper le scorbut ! oh non, on est poursuivis par un esprit vengeur qui nous décime tous un à un!)

Mon gros bémol, c'est que la véritable histoire était déjà bien assez fascinante et bien assez tragique (aucun survivant, le scorbut, l'empoisonnement au plomb, le FUCKING CANNIBALISME) sans qu'il y ait besoin de rajouter 1) la créature 2) Satan lui-même, alias Mr Hickey, un mec qui bascule tranquillement de chaotique neutre à chaotique mauvais en moins d'un épisode, OKLM.

Sérieusement, le type passe sans raison aucune de "Je suis un opportuniste et je souhaite avancer, fût-ce en piétinant les autres" à "OKAY C'EST LA RÉVOLTE LES GARS VENEZ ON TUE LE CAPITAINE ET ON LE BOUFFE MAHAHAHAHA!!!"

 

(Bonjour, je suis un mignon petit Antéchrist.)

Enfin, c'est peut-être juste moi, mais j'ai regardé cette série d'une traite, et même au dernier épisode, j'arrivais toujours pas à différencier la majorité des personnages les uns des autres (je suppose que le fait que tous les personnages soient des hommes blancs en uniforme n'aide pas, même si pour le coup, y'avait rien à faire de ce côté-là).

Et comme en plus ils avaient tous les noms anglais les plus standards du monde (encore une fois, pas la faute des scénaristes, mais ça n'aide pas), je différenciais les personnages principaux en utilisant des surnoms de ma fabrication :


Capitaine Alcool


 Le Vieux Con


Celui Qui Se La Pète


Docteur Gentil


Docteur Méchant


????

A part ça, j'ai pas grand-chose à dire de la série, sinon que, comme Castle Rock, elle n'était pas véritablement mauvaise, mais que ça ne m'aurait pas dérangé de ne pas la voir.


Altered Carbon


Encore une fois, une série qui avait tout pour me plaire, et, une fois n'est pas coutume, tout pour plaire également à Professeur-Flaxou-j'aime-exclusivement-la-science-fiction-futuriste :

- Tu veux regarder la nouvelle série Netflix avec moi?
- Pfff, on regarde déjà tellement de choses....
- C'est du cyberpunk.
- QUOI??!


(La réaction littérale de Flaxou.)

Et bon, on va pas se mentir, j'ai décroché quasi tout de suite, et ce n'est que motivée par l'enthousiasme de Flaxou que j'ai péniblement tenu jusqu'à la moitié de la saison avant de jeter l'éponge.

Au final, même Flaxou le fan de cyberpunk n'a pas encore fini de digérer la série (elle gît dans son tas "je les finirai un jour", à côté de The Man in the High Castle, Daredevil et Humans).

Bon alors, de quoi ça parle ce truc?

Adapté d'un best-seller de Richard K. Morgan (un grand nom de la SF), la série suit le protagoniste Takeshi Kovacs, un flic/mercenaire/révolutionnaire qui évolue dans un monde futuriste où la mort est une option: en effet, la conscience d'une personne est sauvegardée dans un implant vertébral, et, quand on meurt, on peut être "transféré" dans un nouveau corps... moyennant finances, évidemment.

Takeshi se retrouve sorti de "prison" (une boîte avec des implants dedans, en fait) et implanté dans un nouveau corps, 250 ans après sa "mort". Il se retrouve à travailler pour un mec ultra-riche et qui souhaite résoudre le mystère de son propre meurtre.

Tu t'en doutes, c'est pas une mince affaire de décrire un univers aussi riche et différent du nôtre sans tomber dans ce que j'appelle le mode tuto : un dégueulis d'exposition indigeste où tous les personnages s'expliquent les uns aux autres des choses qu'ils connaissent déjà, ce qui n'a aucun sens narratif et est fait uniquement pour le confort du spectateur.

(Un indice pour reconnaître si t'es en train de visionner un "mode tuto" : si un personnage commence une phrase par "Comme vous le savez...",  t'es en plein dedans, coco. )

Altered Carbon n'échappe malheureusement pas à la règle, avec des dialogues super lourds d'explications, en mode "je te rappelle des éléments de ta propre vie quotidienne, au cas où t'aurais oublié". Alors, certes, on a l'excuse de Takeshi qui se retrouve projeté 250 ans en avant, donc c'est sûr qu'il est pas au point sur tout, mais c'est quand même relou quand d'autres personnages se racontent entre eux des éléments de l'intrigue alors qu'ils sont sous leur nez depuis à peu près toute leur vie.

(Genre Ortega et sa mère qui s'expliquent à elles-mêmes toute la controverse de l'Eglise catholique autour du changement de corps - mais vous étiez là! Vous savez déjà tout!)

Perso, je suis pas fan quand une série me prend par la main, mais là, la série ne te prend même plus par la main : elle t'attache un ballon Pikachu au poignet, tellement elle veut être sûre de pas te perdre.

Et puis, autre gros bémol qui m'a totalement fait perdre intérêt pour cette série : ces acteurs ULTRA MAUVAIS PUTAIN mais vous avez claqué tout le budget dans les effets spéciaux ou c'est quoi votre excuse?

Entre un Takeshi Kovacs monolithique et qui marmonne toutes ses répliques comme s'il venait d'avaler un Tranxène avec un-demi litre de whisky, et l'inspecteur Ortega avec son jeu d'actrice tout droit sorti d'un épisode des Feux de l'Amour, on ne sait plus où donner de la tête.

Bref, Altered Carbon, c'était bien parti, mais je crois que je vais plutôt lire le bouquin.


Better Call Saul


J'ai voulu aimer cette série.

J'ai tellement voulu l'aimer parce que j'aime tellement Vince Gilligan (je pleure encore sur le sort de Battle Creek, petit ange parti trop tôt au paradis des séries annulées à la première saison) et parce qu'on m'avait promis que du bon : une série de Vince Gilligan, donc, qui se passe dans l'univers de Breaking Bad (une de mes séries préférées) et qui suit le personnage de Saul Goodman (un de mes personnages préférés dans Breaking Bad).

Seulement, c'est bien de vouloir faire une série, mais encore faut-il trouver des trucs à nous montrer, Vince!

Et pourtant, je ne suis pas une inconditionnelle des séries pleines d'actions : j'apprécie sans problème des séries plus contemplatives et où il ne se passe pas grand-chose, si les personnages sont bien écrits et suffisamment complexes (Mad Men, Six Feet Under, et j'en passe).

Et, au vu de Breaking Bad, j'étais plutôt confiante que l'ami Vince saurait sans trop de peine nous sortir une série avec, certes, moins d'action que dans Breaking Bad (puisqu'on suit un avocat véreux, et pas un dealer de drogue), mais avec suffisamment de personnages profonds pour qu'on puisse pas mal s'enjailler.

D'ailleurs, j'étais tellement confiante que je me suis péniblement tapé QUATRE SAISONS (quarante  heures de ma vie, donc) avant de finalement jeter l'éponge.

La faute à un interprète principal impeccable et charismatique, et à une photographie d'une beauté fatale (ces plans, mon dieu, CES PLANS!), qui me faisaient dire après chaque épisode :

- Bon, cet épisode-ci, il était un peu mou, mais le suivant sera mieux! Il va se passer des choses très bientôt, je le sens.

Sauf qu'au bout d'un moment, il faut se rendre à l'évidence, Charlotte, et accepter la dure réalité : non, il ne se passe rien. Il ne se passe jamais rien dans cette série, on s'emmerde à mort, heureusement que les plans sont beaux pour qu'on ait quand même quelque chose à regarder, parce que dis donc, on se fait CHIER.

J'ai quand même regardé la saison 4 en me disant "allez, c'est la dernière, finis ce que tu as commencé". ET ENSUITE JE SUIS ALLÉE SUR WIKIPEDIA ET J'AI VU QU'IL Y AVAIT UNE SAISON CINQ??!

(Mais...non!)

(Ça suffit!)

Donc, comme cette série n'a pas l'air décidée à s'arrêter, je fais un truc que j'aime vraiment pas : je m'arrête de moi-même, et ce après avoir investi un temps considérable dans cette série.

(C'est un peu comme d'abandonner un bouquin dans les cent dernières pages : ça se fait pas.)

(Mais j'ai déjà perdu 40 heures, j'en perdrai pas 10 de plus.)


Sense8


Non, bon, mais là, je sais ce qui s'est passé, et c'est aussi de ma faute.

Quand Sense8 est sorti, j'ai beaucoup aimé son concept de base, ses acteurs, et son côté follement original qui faisait TELLEMENT DU BIEN.

J'ai même aimé son côté mièvre à fond, parce qu'en ce moment les séries c'est bien mais quand même franchement déprimant (t'ai-je parlé du trauma de The Handmaid's Tale saison 2?) (non parce que je le vis mal, sérieusement, des fois je repense à l'épisode où June revoit sa fille et j'ai envie de re-chialer, pour de vrai). Du coup, ça faisait du bien de regarder une série où tous les protagonistes étaient de gros Bisounours et passaient leur temps à faire des discours sirupeux :

- La guerre, c'est mal! Vous savez ce qui est cool? L'amour !
- L'amour c'est beau !
- On devrait tous s'aimer !
- On devrait tous se donner la main et faire une ronde autour de la terre !
- Et on devrait tous faire des partouzes géantes !


(Non, mais pourquoi pas, hein.)

Et je pense que c'est la tristesse de voir cette série annulée si tôt qui m'a fait oublier ses faiblesses, et qui m'a empêché de voir la triste vérité : que cette série n'avait en fait qu'un potentiel à très court terme.

Parce que, mon dieu, en regardant cet épisode final, je me suis dit HEUREUSEMENT qu'on n'a pas eu une saison entière !

J'veux dire, on peut parler une minute de ce scénario à la mords-moi le nœud? Je sais bien que vous aviez une saison entière à caser en deux heures, et qu'il fallait résoudre toute l'histoire avec les méchants, et la police, et la police qui bosse pour les méchants, mais alors si vous manquiez tellement de temps POURQUOI VOUS AVEZ PRIS QUINZE PUTAINS DE MINUTES A FAIRE DANSER VOS PERSONNAGES DANS UNE AUDI???!


(Était-ce bien nécessaire?)

Parce que, récapitulons, on doit caser que le cluster d'Angelica et Jonas travaillait pour le BPO (les méchants), reconstruire toutes leurs timelines (alors qu'on...s'en fout?), ah oui et puis y'a un méchant plus méchant que le méchant qui est le vrai méchant (... pourquoi?), ah oui et tu te rappelles la backstory tragique de Wolfgang, eh ben elle est encore plus tragique MAIS OUI ENFONCE LE CLOU MARCEL ON AVAIT BIEN BESOIN DE CA.

(J'veux dire, le mec a tué son oncle et la moitié de sa famille dans la saison 1, on pouvait pas s'arrêter là? Fallait-il vraiment qu'il ait aussi tué son père et que son père ait violé sa mère qui est en fait sa soeur? Tu vois à quel point cette storyline dégouline de pathos trop chargé?)

En parlant de s saisons précédentes, les chorégraphies des combats ont aussi pris un coup dans cette finale, notamment la scène à Naples avec des méchants qui visent comme des putains de Stormtroopers, heureusement qu'il y a un lance-roquettes pour que ça finisse de manière un peu cool.

De même, je comprends l'envie d'une happy end, mais était-ce bien nécessaire de faire une happy end TELLEMENT LONGUE ET TELLEMENT MIÈVRE ET OH MON DIEU UN MARIAGE SUR LA TOUR EIFFEL VOUS ETES SÉRIEUX???!


(Putain et même les fantômes sont là pour s'enjailler non mais JPP.)

(Aussi, POURQUOI EST-CE QUE VOUS DANSEZ AU RALENTI JE CROYAIS QUE VOUS AVIEZ PAS LE TEMPS?)

Par contre, je kiffe les robes de mariées de Nomi et Amanita, trop belles, c'était la seule chose intéressante dans ce mariage interminable de mille heures:


(Re-par contre, j'adore le personnage d'Amanita, mais est-ce qu'on peut revenir deux secondes sur le fait qu'elle a un nom de champignon?)

Et oui, soit, les relations entre les personnages sont choupi, mais est-ce qu'on peut avoir une pause DEUX MINUTES avant de se noyer dans cet océan de sirop à la guimauve?



Au final, je reste quand même heureuse d'avoir vu cette série, et heureuse qu'elle ait existé en son temps (notamment pour ses parti pris d'inclure des personnages de toutes les nationalités et de toutes les orientations possibles dans une série mainstream, ce qui n'est pas donné à tout le monde). Mais cette finale me laissera quand même un goût un peu amer.

Et on finit sur ma plus grosse déception de cette année:

Black Mirror


Oh là là, mes aïeux, quel fiasco.

J'veux dire, c'est le propre de cette série d'avoir des épisodes qui oscillent en qualité, mais là, honnêtement, à part l'épisode 5 (Metalhead) que j'ai beaucoup apprécié (notamment pour son histoire épurée, son rythme haletant, et son absence totale de gimmicks technologico-futuristes), y'avait rien à se mettre sous la dent.

On passe sur les épisodes 1 (USS Callister) et 4 (Hang the DJ) où on s'ennuie gentiment, parce qu'au moins, il y avait des bonnes idées derrière le scénar, et les acteurs sont charismatiques et arrivent quand même à sauver le truc.

(Par contre, on en parle de vos épisodes d'une heure et demie? Vous vous êtes crus dans Sherlock ou bien?)

On va s'arrêter un peu plus sur la nullité totale des épisodes 2 (Arkangel) et 3 (Crocodile) qui sont écrits avec le cul, en sus d'être filmés avec les pieds.

Le problème principal que j'ai avec ces deux épisodes, c'est qu'ils vont à l'encontre du principe de la série, qui est, je le rappelle : proposer une vision déformée du futur proche ou lointain via un concept technologique qui a transformé (de manière plus ou moins drastique) notre société. Ceci permet (et c'est le principe même de la science-fiction) de poser une réflexion sur notre monde actuel.

Donc, le concept de Black Mirror n'est PAS, comme je l'ai entendu mille fois, de "prédire le futur" ou je ne sais quoi. C'est pas une série faite pour être prise au pied de la lettre.

C'est pour ça que ça m'énerve toujours d'entendre des critiques qui disent :

- Heu, cet épisode sur les réseaux sociaux, il est complètement con, hein! En vrai, la société ne pourrait pas fonctionner si on mettait des notes comme ça à tout le monde! C'est franchement pas réaliste-an!

Mais bordel, personne ne suggère que c'est censé être réaliste !

Personne ne dit que les réseaux sociaux vont progressivement prendre le pouvoir sur notre monde jusqu'à ce que ceux qui ne les utilisent pas soient littéralement jetés en prison et mis au ban de la société !

(C'est la même avec tous ceux qui critiquent "Annihilation" parce que "Heu, l'ADN en vrai ça marche pas comme ça, hein." MAIS ON SAIT ! C'EST UNE ALLÉGORIE BORDEL DE CUL ! ON EN UTILISE DEPUIS L'AUBE DE L’HUMANITÉ, COMMENT T'AS PAS ENCORE COMPRIS COMMENT CA MARCHE?)

Le principe de la série n'est donc PAS de nous montrer ce qui "pourrait arriver", mais de forcer le trait pour qu'on se questionne sur ce qui nous paraît actuellement anodin.

(Par exemple, l'utilisation des réseaux sociaux comme vitrine d'une vie idyllique et le mal-être qui en découle, qui est en train de devenir un véritable problème dans notre société actuelle.)

(Enfin, pas un GROS problème, un problème de riches, on est d'accord, mais quand même.)

Bref bref.

Le problème avec ces épisodes, donc, c'est qu'ils vont à l'encontre de l'esprit de la série, parce qu'ils traitent de trucs qui ne sont PAS des problèmes de société, mais juste des problèmes pour gens tarés.

Dans l'épisode 2, "Arkangel", une mère célibataire décide d'implanter un tracker dans la tête de sa fille, qui lui permettra non seulement de voir à travers ses yeux dès qu'elle le souhaite (via une tablette qu'elle transporte avec elle) mais en plus de contrôler ce que sa fille voit en "floutant" sa vision lorsqu'elle voit des choses traumatisantes.

Et je trouve que ça trahit l'essence de la série, parce que, contrairement aux innovations présentées habituellement, où on voit clairement un bienfait en surface (par exemple, l'implant neural qui enregistre tes souvenirs, ou les abeilles robots qui remplacent celles qui sont mortes), là, c'est une idée qui pue du cul dès la première seconde!

J'veux dire, on est d'accord qu'il y a une différence entre le souhait abstrait "Ah, si seulement je pouvais suivre mon enfant à distance pour voir comment ça se passe quand je suis pas là" et "Tiens, si j'allais mater mon fils adolescent dans sa chambre pour être sûre qu'il ne prend pas de drogues, en sachant qu'il y a neuf chances sur dix que je le voie en train de se branler?"

(Pareil pour le "floutage" des trucs traumatisants : il suffit de réfléchir plus d'une demi-seconde pour se rendre compte que c'est une bonne grosse idée de merde.)

Alors okay, l'épisode cherchait sûrement à poser une réflexion en mode "surveille-t-on trop nos enfants?", mais de toute manière, c'est pas vraiment un problème actuel - y'a toujours eu des parents paranos et il y en aura toujours, c'est pas la technologie qui va influencer le problème dans un sens ou dans l'autre.

(En 1997, avant l'âge d'internet, j'avais déjà des amies dont les mamans appelaient le téléphone fixe toutes les heures pour vérifier qu'elles étaient toujours à la maison et qu'elles s'étaient pas faites kidnapper.)

Dans l'épisode 3, "Crocodile", c'est le même genre de ratage : Mia, le personnage principal (ultra antipathique, d'ailleurs, je sais pas si c'est voulu mais dans tous les cas ça n'aide pas), aide son copain à camoufler un crime alors qu'il renverse un cycliste avec sa voiture et se débarrasse du corps. Des années plus tard, l'ex-copain refait surface, rongé de remords, et annonce à Mia qu'il veut confesser son crime. Du coup, Mia le tue et se re-débarrasse du corps, MAIS se retrouve à devoir couvrir ses traces, à cause d'un instrument appelé le "Recaller" qui permet de voir les souvenirs des gens - du coup, elle se retrouve à tuer tous les témoins potentiels de son crime.

Et non seulement l'épisode est globalement mauvais (dialogues au ras des pâquerettes, interprètes à la ramasse, twist de fin navrant), mais encore une fois, quelle était la réflexion à laquelle vous vouliez nous amener? Que c'est chiant de commettre des crimes de nos jours parce qu'on peut plus facilement se faire capter? Qu'on exploite nos données personnelles à des fins tout à fait logiques et raisonnables? Parce que là, c'est ce qui se passe dans l'épisode, hein.

Genre, oui, okay, les souvenirs ça devrait être quelque chose de privé, mais BORDEL DE MERDE LA NANA CACHE UN MEURTRE est-ce qu'on va vraiment faire la fine bouche?

Et on finit sur ce qui est à mon sens le plus mauvais épisode de cette saison (et celui qui m'a définitivement dégoûté de regarder cette série si elle continue) : l'épisode 6, "Black Museum".

Alors, déjà, raconter trois petites histoires au lieu d'une, pourquoi pas, mais encore faut-il que ce soient des histoires intéressantes. (Déso, pas déso, on se fait chier avec ton docteur maso.)

Et puis, surtout, cet épisode s'entartre dans sa propre mythologie avec tellement de suffisance que, si cette série était une personne, j'aurais envie de lui en retourner une.


(BOUH!)

Je te jure, cet épisode va tellement loin dans le n'imp que les gifs sans contexte sont un pur plaisir :


(Par contre, chapeau à cette actrice pour garder un sérieux total en pareille situation.)

Bref, je donne à cette saison la note de déception/20.

Après cette trèèèès longue tirade, je te laisse pour aller chroniquer les meilleures séries de l'année, et on se retrouve très vite !

Appel à témoins : si tu as vu les séries sus-citées, qu'en as-tu pensé? Ton avis m'intéresse ! Lâche tes commmzzz