lundi 10 juin 2019

BOUM BÉBÉ ! Huitième (et dernier) mois



(Bonjour, je suis un Kinder Surprise humain)

Et donc j'ai démarré mon dernier mois avec une sérieuse envie d'en finir.

(Avec ma grossesse, hein.)

(Pas avec ma vie.)

(On se calme.)

Parce que, j'avais beau être super heureuse d'être de retour à la maison, j'étais encore sous surveillance rapprochée à cause de ma choléstase : deux monitorings par semaine à domicile, et une visite à l'hôpital tous les lundi pour une prise de sang et un autre monitoring.

Ce qui en soi n'était pas dérangeant, si ce n'est qu'à mon premier monitoring après être sortie de l'hôpital, on m'a dit :

- Vous avez des petites contractions, vous les sentez?
- Non, pas du tout.
- Bon, au troisième trimestre d'une grossesse gémellaire, c'est tout à fait normal que l'utérus se contracte un peu. A quand remonte votre dernier examen du col?
- Trois semaines.
- Et il était comment?
- D'après le gynéco, il était bien fermé, et long de 4 centimètres.
- On va revérifier juste pour être sûrs.

Et là, le couperet:

- Bon, votre col est toujours fermé, mais il s'est sacrément raccourci : il est à 11 millimètres.



Je me voyais déjà accoucher instantanément dans la salle de monitoring, mais la sage-femme m'a rassurée :

- Bon, vous inquiétez pas, ça ne veut pas dire que vous allez accoucher tout de suite. Par contre, si le col s'ouvre, ce sera une autre histoire, alors il va falloir faire bien attention les prochaines semaines, si vous voulez garder ces petits au chaud.
- Qu'est-ce que vous voulez dire par "faire attention"?
- Eviter de marcher, éviter de rester debout trop longtemps, éviter les déplacements en voiture... vous avez des escaliers chez vous?
- Oui.
- Optimisez vos déplacements entre les étages, pas plus de trois ou quatre allers-retours dans la journée. Et surtout, ne portez aucune charge!

Ça me semblait somme toute assez raisonnable (Rien glander pendant un mois? Obligée de lire des bouquins et de regarder des séries toute la journée? Oh nooooon), et puis Professeur Flaxou est rentré en mode panique:

- Bon, je vais lancer le déjeuner, tu viens m'aider quand tu as un moment?
- NON !
- Quoi?
- Il faut que tu te reposes!
- Mais je peux quand même éplucher cinq patates....
- NON! Va t'allonger, je m'occupe de tout.
- Enfin je vais pas perdre les eaux en marchant jusqu'à la cuisi...
- VA T'ALLONGER, MALHEUREUSE!

Et, autant c'était vachement agréable d'avoir un serviteur à mes ordres pour s'occuper de tous les trucs chiants (sortir les poubelles, faire le ménage, la lessive, la vaisselle), autant des fois c'était un peu pesant de se faire traiter comme une invalide:

- Ah zut, j'ai oublié de faire tourner le lave-vaisselle hier!
- T'inquiète pas Flaxou, j'y ai pensé! Je l'ai vidé ce matin.
- QUOI??!
- ...quoi?
- T'as vidé le lave-vaisselle toute seule??!  Et le jour où je suis en déplacement! Imagine ton col s'ouvre, il me faudrait deux heures pour arriver! T'as le temps d'accoucher dix fois!

(LOL)

(Accoucher en deux heures la première fois)

(Est-ce que ces mecs sont sérieux?)

Pendant que je pratiquais l'art de ne rien faire, les bébés, eux, s'activaient pas mal, prenaient du poids, et bougeaient dans tous les sens.

Ce qui est somme toute une excellente nouvelle, sauf quand c'est dans ton corps que ça se passe.

Parce que le huitième mois, c'est vraiment celui où ma grossesse est passée de "un peu pénible" à "insupportable oh putain mais sortez-les j'en peux plus".

Mon ventre était tellement énorme que plus aucun vêtement ne m'allait, et les bébés se plaçaient comme ils pouvaient pour avoir encore un semblant de place, résultat : le confort n'était plus qu'un lointain souvenir.

Debout? Ça m'éclate le dos
Assise? Ça m'écrase la vessie
Allongée sur le côté gauche? Bienvenue aux brûlures d'estomac
Allongée sur le côté droit? Des putains de coups de poignard dans le foie
Allongée sur le dos? Les deux douleurs précédentes EN MÊME TEMPS

Ajoute à ça le poids constant de mes deux (pas si) petits lardons (deux kilos par bébé + un placenta XXL + deux poches pleines de liquide amniotique), et tu comprendras sûrement que j'étais AU BOUT DE MA VIE.

Ce qui a quelque peu surpris mon entourage, habitué à m'entendre dire depuis le début que tout se passait super-duper et que j'étais épanouie et radieuse comme une fleur au soleil.

Parce qu'autant j'ai réussi à me retenir aux cinq premiers :

- Oh là là, déjà le huitième mois! C'est passé tellement vite !




(Ouais, tellement vite, j'ai juste envie de me planter un couteau de cuisine dans le bide et de sortir ces chiards moi-même, mais sinon, SUPER VITE)

Autant j'ai craqué en entendant ma sœur se rappeler de sa dernière grossesse:

- Déjà la fin pour toi, ah là là! Je me rappelle, avec Emma, j'ai eu un sacré coup de blues que ce soit déjà fini! Je voulais la garder encore dans mon ventre, hihi!

(Dixit la meuf qui a pris SEPT KILOS sur toute sa grossesse.)

(Moi aussi, j'aurais gardé les miens, avec un petit bidon comme ça!)

Et oui, je l'admets, je vais probablement regretter le calme relatif de ces derniers jours une fois que les bébés seront là, mais pour le moment, j'ai qu'une envie, c'est de pouvoir enfin récupérer mon corps (même si on est d'accord que je vais récupérer une ruine) (mais ce sera MA ruine).

En attendant la délivrance, je vis ces dernières semaines comme une simulation de ma vie en tant que vieille dame, puisque toi-même tu sais que les ressemblances sont troublantes :

- Réveillée à 5h du matin avec le chant des oiseaux
- Mal de dos ™
- Passion bas de contention
- "T'as racheté du Gaviscon?"
- 15 minutes pour monter 15 marches
- La rampe d'escalier = le fil qui te rattache à la vie
- Pas de repas sans mes pilules!
- "Attends, on est quel jour aujourd'hui?"
- La pharmacienne te reconnaît
- Visites chez le docteur deux fois par semaine
- "Aujourd'hui j'ai une grosse journée!" Traduction : "Aujourd'hui je prends la voiture pour aller chez l'ostéopathe"




(Non, les pastilles roses ne sont pas des Smarties, mais des Spasfon)

Au final, la seule chose qui distingue mes journées de celles de ma mamie, c'est que je passe mes matinées à jouer à Fallout, et elle les passe à repasser devant la télé.

(Mais l'après-midi, on se retrouve toutes les deux sur le balcon pour lire nos romans et équeuter des haricots.)

Bref, tout est prêt : la chambre, le lit cododo, ma valise pour la maternité, les fringues taille naissance-1 mois:



(J'ai pu faire chauffer mon étiqueteuse, bonheur total)

On a même pré-rempli le formulaire d'admission à l'hôpital, et le formulaire du choix du nom de famille:

- Il nous en faut pas deux, comme on a deux enfants?
- Ben non, regarde, ça dit qu'une fois qu'on a choisi le nom de famille, tous nos enfants à venir auront le même.
- Oh, trop nul! Moi j'espérais qu'on puisse en appeler un à ton nom, et un à mon nom!
- ....
- Comme ça ce seraient deux personnes identiques, mais pas avec le même nom de famille!
- ...
- Non? Ce serait pas trop marrant?

(Professeur Flaxou et ses idées lumineuses.)

Bref, tout est prêt, maintenant il ne reste qu'à attendre que les bébés sortent par eux-mêmes, ou qu'on me déclenche l'accouchement.

(Autant te dire que dès que j'arrive à 36 semaines, ça va être les Olympiades des escaliers.)

(Je vais aller faire des randos en forêt et personne ne pourra m'arrêter.)

(A part peut-être les douze kilos de ventre que je me trimballe.)

Sur ce, lecteur/lectrice, je te souhaite un bon été, parce que c'est pas que je sois pessimiste, mais je doute avoir beaucoup de temps pour écrire prochainement.

(Et puis le but, c'est aussi que j'aie des choses à te raconter qui ne soient pas uniquement focalisées sur des histoires de lait, de couches sales et de tout petits doigts de pieds trop mignons.)

Merci d'avoir suivi les aventures de mon utérus, et à bientôt!

Bisous sur toi, papouille sur ton chien, bisou sur le front de ton chat.