samedi 4 janvier 2020

Séries 2019, partie 1 : le flop


Salut les geeks!

Comme chaque année (un peu en retard parce que d'habitude c'est en décembre mais j'ai des gosses maintenant), c'est l'heure du marronnier de ce blog : le récapitulatif des séries que j'ai découvertes, aimées, adorées, et détestées cette année.

Et ne va pas croire que, juste parce que j'ai été UN PEU occupée avec deux nouveaux-nés, j'ai levé le pied sur les séries en 2019.

Eh non mon bouchon, car mes bébés ont beau être le portrait craché de leur père (leur raccourci clavier à tous les trois serait : Ctrl+C Ctrl+V Ctrl+V), en tempérament, ils tiennent quand même un peu de moi, et ce notamment pour le côté couche-tôt lève-tôt (un grand classique dans ma famille, cf. ma mamie levée à 5h30 tous les matins, mon père qui dort onze heures par nuit depuis qu'il est à la retraite, et ma soeur qui n'a jamais réussi à regarder un film en entier à la télé DE SA VIE).

Du coup, à 19h, les petits sont déjà en train de roupiller, ce qui me laisse pas moins de deux heures et demie de temps libre par jour, c'est pas génial la vie franchement?

(Oui, je me couche à 21h30, qu'est-ce que t'avais pas compris au juste dans "couche-tôt"?)

Et autant te dire qu'on en matières de série, cette année, on a été gâtés comme mes bébés à leur premier Noël (ma maison c'est un Joué Club, au secours).

Tellement gâtés en fait que je n'ai que trois séries dans ma partie "flop", et environ MILLE dans ma partie "top" (prépare-toi, ça va être intense).

On va donc commencer par le plus court, et par les trois séries décevantes que j'ai arrêtées de regarder cette année:


Mr Mercedes

Je t'en parlais il y a quelque temps dans la partie top, et pour cause : Mr Mercedes était une très bonne adaptation de la série de romans de Stephen King suivant les aventures de Bill Hodges, flic à la retraite hanté par le spectre de son seul cas non élucidé : le mystérieux Mercedes Killer...

L'adaptation osait même dévier franchement du matériau de base dans la saison 2, ce qui m'avait laissé perplexe au départ mais s'était avéré bien cool, notamment pour le twist de fin de saison que, pour le coup, les lecteurs du livre n'avaient GRAVE pas vu venir.

(Je suis toujours super contente quand je regarde une adaptation d'un bouquin que j'ai lu, et qu'elle parvient quand même à me surprendre.)

Sauf que la saison 3 posait un problème épineux à résoudre : en effet, dans la trilogie de livres sur les enquêtes de Hodges, seuls deux livres (le tome 1 et le tome 3) ont pour antagoniste le Mercedes Killer. Le tome 2 est très différent des autres, dans le ton comme dans l'histoire, et se concentre sur une enquête annexe de Bill (celle d'un fan obsessionnel qui tue son auteur préféré et vole ses manuscrits jamais publiés).

Tout ce tome a un côté très "side quest et divagations de prof de Litté" (La figure de l'Auteur, la figure du Fanatique, le figure de "Bonjour je Suis Stephen King je ne cherche même plus à donner l'illusion de faire dans le subtil et l'Auteur c'est clairement Moi") mais malgré tout, ça reste un bouquin prenant et fort sympathique.

Dans la série, il a été fait le choix judicieux de concentrer les deux premières saisons sur le Mercedes Killer (clairement le méchant le plus intéressant) et de passer à la trappe le second livre.

Sauf qu'après la saison 2, le Mercedes Killer est mort, et au vu de la saison 3, voilà ce qui s'est dit au moment de la production:

- Bon, le Mercedes Killer c'était super, tout le monde a adoré. Qu'est-ce qu'on peut raconter maintenant que c'est fini?
- L'intrigue du deuxième bouquin qu'on avait exprès mis de côté?
- Alors, oui, mais par contre j'ai une idée : vous voyez comme l'histoire du deuxième bouquin est bien?
- Oui?
- Voilà, alors mon idée, c'est : et si on rendait ça nul?
- Jean-Michel, t'es un génie.


Et je passe sur la couardise des producteurs qui n'ont pas eu les couilles de se débarrasser complètement du personnage de Mr Mercedes (par peur que les audiences chutent, j'imagine) et dont le va-et-vient constant en mode "ni avec, ni sans" m'exaspère horriblement.

(Une fois pour toutes, si on prend la décision de tuer un personnage, ON S'Y TIENT.)

(Sauf si on est George R.R. Martin - il a un passe-droit.)


The Handmaid's Tale

Alias "l'histoire d'un effet ascenseur".

Car, autant la saison 2 de la série m'avait surprise par sa capacité à aller au-delà du matériau de base (je rappelle que le livre s'arrête à la fin de la saison 1), autant la saison 3 m'a surprise dans le sens inverse.

Et comme une image vaut mieux qu'un long discours, voici un petit graphique (à cliquer pour voir en grand):


Les raisons de cette déception sont multiples, mais il y a deux choses qui m'ont particulièrement dérangé dans cette saison :

1. Le scénario n'aurait jamais dû avancer aussi loin, ou alors, il aurait dû continuer sans June.

J'veux dire, on passe toute la saison 1 et 2 à t’expliquer à quel point Gilead est un cauchemar, comme ils écrasent toute ombre de menace d'un coup de botte implacable, et là June leur met la misère et POURQUOI VOUS NE LA BUTEZ PAS?

(Alors ils essayent bien de justifier ça péniblement à coups de "Ouuiii maiiis elle est connue à l'international maintenant, ça nous donnerait une mauvaise image" et LES MECS! Vous croyez vraiment que c'est ça qui va sauver votre image? Vous êtes littéralement des talibans!)

C'est le gros problème dans lequel le scénario s'est empêtré : la série est l'une des seules productions Hulu à marcher (et je dis vraiment ça pour ne pas dire "LA seule production Hulu à marcher"), ce qui excluait fatalement d'en faire une minisérie. Et d'ailleurs, l'univers de Gilead est tellement riche que ça aurait été tout à fait bienvenu d'en faire, par exemple, une anthologie : ces séries basées dans le même univers et où les personnages changent à chaque épisode (comme Black Mirror) ou à chaque saison (comme Fargo ou True Detective).

Le souci, c'est qu'Elisabeth Moss est tellement devenue le visage de la série que les showrunners ont clairement décidé qu'elle ne pourrait pas exister sans elle. Du coup, son personnage est encore vivant, protégé uniquement de son armure en scénarium, et ça rend tout l'univers de Gilead complètement incohérent - cf. tous les gens que June approche qui se retrouvent exécutés, tandis que June elle-même, l'instigatrice de toutes les tentatives de rébellion, ne reçoit aucune forme de punition.

Pire encore, cette invulnérabilité rend le personnage super antipathique ("Ouééé venez on fait la rébellion on s'en bat les steaks, vous allez mourir okay mais pas moi alors osef") ("Ouééé je fais de l'abus de faiblesse oklm, allez viens on va voir ma fille tant pis si tu finis sur le mur, déso pas déso") alors que c'est justement sa compassion dans ce monde implacable qui lui donnait son humanité et la rendait sympathique dans les saisons précédentes.

2. "Bonjour on est à court d'idées et ça se voit".

Donc, non seulement on a des idées de scénario à la mords-moi le noeud juste histoire de rajouter du trash ("Et là on dirait que les servantes elles ont la bouche cousue!") (Oui mais carrément non, ça n'a aucun sens, même pour Gilead) mais en plus, même la mise en scène a un sérieux coup de mou.

En effet, les deux premières saisons jouaient beaucoup sur la photographie, les décors, les costumes et les plans de caméra pour créer une ambiance à la fois grandiose et sinistre (on avait notamment beaucoup de jeux avec les couleurs, entre le rouge des servantes et le bleu madone des épouses).

Là, j'ai juste eu l'impression de passer la saison entière à regarder la même tronche d'Elisabeth Moss grimaçante en gros plan.




("Endiré cé un ange lol ki dautre la remarqué?")

Bref, la saison 4 est confirmée, mais elle se fera sans moi, j'en suis désolée.


Game of Thrones


Tu t'en doutais, on s'en doutait tous.

On se voilait tous la face à base de "Ouiiii c'est vrai la saison 7 était un peu pétée du cul, avec tous ces développements entre les personnages rushés à fond, et ces déplacements en mode téléportation, MAIS à coup sûr on va avoir droit à un grand final! Ça va être extraordinaire, ça va être monumental, et ça va rattraper la pente descendante sur laquelle la série s'est engagée depuis qu'elle ne suit plus les livres!"

(Ouais, parce qu'on a tendance à l'oublier, mais j'ai revu l'intégralité de la série, et y'a pas à dire, ça commençait déjà à chier dans la colle à la saison 6.)

(A part l'épisode de la bataille des Bâtards, qui était probablement le meilleur de toute la série.)

Sauf qu'on se berçait évidemment d'illusions, j'veux dire, revoyez la saison 7, on n'allait pas rattraper ça. Le gâteau était déjà cramé, au mieux, on allait juste coller un glaçage par-dessus.

Mais bon, pour autant, est-ce qu'on était obligés de faire un GLAÇAGE A LA MERDE?

Je vais essayer de ne pas m'étendre là-dessus outre mesure, parce que tout a déjà été dit sur cette série et cette foirade monumentale, cette déception qui n'avait d'égale que les attentes gigantesques des fans (clairement, on attendait un miracle, ça n'a pas aidé).

Donc, je ne vais pas m'attarder sur les soucis de rythme (2 épisodes pour préparer ce pet mouillé qu'a été la bataille de Winterfell, vraiment?), les problèmes techniques (alô ui cé l'épisode 3, on voudrait de la lumière merci) ou encore les énormes incohérences – genre, au hasard, Rhaegal qui se fait tuer EN PLEIN VOL par une BALISTE.




(C'est bon, j'ai corrigé la page Wikipédia pour vous, les potes.)

Et encore, niveau incohérences, je n'ai fait qu'effleurer la surface (kikou les Dothraki qui re-spawnent) et je ne vais pas rentrer dans les détails parce que sinon ça sera beaaauuucoup trop long.

(Par contre, si un jour vous voulez rigoler, allez voir Professeur Flaxou et mentionnez la bataille de Winterfell devant lui. Croyez-moi, c'est très fun de le voir devenir tout rouge.)

("QUI MET DES CATAPULTES DEVANT DES MURAILLES? QUI MET DE L'INFANTERIE LÉGÈRE DEVANT DES TRANCHÉES? ET CETTE CAVALERIE QUI CHARGE DANS LE NOIR AAAAAH!")

Pour moi, le plus gros gâchis de cette ultime saison de Game of Thrones restera le développement des personnages. Ce qui faisait la force de la série (et des livres), c'était justement la psychologie nuancée – chose par trop rare dans la fantasy, d'ailleurs. C'est toute la leçon de la saison 1 ; le seul "bon" personnage, Ned Stark, se fait buter justement A CAUSE de son honneur, de son sens de la morale, et de sa quête de la vérité.

Et ce côté nuancé passe complètement à la trappe dans la saison 8 (après un virage déjà bien amorcé dans les deux saisons précédentes) (on en parle, de Stannis Baratheon qui crame sa fille sans sourciller?) (non, on n'en parle pas, cet article est déjà bien trop long putain!)

Je vais passer assez rapidement sur les personnages qui deviennent cons comme des planches juste parce qu'il fallait faire passer les ficelles du scénario – genre, au hasard, Varys le roi des intrigues de cour et des conversations feutrées, qui passe en mode "BONJOUR JON TU VEUX FAIRE DE LA TRAHISON AVEC MOI? PARLONS-EN BIEN FORT DEVANT LES GARDES DE DAENARYS OH OH OH"

(Et ne me lancez même pas sur Tyrion ou Sansa, ils ont tous perdu mille points de QI en deux saisons, c'est affligeant.)

(Je suis aussi super attristée que le parentage de Jon Snow, enfin révélé, aie absolument ZÉRO incidence sur le scénario – à part rendre Daenerys jalouse, okay, super.)

(Genre, on a même pas pu voir ce que ça fait à Jon de réaliser qu'il est un enfant légitime – lui qui a vécu toute sa vie avec son étiquette de bâtard.)

(Okay, Kit Harrington est un très mauvais acteur, mais ça aurait quand même été sympa d'avoir une ou deux scènes pour en parler!)

Mon plus gros crève-coeur restera tout de même la storyline de Jaime complètement massacrée, alors que c'est selon moi le personnage avec l'arc narratif le plus intéressant!

J'veux dire, on part sur un gars qui POUSSE UN GAMIN D'UNE FENÊTRE pour protéger sa liaison avec SA SŒUR, difficile d'imaginer plus ignoble, on est d'accord?


(MAIS CRÈVE BÂTARD)

Et pourtant, au fur et à mesure qu'on apprend à connaître Jaime, l'impossible se produit : on commence à avoir de l'empathie pour lui.

A partir du moment où il est capturé par Robb (et loin de Cersei), il se dévoile peu à peu comme un personnage complexe. On le voit agir pour la première fois de manière désintéressée quand il empêche le viol de Brienne (ce qui lui coûte une main), mais ensuite, on apprend que ce n'était pas la seule fois qu'il a agi pour le bien commun et payé le prix fort en contrepartie : il a assassiné le roi Aerys d'un coup d'épée dans le dos, alors que ce dernier avait prévu d'incendier toute la capitale. Le fait de tuer le roi (auquel il avait juré sa loyauté) a entaché sa réputation à jamais, mais lui ne le regrette pas une seule seconde. Il a sacrifié son honneur pour sauver des milliers de gens, et s'en balek complètement de ce qu'on peut penser de lui – il sait qu'il a fait le bon choix.


Cette scène est géniale, parce que non seulement elle change la manière dont on voit Jaime, mais aussi, rétrospectivement, la manière dont on voit Ned Stark (qui, plus tôt dans la saison 1, avait un échange méprisant avec Jaime au sujet de cet épisode).


On se rend compte désormais que Jaime est un homme d'honneur, MAIS seulement quand sa relation avec Cersei n'est pas menacée – parce que, par amour pour elle, il ferait n'importe quoi (y compris pousser des enfants d'une tour, donc).

Et, au fur et à mesure que les saisons progressent, Jaime se libère peu à peu de l'influence toxique de sa soeur. Alors, okay, ça prend plus de temps que je l'aurais souhaité (genre Cersei crame la septe de Baelor, c'est la raison pour laquelle t'avais tué le roi précédent, mais là non, rien?) MAIS au final, Jaime met enfin les bouts, laisse sa soeur en plan, et va combattre les zombies de glace à Winterfell.

Non sans au passage s'abandonner enfin aux bras de Brienne de Tarth, et l'adouber par la même occasion, mais YES elle le mérite tellement mon petit cœur chavire de bonheur!


 (Je les shippe depuis la saison 3 mais quelle satisfaction!)

Et puis.... et puis on efface tout et on revient au début.

Jaime repart à King's Landing, il retrouve sa sœur, et il meurt avec elle, écrasé par un vieux parpaing.

Quoi? Mais pourquoi?

Tout allait tellement bien! Il s'était enfin affranchi de Cersei! Il avait enfin accepté d'ouvrir son cœur à quelqu'un d'autre! Le progrès était fait!

Alors POURQUOI revenir en arrière?


(Mais NON! Ça fait cinq saisons qu'on sait que NON!)

(Et je passe sur son petit discours en mode "Moi je suis là pour Cersei, je m'en balek des habitants de King's Landing" genre MEC SÉRIEUSEMENT?)

Bref, un gâchis total.

Et puis, bien sûr, on a Daenerys, avec des scénaristes en roue libre en mode :

- Hi hi en fait c'est une méchante, avouez vous l'avez pas vu venir! Vous devez vous sentir bien cons maintenant!

Sauf que NON, la psychologie des personnages, ça ne marche pas comme ça.

NON, ça ne suffit pas d'avoir Tyrion qui balance "Han mais en fait elle a déjà fait preuve de cruauté par le passé, on l'avait juste mis de côté pasqu'elle est jolie et qu'on est nuls". NON.

Primo, c'est pas très malin de faire ça dans un monde médiéval où TOUT LE MONDE fait preuve de cruauté TOUT LE TEMPS, même les "gentils" (genre, au hasard, Jon Snow qui exécute un enfant, ou Arya qui TUE TOUTE LA FAMILLE DE WALDER FREY ET LUI FAIT BOUFFER SES FILS), donc excusez-moi si ça fait pas très pro d'amener une réflexion beaucoup trop moderne sur le coût humain de la guerre comme un cheveu sur la soupe, en mode "gné gné la Convention de Genève". NON.

Secundo, ça ne suffit pas d'utiliser quelques exemples de cruauté ciblée (crucifier des esclavagistes) et de s'en servir pour justifier que Daenerys devienne d'un seul coup Hitler avec un lance-flamme. NON.


("Endiré cé un démon lol ki dautre la remarqué?")

Au final, je suis, comme tout le monde, déçue par cette fin.

Je pense que la série a signé son arrêt de mort au moment où elle a quitté les plate-bandes des livres – et je pense, d'ailleurs, que la fin dans les livres sera beaucoup mieux amenée, même si on finit sur les mêmes lignes (ce qui d'ailleurs n'est pas certain).

(Et, oui, je suis toujours persuadée que les livres vont sortir un jour.)

(Je suis optimiste, laisse-moi tranquille.)

Fort heureusement, il y a eu pléthore d'excellentes nouvelles séries en 2019 qui ont largement, très largement compensé ces trois séries décevantes.

Et ce sera le sujet de mon prochain article!

(Ou de mes deux - trois - quatre prochains articles.)

(Ça dépend à quel point j'arrive à contenir mon enthousiasme.)

(Mais y'a eu The Mandalorian ET The Witcher la même année, alors accroche-toi à ton slip.)

Des bisous!