jeudi 22 mars 2012

Si t'es pas crédule, prends des granules!



Donc je prends de l'homéopathie.


(Vas-y, vide ton sac de vannes maintenant, et ensuite c'est camembert pendant le reste de l'article.)


De toute façon, j'ai déjà entendu toutes les critiques possibles et imaginables sur l'homéopathie : d'abord parce que tous mes amis du lycée étaient des scientifiques (Sauf Sarah et Florent. Et Nono. Et Marie. Bon OK mais les autres c'étaient des scientifiques) et que j'ai eu droit à moultes vannes super rigolotes :


- Eh Chacho! Tu prends de l'homéopathie? Ben t'as qu'à rien prendre sinon! Ah ah! C'est rigolo parce que l'homéopathie ça sert à rien!


Et puis n'oublions pas que je suis fiancée à Professeur Flaxou le scientifique, qui a fait de la microbiologie, donc il a appris que même les antibiotiques ça marche pas contre les bactéries, alors t'imagines un peu le foin qu'il m'a fait quand il a appris que je prenais des médicaments à base de rien que des plantes. 


(C'était presque aussi grave que la fois où je lui ai dit que je savais pas nager. Enfin je sais nager, mais pas bien, mais comme lui il a fait de la natation pendant des années, il sait nager les trucs de ouf genre le papillon, et moi je sais nager des trucs de pas-ouf, comme la nage du chien (alias "je saute dans l'eau et je remue mes membres dans tous les sens"). Bref.)


Et aujourd'hui, ça reste le plus grand clivage dans notre couple (mais depuis 2009 seulement, parce qu'avant 2009 on était pas du même bord politique, et maintenant si, et du coup il reste plus que l'homéopathie).


Mais bon, quand je dis "je prends de l'homéopathie", faut pas me voir comme ça non plus, hein.




(Salut, on mange que du quinoa, on s'habille en laine de yack, et on se lave avec de l'eau de pluie parce que le savon fait du mal à Mère Nature. Attends, je vais chercher mon tambourin et je vais te raconter tout ça.) 


Non, non. Moi je mange des Mac Dos, je m'habille chez H&M, j'utilise du shampooing et tout. Et, quand je suis malade, j'utilise de l'homéopathie ET des vrais médicaments. (Bon, du coup, j'ai l'impression d'être une vieille dame, parce que j'ai huit poudres, trois flacons de gouttes, et cinq boîtes de granules à prendre tous les jours en complément des vrais médicaments. La dernière fois je me suis dit "il me faudrait un pilulier", DÉPRIME TOTALE.)


Après, quand j'ai des petits trucs qui sont pas des vraies maladies, genre un coup de fatigue, ou des insomnies, ou je suis stressée, ou courbaturée, ou j'ai un aphte juste à l'endroit de ma bouche où je peux pas mordre dessus comme une barbare et en finir là tout de suite, eh ben là, je prends de l'homéopathie. Et ça marche.


Alors oui, gna gna gna c'est pas prouvé, gna gna gna effet placebo, MAIS JE M'EN FOUS ma petite Georgette! Du moment que ça fonctionne, j'en ai rien à secouer si c'est tout dans ma tête! (Et puis bon, c'est pas comme si je risquais une accoutumance, hein. Parce qu'avec des granules, à moins d'une addiction au sucre, je vois pas.)


Et puis bon, j'ai été élevée avec l'homéopathie, et, crois-moi, on ne se débardasse pas si facilement des vieux réflexes. J'ai vu ça le week-end dernier avec ma soeur :


- Je me suis brûlée avec ton four, t'as pas un truc à mettre dessus ?
- Tu veux de l'Homéoplasmine?
- T'en as?
- Evidemment!


(Je te jure, rien que de voir le tube, c'est une vraie madeleine de Proust)


Evidemment ! L'Homéoplasmine c'était LE remède à bobos qui nous a suivi toute notre enfance! (T'as une coupure? Homéoplasmine. T'as une brûlure? Homéoplasmine. T'as mal à la tête? Étale-toi de l'Homéoplasmine sur le front, on sait jamais, ça peut marcher.) 


Alors après, une fois adulte, comment peut-on se constituer une trousse à pharmacie sans Homéoplasmine dedans ? Ben on peut pas.


C'est des petites choses qui restent. Comme quand j'achète du sirop pour la toux et que je prends toujours du Toplexil, parce que c'est le seul qui a un goût que j'aime (bon, et aussi parce qu'il me fait dormir pendant 14 heures d'affilée). 


Ou que je fais toujours mes courses au Aldi et jamais au Lidl, parce qu'au Aldi, y'a pas de surprise, je connais tous leurs produits par coeur, mais au Lidl, ouh là là, zone inconnue! (Imagine si un jour je fais mes courses là-bas, et après leurs yaourts ils ont un goût différent de ceux du Aldi! Quinze ans de psychanalyse!)


Donc voilà. J'espère que j'ai réussi à te convaincre que l'homéopathie, c'était pas seulement utilisé par des hippies dégénérés et des fans de conspiration mondiale. ("Aaaah, les labos d'antibiotiques nous contrôlent! Mangeons des racines pour nous soigner, ça leur fera les pieds!")


En tout cas, il vaut mieux que ce soit moi qui te le dise que ma mère.


Ma mère, c'est un peu la personne dont on a honte même quand on soutient sa cause. 


Genre, elle dit 


- Moi je suis une féministe!

Jusque-là t'es d'accord. 


Et puis ensuite elle dit :


- De toute façon, les femmes sont bien supérieures aux hommes! Sans les femmes, y'aurait pas d'enfants, d'abord! Et puis c'est bien connu, les femmes sont plus sensibles que les hommes, c'est l'instinct maternel qui fait ça. Si y'avait des femmes au pouvoir, y'aurait jamais la guerre, parce qu'elles sont douces et aimantes de nature.


Et là... t'as honte.


Eh ben c'est pareil pour l'homéopathie. C'est la personne qu'il faut surtout pas avoir à côté de toi quand tu essayes d'expliquer aux gens que c'est un truc qui fonctionne.


Donc, j'espère que ce petit billet t'aura convaincu que l'homéopathie, c'est pas que pour les gens chelou, et que tu y réfléchiras à deux fois avant de balancer "De toute façon c'est des conneries ces histoires d'homéopathie" à la première personne qu...


- Ah ben c'est pas la peine que tu en prennes alors! Si t'y crois pas, ça marche pas!


(Merde, maman ! J'allais les convaincre, là! Sérieux!)


(Si c'est comme ça je vais me suicider! Parfaitement! Je vais manger des granules jusqu'à ce que mort s'ensuive!)


(Nan, je déconne. Je vais juste manger plein de granules.)

vendredi 2 mars 2012

Les jeux vidéo, ça rend beau!


(Si tu reconnais cette image, bravo. Sinon, tu peux cliquer sur ce lien et te fendre la poire.)



Internet rend con, les jeux vidéo rendent violent, Facebook rend « addict »… 


Combien de fois toi, jeune branché, as-tu été témoin de ces ramassis de foutaises, entendues dans le JT de TF1, dans un programme radio, ou aperçues dans un « dossier spécial » de Télérama ? (Télérama, ou la preuve par neuf qu’être un vieux con réac n’est pas réservé aux gens de droite.)

Et, tu sais, c’est drôle, parce que, jusqu’ici, je pensais que c’était seulement les gens des générations d’avant qui s’affolaient. Ceux pour qui l’ordinateur est une machine complexe, qu’ils sont obligés d’apprendre à maîtriser, mais en qui ils n’ont toujours pas confiance.

La meilleure preuve de cette peur de la technologie chez certains « anciens », c’est ma mère.

Ma mère a acquis un ordinateur personnel en 2004. (C’est le même que celui qui trône dans le bureau aujourd’hui.) Avant ça, elle avait suivi un stage d’informatique à son boulot, donc elle savait fournir le minimum syndical en matière d’informatique (même si aujourd’hui, elle m’appelle encore quand il faut faire un copier-coller d’un dossier à l’autre).

Le problème, c’est qu’elle a réalisé assez vite que j’étais plus douée qu’elle avec les ordinateurs, et qu’elle m’a immédiatement adoubée « Charlotte ma fille, l’ingénieur informaticien » (sauf qu’en fait pas du tout).

Du coup, elle a jamais rien osé faire toute seule. En fait, je crois qu’elle a la certitude que l’ordinateur est muni d’un bouton « auto-destruction », et qu’elle vit dans la peur d’appuyer dessus malencontreusement à chaque seconde.

Alors, elle fait quoi ? Elle fait des listes, et elle attend les week-ends où je rentre. Et ensuite je me retrouve avec des tâches complètement surréalistes : « Télécharge-moi la saison 2 de Mad Men ». « Mets de la musique sur mon lecteur MP3, ça fait huit semaines que j’ai les mêmes chansons ». « Grave-moi la saison 1 de Mad Men sur un DVD, elle est dans l’ordinateur et je sais pas comment la faire sortir ».

Alors je passe mon week-end à faire des ctrl+C ctrl+V et à lui pirater des films, et elle est confortée dans son assurance que je suis un génie de l’informatique, voire une jeune hackeuse qui fait du codage sur des écrans noirs et verts comme dans les films.

(Après y’a aussi les fois où elle me demande de « réparer » son imprimante et où je panique en pensant que l’illusion va s’écrouler, sauf qu’en fait y’avait juste une feuille coincée dans le tambour, je l’enlève et ça remarche, ouf, je suis toujours un génie.)

Le pire, c’est que je pensais que ça allait s’arrêter quand je suis partie en Angleterre, parce qu’elle pourrait pas tenir un an à faire du traitement de texte qu’elle pourrait pas imprimer. Mais non ! Non non non ! Là, elle m’appelait chez moi, en Angleterre !

- Comment on grave un disque ?
- Bon, il suffit de télécharger le logiciel Nero, c’est gratuit, tu le trouves facilement.
- Comment je le trouve ?
- Ben, va sur Google.
- Mais je tape quoi dans Google ?

Ca a continué comme ça pendant plus d’une heure.

- Bon, t’es sur la page de télécharger.com ?
- Oui.
- OK, maintenant tu tapes « Nero » dans la barre de recherche.
- Y’a pas de barre de recherche.
- Comment ça y’a pas de barre de recherche ? Bien sûr qu’il y a une barre de recherche ! Regarde en haut de la page.
- Je la vois pas.
- Mais elle est là ! Juste en haut ! Comment tu la vois pas ?
- Oh, arrête de me parler comme si j’étais idiote, hein !
- Bon. Dis-moi ce que tu vois.
- Alors je suis en haut de la page et ça dit « Accueil », « actualités »…
- Non, c’est plus bas.
- « Comparatifs et tests », « jeux », « astuces »…
- C’est plus bas !
- « Vidéos », « Services », oh ! Services ! C’est ça ? Je dois cliquer sur ça ?

J’ai cru mourir.

- Bon, maintenant tu doubles-cliques sur le fichier, et l’installation démarre toute seule, t’as juste à cliquer sur « Oui »
- Attends attends ! Tu vas trop vite ! Bon, je double-clique.
- Putain de sa mère mais je vais me jeter par la fenêtre…
- Il se passe rien ! Tu m’as donné un mauvais fichier !
- T’as bien double-cliqué ?
- Oui, je suis pas stupide, hein! J’ai cliqué une fois, ça faisait rien, j’ai cliqué une deuxième fois, là j’ai cliqué six millions de fois, et… ah !
- Quoi ?
- Ca m’ouvre six trucs en même temps ! Tu m’as fait télécharger un virus !

Honnêtement, on pourrait faire des canulars radio avec ce que j’ai vécu ce jour-là.

- « Voulez-vous installer la FrogYahooSuperPlus Toolbar ? » Je fais quoi, je dis oui ?

Quelquefois, la nuit, j’en rêve encore.

- Voilà. Maintenant, tu cliques sur « Installer ».
- Attends, d’abord, je dois lire les termes et conditions. Alors : ça dit « License and terms of agreement : copyright 2010, page 1 sur 428… »
- Bouhouhou.

Alors tu peux t’imaginer qu’à l’époque, en 2004, quand on a eu Internet en illimité à la maison, ma pauvre maman s’est retrouvée complètement dépassée en voyant le temps que je passais dessus.

(Et encore, à l’époque, c’était light, j’y étais au maximum 2 ou 3 heures par jour, vu que l’ordinateur était dans sa chambre, puisqu’elle avait peur que, si on le mettait au salon, je passerais ma vie dessus et je finirais par mourir de faim comme ces Coréens qu’elle avait vu à la télé.)

C’est à cette époque que j’ai commencé à remarquer des magazines de psychologie ouverts à des pages stratégiques dans les toilettes (« Au secours ! Mon enfant est accro à Internet ! »), ou bien des dossiers spéciaux négligemment « oubliés » dans ma chambre (« Quand Internet rime avec LA MORT » - espèce de blaireau, ça rime pas du tout !)

C’est aussi à cette époque que toutes les amies de ma mère se sont subitement mises à avoir des enfants adolescents (qui n’existaient pas auparavant ; pouf, je donne naissance à un garçon de 15 ans, pas besoin de passer par le stade couche-culotte, comme la vie est bien faite). Et c’est à cette époque que les repas familiaux se sont changés en calvaires :

- Tu sais, ma copine Sandrine, elle a un fils qui joue aux jeux vidéo sur son ordinateur. Eh ben il a raté son Bac.

Et, au fil des semaines, il leur arrivait des choses de plus en plus terribles, à ces enfants.

- Tu sais, ma copine Véronique, elle a une fille qui a un block, là, Skyrock, comme toi. Eh ben elle a été harcelée dessus, et elle est tombée en dépression.

Mais il manquait juste un exemple pour me dégoûter à tout jamais des choses du Web.

- Tu sais, ma copine Patricia, elle a une amie qui a un cousin qui avait une fille qui parlait tout le temps sur MSN. Eh ben un jour elle s’est suicidée.
- Non mais sérieux, tu peux pas croire que…
- Et elle avait laissé un mot qui disait « C’est la faute de MSN si je me suis suicidée ».

Mais, horreur ! Cette argumentation (super bien ficelée !) n’avait toujours pas réussi à me convaincre !

(En même temps, bonjour l’argumentation. C’est un peu comme de dire « Tu sais, je connaissais un gars, il mangeait des patates, eh ben il est mort d’une crise cardiaque ». C’est absolument pas lié, alors tu pousses le raisonnement à l’extrême, tu te dis « ça passe ». Sauf que non.)

Du coup, elle a décidé de laisser tomber la subtilité (heum heum), et, pendant les 3 années restantes, elle a fait marcher la machine à pester à pleins tubes :

- Mais t’es une droguée ! L’Internet c’est comme une drogue pour toi ! Tu sais que ça rend violent, ces choses-là.

Le tout en continuant de s’abreuver d’articles de magazines qui avaient toujours cinquante millions d’années de retard (vu qu’ils étaient écrits par des vieux réacs) et qui me donnaient toujours envie de répondre « Naaaaan sans déconner ? ».

Exemple : il y a une semaine, ma mère m’a dit :

- Il faut que tu m’effaces mon compte Facebook.

(C’est moi qui lui ai créé, c’est moi qui l’administre, maintenant c’est moi qui l’efface. Elle a jamais appris ne serait-ce qu’à répondre à un mail sur Facebook. Et la première fois que sa fenêtre de chat s’est ouverte, elle pensait que c’était un VIRUS.)

- Pourquoi tu veux effacer ton compte Facebook ?
- Parce que j’ai lu cet article dans Télérama, et, tu le croiras jamais ! Les informations de ton compte Facebook, elles restent sur l’Internet pour toujours !
- Hein ?
- Ah, toi non plus tu le savais pas, hein ? C’est une conspiration, ils veulent pas qu’on le sache, parce qu’après ils vendent nos informations personnelles à des publicitaires !

(Naaaan, sans déconner ?)

- Et puis quand tes amis mettent des photos de toi sur Facebook, même si tu effaces ton compte, les photos sont toujours là ! Sur leurs pages !

(Naaaan, sans déconner ?)

- En plus j’ai pensé à toi, parce que dans l’article, y’avait une fille qui avait un block, comme toi, eh ben elle s’était plus connectée depuis des années, et pourtant, le block il est toujours sur l’Internet !

(Naaaaan, sans déconner ?)

Voilà. C’est ça, le problème de nos aînés. Ils n’ont pas grandi avec le net, alors ils commencent tout juste à comprendre ce qu’on sait depuis le début : Internet n’oublie rien, Internet divulgue tout. Tout ce qu’on met en ligne tombe dans le domaine public. On le sait, on l’a accepté, on vit avec, et c’est pour ça que (pour la plupart d’entre nous) on essaye de se retenir quant à la nature des informations qu’on partage.

Mais le pire, c’est pas les anciennes générations (eux, ils ont encore des bonnes excuses pour avoir peur des nouvelles technologies). Non, le pire, c’est quand j’entends des jeunes de mon âge dire des énormités comme :

- Nan mais les jeux vidéo, ça te lobotomise le cerveau, c’est terrible ! Moi mon mec j’ai jeté sa Xbox par la fenêtre, tellement je supportais pas, ça le rendait trop con ! Maintenant on passe nos soirées à regarder des émissions de télé-réalité ensemble, c’est beaucoup plus sain.

Sérieusement ?

- Nan mais faut pas déconner avec Internet, ça rend vraiment addict, hein. Genre, mon petit frère, il est sur son jeu en ligne tous les jours pendant des heures, c’est trop malsain ! En plus ça rend violent ! Si, ça rend violent, je l’ai vu à la télé, ils doivent tuer des monstres avec des épées, et tout ! Après on s’étonne qu’ils pètent les plombs et qu’ils fusillent des gens dans la rue !

Ah, oui, c’est vrai ça, c’est la corrélation la plus logique du monde. Laisse tomber ces trucs de tapette comme l’environnement familial, les mauvaises fréquentations, ou la drogue. Non, non, c’est bien connu, tous les gens qui sont exposés à la violence finissent un jour ou l’autre par massacrer leurs proches dans un bain de sang. C’est le karma.

Et je suppose que toi, personne équilibrée qui ne joue pas aux jeux-vidéo-qui-donnent-le-goût-du-sang, t’as jamais été exposée à la violence, dans ta vie.

T’as jamais regardé Dragon Ball Z quand t’étais toute gamine.



T’as jamais vu un seul film d’horreur de toute ton existence.



T’as jamais lu un seul bouquin avec un chouïa de violence dedans (Même dans Harry Potter, y'a des gens qui meurent bouffés par un serpent géant!).

Mais oui, c’est sûr, c’est la faute aux jeux vidéo et à ce vilain démon Internet.

Merci, jeune idiote. Tu es la digne héritière de Platon, qui disait que l’écriture rendait con :

Le philosophe n’ira pas sérieusement
déposer ses idées dans de l’eau noire, les semant
à l’aide d’une plume, avec des mots incapables de
 s’expliquer et de se défendre eux-mêmes, incapables
                d’enseigner suffisamment la vérité.

Ou encore l’héritière des gens de la Renaissance qui disaient « Ah, l’imprimerie, c’est horrible ! Maintenant que les gens ont des livres, ils vont arrêter de parler aux gens ! Ils vont faire rien qu’à rester chez eux à lire des livres, et ce sera le chaos, l’anarchie, et la guerre ! ».

Ou, surtout, l’héritière des chercheurs américains du début du XXe siècle, qui m’ont fait beaucoup rigoler :

La popularité de ce nouveau passe-temps chez les enfants a augmenté rapidement. Ce nouvel envahisseur de la vie privée familiale a apporté une influence inquiétante dans son sillage. Les parents ont pris conscience d’un changement étonnant dans le comportement de leur progéniture. Ils sont déconcertés par une série de problèmes nouveaux, et se trouvent dépourvus, apeurés, sans défense. Ils ne peuvent pas chasser cet intrus, car il est maintenant indétrônable chez leurs enfants.

(Toute similarité avec des reportages de France 2 est totalement fortuite mais bien rigolote quand même.)

 Ah oui, au cas où t’avais pas deviné, dans cet extrait, « l’envahisseur de la vie privée », c’est la radio.

(Oui oui, la radio envahit ta vie privée. Elle vient dans ta cuisine au petit matin, hurler « France Inter il est huit heures, le journal Yves Decan », et elle fait basculer tes enfants dans l’adoration de Satan.)

Sur ce, cher lecteur adepte des nouveaux médias (puisque t’es hype et branché et que tu vas sur les blogs avec de l’écriture) (nan je déconne, c’était hype en 2005, maintenant t’es déjà has-been), je vais te laisser, parce qu’il y a eu une mise à jour sur Minecraft et maintenant tu peux construire ta maison dans la jungle.

Si je ne reviens pas, c’est que je suis morte devant mon écran telle un vulgaire joueur de Meuporg.