mercredi 24 juin 2015

Vis ma vie de sportive de l'extrême


Et sinon je me suis inscrite à la gym.

Ah mais c’est trop des trucs de fifou ma vie en ce moment, juré.

Nouvelle maison, nouvelle voiture, nouveau job, maintenant je vais à la gym, c’est archi le temps du changement.

(En plus j’ai commencé une nouvelle partie de jeu vidéo et ce n’est PAS une partie de Skyrim.)

(La folie dans les chaumières !)

(Après faut dire aussi qu’avec Skyrim, quand on a fait une partie barbare, une partie archer, une partie voleur et une partie mage, il reste plus grand-chose de neuf à faire. Du coup je me suis lassée après seulement 436 heures de jeu.) (C’TARNAQUE.)

(Remboursez ! Remboursez !)

(Et sinon j’apprécierais si on pouvait tous garder entre nous le fait que j’aie passé 436 heures sur Skyrim. Genre éviter de le raconter à ma mère, tout ça.)

(J’ai pas super envie de me faire rapatrier en France manu militari pour être institutionnalisée dans un centre de désintoxication.)

(Ci-mer.)

Bref.

L’inscription à la gym, c’est vraiment le truc que je me serais pas imaginée faire même si tu m’avais donné un million d’années, mais faut bien avouer que ça devenait un peu du ‘port nawak au niveau de mon poids.

Parce que quand j’étais rentrée de France, pleine d’amour et de foie gras, j’avais fait Weight Watchers et ça avait très bien marché. Mais au bout de cinq mois à tout noter sur des petits papiers, j’étais saoulée.

Du coup je me suis dit :

- Bon Charlotte, là t’as pris des bonnes habitudes alimentaires, t’as chopé plein de nouvelles recettes saines, je pense qu’on peut laisser tomber les petits papiers, et tu calculeras les points dans ta tête.
- Bonne idée Charlotte, tu es si sage et avisée !

(Oui, je dialogue souvent avec moi-même, et alors, toi ta santé mentale elle est parfaite peut-être ?)

Et j’ai presque pas envie d’écrire ce qui est arrivé ensuite parce que je pense que tu l’as vu venir de loin :

- Cha, t’as pas vu les trois tablettes de chocolat aux noisettes que j’ai achetées hier ?
- Hmmmpfr ?



Bref, tout ça pour dire, j’ai aucune retenue, toutes mes fringues me serrent, et je ne suis qu’un bourrelet.

Car mon raisonnement était erroné dès le début, cf. mes dialogues avec moi-même :

- Han j’ai envie de chips.
- Non, Charlotte, sois raisonnable !
- C’est bon, je vais juste en manger deux ou trois poignées, ça fait quoi, genre un point ?
- Mais ce midi t’as mangé des pâtes avec une sauce a la crème, et à quatre heures t’as grignoté des Pepito !
- Ouais, pas de souci. Les pâtes ça fait genre un point, et puis la sauce, encore un point. Et les Pepito j’en ai mangé, genre, cinq, ça fait… un point aussi.
- …
- Donc un plus un plus un, plus un point pour les chips, ça fait quatre, donc la pour la journée, il me reste…vingt-sept points !
- ….
- Chuis large !

Donc j’avoue, l’idée d’arrêter les petits papiers, ça peut marcher.

Ça peut marcher si on n’a pas la pire mauvaise foi du monde.

Ce qui n’est pas mon cas.

(Je précise au cas où tu en doutais encore.)

Donc, comme j’en ai marre de ressembler à une statue de déesse de la fertilité des temps anciens, et comme Weight Watchers j’en ai aussi ma claque parce que j’aime trop manger et que le gras c’est la vie, j’ai décidé de me mettre au sport.

Ce qui n’est pas une mince affaire, parce que j’ai toujours détesté tout ce qui s’apparente de près ou de loin à un effort physique. Et habiter au pays où personne ne va jamais nulle part à pied n’aide pas, puisque comme je vais direct de la maison au bureau et vice sera, j’effectue en moyenne vingt-cinq pas par jour dans une journée de travail.

(Et c’est uniquement parce que j’ai une toute petite vessie et que je dois me lever de mon siège toutes les deux heures pour aller pisser.)

Et je ne peux pas me mettre à pratiquer une activité d’extérieur maintenant, rapport au fait que c’est l’hiver, donc qu’il fait nuit à dix-sept heures, et qu’en plus il pleut depuis mai. (Sans déconner) (Il ne s’est pas arrêté de pleuvoir depuis MAI) (Vis ma vie de Kevin Costner dans Waterworld.) 

Du coup, je me suis inscrite à la gym la plus proche de chez moi pour suivre des cours, histoire de me donner une double motivation pour ne pas abandonner comme une grosse limace au bout de trois sessions.

(Je pars du postulat que je serai plus motivée, petit 1 si je fais une activité de groupe, et petit 2 par le fait que je vais donner des sous pour rien si je n’y vais pas.)

Donc je suis inscrite depuis quelques semaines à la gym près de chez moi, c’est plein de petites mamies mignonnes et de filles ultra saines et pleines de tonus qui me tuent de jalousie, mais à part ça tout va bien.

J’ai eu un rendez-vous avec une coach qui m’a mesuré mon pourcentage de graisse et j’ai eu envie de mourir parce que c’était 22,5% et okay, je savais que j’étais une molle de la fesse, mais y’a une différence entre regarder ses poignées d’amour et savoir que presque le QUART de son corps entier n’est QUE de la graisse.

Mais bon, après, la coach m’a dit qu’en fait la moyenne pour une femme saine, c’est d’avoir entre 15% et 25% de gras dans le corps, et qu’en fait tu commençais à avoir un danger pour ta santé seulement à partir de 25%.

Mais bon, moi je savais déjà que j’étais pas en danger niveau santé, ce que je voudrais c’est surtout que j’arrête de ressembler à un muffin à la vanille des que je mets un pantalon.

Du coup ma coach m’a fait un petit papier avec un programme d’entrainement dessus, et je vais à la gym régulièrement pour utiliser plein de machines : y’a les trucs normaux comme les tapis de course ou les vélos, y’a des trucs un peu chelous genre la machine ultrasophistiquée du futur qu’on voit toujours dans les films :



(Gattaca bonjour.)

Et y’a aussi des machines que j’avais jamais vues de ma vie et même pas je savais qu’elles existaient, genre tu savais toi qu’il existe une machine pour te muscler uniquement le dos, et une autre pour te muscler uniquement les biceps ? J’veux dire, v’là la précision du machin quoi.

(Bonus : gros sentiment d’infériorité quand j’arrive à la machine, que je m’apprête a mettre les poids de 18 kilos, et que je vois que la fille avant moi avait réglé la machine a 75 kg.)

(NORMAL.)

(Je pensais même pas qu’il y a avait des gens non-haltérophiles dans le monde qui pouvaient soulever 75 kg avec juste leurs bras.)

(Moi j’ai des biceps comme des spaghettis trop cuits, faut pas trop leur en demander.)

Et sinon je teste aussi tous les cours du soir, histoire de voir lequel est le meilleur, et j’ai eu pas mal de surprises.

Par exemple, j’ai commencé la zumba, parce qu’une copine en fait et n’a pas manqué de me vanter ses mérites, à base de :

- Franchement la zumba c’est super ! C’est un mix entre un cours de danse et de fitness. Du coup, tu bouges tout le temps, et tu ne t’en rends même pas compte ! C’est de l’exercice que tu ne sens même pas !

AH BAH PUTAIN LAISSE-MOI TE DIRE QUE JE L’AI SENTI, MOI, TON EXERCICE.

C’était les 45 minutes les plus physiques de ma vie entière, et même si c’était réellement fun, je peux te dire que c’était pas du gâteau. Bon, faut aussi dire que j’ai zéro coordination entre mes membres, alors pour suivre les pas, c’était un peu charrette. Illustration :

La prof et le reste de la classe :



Moi :



(Et aussi, mon corps entier n’est qu’une courbature, et j’arrive toujours pas à m’accroupir sans pousser des chouinements de douleur, mais sinon c’est cool la zumba.)

J’ai aussi testé le yoga et c’était marrant deux minutes, mais je pense que je n’arriverai pas à faire cette activité régulièrement sans me foutre de la gueule de tout le monde, parce que eh franchement t’étais au courant qu’ils te font vraiment faire des OHM ? Comme dans le sketch sur les sectes des Inconnus ?



(Tout pareil.)

Moi j’étais là tranquille, je faisais mes étirements et des positions cheloues, normal, et puis la prof nous dit de s’asseoir en tailleur pour le moment de méditation, moi je pensais que c’était un mot hippie pour dire « se reposer », et là juré la meuf elle a commencé à faire OOOOOOOOOHHHHMMMMMMM, on aurait dit mon aspirateur quand il avale une chaussette.

J’ai essayé de pas trop pouffer, mais après tu me crois ou pas, toutes les nanas autour de moi ont aussi commencé à faire OOOOOOHHHMM, et soudain j’ai eu l’image d’Arielle Dombasle dans « Un Indien dans la Ville » qui est apparu très clairement dans ma tête, et bon voilà, pardon mais je suis une femme pas un héros.



(Comment rester de marbre quand tu es dans une salle remplie de gens qui font OHM et que tu as cette image en tête ?)

(Que celui qui n’aurait pas pouffé me jette la première pierre.)

Et enfin, pour me remettre de la zumba, j'ai décidé de tester le "Hoop N Tone", une activité à base de petites mamies et de hula hoops, décrite comme "douce et facile" sur l'agenda de la gym.

Eh ben putain laisse-moi te dire qu'elles cachaient ben leur jeu les petites mamies.

(Sous ces lunettes bienvieillantes et ces cheveux bleus se cachent des cuisses d'acier et des abdos en béton.)

Parce que moi, comme je ne sais rien à rien et que je suis le Jon Snow des salles de gym, je me suis pointée en me disant "Ouais chais pas on va faire du hula hoop, peut-etre que la partie challenge ça va être de voir qui peut faire le plus de tours possible". Alors qu'en fait c'était une mutinerie de la Night's Watch déjà c'étaient des cerceaux lestés qui pesaient deux kilos, et en plus ils avaient des petits pics tout durs à l'intérieur du cercle, sérieusement meuf tu m'as prise pour un fakir ou c'est quoi le deal?!




(J'ai des bleus tout le tour du ventre maintenant, c'est malin.)

En plus c'est pas juste 45 minutes à faire du hula-hoop (j'admets que c'aurait été un peu lassant), mais t'es censée danser tout en faisant du hula-hoop et là pardon mais non, j'arrive déjà pas à danser tout court alors faut pas trop m'en demander.

Et puis après y'avait plein d'exercices où il fallait soulever le cerceau et faire plein de fitness, c'était horrible, j'ai senti plein de muscles dont j'ignorais l'existence et qui se sont réveillés juste assez longtemps pour me dire "OUILLE". 

(Mais bon, au final, c'était un bon exercice, donc j'y retournerai quand même.)

(Est-ce que c'est ça que ça fait d'être masochiste?)

Bref, sur ce je te laisse, je vais a la gym.

(Nan j’déconne.)

(Je vais jouer à Fallout.)

(On ne peut pas être une athlète tous les jours.) 

(Et j'ai des capsules à collectionner.)

dimanche 21 juin 2015

Brève immobilière


Récemment, Professeur Flaxou et moi, on a eu notre première inspection d’appartement.

En effet, quand tu loues un logement en Nouvelle-Zélande, c’est normal que le propriétaire fasse des visites d’inspection régulièrement, pour vérifier que sa propriété est bien entretenue. Et quand je dis « régulièrement », tu vas voir que c’est pas juste une façon de parler.

La loi stipule en effet que les propriétaires sont tenus d’espacer leurs visites d’au moins quatre semaines. Ce qui est quand même franchement raide, parce que ça veut dire que tu peux te taper jusqu’à une inspection par mois.

(Autant dire que, si t’as un proprio paranoïaque, t’es jamais tranquille.)

Si le propriétaire estime pendant la visite que le locataire est en rupture de contrat sur un ou plusieurs points, il lui donne un document officiel lui demandant de régler toutes les infractions constatées sous 14 jours. Au bout des 14 jours, il revient, et si rien n’a été fait, il a le droit de demander l’expulsion du locataire.

Alors évidemment, le propriétaire ne peut pas se pointer comme ça ; il doit donner un préavis écrit de 48 heures, cachet de la poste faisant foi.

Le truc qui m’a vraiment choqué, c’est que le locataire n’a pas à être présent pendant la visite d’inspection.

Par exemple, nous, on a reçu ce courrier dans la boite aux lettres (déposé le vendredi soir pour nous alerter d’une inspection le lundi – heureusement qu’on n’était pas partis pour le week-end, dis donc), qui nous disait :


« L’inspection se fera le 15/06/2015 entre 9 heures et 17 heures. »

Donc en fait les gars choisissent exprès les horaires où 90% des gens employés seront au taf, et en plus te préviennent le vendredi soir pour le lundi matin, de sorte que t’as même pas le temps de poser un congé.

(Chais pas toi, mais moi ça me paraît louche.)

Et, au niveau légal, c’est très flou : on dit juste que le propriétaire a le droit d’entrer dans la maison et de faire son inspection, mais rien d’autre n’est spécifié. Du coup, le gars peut ouvrir les placards, fouiller dans tes petites culottes, la totale. (En plus t’en sauras jamais rien, vu que t’es pas là au moment de l’inspection.)

Et ce serait un truc qui m’aurait beaucoup plus emmerdé il y a quelques années, mais depuis que je vis en Nouvelle-Zélande, je suis devenue experte dans l’art d’en avoir rien à foutre.

(Du moment qu’on ne touche pas à mon chocolat, tout va bien.)

J’ai quand même bien rigolé en lisant le reste de la missive, qui nous expliquait qu’avant une inspection, on devait faire le grand ménage de ouf, et une description en-dessous qui listait « passer l’aspirateur, nettoyer les toilettes et le comptoir de la cuisine, et passer une éponge sur les surfaces ».

Ça, pour les Kiwis, c’est donc le grand ménage de printemps.

Eh ben ça va, ils mettent pas la barre trop haut.

A ce stade c’est plus un concours de limbo qu’autre chose.

(Viens en Alsace juste avant Pâques, je vais t’en montrer, moi, du vrai ménage de printemps.)

Donc on a fait notre ménage normal hebdomadaire, qui était plus complet que les recommandations de l’agence parce qu’on ne vit pas comme des SAUVAGES merci bien, et le lundi soir, je suis rentrée pour trouver un petit mot sur ma cuisinière disant :

- Salut ! Votre logement a été inspecté. Si jamais on a constaté des infractions, on vous tiendra au courant. Bonne journée et vive l’amour ! Bisous bisous !

(J’ai ajouté les bisous.)

(Mais le ton y était.)

Je suis quand même allée vérifier si y’avait pas des tiroirs entrouverts, mais je n’ai constaté qu’une seule trace du passage du proprio : y’avait des traces de doigts sur mon épée.


(La grande, pas la petite.)

Alors comme ça on est fan de Game of Thrones, Jean-Mi ?

Mais je lui pardonne, parce que tout le monde n’a pas une épée chez soi (même si tout le monde devrait en avoir), alors c’est bien normal de vouloir la prendre en main et se sentir épique pour deux minutes.

(En plus maintenant il sait qu’on est non seulement des gens propres, mais aussi des gens COOLS.)

Bref, avec tout ça, je comprends mieux pourquoi les Aucklandais cherchent tous désespérément à acheter leur propre maison au lieu de louer: entre les interdictions diverses (si t'es fumeur ou amis des animaux, t'es baisé d'avance, disons-le) et les inspections tous les mois, et LE FUMIER QUI A TONDU MA MENTHE COMME UNE ALLEMANDE A LA LIBÉRATION (une menthe que j'avais achetée trois dollars et planté avec amour dans mon coin de jardin, et qui a été sauvagement ratiboisée par le mec qui vient tondre les pelouses de tout le bloc), y'a de quoi rêver d'être propriétaire.

Et "rêver" est le terme approprié, puisqu'une maison à Auckland coûte en moyenne un million de dollars.

(Ouais, je pense qu'on va encore louer un petit bout de temps.)

(Tant pis pour les proprios qui touchent à mon épée.)

A bientôt pour du sang, des larmes et de la sueur (je me suis inscrite à la gym).

A tôt-bien dans le train!

vendredi 19 juin 2015

Brève automobile


Et sinon on a acheté une nouvelle voiture.

(Ah ouais les p’tits gars, dans cette famille on fait tous les changements d’un coup.)

Bon, en vrai, c’était pas prévu pour tout de suite, mais disons que c’était pas non plus trop une surprise le jour où j’ai amené mon épave au contrôle technique et qu’on m’a répondu :



Parce que bon, voilà, une voiture qui a 250 000 kilomètres, dont la courroie n’a pas été changée depuis 2008, et qui est née en l’an de grâce 1996 (cette voiture pourrait aller VOTER), c’est pas vraiment une surprise quand elle te claque dans les pattes. 

(Je suis juste heureuse qu’elle soit morte dignement au garage, et pas au milieu de l’autoroute par un froid matin d’hiver.)

Professeur Flaxou et moi, on a donc pleuré la mort de notre vieille Bessie :

-  Haaaaan acheter une nouvelle voiture ça va coûter tellement cheeeeer !

Puis on a récupéré ses effets personnels (le GPS, les cartes routières, et la corde qui traîne dans le coffre depuis 2012 et que Professeur Flaxou refuse d’enlever parce que « une corde dans la voiture c’est toujours utile ») (j’avoue, moi aussi ça me saoule quand mes otages se baladent dans le coffre) et on s’est mis en quête d’une nouvelle charrette.

Mais bon, maintenant qu’on a deux salaires et qu’on sait tous les deux conduire à gauche sans se prendre les trottoirs, on a décidé que c’était fini le temps des voitures de gitans, et qu’on allait s’offrir un truc neuf.

(Par « neuf », on entend évidemment « en-dessous de 100 000 kilomètres ».)

(On a deux salaires mais on est pas les Rothschild non plus, hein.)

On est donc allés faire nos emplettes chez un concessionnaire japonais, comme le font la majorité des Kiwis. 

Car en Nouvelle-Zélande, les voitures japonaises sont les plus courantes, pour trois raisons : de un, les voitures japonaises ont une bonne réputation en termes de rapport qualité/prix ; de deux, ça met considérablement moins de temps d’expédier une voiture ou des pièces détachées du Japon plutôt que de les envoyer d’Europe ou des États-Unis ; et, de trois, le Japon possède l’énorme avantage technique de fabriquer des voitures qui ont déjà le volant du bon côté (vu qu’eux aussi roulent à gauche), ce qui réduit un peu les coûts par rapport à une voiture américaine ou européenne.

Notre choix s’est donc porté sur une adorable Honda Fit (le truc le plus proche d’une petite voiture que l’on peut espérer obtenir dans ce pays), après moult délibérations et tests sur route.

Autre parenthèse : la confiance des Kiwis m’étonnera toujours, cf. notre dialogue avec le concessionnaire :

- On peut aller tester la voiture ?
- Oui, bien sûr, il me faudra juste une copie de votre permis de conduire. 
- Et c’est tout ? Vous venez pas avec nous ?
- Oh non non, allez-y, faites un petit tour, je vous attendrai ici. Voilà les clefs. Bonne route !

(Comment est-ce que ce pays n’est pas gangréné par la criminalité, c’est un mystère.)

Et, une fois le choix fait, je me suis tournée vers Professeur Flaxou et je lui ai dit :

- Maintenant tu me laisses gérer les négociations, moi j’ai marchandé avec des Moscovites, il n’y a rien que je ne puisse pas faire.

Et donc j’ai dit au monsieur :

- Oh là là oui elle nous plait bien, mais pfff dis donc on n’avait pas vraiment prévu ce budget, han là quelle tuile, qu’est-ce que qu’on pourrait bien faire ?

(Une vraie pro.)

Eh ben laisse-moi te dire que les gars m’ont sorti la parade anti-marchandage de grand luxe, j’avais jamais vu un truc aussi fourbe, et pourtant j’ai déjà été sur des marchés dans le Sud de la France.

(10 euros pour ton savon à la lavande qui pue, sérieusement Jacqueline ?)

Or donc, si on décide de marchander sur le prix, on est obligés de faire une offre officielle sur papier, avec plein de petites cases à remplir et tout. Ensuite le concessionnaire te dit que c’est évidemment pas lui qui prend ce genre de décision, parce que sinon, on se doute bien, il dirait oui tout de suite, mais là il faut qu’il aille voir le manager.

On est donc invités à s’asseoir dans une pièce qui rappelle à la fois une cellule d’interrogation dans les films policiers et la salle d’attente des Assedic. 



(+100 pour l’ambiance)

On attend là pendant cinq minutes en essayant de ne pas se tirer une balle, et puis le gars revient en disant que le manager n’est pas prêt à accepter l’offre, mais qu’on peut en faire une autre un peu plus haute, si on veut.

Alors maintenant, toi, en tant qu’être humain normalement constitué, est-ce que tu as vraiment envie de te retaper le formulaire et l’ambiance 1984 juste pour gratter cent dollars ?

(Machiavélique, j’te dis.)

Bon, après, nous on venait avec le pass magique de la recommandation (des potes avaient acheté leur voiture là-bas il y a quelques mois), et comme en Nouvelle-Zélande, le bouche à oreilles, c’est la chose la plus importante au monde, ils ont accepté notre offre du premier coup.

(Sérieusement, en Nouvelle-Zélande, tu vas dans n’importe quel business, tu donnes le nom d’un gars qui t’a envoyé, et on te traite comme le Prince William.) 

(Alors que le reste du temps, on te traite juste comme un ami.) 

(L’horreur.)

Et voilà comment on s’est retrouvés propriétaires d’une voiture à 7000 dollars, AKA le truc le plus cher qu’on ait jamais acheté de notre vie entière.

Et autant te le dire tout de suite : ça ne me procure pas la joie que j’escomptais.

Je suis juste plus pauvre de 7000 dollars, et maintenant je ne peux plus acheter du merchandising Game of Thrones compulsivement sur Internet.

(Est-ce que c’est ça que ça fait d’être adulte ?)

Sans compter qu’on a dû faire une mise à jour assez conséquente de l’assurance auto (avec l’ancienne voiture, on avait uniquement le tiers payant – vu que personne n’aurait jamais osé voler une bouse pareille) alors voilà, maintenant on a l’assurance bris de glace, ça y est, on est officiellement des bourgeois. 

Et désormais, je fais partie des gens qui s’inquiètent de rayer leur voiture.

(Alors qu’avant, je savais que j’avais reculé au maximum quand j’entendais le pare-chocs heurter le mur du fond.)

Mais les bouts de vieille carrosserie incrustés de tous les côtés du garage, c’est fini maintenant. Maintenant, je fais des MANŒUVRES. 

(C’est tellement conformiste.)

(Je me dégoûte.)

Mais bon, quand même, c’est vrai que ça fait du bien d’avoir une voiture qui ne couine pas quand elle freine, qui ne bouffe pas de l’essence comme un paquebot, qui tourne quand on lui dit de tourner, et OH JOIE IL Y A UN LECTEUR CD JE VAIS POUVOIR ECOUTER ALESTORM A FOND LES BALLONS SUR L’AUTOROUTE HALLELUJAH.



(C’est sûr que ça change du vieux lecteur K7 qui mangeait la bande magnétique dès qu’on appuyait sur play.)

(Une K7 de Bruce Springsteen toute neuve, que j’avais acheté le jour même au marché aux puces !)

(50 cents que je ne reverrai jamais !)

Donc, tu l’auras compris, ma plus grande joie dans toute cette histoire, c’est que je vais enfin pouvoir arrêter d’écouter la radio.

(C’est cher payé pour un lecteur CD.)

Bref, sur ce je te laisse, je vais prendre ma voiture pour faire les courses.

(On se revoit dans une-demi-heure, quand j’aurai fini de sortir du garage.)


Question de fin d’article Skyblog activée ! Et toi, qu’est-ce que tu conduis ? Une belle voiture neuve ou un tas de bouse ?

(Si tu prends le bus comme un pouilleux, je te laisse participer aux commentaires quand même.)

(Je suis sympa avec les roturiers.)

dimanche 7 juin 2015

L'instant Kiwi: les fêtes


Et donc ce week-end, Professeur Flaxou et moi on a fêté notre pendaison de crémaillère.

On a invité tous nos potes, et comme presque tous nos amis sont soit des Kiwis de souche, soit des étrangers parfaitement intégrés a la culture du pays, on a décidé de faire une fête typiquement Kiwie.

Alors traditionnellement, ça voudrait dire un barbecue, mais comme ils prévoient de la pluie tout le week-end, et toute la semaine suivante, et les trois prochains mois continuellement, on a dû réviser un peu nos plans.

(Sérieusement, tu peux pas test le level de la pluie dans ce pays.)

(Le week-end dernier, il est tombé 42 millimètres rien que la journée du samedi.)

(Soit équivalent de ce qu’il pleut en moyenne à Strasbourg pendant TOUT LE MOIS DE NOVEMBRE.)

(Et pendant que le déluge de Moïse s’abattait sur nos toits, les voisins nous disaient « Hey mate! Bit grizzly outside today, eh ? »)

Bref.

Donc, une fête Kiwie, ça ressemble à quoi ?

D’abord, au niveau des horaires, tu sais déjà qu’une fête en Nouvelle-Zélande commence tôt et finit tôt. Du coup, on débute vers 14 heures, et on finit quand les derniers partent (donc vers 18 heures).

(Oui, les fêtes en Zelandie sont très proches des goûters d’anniversaire des 7-10 ans, on peut le dire.)

Apres, sinon, c’est à peu près le même topo que n’importe quelles réjouissances organisées (musique, jeux, papotage, bière, des gens qui renversent des trucs sur les tapis) à part pour un élément crucial : la bouffe.

Comme je l’ai dit plus haut, si on voulait faire un truc vraiment typiquement Kiwi, il faudrait un barbecue et trois kilos de viande : côtes d’agneau, hamburgers, poissons fraîchement pêchés, ou encore saucisses – bien que Professeur Flaxou nous fasse la complainte de la butte à chaque été parce que :

- Haaaaan mais y’a pas de mergueeeeez qu’est-ce qu’on fait dans ce pays de SAUVAGES, je vais mouriiiiir !

(Bah oui Flaxou, mais si tu voulais des merguez, fallait déménager au Maghreb, pas dans le Commonwealth.)

(Parce que l’immigration Africaine en Nouvelle-Zélande, on va pas dire que c’est zéro pour cent mais bon voila, c’est genre zéro virgule deux pour cent, quoi.)

(Et c’est que des Blancs d’Afrique du Sud.)

(Alors non, pas de merguez.)

(Par contre on a de la boerewors, ça ouais.)

Bref bref.

Mais comme sus-cité il pleuvait sa race, du coup on s'est rattrapés avec d’autres fleurons de party food du pays de la tête en bas :


Oh les belles saucisses à cocktail pas chimiques du tout que voilà !


(Pour ceux qui se demandent, le goût est similaire à leur tête : c’est un genre de plastique mou.)

(Un peu salé.)

Ces saucisses rouge pompier insipides font la joie des papilles sous-développées des Kiwis, qui les dévorent de deux manières: soit cuites au four avec de la pâte (on les appellera alors "sausage rolls"):




(C'est l'option la plus comestible.)

Ou alors, on peut aussi les manger nature, agrémentées de ketchup pardon, de « tomato sauce ».

Car oui, contrairement au MONDE ENTIER, les Néo-Zélandais appellent leur ketchup « sauce tomate ». Et ça a l’air très anecdotique comme ça, mais c’est sérieusement un des sujets qui me posent le plus problème dans ce pays.

Donc oui, tu l’as deviné, j’ai pas de très gros problèmes dans la vie si mon plus grand souci c’est la terminologie du ketchup, MAIS n’empêche que c’est formidablement énervant de recevoir un regard éberlué à chaque fois que tu demandes à quelqu’un « Passe-moi le ketchup ». 

(Souvent suivi d’un « Ah, tu veux dire la sauce tomate ? ») 

(NON, JE VEUX DIRE LE KETCHUP, ESPÈCE DE DÉGÉNÉRÉ LEXICAL !)

(Pour les curieux, les Kiwis appellent la vraie sauce tomate « pasta sauce » - parce que c’est inconcevable pour ces sous-doués culinaires d’utiliser de la sauce tomate à toute autre fin que sur des pâtes.)

(Bande de paysans.)

Bref bref Brejnev.

Une autre particularité culinaire de ce pays, c’est leur manière de manger les chips. 

D’ailleurs - petit aparté lexical parce que ça me plaît bien - si tu te rappelles de tes cours d’anglais au collège, tu te souviendras peut-être du tableau que le prof te filait avec les différences lexicales entre l’anglais britannique et l’anglais américain.



(Avé les SUBLIMES images clipart en illustration)

Et la Nouvelle-Zélande, en gentille colonie, utilise en grande majorité les mots de l’anglais britannique : un coffre de voiture sera donc un boot et non un trunk, une poubelle sera une bin et non une garbage can, et un parking sera un car park et pas un parking lot.

Mais (comme c’est un pays de gens sympas), on utilise quelquefois les mots des deux langues indifféremment, là où les Anglais et les Américains s’en tiennent farouchement à une seule dénomination. En Nouvelle-Zélande, on peut donc prendre le lift ou l’elevator, vivre dans un flat ou dans un apartment, ou bien conduire un truck aussi bien qu’un lorry.

(Et puis il y a aussi des mots qui ne s’utilisent qu’en Nouvelle-Zélande, mais ceux-là je vais pas en parler parce qu’ils méritent un article à part tellement ils sont grandioses.)

Et donc je reviens à mes moutons parce que les chips.

En anglais américain, les chips se disent chips, et les frites se disent French fries pour une raison obscure – probablement que la géographie américaine n’était pas assez poussée pour inclure la Belgique dans leurs cartes. Mais là où ça se gâte, c’est qu’en anglais britannique, chips désigne des frites, et les chips se disent crisps. Et en Nouvelle-Zélande, alors ?

Eh ben en Nouvelle-Zélande c’est chips partout, on s’en balek complètement.

Les chips se disent donc chips. Et les frites, c’est chips aussi.


(Sérieusement ?)

(Vous aviez l’embarras du choix entre trois termes différents et il a fallu que vous choisissiez la combinaison la plus gole-mon possible ?)

Bref, les Kiwis aiment les chips, MAIS ils ne les mangent jamais seuls: ils sont toujours accompagnés d'un dip (un genre de crème dans laquelle on va tremper le chip avant de le manger). 

Parmi les dips populaires en Nouvelle-Zélande, on compte le guacamole, le hoummous, le ketchup, ou bien d'autres trucs à base de crème vendus en grande surface (crème à l'ail, crème aux fines herbes, etc.). Mais le roi des rois, c'est le bien nommé Kiwi Dip.

(Je mets les majuscules parce que c'est un truc très solennel avec lequel on ne rigole pas.)

J'ai eu la flemme de chercher Nul ne sait d'où vient le Kiwi dip, mais ce qui est sûr, c'est que c'est l'élément clé d'une fête réussie.

Pour notre crémaillère, j'ai donc retroussé mes manches et je me suis attelée à la préparation de ce joyau culinaire. Et comme je suis quelqu'un de sympa, je te livre les secrets de préparation ci-dessous, en images.

Fig.1: combinez une boîte de reduced cream et un sachet de soupe à l'oignon dans un bol.



Fig.2: y'en a pas, c'est fini.

(Les fanas de cuisine ajouteront une lichette de vinaigre, mais sinon c'est tout.)

(Ah ouais, mais je t'avais prévenu, c'est pas Top Chef par ici.)

Petit aparté culinaire: la reduced cream utilisée ici est une sorte de crème fraîche en conserve, qui a un peu la consistance du lait concentré, mais n'est pas sucrée. C'est absolument dégueulasse, et la seule raison pour laquelle les gens en achètent encore maintenant qu'ils ont des frigos, c'est pour faire du Kiwi Dip.

(Sans mentir, j'ai demandé à tous les Kiwis de mon entourage, et pas un seul n'a pu me citer une seule fois durant leur vie entière où ils ont utilisé de la reduced cream pour autre chose que pour du Kiwi Dip.)

Les distributeurs le savent bien, cf. la mention du Kiwi Dip qu'on trouve directement sur la boîte:



Et d'ailleurs, c'est la même chose pour la soupe à l'oignon, qui a même droit à DEUX mentions de dips sur son sachet:




(Non, personne ne veut faire de la soupe avec le contenu de ce sachet.)

Pour compléter le tableau, tu peux ajouter quelques sandwiches au pain de mie, des muffins/cakes, et pour le dessert, des tranches de trucs carrés, parce que va savoir pourquoi les Kiwis ADORENT tout ce qui est carré pour le dessert.




(Le mot d'ordre chez les boulangers Kiwis: "si c'est sucré, faut que ce soit carré".)

Et voilà, tu as maintenant de quoi organiser ta propre fête Kiwie!

(N'oublie pas de virer tout le monde de chez toi à 18h30 afin de pouvoir aller te coucher à 20h, comme tous les soirs.)

(Non parce que sinon c'est pénible)

(On se couche une fois à 22 heures, et tout le cycle de sommeil est perturbé.)

Bonne fête!