vendredi 28 mai 2010

Don't they know it's the end of the world

 (Eh ouais. Des vrais toits en chaume. Ça c'est quand même super classe.)


Bon, alors je pars dans deux jours. 

Mes valises ne sont absolument pas prêtes. Enfin si, j'ai une valise pleine à craquer de fringues et de dictionnaires, mais j'ai pas pu remplir ma deuxième valise (celle pour les chaussures et les romans) parce qu'elle sentait le vomi. Comment ça se fait que ma valise sente le vomi, j'en ai aucune idée, en tout cas c'est pas moi qui ai vomi dedans (je pense que je m'en souviendrais). Je doute aussi que ma coloc soit entrée dans ma chambre pendant mon absence pour le seul but de vomir dans le coin où je mets les sacs de voyage. Et on n'a pas de chat. Le mystère reste entier. (Du coup mon sac s'apprête à passer la nuit dehors, arrosé de Fébrèze.)

Bref. 

Le plan de départ, c'était : avoir l'air triste de partir pour ne pas froisser mes collègues qui sont des gens super, mais jubiler intérieurement : plus de cours! Plus d'entraînements aux oraux avec mes sous-doués du bocal! Plus besoin de les entendre répéter "Je aller le piscine" trois fois par jour avec des envies de meurtre, parce que j'ai passé les six derniers mois à leur apprendre à conjuguer le verbe "aller" au présent de l'indicatif. Plus de Kettering! Plus besoin de prendre le train pour aller au cinéma! Plus besoin de passer mes samedis soirs en pyjama devant les Experts! (En France je le ferai quand même, mais ce sera par CHOIX.)

Adieu, grisaille de l'Angleterre, adieu ces murs de brique que je trouvais si mignons en arrivant et qui me sortent par les orbites. Adieu les repas du pub qui semblaient si exotiques à mon arrivée (et maintenant j'ai la nausée rien qu'en voyant les mots "sausages and mash"). Bonjour, l'Alsace! Tes vignes verdoyantes, tes châteaux, tes villes fleurant bon la culture et la jeunesse. (C'est pas qu'il y ait pas de jeunes ici. C'est juste que c'est des jeunes un peu plus jeunes. Genre, entre 1 et 10 ans, ce genre de jeunes.)

Bonjour aussi Professeur Flaxou qui se meurt lentement d'ennui à Nancy (tu m'étonnes. Peu importe si on en est loin ou proche, être hors d'Alsace, c'est toujours une épreuve.) Bonjour mon papa et ma maman, bonjour ma soeur et mon chat, bonjour mon ours en peluche de trois mètres de haut.

La fête, quoi. Une semaine que je me trémousse tous les matins sous ma douche en chantonnant "Bientôt je serai en France-euh, bientôt j'aurai une douche avec de la pression même si je suis au deuxième étage-euh!"

C'était plutôt bien parti. 

Mais aujourd'hui, pour mon dernier jour, mes élèves de Year 11 (équivalent de la Seconde) m'ont offert une carte presque aussi grande que moi, et truffée des fautes d'orthographe les plus adorables que j'ai vues de ma vie, en me disant "Tu vas manquer nous." 


(Je vous conseille vivement de cliquer pour voir l'image en grand. Les dessins valent surtout le coup.)

Alors je leur ai fait la bise à chacun et ils sont devenus tout rouges (bande de prudes). Et puis Matthew, mon élève préféré (je sais, je devrais pas avoir de préféré, mais je suis humaine après tout, et il joue de la guitare) m'a prise à part et m'a offert un paquet de Maltesers et un CD des Red Hot Chili Peppers en me disant "Je suis triste parce que c'est dernier jour de tu." 

Et j'ai eu une bête envie de pleurer, alors que c'est débile, je veux même pas faire prof, mon avenir glorieux d'interprète/traductrice/diplomate (selon la branche dans laquelle ils m'acceptent à l'ITIRI) /assistante en Russie (selon si l'ITIRI m'accepte pas du tout) me tend les bras, et moi je suis là à regretter quatre morveux qui vont m'oublier dès qu'ils auront le dos tourné. Conne.

Alors j'ai pris une grande inspiration et je me suis dit, maintenant ça suffit les bêtises, pense à tout ce que tu vas retrouver, pense comme ça sera bien de plus avoir à enseigner! Quel bonheur et quelle simplicité de redevenir étudiante, de devoir juste s'asseoir et absorber le savoir, au lieu de devoir le diffuser dans des crânes d'oeufs!

Ça m'a remonté le moral. 

Mais ensuite je suis allée faire ma toute dernière heure de cours à l'école primaire, et ils m'ont donné ça :



Voilà, c'est malin.

Maintenant, je veux plus partir.

lundi 24 mai 2010

Les 10 choses qui m'horripilent le plus au monde


10) Les gens qui n'écoutent jamais de la musique connue parce qu'ils aiment l'undergroud. (Sauf que des fois, y'a une raison pour laquelle ils ne sont pas connus. C'est parce qu'ils sont mauvais. Fais-toi une raison.)

9) Les groupes Facebook ironiques qui se moquent d'autres groupes Facebook. (Du genre "Si toi aussi tu es né le jour de ta naissance" ou encore "Si toi aussi t'as une lettre de l'alphabet dans ton prénom.") Vous ne faites que les encourager, et en plus je suis sûre qu'il y en a qui les prendront quand même au sérieux.

8) Les gens qui se murgent la gueule et qui disent "C'est bon je peux encore conduire."

7) La nouvelle scène française:

- Aujourd'hui je vais vous parler des problèmes de la vie quotidienne d'une manière à la fois touchante et amusante. Ma chanson s'intitule "J'ai fait tomber la tartine du côté confiture".

6) Les gens qui écrivent en doublant les voyelles. Voous êêtes riidiicules. (Ça vaut aussi pour les gens qui mettent des maJuscUles imPrompTues au miLieu des moTs. C'est juste moche.)

5) Les toilettes automatiques. J'ai toujours l'impression qu'elles vont se mettre à me parler.

4) Les gens qui disent "Ah mais la p'tite bête mange pas la grosse!". Alors, premièrement : les araignées sont les créatures les plus terrifiantes de la terre, c'est pas moi qui l'ai décidé, c'est le bon dieu. (Beaucoup plus de pattes qu'il n'en faut, elles font jamais de bruit, et elles marchent d'une manière chelou, et tu sais jamais de quel côté elles vont aller. En plus elles ont, genre, des milliards d'yeux, alors tu sais qu'elles te voient tout le temps, même quand toi tu les vois plus, et ça me fait un peu flipper.) Et puis deuxièmement, "grosse" toi-même.

3) Les gens qui entendent "Misirlou" et qui disent "Han c'est la musique de Taxi-an!" (Ça marche aussi avec les gens qui entendent "Twisted Nerve" et qui disent "Han c'est la musique de la pub Renault-an!")

2) Les os des mains qui craquent.

1) Les gens qui me parlent à la troisième personne. Je te jure, c'est de l'ordre du dégoût physique, j'ai des images de haches plantées dans des crânes qui défilent dans ma tête quand les gens me disent "Alors comment elle va, la miss?" J'ai dû changer d'ophtalmo à cause de ça. Lui c'était le roi, ça n'arrêtait pas : "Elle va s'asseoir dans le fauteuil. Elle va me dire si c'est net. Qu'est-ce qu'elle pense de cette correction? Et avec ça, elle voit mieux?" Je vois mieux ta tête de con, si c'est ça que tu veux savoir. 


(Je vous aurais bien fait le top 10 des choses que j'aime le plus au monde, mais entre niaiserie et aigreur, je choisis toujours l'aigreur.)


PS : Ceci n'est pas une chaîne (parce que les chaînes c'est mon numéro 11) mais si vous voulez en profiter pour raconter vos petits dégoûts personnels, vous gênez pas.

vendredi 21 mai 2010

Vodka en russe ça se prononce водка

  (Bizarrement les gens sur Gettyimages ils sont jamais déchirés. A la place ils ont l'air de parler d'art contemporain.)


Je me suis dit que j'avais pas raconté assez d'histoires honteuses ici. 

C'est vrai, j'ai déjà dit que j'avais peur des zombies et des poissons, que j'ai appris à nager à l'âge de quinze ans, et que quand j'étais petite je refusais de me laver parce que j'avais peur de me noyer dans l'eau de la douche (ou bien c'est juste à Sarah que je l'ai dit?). 

Du coup je me suis dit que je vous raconterai une histoire d'alcoolisme.

Je vous avais déjà dit que j'avais été vraiment déchirée qu'une fois dans ma vie. Maintenant je vais vous raconter comment ça s'est passé. 

Ma relation avec Professeur Flaxou était toute neuve, et la raison pour laquelle c'est important, c'est qu'autrement je ne serais même pas allée à cette fête. Mais comme mon ex y allait aussi, j'avais super hâte de frotter mon bonheur tout frais dans sa face. Le but étant que j'apparaisse sous un jour génial et qu'il se dise : "Oh mon Dieu, j'avais oublié à quel point Charlotte est radieuse et formidable, ce mec a trop de la chance, j'ai abandonné mon seul espoir de bonheur lorsque je l'ai largué, je vais rentrer dans les ordres et chérir pour le reste de ma vie le souvenir de chaque moment passé avec elle." 

Autant dire que sur ce point-là, ce fut un Epic Fail, et qu'il a juste pensé "Oh putain heureusement que je l'ai plaquée à temps. Pauvre gars qui doit se la coltiner."

(Mais tout ne fut pas perdu, j'ai quand même eu ma petite vengeance en allant lui dire que, quand j'étais à Moscou, j'ai vu le cadavre de Lénine. Comment il était trop jaloux. (Oui, parce que mon ex, il était communiste. Ou il est encore, je sais pas trop, pourtant je l'ai en ami Facebook.) Tu vas me dire, pourquoi j'ai accepté en ami Facebook un mec que j'ai pas vu depuis quatre ans et dont je ne me suis pas approchée depuis la période où il avait sa langue dans ma bouche, eh ben moi je vais te répondre que c'est parce que j'avais l'espoir qu'il voit mon statut "Fiancée" et qu'il se dise "Ça y est, elle est définitivement perdue à mes yeux, moi qui gardait l'espoir secret de prendre sa main dans la mienne une dernière fois, ma vie n'est qu'un gouffre de misère." (Bon c'est pas comme s'il avait une copine depuis genre trois ans et demi, mais laisse-moi rêver.))

Bref.

Comme sus-mentionné, je revenais fraîchement de Russie, et crois-moi que ça a son importance. Parce qu'en Russie, j'ai pas fait que visiter le tombeau de Lénine (encore heureux, parce qu'en trois semaines, ça aurait été monotone) mais j'ai aussi bu de la vodka. C'était le premier jour, on était tranquillou bilou assises dans le parc de l'Institut Pouchkine, et des afghans se sont pointés en nous disant "Hey les filles, on a fait un barbecue et on a trop à bouffer, vous voulez vous joindre à nous?" Du coup on y est allées. Et pendant le reste de la soirée, nos nouveaux potes afghans ont mis un point d'honneur à nous gaver d'agneau grillé jusqu'à ce qu'il nous sorte par les oreilles, et à nous abreuver fort consciencieusement de vodka bon marché. 

(Et encore, moi ça allait, j'ai réussi à renverser la moitié de mon gobelet dans l'herbe, mais je me rappelle de la pauvre Manon, dont le voisin arrêtait pas de vider son verre dans le sien. Au début elle avait demandé un Coca, mais à la fin, son Coca, il avait plus de bulles et il était jaune.)

Et lors de cette occasion, et par un mystère que je ne m'explique toujours pas, la vodka ne m'a rien fait du tout. (Pourtant j'avais bien dû boire au moins huit litres!) Du coup je suis revenue en France, persuadée d'être immunisée. Et ensuite je suis allée à la fête. 

J'ai commencé par boire deux pintes de bière, comme ça, à jeun (autant te dire que le jardin tournait déjà alors qu'il faisait même pas nuit) et ensuite quelqu'un a ouvert la vodka, et je me suis précipitée dans le gouffre:

- Eh t'sais quoi j'en ai bu en Russie et ça m'a trop RIEN FAIT DU TOUT quoi. 

(Après coup on m'a dit qu'il fallait pas mélanger bière et vodka à cause des levures qui fermentent dans ton estomac, mais qu'est-ce que j'en savais moi? Je buvais encore des diabolos à l'époque!)

Le reste de la soirée s'est passé dans un grand flou. Je me souviens avoir désespérément tenté de parler polonais à mon pote Mieszko, je me souviens avoir vivement enjoint Sarah et Professeur Flaxou à s'embrasser devant mes yeux, je me souviens avoir décidé avec une autre fille qu'on partirait en voiture à Mexico, je me souviens de Tom qui essayait de me toucher les nichons avant que Professeur Flaxou ne le chope par le col et ne l'installe à une autre table (où il a essayé de toucher les nichons de la fille qui voulait partir à Mexico avec moi), je me souviens d'un escalier et je sais toujours pas si j'ai réussi à monter ou si je suis tombée. Je me souviens de Professeur Flaxou, la mine contrite, qui me soutenait sous les bras pour que je tienne debout, et les visages flous des gens (qui avaient quand même l'air de se foutre un peu de ma gueule). Je me souviens de la voiture et de Sarah qui faisait "oh là là", et, malheureusement, je me souviens surtout de la suite. 

La suite c'est quand j'ai fait trois pas hors de la voiture et que j'ai vomi sur le trottoir. La honte de ma vie, ai-je pensé à ce moment-là. Si seulement.

Professeur Flaxou m'a ramené chez lui, il m'a allongée sur le lit, et il m'a dit:

- Regarde bien. Je mets un saladier ici. Si tu as encore envie de vomir, n'essaye pas de courir vers les toilettes. On croit toujours qu'on a le temps, mais c'est pas vrai. Si tu dois vomir, tu vomis là. C'est clair? 

J'ai fait oui oui de la tête. Puis j'ai eu envie de vomir, et qu'est-ce que j'ai fait? 

Ben oui!

Aujourd'hui encore, Flo (qui dormait dans la chambre à côté) se fout de ma gueule, parce qu'il a été réveillé par ma voix rauque en train de gémir dans le couloir:
- Oh t'es trop gentil! T'es trop gentil et moi je suis une horrible personne! Tu devrais me larguer! Vas-y largue-moi et arrête de nettoyer! J'te jure je me sentirais mieux si tu me largues.

Finalement il ne m'a pas larguée (même après que j'aie encore vomi dans le lavabo de sa salle de bains) et franchement, à ce moment-là, j'ai contracté une dette éternelle envers lui. Dette que j'ai payée deux semaines plus tard, quand il s'est mis dans le même état que moi. Mais ça, c'est une autre histoire.

Voilà. Je la trouve quand même rigolote, cette histoire de vomi, parce que c'est la seule fois que ça m'est arrivé. Mais là j'ai un peu honte quand même. Alors pour contrer, je vais juste préciser que Sarah, l'année dernière, à la Foire aux Vins, elle a vomi dans une poubelle.

Et maintenant, comme vous êtes des gens sympas, vous allez pas laisser passer cette occasion de me raconter vos histoires à vous.

lundi 17 mai 2010

ding ding ! niaiserie en vue !



Quand je dis aux gens que je suis fiancée, tout le monde me dit "félicitations", mais sur les têtes de 90% des gens, je peux lire "divorce dans deux ans". 

C'est vrai que c'est bizarre, que plus personne ne se fiance de nos jours, et que j'ai que 21 ans, et que j'ai encore toute la vie devant moi. Et quelquefois, les inquiétudes des autres me rentrent dans la tête, et je me demande si je ne suis pas un peu inconsciente, et si je réalise vraiment ce que ça veut dire, au-delà de me la péter avec un diamant qui fait la taille du Mont Blanc. 

On s'est fixés une date de mariage pour quand on aura tous les deux un boulot et des sous, donc c'est pas avant trois ans minimum. Mais en fin de compte, trois ans, c'est rien. Je me vois dans trois ans, avec mes salopettes-short et les bonshommes de neige que je fais chaque hiver, et je me dis : "Est-ce que c'est une bonne idée, finalement? Est-ce que ça ne va pas tout gâcher d'aller trop vite?"

Mais tout à l'heure j'ai parlé à Professeur Flaxou sur Skype, et il m'a dit :

- Faut absolument que je te raconte un truc.
- Quoi?
- Qu'est-ce qu'une méduse couverte de chocolat?
- Je sais pas.
- Un Cnidaire surprise!

En fait, je pense que je ne l'épouserai jamais assez tôt.

vendredi 14 mai 2010

Vis ma vie au pays des bisounours



Les Anglais aiment la sécurité.

Je te jure que même à Colmar, capitale des vieux bourges, je me sens moins en sécurité qu'ici. Et pourtant ici c'est censé être la zone. (J'ai pas vu un seul gars chelou depuis que je suis arrivée, à part le mec qui est toujours assis devant le magasin de fish&chips. Et encore, je crois que c'est parce qu'il connaît le gérant.)

Les Anglais aiment bien veiller à notre confort. Parfois je me dis qu'on doit leur sembler vachement inconscients.

Quand je suis arrivée chez Edwina, j'ai remarqué que la lumière de la salle de bain ne s'allumait pas en appuyant sur un bouton, mais en tirant sur une ficelle. C'est parce que la loi anglaise exige que touts les interrupteurs des salles de bains soient au plafond, pour éviter les risques d'éclaboussures. Et puis, la première fois que j'ai voulu me sécher les cheveux, j'ai remarqué un truc marrant :

- Dis donc Edwina, y'a pas de prise dans la salle de bains?
- Ben non. Pourquoi il y en aurait?

Et c'est normal! Ça aussi c'est interdit! C'est parce qu'ils ont trop peur de se faire Claude-Françoiser avec un lisseur!

(Maintenant on sait d'où vient ce cliché des Anglais aux dents pourries : c'est parce qu'ils n'ont pas le droit d'avoir des brosses à dents électriques.)

Donc maintenant, je suis déchirée : d'un côté je me dis que toute la population française frôle la mort, chaque matin, entre les tartines et le café, et qu'on et quand même drôlement braves, et d'un autre côté je me dis que les Anglais sont peut-être un tout petit peu trop soucieux de notre bien-être de tous les instants.

L'autre jour je voulais montrer un film français à mes élèves de 15 ans. Comme ils avaient déjà subi "les Choristes", je m'étais dit que j'allais faire remonter les films français dans leur estime, et j'ai décidé de leur visionner "Le dîner de cons". (N'oubliez pas, ils ont 15 ans, il faut que ça reste simple.) La prof m'ayant prévenu que, les restrictions n'étaient pas les mêmes en France et en Angleterre, il fallait que je fasse très attention à toute scène un peu chaude : sexe, nichon, morceau de fesse, voire même allusion voilée. Ce à quoi j'ai rétorqué que si on enlevait les allusions au sexe, il ne restait qu'un seul film en France, et c'était "les Choristes".

Ce que je n'avais pas pris en compte, en revanche, c'étaient les gros mots.

Il faut savoir qu'en Angleterre, les gros mots, c'est une affaire d'Etat. En fait n'importe quelle démonstration d'une quelconque émotion est choquante. Jugez plutôt :


Non mais sérieusement, je sais même pas ce qu'ils entendent par "  emotionally intense scenes".   Ils pleurent dans les bras l'un de l'autre? Ça va choquer nos têtes blondes? Et puis, interdire une comédie romantique aux moins de 12 ans, y'a pas du foutage de gueule dans l'air? ("Oh no, people having intercourse out of wedlock! We must alert the church elders!")

Maintenant, jugez de la joie de mes élèves (qui, je le précise, n'ont même pas le droit d'acheter des JEUX A GRATTER à leur âge) quand ils sont tombés sur la séquence que j'avais oubliée, française que je suis ayant été élevée dans les "putain" et autre "fait chier bordel de merde". En quinze secondes chrono, ils ont eu droit à "p'tite bite", "couille molle", "aux chiottes l'OM", "va te faire foutre", "enculé" et "connard". Tout cela bien entendu sous-titré dans l'allégresse générale.

(J'ai dû leur faire promettre de passer cet incident sous silence, sinon j'aurais plus jamais eu le droit de leur montrer un film. Et notez bien que je ne bosse pas dans le privé, là-bas j'aurais été virée pour un coup pareil.)

Ce que je trouve le plus incroyable, c'est quand même que, pour se faire une plus grande marge d'audience, certains distributeurs consentent à ce que les gros mots soient bipés DANS LES CINEMAS ! (C'était par exemple le cas pour "Iron Man 2". Pas un endroit en Angleterre où tu pouvais entendre Robert Downey Jr. dire "motherfucker". Ce qui enlève quand même un certain sex-appeal au personnage.)

C'est quand même dingue. Avec des critères pareils, tu m'étonnes que mes élèves n'aillent jamais au ciné. Moi, à leur âge, je me gavais de pop-corn et de films d'horreurs jusqu'à en avoir les rétines qui se décollent et les dents qui se déchaussent. Si j'avais été anglaise, j'aurais loupé ce passage obligé de l'adolescence débile, et je serais arrivée à 21 ans, mature et responsable, et j'aurais jamais vu un seul film de zombies. 

Ma vie aurait été trop moche !

En bref : merci le CSA d'être aussi permissif avec les interdictions des films, sinon je ne serais pas la personne que je suis aujourd'hui. Je serais un bisounours sauce à la menthe. Et pour ça, je remercie la France, cher pays de mon enfance, de n'avoir pas contrôlé mon âge quand je suis allée voir mon premier Tarantino au cinéma. Vous m'avez sauvé la vie.


PS :  Non mais y'a pas que moi que ça choque, rassurez-moi ?

PPS : Vous m'excusez mais je me défoule ici : FUUUCK FUCKFUCKFUCKFUCKFUCKFUCK FUUUUUUUUUUUUCK !!!

lundi 10 mai 2010

Wales



Mes enfants, plus je reste en Angleterre et moins je comprends. 

Par exemple, je ne comprends pas comment un voyage en train peut me coûter 27£ à 11h50 et 52£ à 12h05, alors que c'est le même voyage, le même jour. (Ça m'apprendra à actualiser mes pages internet.) 

Vendredi dernier, quand mon train était coincé pendant une heure quarante-cinq à Gloucester, j'ai pas tout compris non plus. D'abord on nous a dit "Ce train est bloqué parce que le train avant nous a eu un accident, on va rester en gare et voir ce qui se passe". Ensuite on nous a dit "C'est trop tard maintenant, on doit rentrer à Birmingham, sortez de ce train et prenez le suivant." On a pris le suivant qui évidemment était bloqué aussi, et on aurait sans doute continué les chaises musicales comme ça toute la nuit si on n'était pas repartis.

Maintenant, il faut quand même que vous sachiez quel genre d'accident c'était. Alors le train, il a percuté une vache. Ça arrive. En Alsace ça arrive même souvent. Donc c'est sûr que ça met du temps, il faut appeler les pompiers pour qu'ils nettoient les bouts de steak haché collés au train, tout ça. Mais ça met JAMAIS deux heures. Seulement là le clou du truc, c'est que la vache n'était pas morte ! (Soit les trains anglais c'est des lopettes, soit les vaches elles ont de l'adamantium dans leur squelette, je sais pas lequel des deux.)

Du coup les voilà avec une vache bien mal en point quand même en train de bloquer les rails. Alors, qu'est-ce qu'ils ont fait? Ils ont appelé un vétérinaire. 

Des fois, la compassion anglaise, elle fait un peu chier. Un vétérinaire? Non mais attends c'est une vache, elle vient de se faire pécho par un train, comment te dire? C'est foutu! Elle va mourir de toute façon, c'est une question d'heures! Si tu as un peu de compassion pour la vache et pour les passagers, tu recules ton train et tu lui roules dessus une deuxième fois, et on n'en parle plus, et les gens qui veulent rejoindre Adèle à Cardiff peuvent rejoindre Adèle à Cardiff (surtout si c'est eux qui ont les réservations pour la chambre).

Le truc le plus hallucinant c'est que les autres passagers trouvaient leurs malheurs bien peu de chose à côté de l'histoire de la vache, et qu'ils demandaient régulièrement des nouvelles au conducteur sur l'état de santé du ruminant, suivi de "oh j'espère qu'elle va s'en sortir". Alors là j'ai loupé un épisode : la vache, elle est de ta famille? Ou bien c'est un truc anglais d'animaux sacrés, comme les cygnes, et si la vache meurt il faut faire deuil national? Non mais je rêve.

(Il me sera vraiment tout arrivé avec les transports. La neige, les volcans, les vaches. Je suis maudite.)

Finalement je suis arrivée à Cardiff, auprès d'Adèle qui m'attendait misérablement dans un Burger King depuis deux heures, et là a débuté notre grande aventure au Pays de Galles.

Le Pays de Galles c'est un vrai pays séparé, mais ils ont quand même la reine, Gordon Brown et les livres sterling. Mais ils ont leur propre langue en plus de l'anglais, ce qui fait que tout est traduit partout : dans les gares, aux arrêts de bus, sur les noms des rues, sur les panneaux du Tesco, même sur les étiquettes H&M ! (Ils poussent le vice.)

 (Traduire "Debenhams" par "Debenhams"? Vraiment?)

Cardiff, on n'en a vu que le centre et la pharmacie, parce qu'Adèle est aussi maudite de la vessie que moi des transports. Du coup, pendant tout le week-end, j'ai eu droit à des mises à jour "la vessie d'Adèle" : J'ai pas encore trop envie de pisser. Là j'ai envie de pisser. Là je viens de pisser mais je dois quand même y retourner. Et ainsi de suite.

Après les dix-huit passages aux toilettes, on était prêtes pour passer un week-end de ouf à Swansea!

Swansea, je vous le dis tout de suite comme ça vous éviterez les pièges si jamais vous voulez y aller : c'est moche. N'y allez pas. Sauf si vous voulez faire du shopping, là c'est bon. Mais bordel, que c'est moche. Mais de toute façon, nous, on n'avait pas prévu de visiter Swansea en elle-même, mais la magnifique et sauvage côte de Gower (accessible en bus depuis Swansea, d'où le fait qu'on restait là-bas). 

Le samedi, on est parties bourrées de bonnes intentions à travers la lande, malgré la pluie, le vent et les six degrés Celsius, pour visiter les trésors archéologiques de la région.

Adèle joue avec les codes de la mode en osant le pull au-dessus du manteau!

On a commencé par Arthur's stone, un dolmen très très vieux. Je pense qu'il s'appelle Arthur's stone parce qu'il y a un creux dans le rocher qui fait la taille et la largeur d'une lame d'épée, ça laisse rêveur. 


Ensuite on a décidé de revenir à l'arrêt de bus pour voir la plage (toujours par des températures frisant le degré Kelvin), mais à la place on s'est dit que ce serait cool de se perdre dans les marais, aussi. Du coup on s'est perdues dans les marais. 

On a finalement atteint l'arrêt de bus, les pieds mouillés et froids, et on a attendu, mais le bus est jamais venu. (A moins qu'il soit venu avec vingt minutes d'avance, ce qui n'est pas impossible dans ce pays, mais alors à ce moment-là à quoi bon mettre un horaire, je vous le demande bien.) Du coup, afin de pas mourir gelées, on a décidé de faire du stop, mais les gens ici étaient tellement pétés de thunes qu'ils ne conduisaient que les coupés de branleurs à deux places (En plus y'en avaient qui nous faisaient des signes suggestifs du genre "va trouver un boulot hippie". Toute façon je serais pas montée dans ta voiture d'ennemi du peuple. P'tite bite.) 

Et les rares voitures normales avaient déjà du mal à avancer à cause des vaches sauvages.


Du coup on a attendu une heure et quart dans le froid, le pouce tendu, les extrémités bleues, et c'est là qu'on s'est faites attaquer par un faisan. (Il avait dû nous suivre d'Oxford.) On a entendu un bruit d'ailes sur le mur au-dessus de nos têtes, et il était perché là, et quand il nous a vu il nous a foncé dessus, toutes plumes dehors, dans un gloussement de mort, alors on a hurlé comme des malades et il est allé se poser en face de nous. (Je suis sûre que c'était pour mieux nous surveiller. Saloperie de grosse poule.)

Finalement personne ne nous a prises en stop, mais on a réussi à choper un autre bus qui nous a amené à la plage. Tout est bien qui finit bien.

Le lendemain, on est allé explorer des falaises (vu qu'on avait pas assez mis notre vie en danger samedi avec l'incident du faisan maléfique). Ce coup-ci il faisait un temps magnifique, alors on a flâné plus que de raison entre les dunes, la plage et les falaises couvertes de fleurs (trop romantique)


On a tellement flâné qu'ensuite on s'est rendu compte qu'il fallait qu'on prenne le bus dans une-demi heure à un emplacement totalement inconnu et qu'on était au milieu de nulle part. Du coup on a tracé à travers dunes et ruines de château, on a traversé un club de golf et ce qui était sans doute le jardin de quelqu'un, on s'est retrouvées sur un chemin de terre au milieu d'un village, et comme on était un peu désespérées, on est allé demander notre chemin à un couple qui passait en voiture. Lesquels nous ont répondu qu'ils allaient justement à Swansea et qu'on avait qu'à monter avec eux.
(Moralité : ne cherche pas à faire du stop, le stop viendra à toi.)

On est retournées à Cardiff, on a fait du tourisme dans une boutique de souvenir et dans une boutique de comics (on ne se refait pas), on a aussi trouvé des magasins aux noms obscènes :

 (Oh oui, fais-moi des choses avec une baguette)

Et finalement, bien malgré nous, on a chacune pris le train pour nos destinations respectives. Sauf que moi j'ai dû prendre le bus au milieu du chemin parce qu'il y avait des travaux sur ma ligne. (Maudite, je vous dis!)



PS : Eh c'est la grève des commentaires? Vous vous croyez sur Facebook ou quoi?

mercredi 5 mai 2010

C'est le pays joyeux des enfants heureux




Je vous avais déjà parlé de cette étrange coutume anglaise qui consiste à montrer son ticket de train sans que le contrôleur le demande, poussés par un fougueux besoin de prouver qu'ils suivent les règles. Eh ben accrochez-vous à vos culottes, parce que j'ai encore plus incroyable. 

Tout d'abord : les Anglais ont une politesse tellement hors du commun qu'il est très difficile de leur dire quoi que ce soit. Le problème étant qu'ils sont tellement versés dans l'art du "small talk" (babillage sans importance, mais nécessaire pour ne pas passer pour un mufle) que, pour les malotrus français que nous sommes, ça relève de la concentration la plus absolue pour finir une conversation :

- Bonjour, Sue...
- Oh, bonjour Charlotte! Ca va?
- Oui oui, ça va bien. Je voulais juste dire...
- Tu as passé un bon week-end?
- Oh oui c'était sympa, j'étais à Oxford, j'ai pleuré sur la tombe de Tolkien, rien de bien terrible. Bref, je voulais...
- Ça c'est drôlement rafraîchi aujourd'hui, tu ne trouves pas?

Attention, point de Godwin de la conversation anglaise : le temps.

Le temps est tellement instable en Angleterre que cela en fait, semble-t-il, un sujet de conversation des plus fascinants. (Le job le plus facile au monde : présentateur météo en Angleterre. "A l'Est, des pluies, peut-être, et du soleil l'après-midi, mais ça pourrait aussi bien être couvert". Je vous mens pas.) On peut ainsi disserter tous les jours, que dis-je, toutes les heures, sur le temps qui n'est pas de saison, cette maudite pluie qui n'en finit pas, ou encore ce beau soleil "mais on sent bien que ça va pas durer ma pauv' dame". 

Prêtez aussi attention à l'art de l'anglais pour enfoncer des portes ouvertes sans le moindre scrupule : par exemple, si on est à l'intérieur, on entendra très souvent : "Oh, il fait bon ici, c'est bien meilleur que dehors!" La chose parfaitement sidérante, c'est qu'ils arrivent à dire ça tous les matins. Alors qu'ils travaillent toujours au même endroit! On penserait qu'ils pourraient s'y attendre, mais non! En fait, les Anglais prennent la vie entière comme une agréable surprise. 

- Ce matin je suis monté dans ma voiture et elle roulait super bien!
- Ah bon? T'as des problèmes avec, d'habitude?
- Non, je trouve juste ça génial!

Je dois avouer que c'est un optimisme assez grisant, surtout quand on compare avec le râlage constant bien de chez nous. (Les Anglais, ils savent pas râler. Ils ont même pas de mot pour "râler"!)

Par contre, petit écueil à connaître : un Anglais voudra toujours avoir la dernière politesse. Laissez-le faire sous peine d'un boucle infinie.

- Ok donc on fait comme ça.
- Super, alors à lundi.
- A lundi!
- Bon week-end!
- Toi aussi!
- Salut!
- Salut! Et merci d'avoir appelé!
- Je t'en prie.
- Mais si, mais si. 
- Bon allez, salut!
- Salut! Prends soin de toi!
- Et toi aussi!
- Embrasse ton chien!
- Dis bonjour aux enfants de ma part!

Vous voyez où je veux en venir.

Imaginez-vous pendant une minute un pays où tout le monde est sympa. Le calvaire! Même les caissières te tapent la discute! Même (et là vous allez pas me croire) les gens de l'administration.

L'administration, la chose la plus redoutée des français avec la mort et le cancer du poumon. J'ai dû refaire mon passeport récemment, et quelquefois, la nuit, je rêve encore que je suis pourchassée par des actes de naissance et des justificatifs de domicile. 

Quand je suis arrivée ici, on m'a demandé de m'inscrire pour la Sécu nationale. Il y avait une agence à Kettering, mais, pour des raisons inconnues, on m'a demandé de me déplacer à Bedford (à 50 km de là). Ça commençait tout pareil qu'en France, et je m'inquiétais déjà.

Je me suis rendue à l'agence le cœur battant, tous mes documents sous le bras. J'ai indiqué à la secrétaire que j'avais rendez-vous pour qu'on me fasse ma Sécu (ils prennent rendez-vous dans ce pays! Pas de tickets de boucherie ni rien! le bonheur!) et je me suis installée pour attendre. 

Ben tu me croiras ou pas, mais j'ai à peine eu le temps d'ouvrir mon bouquin qu'on m'appelait déjà.

Je me suis retrouvée devant une dame souriante, déjà ça m'a fait un peu tiquer, mais après tout elle était peut-être sous Lexomil. Elle m'a fait asseoir, elle m'a demandé ma carte d'identité, et elle a rempli les formulaires à ma place. (Pays d'assistés.) Et puis elle m'a dit :

- Bon, tout est en ordre. Vous devriez recevoir votre carte Vitale d'ici six à sept semaines. 

Je n'en croyais pas mes oreilles.

- C'est fini? Au bout de cinq minutes?
- Oui.
- Vous êtes sûre qu'il n'y a aucun problème avec mon dossier?
- Ben non. 
- Mais vous avez même pas regardé mes papiers! Vous voulez pas voir mon justificatif de domicile? Mon contrat de travail? Mon permis de conduire? J'ai tout amené!
- Oh, ne vous inquiétez pas, on n'en a pas besoin, on vous fait confiance.

(A ce stade-là mes oreilles s'étaient mises à saigner.)

Puis, en me rendant ma carte d'identité, elle a poussé un petit soupir. J'ai eu un petit sursaut de joie. Enfin, un truc qui n'allait pas, une habitude à laquelle me raccrocher. Elle allait me dire que le plastique de ma carte n'était pas conforme aux normes anglaises et que je devais la faire replastifier, j'allais perdre des mois, et tout irait bien. Et là, elle a juste dit :

- Vous avez vraiment un joli sourire sur cette photo, c'est très agréable! Nous, on n'a plus le droit de sourire sur nos photos d'identité.

Et, profitant du fait que j'étais bouche bée, elle a appelé une collègue pour lui dire:

- Tiens regarde Micheline! N'est-ce pas que c'est agréable de voir un grand sourire comme ça sur une carte d'identité?
- Ah ben ça c'est bien vrai!

Et là elles m'ont toutes les deux regardé avec un grand sourire et elles m'ont souhaité une bonne journée. 

C'était mon expérience la plus bizarre d'Angleterre. Les contrôleurs de train, l'alcool pas cher, les gens qui font la queue pour le bus, les salles de bains sans prises de courant, les robinets avec eau chaude et froide séparée, même les Weetabix : rien ne pouvait se comparer avec cette aberration : des gens de l'administration sympas.

(J'en ai encore froid dans le dos.)

Et si vous, vous n'en avez pas encore assez eu, alors écoutez ça :

Aujourd'hui, je suis allée sur le site de HMRC (les impôts britanniques, alias Her Majesty's Revenues and Customs, la classe) pour m'enquérir à propos du remboursement de mes impôts. Et en cherchant, je suis tombée sur un formulaire spécial qui s'intitulait : "Si vous pensez que vous payez trop d'impôts."

Je ne pense pas que je puisse trouver quelque chose qui résume mieux l'esprit anglais.


(Non mais sérieusement, vous imaginez ce genre de formulaire en France? Au bout de trois jours y'a pénurie de papier!)


PS : Lecteur, lectrice : tu es riche? Tu ne sais pas quoi faire de ton argent? Super, achète-moi ça. Tu seras un chou.

samedi 1 mai 2010

les deux tours

 (Si t'es sale comme un pouilleux tape dans tes mains *clap clap*)
 
Ça recommence tout pile où on s'était arrêtés.

Il faut vous en souvenir et être triste, parce que c'est là qu'on découvre que Boromir est mort, il s'est fait embrocher comme une côte de porc sur un barbeuc. Par contre il a le syndrôme Jack de Titanic, "non mais ça va elle est pas si froide cette eau, je peux encore te taper la causette dix minutes avant de mourir" (et le mot "hydrocution" ça te dit rien, hein, débilus). Bon là il ne s'agit pas d'avoir mangé avant de se jeter à l'eau, mais rappelons tout de même que Boromir s'est pris trois flèches dans le bide. Et de la bonne flèche, hein, pas les trucs de Cro-Magnon que je fabriquais quand j'avais huit ans pour flinguer les cigognes (paye ton enfance en Alsace).

Ensuite, comme tout le monde s'est séparé, il reste trois groupes : Aragorn, Legolas et Gimli qui se mettent à courir, comme ça, à la Forrest Gump. Frodon et Sam, ils vont au Mordor, ils savent pas trop par quel chemin mais ils y vont. Et Merry et Pippin ils se sont fait kidnapper par les Uruk-Hai, parce que Saroumane il est peut-être super intelligent mais il est avare en descriptions : "Alors vous cherchez un truc comme un homme, mais en petit." Précis.

Le groupe d'Aragorn décide d'aller chercher Merry et Pippin, parce que bon, niveau protection de l'Anneau c'est un peu le Epic Fail, alors on se rattrape comme on peut. Ils courent à travers la plaine, Legolas dit plein de choses qui servent à rien ("Un soleil rouge se lève-an", et alors c'est quand que t'as vu un soleil bleu, gole-mon?) et paf ! ils rencontrent des gens à cheval.

Les gens à cheval c'est le peuple du Rohan, un peu comme des gens du Gondor mais en plus ploucs. Et la troupe qu'ils rencontrent est menée par Eomer, le neveu du roi, qui a été banni parce que le roi Théoden a basculé du côté obscur. En gros y'a Saroumane qui vit en lui comme un vilain ver solitaire, et du coup il prend tout plein de mauvaises décisions (genre bannir son neveu qui est en fait un gentil).

Eomer il veut se casser, mais Aragorn maintenant que les histoires de roi perdu du Gondor lui sont montées à la tête, oh là là, il se sent plus pisser. Il sort son épée Anduril (c'est celle qui avait tranché le doigt de Sauron jadis) et il la bouge dans tous les sens en disant "Eh eh t'sais pas qui j'suis moi oh, j'suis l'roi du Gondor moi j'te nique ta race, aboule les chevaux." Donc Eomer donne les chevaux, mais ça se fait pas en un tournemain comme dans le film, y'a une longue discussion sur : faut-il vraiment leur donner des chevaux, si oui lesquels, un blanc ne va-t-il pas jurer avec leur tenue, ne vaut-il pas mieux leur filer un gris, et ainsi de suite.

Les gars filent dare-dare avec leurs chevaux, ils trouvent la trace de Merry et Pippin qui se sont fait embarquer par un Ent très bavard (une sorte de Père Castor végétal), ils vont les chercher dans la forêt, et PAF ! Gandalf !

(J'vous avais dit qu'il était pas mort.)

Gandalf, après être tombé dans le gouffre, il y est allé bien moyenâgeuse sur le cul du Balrog, mais dans la bagarre il s'est fait plus ou moins tuer, sur ce point Tolkien reste un peu flou. A priori il s'est fait renvoyer en Terre du Milieu, on sait pas si c'est par les Valar ou par Iluvatar lui-même, en tout cas ce qui est sûr c'est qu'ils l'ont fait passer par chez Valérie Damidot en route, parce qu'il est complètement relooké. Exit le gris (c'était TELLEMENT 3019), place à une teinte plus printemps/automne qui fait ressortir son teint de pêche. Et tant qu'à faire, on y va aussi avec les accessoires : nouveau bâton, nouveaux cheveux, même le cheval s'est fait passer à l'eau de javel.

Quand Gandalf a fini de faire sa diva, ils s'en vont tous à Edoras (sauf Merry et Pippin qui sont décédés de chansons entiques entre-temps) histoire de rendre une petite visite à Théoden et accessoirement de bouter le mal hors de son corps. Ils y vont, bien sûr ils font une scène, et avec un tour de passe-passe à la "Exorciste", Saroumane est chassé du corps de Théoden et il redevient jeune (enfin, "jeune" dans la limite du faisable, Gandalf c'est pas non plus les laboratoires Roc).

On découvre aussi qu'Eowyn elle est sacrément plus cool qu'Arwen (qui ne fait rien d'autre que pleurer et réciter des poèmes, trop utile. Va taper de l'orque, sale gourgandine) et pourtant, mystérieusement, Aragorn préfère quand même une relation longue distance plutôt que de se taper Eowyn qui en crève d'envie. (Et on la comprend bien. C'est pas tous les jours qu'on a l'occasion de se faire le futur roi du Gondor. En plus il a une grosse épée, et ça, tout le monde sait ce que ça veut dire.)

Après le Rohan se fait attaquer de partout, parce que Saroumane aime pas trop se faire bouter des corps des gens (question de principe). Là c'est les grands débats, y'en a qui veulent attaquer, d'autres se replier, Théoden se la pète parce qu'Aragorn a donné son avis.

- C'est qui le roi ici ? La dernière fois que j'ai vérifié c'était moi le roi ici. Je regarde dans la pièce et je vois personne d'autre avec une couronne sur sa tête. Hein ? Hein ? Bon.

Du coup Aragorn va bouder dans son coin comme un ado :

- Moi je dis qu'on devrait leur poutrer leur djeule.

Gandalf en a marre alors il se casse comme un sale ingrat.

- Vous pensez que j'allais vous sauver la mise comme ça ? Eh ben nan ! J'me casse, y'a une rave-party démente à Isengard. A dans cinq jours, les nullos.

Du coup tout le monde part au gouffre de Helm, Aragorn il fait comme tout le monde pour une fois (eh ouais! même pas il tombe de la falaise!) et puis alors là c'est la grande bataille, et les hommes se battent SANS L'AIDE DES ELFES (eh ouais ! trop radine la Galadriel! Elle pense qu'à son cul!). Mais ils sont quand même à cent contre cent mille, alors ils galèrent un peu. Seulement à l'aube du cinquième jour, Gandalf arrive avec les Rohirrim. (En fait il était déjà là depuis la nuit d'avant, mais il voulait attendre le matin pour avoir le soleil levant derrière lui quand il dévalait la falaise. Diva, j'vous ai dit.)

Ils butent la djeule aux armées du mal qui fuient dans la forêt et se font manger par les arbres. (On sait pas, peut-être que c'est climat tropical en Terre du Milieu, peut-être que c'est des arbres carnivores.) Et puis ils vont à Isengard et ils retrouvent Merry et Pippin célébrant leur victoire sur Saroumane. (Leur victoire, genre. Vas-y t'as jeté trois cailloux du haut d'un Ent et c'est TA victoire.) 

(Merry et Pippin on en parlait pas trop avant, parce qu'il leur est rien arrivé, à part qu'ils ont appris que toutes les femmes des Ents se sont barrées parce qu'elles préféraient la prairie à la forêt. C'est bon J.R.R, on a tous compris ta métaphore sur le lesbianisme.)
Gandalf, très officiellement, radie (tiens c'est marrant on l'utilise jamais au présent ce verbe. Peut-être parce que ça sonne trop comme "radis" et que du coup ça fait pas sérieux. Bref.) il radie Saroumane de l'ordre des magiciens. Saroumane est pas très content, et Grima non plus. (Grima c'était l'ancien "conseiller" de Théoden du temps où il était tout possédé. Ensuite on l'a viré et il est parti chez Saroumane. Là il sert à rien mais il sera important dans le troisième tome.)

Grima, pour se venger, jette un objet sur Gandalf du haut d'une fenêtre, mais il tombe à l'eau. Pippin le rattrape et voit que c'est un genre de boule de cristal. Il regarde dedans, mais non, il fallait pas! Parce qu'en fait c'est un Palantir, l'une des sept pierres de vision qu'utilisaient les Numénoréens et que Sauron a récupéré. (Un peu l'équivalent tolkienien d'une vidéo-conférence, sauf que tu tombes obligatoirement sur Sauron.)

Alors Pippin dialogue un peu avec Sauron (mais c'est pas super agréable) et il apprend que Sauron va lancer une attaque contre Minas Tirith. (Le Seigneur des Ténèbres se fait rouler par un Hobbit joufflu. Et en plus c'est le plus con de la bande.) Du coup Gandalf embarque Pippin et file à Minas Tirith. Et les autres, on sait pas, peut-être qu'ils se font une french manucure en attendant des nouvelles.


Et là on va revenir dans le temps et parler de ce qui arrive à Frodon et Sam (celui qui conduit et qui ne boit pas).


Frodon et Sam, eux, ils sont peinards, ils font de la rando sauvage dans l'Emyn Muil, très romantique, ils sont à ça de se sauter dessus. Et là, paf, Gollum vient jouer les briseurs de couples (ouais ouais, attiré par "l'Anneau", on y croit). Frodon, on sait pas trop pourquoi mais il est pas dégoûté par Gollum (pourtant c'est pas les défauts qui manquent : maigre, bossu, chauve, sale, gluant, hypocrite, schizophrène, c'est un vrai buffet de la misère humaine). Ou peut-être qu'il est juste attiré par les bad boys tueurs de cousins, on sait pas trop.
Du coup ils s'embarquent tous les trois dans un voyage vers le Mordor, ils passent dans un marais, y'a les Nazgûls qui reviennent (en fait j'ai l'impression que personne ne meurt vraiment jamais dans ce bouquin) mais ils ont troqué leurs chevaux contre des croisements dragon/chauve-souris super cool.

Ils marchent ils marchent, ils mangent du pain elfique et des vers de terre, et paf ! Ils arrivent à la grande porte du Mordor. Seulement voilà, les Hobbits ils sont jamais sortis de leur Conté (ou Comté, ou Compté, je me souviens plus de l'orthographe en français. D'ailleurs je me demande si c'est parce que les Hobbits aiment tellement manger qu'ils ont appelé leur pays comme un fromage. Bref.) du coup ils y connaissent rien à la vie. Tu t'rends compte, ils se sont dit "Hop on va au Mordor, on rentre en sifflotant, y'a juste trois millions de serviteurs des ténèbres et un oeil géant à éviter, trop fastoche". Mais oh les gole-mon, vous êtes pas dans "Lettres de mon Moulin" ici ! On rentre pas au Mordor comme ça ! (fallait écouter Boromir au conseil d'Elrond au lieu de pioncer sur vos chaises.)

Du coup ils arrivent au Mordor, mais la porte est fermée. Et ça, croyez-le ou non, mais ils l'avaient pas vu venir. (Andouilles.)

Du coup Gollum leur propose de suivre un autre chemin, ils passent vers le Sud, ils cuisinent des lapins, et paf! Un Oliphant ! (Là on voit que c'est le milieu du livre et que J.R.R. est fatigué d'inventer des nouveaux noms pour ses créatures.) Ils se font charger par l'Oliphant, ils meurent presque, mais ils sont sauvés par Faramir. (J'ai dû aller sur un skyblog pour récupérer ces coeurs.)

Faramir, je t'explique tout de suite, il est génial. Il est tellement génial qu'il est encore mieux qu'Aragorn (parce que lui, il a l'option enfance tourmentée, et c'est trop sexy). Donc les Hobbits tombent sur Faramir, du même coup ils apprennent la mort de Boromir (soit dit en passant, ça m'étonne pas que Denethor soit pas fan de son deuxième fils, vu déjà comment il s'est foulé pour lui trouver un prénom) et puis Faramir, qui est un peu suspicieux quand même, leur demande ce qu'ils font là.

Frodon sort l'Anneau et explique tout, et là, tu sais quoi ? Faramir les laisse partir. Eh ouais! Et quand Frodon lui demande "Vous êtes pas un tout petit peu tenté par le pouvoir éternel, quand même?" il répond "Je ne voudrais pas d'un objet aussi maléfique que l'Anneau, même s'il était abandonné le long du chemin". (Comme il est intelligent.) 

Donc ils se séparent, Frodon, Sam et Gollum retournent vers le Mordor, et Faramir rentre à Minas Tirith se faire démonter par son père. (Comme il est brave.)

Mais ce que personne ne savait, c'est que Gollum avait forgé un plan pour se débarrasser des Hobbits et retrouver l'Anneau. Et là, il les emmène à un escalier secret qui monte vers Cirith Ungol. Il fait genre c'est un tunnel normal, mais en fait non ! C'est là que vit la méchante Shelob. C'est comme une grosse araignée, mais avec des pouvoirs surnaturels (genre elle mange de la lumière, et hop ça devient des ombres) et un esprit conscient en plus. Autant dire que c'est le cauchemar. Frodon il regarde pas derrière lui parce qu'il a pas vu assez de films d'horreur et il se fait piquer par le dard de Shelob (décidément ça devient une manie de se faire empaler). Sam se bat avec Gollum, qui s'enfuit, et réussit à blesser Shelob.

Mais, horreur ! Frodon est mort ! (Mais naaaaan, calmez-vous.) Du coup Sam chope l'Anneau pour finir la quête tout seul, et va se cacher pour échapper à une patrouille d'Orcs. Là, il apprend qu'en fait Frodon n'est pas mort, mais seulement paralysé (fallait chercher son pouls, crétin des Alpes). Et tout le monde est bien dans la panade.

Et là c'est la fin du tome 2.


(Fiou)


La suite et fin ici.