jeudi 27 septembre 2012

Les 7 clips les plus WTF de tous les temps



(- Tiens, tu regardes un porno? - Non, juste un clip américain.)

Au cas où tu ne le savais pas, j'ai pas trop de culture télévisuelle, parce que quand j'étais petite mes parents voulaient pas que je la regarde (parce que c'est un instrument du Grand Capital qui suce la moelle des os des travailleurs, maintenant arrête de poser des questions et va jouer dehors avec un bâton comme les enfants soviétiques) et que maintenant que je suis grande (en âge) j'ai pas de télé chez moi.


Donc j'ai découvert les clips à peu près en même temps que j'ai découvert tout le reste de la vie enfantine et adolescente : chez mes copines. 

(Ma vie enfantine avant ça se résumait aux bouquins, aux bagarres de boue, aux bâtons, aux arbres, et à essayer de tuer des oiseaux avec mes flèches.) (C'était quand même une enfance de badass.)

Et des clips, j'en mange maintenant des centaines de milliers dans la gueule à chaque fois que je vais chez ma belle-mère avec Professeur Flaxou, parce que son idée de la musique d'ambiance, c'est d'allumer sa télé de trois millions de kilomètres carrés, de mettre une chaîne de clips NRJ, et de monter le volume au max. Donc en fait, c'est comme aller en boîte, mais t'as pas d'amis et t'as pas le droit de danser. (Oui, c'est bien merdique, on peut le dire.)

Et c'est un peu cette nouvelle culture qui m'a inspirée à livrer ce classement.


7) Façon Sex, Tribal King.


(Ces mecs sont Alsaciens, honte éternelle sur ma région.)

Alors, plusieurs choses qui vont à l'opposée du bon sens dans ce clip :

- Ouais, c'est ma maison. Elle est cool hein? Là j'ai mis un mur de ventilateurs. Parce que mon père bosse chez EDF, alors on s'est dit "Quel est le moyen le plus cool de gaspiller de l'électricité?" Et j'ai dit "Putain, mur de ventilateurs", direct!

Ensuite :

- Ouh là là, comme il fait chaud! Je vais aller ouvrir le frigo pour trouver de quoi m'hydrater. Ouh, du lait, ouiiii, j'adore le lait, hi hi hi! Oups, j'ai oublié comment boire tout à l'heure, quand j'ai appris à nager dans la piscine! 

(Cerveau Shadock. Je ne vois pas d'autre explication.)

Ou encore :

- Hé, salut Tribal King! Tu veux que je nettoie tes vitres avec mon cul?

Et surtout : 

QUI, même pour la somme d'argent la plus mirobolante du monde (et malgré les soucis d'estime de soi dont ces pauvres filles souffrent manifestement - j'veux dire, sinon, qui ferait spontanément une chorégraphie de pole dancer devant un mur de ventilateurs?), accepterait de faire partie de l'entourage de Tribal King, alias les plus gros cassos de tous les temps? (Genre mec, avant de t'acheter une villa, fais-toi refaire la gueule, déjà. Faut avoir le sens des priorités dans la vie.)

(Et va t'acheter une ceinture aussi.)

(Blaireau.)


6) Marry The Night, Lady Gaga.


Alors, je suis d'accord, tous les clips de Lady Gaga sont barrés. C'est un peu les films de Terry Gilliam du monde des clips. 

Mais là... mais là.

En regardant ce film, j'ai eu un peu la même impression qu'en regardant Blue Velvet. (Ou à peu près n'importe quel film de David Lynch, pour être honnête.) (A part Dune.) (Bref.) C'est-à-dire que j'étais bizarrement hypnotisée par les images, mais qu'à chaque minute, mon cerveau criait : WHAT. THE. FUCK.

Exemple : Lady Gaga avec des ongles de 18 centimètres de long se caresse les nichons sur des images superposées de ballerines dans un ring de boxe. WHAT. THE. FUCK.

Lady Gaga se colle des Cheerios sur le corps en pleurant, puis fracasse son appartement en rigolant et se laisse tomber dans une baignoire avant de se teindre les cheveux en turquoise (toujours avec les Cheerios). WHAT. THE. FUCK.

Lady Gaga essaye de conduire une voiture la tête en bas en sortant ses pieds du toit ouvrant.


Enfin, t'as capté le truc, quoi.


5) Moskau, Dschinghis Khan.



Dschinghis Khan, c'est un peu les Abba Allemands. Ils ont trois mecs et deux filles, chacun habillé d'une combinaison satinée d'une couleur différente. Les filles ont des coiffures... bon, voilà. Ils ont une chorégraphie, ouhlà, travaillée :

- Et là Gretchen, tu tournes, tournes, et puis tu t'arrêtes! Les autres, vous croisez les bras et vous regardez la caméra, c'est bien. Moi, je serai dans le fond, et des fois je tournerai, des fois pas.

Et puis d'autres trucs bizarres :

- Klaus! T'as cligné des yeux, c'est quoi ce bordel? J'ai bien dit ne JAMAIS cligner des yeux! Il faut que le public voie que vous êtes concentrés, c'est très important. Ne bougez pas le visage pendant les 4 minutes de clip.

Et puis Dschinghis Khan, c'est rigolo, parce qu'ils ont plein de stars dans leur groupe : j'veux dire, c'est pas tout le monde qui pourrait se vanter d'avoir d'Artagnan, Bernard Minet, ET le mec de Stargate dans le même groupe.


4) Girls Just Want to Have Fun, Cindy Lauper.


- Cindy, j'ai trouvé un truc génial pour ton clip! Y'a ce logiciel qui s'appelle "Paint", c'est une révolution ! J'ai pensé à dessiner des bulles de couleur animées sur fond violet, et puis toi et tes copines qui penchent la tête presque autant qu'Horatio Caine, on vous mettrait dans une grosse bulle au milieu des petites! Et puis on l'exploserait! Et puis on la recomposerait! Et puis on l'exploserait encore!

(Et aussi : tous les gens dans ce clip sont fringués comme s'ils avaient dépouillé des Roumains. POURQUOI?)

Et en parlant de Roumains...


3) Dragosta Din Tei, O-Zone.


Un clip qui non seulement défie les lois de la physique presque autant qu'un film avec Tom Cruise, mais qui a aussi été filmé avec des bouts de ficelle, cf. les passages d'animation très laids, la 3D la plus approximative du monde, et tous les plans de l'avion et du décollage qui ont l'air piqués aux vidéos d'entreprise des compagnies aériennes.

(Notons aussi au passage que les O-Zone réussissent l'exploit de tenir debout sur une aile d'avion SANS QUE LE VENT N'EBOURIFFE LEURS CHEVEUX! Ils doivent avoir du sacré Vivelle Dop, c'est moi qui te le dis.)

(Oui, en même temps que les clips, j'ai aussi découvert les pubs.)

2) Safety dance, Men Without Hats.


Alors c'est l'histoire d'un cousin des Lannister qui se promène avec un nain qui joue de la mandoline dans un village où tout le monde est défoncé à l'acide. Au milieu, y'a des gens qui se promènent avec des masques d'animaux (comme un espèce de crossover horrible entre les pubs Orangina et Sironimo).

Ajoutons qu'on se trouve en présence d'une musique électronique (écoute-moi ce bon vieux synthé, ah putain ça c'était de la musique ma petite Madame!) avec un clip médiéval. Normal.

Et alors, celui qui décroche la palme...


1) Love is All, Roger Glover and the Butterfly Band.


AKA : THE trauma.

(Je pense sincèrement que c'est à cause de cette vidéo que je ne peux même pas regarder une pub Orangina en entier.)

Nan mais on est d'accord qu'il est horrible, ce clip? Les animaux humanoïdes ont l'air imaginés par un Tim Burton avec 40 de fièvre! 

Et puis le putain d'arbre à têtes de grenouilles, sérieux, il sort d'où? Et les mutants jouets d'enfants-gastéropodes et insectes, d'ailleurs, ils sortent d'où (à part de la zone la plus nocive de Pripyat)Ah! Et l'abominable tête de clown végétale! On dirait une version dessin animée de "Ça"!

(Trauma, je te dis, trauma.)


Voilà, je crois que j'ai trouvé mon champion. Si t'as mieux, n'hésite pas à éclairer ma lanterne.

vendredi 21 septembre 2012

brève musicale




Je sais pas si je t'ai dit, mais je suis un peu une quiche en culture classique.

(Sauf en littérature. 20/20 au Bac avec Les Métamorphoses, je gère le classique. Ovide je l'appelle par son prénom et tout.(C'est une blague parce qu'en fait Ovide c'est son prénom). (Tellement c'était y'a longtemps, ils avaient pas encore besoin des noms de famille.))

Mais pour le reste, je suis un peu une quiche, donc.

Or, je suis sur le point de déménager en Nouvelle-Zélande, où ils sont pas trop au top de la culture classique européenne, vu qu'ils ont vu débarquer des Européens qu'au dix-septième siècle.

(Et le dix-septième siècle, je gère des fougères. Deux ans de lycée à étudier La Fontaine, La Bruyère, et tous les plus grands hits du classicisme, merci bien les envies de suicide.)

Donc du coup, je voulais profiter de mes derniers mois à Strasbourg pour faire plein de trucs culturels que je fais pas trop souvent, genre aller au musée, au théâtre, ou à l'opéra.

Seulement, Professeur Flaxou n'est pas très porté sur la culture (sauf si elle comporte des écrans de PC et/ou des filles toutes nues). 

Donc, quand j'ai vu qu'ils passaient le Requiem de Verdi en séance spéciale au Zénith de Strasbourg, et qu'en plus les places étaient à 5€50 pour tous les moins de 26 ans, quel que soit l'emplacement (160 choristes, 80 musiciens et 4 solistes, et c'est toujours moitié moins que ce que je paye pour un billet de ciné, C'TE BLAGUE), à ce moment-là, donc, j'ai passé un appel "3615 cri du coeur" sur Facebook, et ma copine Chloé a répondu (c'est une vraie copine).

Alors on s'est mises en route hier soir pour aller au Zénith (avec sa copine Solène en prime, ça va, je suis pas une extrémiste de l'amitié). 

Mappy me disait que c'était super facile d'aller au Zénith, puisqu'il suffisait de prendre l'autoroute et de sortir à la sortie "Zénith". Sauf que y'avait un accident sur l'autoroute et que les bouchons ont commencé juste au moment de s'insérer sur la voie d'accélération. 

(Sachant que je suis déjà une grande stressée de la conduite sur une route déserte, en plein jour, sur du plat, par beau temps.)

Donc j'ai pris la première sortie en me fiant à mes instincts ultra-développés de conductrice chevronnée (et puis mon papa a toujours dit qu'il vaut mieux prendre les petites routes quand ça circule pas bien).

Du coup, on s'est retrouvées à Cronenbourg, mais on savait pas du tout par où aller. En plus, il commençait à faire nuit, et les panneaux de signalisation indiquaient des noms de résidences (qui portaient des noms de prostituées, fun fun fun) au lieu d'indiquer, genre, chais pas moi, "Zénith" ! (alias : non seulement le seul truc qui a un vague intérêt dans ce bled, mais en plus le seul truc que des gens extérieurs au quartier vont chercher avidement).

Mais on y est quand même arrivées, guidées par mon sens de l'orientation hors du commun :

- Alooooors....
(Instincts du chasseur qui sommeillent en moi, réveillez-vous!)
- Sur Google Maps ils indiquaient qu'on devait aller vers l'Ouest...
(Je suis la fille des âges farouches! La nature me montrera le chemin.)
- Et le soleil se couche...vers...l'Ouest... je crois.

On a surtout eu la chance incroyable de tomber sur une personne qui a su nous donner des renseignements suivis d'instructions claires, et pas, comme d'habitude, de :

- Aloooooors, le Zénith... Vous voyez la boulangerie "Au bon pain"? Ah non? Vous êtes pas du quartier? Aloooors... Vous voyez le Auchan? Non? Ben vous allez vers la gauche, et quand vous voyez le Auchan, vous prenez la première à droite. Et puis vous suivez la route, à un moment elle bifurque, faut prendre la deux..non la trois... oui, si, non, si! La troisième. La troisième à droite. Et puis de nouveau à gauche, après le premier feu, mais pas après le feu orange clignotant sinon vous allez vers Oberschaeffolsheim. Et donc ensuite vous allez à gauche, puis tout droit, puis de nouveau à gauche, puis la trois.. non la quat...si, si! La quatrième à droite. Et voilà, vous y êtes!

On avait peur d'être à la bourre et qu'ils nous laissent plus rentrer, parce que d'habitude on déconne pas avec la musique classique. Mais en fait, ils avaient tout prévus, les gens de l'Opéra! Sur notre billet ça disait 20h, mais le concert n'était prévu que pour 20h30 ! 

(Les bâtards.)

Du coup on a même eu le temps de s'acheter à boire et de faire pipi (mais pas dans cet ordre) avant de monter dans les gradins.

C'était la première fois que j'allais au Zénith, et je dois avouer que c'est assez cool. On voit bien la scène de tous les côtés, et les gradins sont espacés (donc pas de crainte d'être assise devant un poteau ou un grand (je fais 1m57, les grands assis devant moi sont ma hantise perpétuelle)). Bon, les sièges semblent avoir été conçus par des sadiques et des frustrés du cul (c'est pour ça qu'ils veulent faire mal à ceux des autres), et il faisait plus chaud que sous la soufflerie de l'institut de beauté. (Pour le coup, j'étais contente de m'être changée en me disant "Han mais c'est de la musique classique, ils me laisseront jamais entrer avec des baskets!" (alors qu'en fait non, j'ai vu des vieilles en PANTACOURT alors franchement c'est qu'ils laissent passer vraiment n'imp) et d'avoir mis des chaussures ouvertes et un débardeur sous mon gilet.)

Mais bon.

C'était super cool. Surtout quand le choeur chantait, parce que ça me faisait penser à un film dramatique.

Par contre, j'ai quand même passé environ dix minutes à réprimer un fou rire quand les solistes se sont mis à chanter "Pie Jesu Domine, dona eis requiem", parce que j'arrivais pas à m'enlever cette image de la tête (salauds de Monty Pythons, à frapper où on ne les attend pas).

J'étais bien contente d'avoir vu de la musique classique en live, et en plus c'était pas trop long, donc double cool. (Ça nous a pris plus de temps de sortir du parking que de regarder l'intégralité du concert - et ce, malgré mon talent naturel au duel de regards.) (En fait c'est pas mon talent naturel, c'est mon aptitude à y aller au culot (aptitude décuplée par le fait que j'ai une voiture de gitan et que les mecs en face ont des BMW toutes neuves.))

C'était quand même une super soirée. En fait c'était une soirée assez pourrie niveau déplacements et confort, mais comme le concert était génial, ça rattrape.

Par contre y'en avait qui étaient pas du même avis, cf. le petit vieux qui s'indignait à la fin du concert parce que soi-disant la soprano avait fait deux fausses notes. Bon, perso, je les ai pas entendues, mais franchement, deux fausses notes sur une heure et demie, c'est un high score sur Guitar Hero.

(Nous n'avons pas les mêmes valeurs.)

dimanche 16 septembre 2012

Prosper, le prof de l'enfer



(Ci-dessus, l'uniforme officiel des profs de fac. Autrement, on te laisse pas entrer dans les amphis.)

Donc je suis désormais officiellement prof de fac.


(Y'a pas que le mariage dans la vie mon petit monsieur.)


J'ai décroché un poste de prof d'anglais en vacataire, pour remplacer une amie de ma mère qui part en congé maternité pile à la rentrée (la vie est trop bien faite) et comme ça je vais avoir un boulot jusqu'au départ en Nouvelle-Zélande.

(Ah oui, et accessoirement, je viens d'avoir mon Master avec mention. Ma vie entière te met à l'amende.)


Donc c'est trop cool, j'ai super hâte de rencontrer mes petits élèves (enfin "petits", c'est des  L1 quoi).

J'ai un peu cette appréhension qu'ils ne m'aiment pas, mais si j'ai réussi à me faire aimer de collégiens Anglais à fort potentiel de Ken Loach (père ouvrier alcoolique, grand frère en prison, mère au foyer atteinte d'un cancer, et si on rajoute un bébé dans le tas, t'as le tiercé gagnant), rien ne peut m'arrêter.

(Et puis ils me font pas peur, ils ont genre Bac + 3 mois.)


J'ai eu une réunion de rentrée avec tous mes collègues, et ils ont tous l'air très sympa.

Sauf que.

Sauf que la moitié de la réunion a été passée à nous mettre en garde (nous, les nouveaux vacataires) contre Prosper, le prof titulaire.

C'est comme si chaque sujet abordé avait une "clause Prosper":

- Voici votre code pour la photocopieuse, tous les vacataires ont le même. Par contre, ne le dites pas à Prosper. Il est surveillé très étroitement par rapport à sa consommation de papier, donc, dès qu'il peut mettre la main sur le code de quelqu'un d'autre, il fait des photocopies dans son dos.

Et ça devenait de pire en pire.

- S'il n'y a plus de papier dans la photocopieuse, il y a une réserve disponible au centre de langues. Comme il n'ouvre qu'à 9h, j'ai caché deux ou trois rames de papier dans un tiroir de mon bureau. Je les laisse là pour que Prosper n'y ait pas accès, mais n'hésitez pas à vous servir.

Et de pire en pire en pire.

- La machine à café est à votre disposition, vous devez juste ramener une tasse. Par contre, ne la laissez pas ici, sinon Prosper va l'utiliser. Même si vous marquez votre nom dessus, il s'en fout. Donc posez-la sur mon bureau ou rangez-la dans un de vos tiroirs.

Là, je commençais à penser que c'étaient les autres profs qui étaient un peu psychopathes. Mais ensuite, les infos sont devenues carrément dérangeantes.

- Si jamais vous avez cours après Prosper et que vous avez besoin de nettoyer la salle, j'ai mis des lingettes à disposition sur mon bureau, parce qu'il mange des sardines en cours et très souvent il fait des taches d'huile.
- Ou des kébabs.
- Ou des kébabs, merci Maurice. Donc n'hésitez pas à venir en prendre, prévenez-moi juste quand il n'y en a plus beaucoup, pour que je refasse le plein.

Là, je commençais déjà à me poser quelques questions sur ce prof.

Mais ensuite, on a visité le bureau des profs de langues.

- Donc vous partagerez ce bureau, ici c'est le mien, là c'est celui de Maurice, et là c'est celui de Prosper.


Ce truc, je te jure, c'était pas un bureau. C'était une espèce de trou noir qui aurait aspiré toute la matière de l'univers. Y'avait des piles de papiers sur le bureau, sous le bureau, en diagonale du bureau. Y'avait une couverture à carreaux (est-ce que Prosper fait des pique-niques en dehors de ses heures de cours, ou bien est-ce que c'est parce qu'il a froid dans son bureau? Le mystère reste entier), des bibelots du genre "souvenirs d'Irlande", et au milieu, je te jure, y'avait des jouets Kinder.

Le genre de truc qu'il faut voir au moins une fois dans sa vie. (Je le place au même niveau qu'une pluie d'étoiles filantes.)

Et les recommandations n'en finissaient pas.

- Voilà vos feutres pour le tableau blanc. Je vous conseille de les garder dans votre sac, sinon Prosper les pique. 


A un point où ça devenait carrément effrayant.

- Et ne laissez rien traîner sur votre bureau, sinon Prosper se l'approprie. Tasses à café, fournitures, livres ou magazines, CD de cours, il prend tout. Et si c'est de la nourriture, vous ne la reverrez jamais.
- Donc, quoi? On met tout dans les tiroirs?
- Hmmmm... Quelquefois, il fouille aussi les tiroirs.

J'étais en train de me dire que bon, si ça se trouve, c'était quand même un bon prof, quand on s'est mis à parler de nos cours imminents :

- Alors Charlotte et Sandra, vous vous partagerez les L1 par groupes de niveau. Selon le nombre d'étudiants, on en fera 3 ou 4 de 20 élèves. Vous prendrez un groupe chacune, et Prosper prendra les autres.
- Et qui s'occupe de faire les groupes de niveau?
- Normalement, c'est Prosper. Maurice?
- Oui oui, j'ai déjà appelé Catherine, elle a dit qu'elle allait les faire avec lui, pour être sûre qu'il n'oublie pas.

Oui, parce qu'apparemment, y'a déjà eu des années où les profs se pointaient en cours et où les groupes n'étaient pas faits. (Alors que faire des groupes de niveau, c'est le truc qui prend 5 minutes.)

J'en venais vraiment à souhaiter que ce soit une sorte de bizutage, quand quelqu'un a posé la question évidente :

- Mais, s'il est si terrible, comment ça se fait qu'il soit toujours prof?
- Il est titulaire, donc il est quasiment impossible à virer. Mais si vous avez un souci avec lui, allez voir la scolarité, ils sont en train de monter un dossier et ils cherchent des témoignages.

Okay.

Donc je commence les cours la semaine prochaine.

Tu penses que c'est trop tard pour croire encore à un bizutage?

(La suite au prochain épisode.)

lundi 10 septembre 2012

Ils se marièrent et c'est tout pour le moment.



Pendant des semaines, on m'a demandé si je stressais pour le mariage, et je répondais que non, parce que c'était la vérité.

J'ai quand même réussi l'exploit de commencer à flipper la veille du mariage seulement (et on était déjà bien avancés dans l'après-midi).

(Pas que je compte les heures ou quoi que ce soit. Mais commencer à flipper 26 heures avant le mariage, c'est raisonnable.)

Ça a commencé insidieusement, en relisant mon planning (oui j'ai fait un planning, je te jure que c'est nécessaire) et en me disant "Doux Jésus comment caser tout ça en une journée?".

Puis le stress a commencé à s'exprimer par petits coups de "Oh putain j'ai oublié d'acheter la bière! Ou bien c'est papa qui avait dit qu'il l'achèterait? Je ferais mieux de l'appeler" et autres débordements du style "Oh putain mais on aura jamais assez de serviettes pour tous les invités, ils vont devoir s'essuyer sur leur manche, le mariage est fichu!".

Heureusement que j'ai de l'expérience dans l'organisation des trucs à l'arrache, parce que la préparation de la salle du mariage était un véritable festival de l'arrache.

(J'ai jamais autant de fois dit "tant pis" de toute ma vie.)

Entre la pénurie de scotch qui a forcé tout le monde à attendre une heure que mon père revienne de la maison avec du rab, les lumières des lanternes qui en fait n'éclairaient rien du tout du tout, les nappes qu'on pensait en avoir pris plein mais en fait y'en avait pas assez, et l'histoire des centres de tables "on peut pas mette du sable au fond du vase parce qu'après avec l'eau il flotte et c'est horrible on va tous mourir" (dixit ma mère, juste un poil anxieuse), je te laisse imaginer l'ambiance.

Ajoute à ça que ma belle-mère a fait la gueule tout du long parce qu'elle voulait faire la déco et qu'on lui a demandé de faire les nappes, et que ma mère a failli faire une syncope quand je suis montée sur une échelle :

- Mais enfin! T'es complètement inconsciente! Imagine si tu tombais! Comment on ferait pour demain?

(Ah oui, c'est vrai, parce que les autres jours de ma vie, on s'en fout complètement que je tombe d'une échelle de cinq mètres de haut.)

Ajoute à tout cela que j'ai rien mangé (en dehors de chou et de salade) depuis deux semaines, à cause de ma robe de merde (bon c'est pas vrai, elle est belle ma robe, mais putain, mon royaume pour un cheeseburger), et tu comprendras un peu l'état dans lequel je me trouvais à la veille du mariage.

Tout cela sans compter le fait que les témoins de mon futur époux ont eu la meilleure idée du monde :


"Tiens", se sont dit les deux crétins congénitaux qu'a choisi mon crétin congénital de conjoint comme témoins,  "Si on faisait l'enterrement de vie de garçon LA VEILLE DU MARIAGE? Qu'est-ce qui pourrait bien foirer dans ce scénario sans aucune faille?"

Du coup, pendant que Flaxou passait son vendredi soir au casino à boire des mojitos en compagnie de Tanya, la stripteaseuse qui lui faisait lécher de la chantilly sur sa fesse (véridique), moi j'étais en train de me coucher avec les poules (et avec mon chat) en répétant :

- Madame. Madame. Madame? Oui, c'est moi! Bonjour Mademoiselle; non, c'est Madame. Madame. Madame!

J'ai passée une nuit entrecoupée de révélations fulgurantes ("On a oublié les tire-bouchons! Il faut que je l'écrive quelque part!") et je me suis réveillée à 7h du matin en réalisant que j'avais taguée ma boîte de mouchoirs et mon paquet de boules Quiès d’inscriptions sybillines ("allumettes OK fumeurs auront briquets").

Et puis, le matin venu, j'ai couru dans tous les sens, entre mon rendez-vous chez la maquilleuse, mes DEUX rendez-vous chez le coiffeur, et mon débarquement intempestif chez ma mère :

- J'ai oublié de manger! Donne-moi une pomme ou je vais mourir!

J'ai finalement embarqué dans la voiture de ma soeur et on est allées se préparer chez mon père. On se serait cru dans le parc à cigognes tellement ça voletait dans tous les sens :

- Merde, Cathy a touché mon ventre et maintenant j'ai des traces de fond de teint sur mon haut!
- T'as pas vu mes chaussures?
- Il me faut du K2R.
- T'as pas vu mes boucles d'oreilles?
- Papa? T'as du K2R?
- Personne n'a vu mon téléphone?

Avec son lot de surprises :

- Bon Chacha, j'ai trouvé ton porta... qu'est-ce qui sent comme ça?
- C'est mes pieds.

(Quand je suis stressée, je transpire.)

Et son lot d'innovations:

- T'as pas vu mon déo? Je voudrais en rouler sous la plante de mes pieds, voire si ça marche.

(NDLR : ça marche. Mes pieds sentaient la grenade des Açores pendant toute la soirée.)

Et comme si j'étais pas assez occupée comme ça, voilà que Flaxou m'appelle à quelques minutes à peine de notre rendez-vous à la mairie :

- Heu écoute, avec mon tonton on est déjà là, y'a pas moyen que vous nous rejoigniez maintenant histoire qu'on fasse des photos avant la cérémonie?

Là, il y a eu un petit intermède vulgaire que je tairai par pudeur.

En gros, j'ai signifié à l'élu de mes jours qu'il était quelque peu audacieux de suggérer à sa future femme, qui a organisé toute seule ce mariage pendant des mois (pendant qu'il faisait un marathon sur Guild Wars II pour arriver au niveau 80 le plus vite possible), qui est donc passablement sous tension à cet instant, et qui a prévu un planning tellement serré que chaque pause pipi la met à la bourre, de le rejoindre une-demi heure plus tôt que prévu. Je lui ai donc très élégamment fait savoir qu'il pouvait prendre sa suggestion et la carrer dans un endroit ombragé.

Flaxou a donc décidé de venir chez mon père (avec son tonton) et de faire quelques photos dans son jardin en attendant le moment de se rendre à la mairie. Donc on l'a attendu. Sauf que, 40 minutes plus tard, il n'était toujours pas là.

Et quand enfin j'ai réussi à le joindre :

- Bon Flaxou faut qu'on y aille là! T'es où?
- Sur un rond-point, quelque part.
- Hein?
- Je crois que j'ai sous-estimé la distance entre la mairie et la maison de ton père.
- Bougez pas, on vient vous chercher.
- Dépêche-toi! Je suis en costard en plein soleil, et je.... putain!
- Quoi?
- J'avais une sucette dans la poche et je crois qu'elle a fondu.

(27 ans et il se balade avec des sucettes en poche. Normal.)

Finalement, on est tous arrivés à la mairie, et là....

Tu sais, quand t'as un chiffre devant les yeux et que tu penses que tu vois ce qu'il signifie, mais qu'en fait t'as quand même du mal à l'imaginer? (Genre, quand tu entends "3 millions de dollars de budget" pour un film, et que tu te dis "ah, 3 millions, c'est rien du tout", sauf qu'en fait si, parce qu'avec 3 millions de dollars tu peux t'acheter une maison et une voiture et plus jamais travailler de toute ta vie.)

Ben là, c'était pareil. Quand on a invité 100 personnes et que, sur la liste, on s'est dit ah ouais, 100 personnes, ça va c'est pas énorme pour un mariage.

Mais ensuite, on est arrivés à la mairie, et là, on a été le point de mire. DE. CENT. PERSONNES.

(C'est très difficile d'avoir l'air naturelle avec 200 yeux qui te scrutent. Même si c'est du gentil scrutage.)

Et puis on est allés à la mairie, et on a entassé toute notre famille et nos amis dans la petite salle qui est censée contenir seulement 30 personnes (heureusement que Flaxou et moi avons passé notre enfance à jouer à Tetris), et puis c'est allé très vite.

L'adjointe au maire nous a félicité d'avoir tellement de proches prêts à s'entasser dans une petite salle juste pour nous voir signer un papier, et elle a lu des articles du Code Civil que j'ai pas retenus parce que j'étais trop occupée à avoir l'air naturelle pour les huit appareils photos de huit tontons différents.

(J'ai juste retenu que les époux se doivent assistance et que l'un doit rembourser les dettes de l'autre, sauf pour les "dépenses manifestement excessives". Je m'en souviens parce que ça m'a beaucoup réjoui de me dire que, le jour où Professeur Flaxou s'achètera un PC plaqué or, j'aurai pas besoin de le payer.)

Et puis elle nous a demandé si on voulait bien s'épouser (ce qui était une question un peu stupide parce que je nous imagine mal réunir tous nos proches et acheter des jolis habits juste pour dire "tiens, en fait non"), on a dit oui, y'a eu un silence, et pendant un moment j'ai eu un peu peur qu'elle nous demande d'argumenter de manière plus poussée, parce que c'est vrai que juste "oui" ça faisait un peu faible.

(Mais heureusement, ce n'est qu'aux Etats-Unis qu'on doit se farcir dix minutes à expliquer pourquoi on aime la personne qu'on va épouser.)

Et puis je pensais qu'il y avait encore des trucs, mais en fait non, l'adjointe a dit "unis par les liens du mariage", Flaxou m'a embrassée sans attendre qu'on lui dise qu'il avait le droit, et on était mariés, pouf, comme ça!

Ensuite on a mis nos alliances, mais comme il faisait chaud mes doigts avaient gonflé, et la mienne passait pas bien, mais Flaxou avait peur de me faire mal alors il osait pas pousser plus fort, et finalement c'est moi qui ai dû la mettre en place parce que la salle commençait à rigoler et que j'aime pas qu'on se foute de ma gueule.

Et puis on a dû signer le papier du mariage, et l'adjointe au maire m'a tendu le stylo en premier en disant :

- Signez ici avec votre nom d'épouse.

Alors là, j'explique : en fait, ça veut juste dire "signez". 

Non, parce que moi, j'étais un peu confuse. Je savais pas s'il fallait écrire mon nom et signer à côté, ou juste signer. Alors je suis restée à réfléchir quelques secondes, parce que je voulais pas me gourer sur un document officiel, et puis j'ai regardé l'adjointe au maire d'un air implorant et je lui ai demandé tout doucement :

- J'écris mon nom d'abord et je signe ensuite, ou bien....
- Non, vous signez! Signez avec votre nom d'épouse!

Ça ne m'aide pas du tout, ça, Madame la magistrate!

Finalement, on m'a fait comprendre qu'il fallait juste signer normal, alors j'ai fait mon blob habituel, et puis c'était au tour de Flaxou, de nos quatre témoins, et de l'adjointe au maire. (A la fin, y'avait des signatures dans tous les sens, on aurait dit qu'on avait tagué le plâtre de quelqu'un.)

Et c'est quand elle nous a tendu les papiers que je me suis dit : la vie, c'est quand même un truc de ouf.

On entre dans la mairie en couple, et quand on ressort, on est une famille.


(Une famille de deux personnes, mais c'est pas trop mal déjà.)

lundi 3 septembre 2012

J'ai testé l'institut de beauté (et je ne suis pas morte).



Je sais pas comment ça se passe dans ta vie, mais moi, je prends pas vraiment soin de mon apparence, en temps normal.

"Pas vraiment", c'est un euphémisme pour ne pas dire que je me contente d'infliger à mon corps une hygiène basique quotidienne, et de temps en temps une épilation sommaire, quand j'y pense (à savoir "tiens je vais mettre un short aujourd'hui, ouhla finalement non"). Le maquillage, c'est le strict minimum, la crème hydratante, j'en mets que quand il fait froid, et les soins beauté, je n'ai même pas envie de savoir ce que c'est.

(Donc, si tu es venu ici pour trouver des articles sur les beauty box, passe ton chemin, vil manant.)

Mais je vais me marier samedi (là, ce samedi, là, maintenant, celui qui vient, juste là).

Donc ça me force un peu à devoir soudainement prendre en considération des choses qui ne m'étaient jamais passées par la tête auparavant. 

Ça fait donc des mois que l'on me parle de tous les côtés de maquillage, de coiffure, de bijoux et autres attributs féminins, et que je bluffe mon chemin en espérant que personne ne remarque que je ne cale pas un mot de ce qu'on me raconte.

- Bla bla lissage brésilien, bla bla rajouts à la kératine, bla...
(Putain mais quoi? Un lissage brésilien? C'est quoi ce truc? Tu vas lisser mes cheveux avec de la crème solaire, ou comment ça se passe?)
- Bla bla ou sinon pour le maquillage j'avais pensé à tes teintes ocres et terre de Sienne, peut-être un peu taupe...
(QUOI? Mais c'est quoi ces couleurs? T'as mémorisé tout le nuancier de chez Castorama, c'est pas possible!)
- Bla bla, mais bon sinon tu peux te contenter de faire un soin lumineux éclat révélateur avec gommage à l'argile et masque à l'huile d'arbousier...
(Mais t'as pris français en LV2, ou c'est quoi ton problème?) 

Et donc, au fil de rendez-vous chez le coiffeur et de moult et moult conseils donnés par divers proches, je suis enfin arrivée à J-5, en me disant que c'était bon, que j'avais passé le plus dur. 

(Etant donné que mes conversations avec mes proches se résument dorénavant à : "Alooooooooors? C'est bientôt le grand jour, hi hi! Pas trop stressée?". Et c'est tout. Je ne déconne pas. Je n'arrive plus à avoir une seule conversation qui ne tourne pas autour de mon niveau de stress. Qui d'ailleurs est actuellement à un niveau proche de zéro, merci bien. Je sais que t'es déçu mais tant pis pour toi.)

Mais aujourd'hui, je suis allée faire un soin du visage en institut.

Et c'était comme de passer les portes de Narnia.

Un monde totalement inconnu. Rempli de produits bizarres et d'appareils étranges. 


(Sérieusement, est-ce que quelqu'un au monde sait à quoi sert ce truc?)

Et rempli de plein de gens qui trouvent ça normal de passer huit heures par jour à se mettre cinq mille crèmes différentes sur la tronche.

J'ai commencé à me sentir pas trop à ma place quand l'esthéticienne a tenté de définir quel soin me donner:

- Comment définiriez-vous votre type de peau?
- Heeeeeuuuu... blanche?

C'était comme de passer un examen, sauf que d'habitude je connais les réponses, et là pas du tout. J'arrivais même pas à dire ce qu'on attendait de moi.

- Diriez-vous que vous sécrétez du sébum en quantité importante?
- Beeeeennnn.... 
- Votre peau, elle est grasse?
- Chais pas... oui?
- ....
- Non? Entre les deux? Mi-grasse? 

J'étais à ça de crier JE TE DIRAI TOUT CE QUE TU VEUX MAIS PAR PITIÉ FAIS-MOI UN SIGNE quand elle est passée aux questions plus faciles à répondre, mais qui me faisaient me sentir mal.

- Vous utilisez une crème de jour?
- Non. Pourquoi, je devrais?

C'est comme si je passais mon diplôme de soin de la peau, mais que j'avais oublié de faire mes devoirs pendant les 24 dernières années.

- Vous avez des points noirs?
- Oui, plein.
- Et vous utilisez quoi pour les enlever?
- Ben... quand y'en a un qui devient vraiment gros, je le presse.
- Et?
- Et.... je désinfecte ensuite?

Je pense qu'à un moment, elle a dû croire que je me foutais de sa gueule.

- Et des gommages, vous en faites jamais?
- Des quoi?

Donc apparemment, il y avait du pain sur la planche.

J'ai passé les 45 minutes suivantes à être complètement perdue. J'avais des rondelles de coton sur les yeux et je comprenais rien du tout à ce qu'il m'arrivait.

Déjà, elle m'a épilé les sourcils avec une sorte de cire chaude, que quand elle durcit, tu l'arraches toute seule et tes poils partent avec. (Sachant que mes connaissances en épilation se limitent à la pince et à l'appareil de torture qui t'arrache les poils des jambes (et accessoirement les cheveux, s'ils se coincent dedans. Rigole pas ça m'est arrivé. Et ça faisait très mal.))

Ensuite, j'ai eu une serviette chaude à la citronnelle sur le visage, et ça c'était super cool. C'était la première fois de ma vie que j'avais droit à ça. Enfin, presque.

- C'est chouette votre serviette, là. Ça me rappelle le restaurant chinois.
- Pardon?
- Oui, vous savez, au restaurant chinois. Quand vous commandez des nems, après, ils vous amènent des serviettes chaudes pour s'essuyer les doigts. 
- ...
- Et elles sentent la citronnelle, comme chez vous!

(En y repensant, elle a dû me prendre pour une malade mentale.)

Après le coup de la serviette, je pensais que j'avais que des surprises agréables qui m'attendaient, mais ensuite c'est devenu carrément terrifiant, parce que l'esthéticienne m'a collé le visage sous un appareil qui m'a soufflé de la vapeur dessus pendant 10 minutes. C'était comme de respirer au-dessus d'une cocotte-minute, je crois que je me suis cramé tous les poils du nez.

- La vapeur va vous dilater les pores, ce sera plus facile de tirer les comédons ensuite.
- Ha ha, super! Je m'éclate.
- Bon, je vous laisse deux minutes, relaxez-vous.

Ouais, c'est sûr. C'est facile de se relaxer avec la soufflerie de l'enfer qui se déchaîne sur moi. (En plus, le CD de relaxation qui passait dans l'institut faisait des bruits de fontaine, je te raconte pas l'envie de pisser.)

En plus, vers la fin de ma séance de torture, la machine s'est arrêtée alors qu'elle était pas censée, et l'esthéticienne l'a remise en marche en disant "tiens c'est bizarre, elle s'est arrêtée toute seule".

Et là, la seule pensée qui m'est venue à l'esprit, c'est les titres des journaux : 

"Une jeune femme brûlée gravement au visage suite au malfonctionnement d'un appareil esthétique"


(Un truc un peu dans ce goût-là.)

Après que mon épisode de paranoïa rampante soit heureusement resté infondé, j'ai eu les points noirs pressés, et puis l'esthéticienne m'a flanqué l'appareil le plus bizarre du monde sur le visage :


Cet espèce d'instrument, contrairement à son apparence, n'est pas une machine de dentiste, mais un truc qui t'envoie des électrodes dans la peau pour refermer tes pores (paraît-il). Ça faisait un bruit de transfo électrique et ça sentait très fort les vieilles pièces de monnaie, j'ai un peu flippé quand elle l'a baladé partout sur ma tête.

Ensuite, heureusement, c'était fini avec les appareils, mais j'ai quand même eu droit à un gommage avec une crème qui sentait bizarre, puis à un maque à l'argile, puis à encore une crème, et ensuite seulement c'était fini.

Je savais déjà que c'était chiant d'être une fille, mais alors là, je me rends compte que, tout ce temps-là, j'ai seulement effleuré la surface de l'iceberg.

Parce qu'entre les gommages, les crèmes, les épilations à la cire, les vernis à ongles, et les lissages brésiliens, je me dis que j'ai finalement échappé à beaucoup de tortures modernes à ce moment crucial de l'adolescence où tu décides à quoi tu préfères occuper ton temps (dans mon cas, la réponse était "à vivre le Seigneur des Anneaux avec chaque souffle de mon être", j'étais donc trop occupée à remplir mes cahiers de lignes d'écriture elfique pour aller piquer des bracelets chez Claire's avec mes copines).

Et ouais, j'avoue, c'est cool d'avoir la peau lisse et les pores raffermis, mais je pense qu'à moins de me remarier, je ne remettrai plus les pieds dans un institut de beauté. 

Tout ce temps perdu que j'aurais pu passer à re-regarder l'intégrale de Friends en mangeant des chips. 

Ça me tue.