Et sinon en ce moment je lis un polar et ça m’énerve.
A la base ça m’énervait pas (parce que sinon je l’aurais pas lu, merci bien, je suis pas une masochiste) (de temps en temps je dis pas non à une petite fessée de Professeur Flaxou, mais enfin là n’est pas la question).
Non, à la base je lis pas de polars parce que j’aime pas trop les histoires criminelles. Je trouve que c’est toujours la même chose et ça m’intéresse pas.
Seulement, l’été dernier, ma mère est partie en vacances avec « The Ice Princess », une histoire de meurtre écrite par Camilla Lackberg, la nouvelle égérie du polar suédois. Elle est rentrée en me disant :
- Oh mon Dieu Charlotte ce livre est tellement génial il faut absolument que tu le lises ! Il est tellement captivant que je suis pas sortie de la chambre d’hôtel pendant 5 jours ! Il changera ta vie entière !
(Oui, ma mère a tendance à s’emporter un peu quand un livre la passionne. Je me demande si c’est un truc récurrent dans la famille.)
Du coup j’ai pas vraiment fait attention, puisque ma mère me dit tous les cinq jours qu’il faut que je lise un livre qui va changer le cours de ma vie entière, et la plupart du temps c’est juste du pseudo-existentialisme pour quinquagénaires s’ouvrant à la spiritualité et ça me donne juste envie, au mieux de dormir, au pire de crier « Mais Paulo Coelho, trouve-toi un boulot utile ! Va peindre des maisons ou nettoyer des vitres et arrête d’emmerder le monde avec Dieu et les mystères de l’univers ! » (T’as déjà vu les trucs sur lesquels il s’interroge ? Ce mec a clairement trop de temps libre.)
Mais ensuite, comme ma sœur était enceinte jusqu’aux yeux et qu’elle pouvait plus marcher sans basculer en avant, elle avait plein de temps libre pour bouquiner. Donc elle a demandé à ma mère de lui conseiller un bouquin, et ma mère lui a prêté « The Ice Princess » (c’était la version française en vrai, mais je me souviens plus du titre).
Et ma sœur a adoré aussi, et m’a dit qu’il était génial et impossible à lâcher et tout le toutim.
Bon, moi à l’époque je venais d’attaquer Les Piliers de la Terre, donc j’avais du pain sur la planche tu t’en doutes. Mais une fois arrivée en Nouvelle-Zélande, je suis allée acheter « The Ice Princess » pour voir enfin ce que c’était que tout ce pataquès.
Et bon, c’est pas un bouquin qui a changé ma vie, pour être honnête il rentrerait même pas dans mon Top 50, mais il était bien. Divertissant, vraiment prenant, et j’étais agréablement surprise en voyant que ce n’était pas un polar conventionnel, mais plutôt une histoire banale de personnages banals (banaux?) tournant autour d’un meurtre.
Et surtout, j’ai adoré le fait qu’on voyait clairement que c’était une femme qui avait écrit ce bouquin, et ce sans tomber dans des clichés de chick-lit. Parce que lire un passage du livre ou le personnage principal se balade en hiver à Stockholm et qu’avant de s’asseoir sur un banc, elle pose d’abord ses moufles dessus parce qu’elle a peur de choper une cystite, c’est franchement une tranche d’authenticité qui m’est allée droit au cœur.
Parce que moi, j’aime quand les héros font pipi.
J’aime quand les personnages ont l’air humain. Qu’ils ont des jours où leurs cheveux sont moches. Qu’ils se sentent gros. Qu’ils repêchent leurs fringues dans le panier de sale parce qu’ils ont pas eu le temps de faire leur lessive. Ça me parle.
Donc j’ai apprécié « The Ice Princess », mais ensuite, j’ai été dupée.
Parce que Camilla Lackberg a écrit toute une série de bouquins avec les mêmes personnages. Et que moi, je les aimais bien, et je voulais voir ce qui leur arrivait dans la vie.
Donc j’ai lu le deuxième bouquin, il était pas trop mal. Puis j’ai lu le troisième, il était un peu chiant.
Et là, j’en suis au quatrième, et j’en ai marre.
(ALERTE SPOILERS)
Marre parce que le but premier d’un polar, c’est quand même le suspense, et qu’avec « The Gallows Bird », même moi, la meuf la plus facile à surprendre du monde, la meuf qui voit jamais rien venir, j’ai compris dès la page 80 que le meurtrier c’était le psy et que sa femme qui avait rejoint la police c’était sa complice et aussi qu'en fait c'était sa soeur jumelle (dégueu).
Et après ça, j’ai dû me taper 300 pages d’une enquête faite par les gens les plus neuneus du monde :
- On a une première victime ! Lillemor Persson. C’est une fille dont la mère est morte, ensuite elle a retrouvé son père suicidé il y a 8 ans, puis elle a eu une enfance tragique en étant ballottée de famille d’accueil en famille d’accueil.
(Okay.)
- On a une deuxième victime ! Jan Persson. C’est un homme qu’on a retrouvé mort il y a 8 ans, on avait conclu à un suicide, mais il s’avère que c’est peut-être un meurtre. Le seul témoin était sa petite fille, qui l’a trouvé.
(Okay, c’est le père de Lillemor.)
- Et est-ce que vous savez où est la fille ?
- Je ne sais pas, elle a été ballottée en maisons d’accueil…qui sait où elle est aujourd’hui ?
(Putain, mais t’es sérieux ? Ouvre les yeux ! Ouvre les yeux, ducon ! T’as un cerveau d’huitre ou tu le fais exprès ?)
- Non, alors là, vraiment, c’est une histoire qui ne me dit absolument rien du tout !
Et c’est comme ça tout le long du livre !
- Donc on sait que le tueur a beaucoup voyagé en Suède, et il a dû arriver ici assez récemment… tiens, Hanna, toi qui est arrivée ici assez récemment, est-ce que ton mari et toi vous n’avez pas voyagé partout en Suède avant de venir ici ?
- Oui oui.
- Et la victime connaissait le tueur. Ton mari bossait avec elle, non ?
- Si si.
- Tiens, c’est bizarre, t’as l’air pâle dès qu’on parle du tueur.
- Ah tiens.
- Et maintenant que j’y pense, tu as toujours contesté chaque avancée significative qu’on a eu sur l’enquête, et au fur et à mesure qu’on se rapproche de la fin du livre, tu a l’air de plus en plus anxieuse et fatiguée…
- Et ?
- Non rien, bon boulot. Mes amitiés à ton mari !
Sérieusement ? Mais sérieusement ??!!
(Illustration de Camilla Lackberg nous présentant son travail.)
Du coup je finis quand même le livre, parce que j’aime pas m’arrêter en plein milieu. Mais ça fait une semaine que je crie sur mon bouquin toutes les 10 pages parce que tout le monde m’énerve.
(Oui, je parle aux personnages de livres. Des fois aussi je parle à l’auteur. Par exemple, je parle beaucoup à George R.R. Martin. Même si la conversation se résume souvent à « Pourquoi, George ? Pourquoi tu détruis tout ce que j’aime ? POURQUOIIIIIIII ? »)
Et puis je l'ai fini, et devine quoi, le tueur et sa femme/sœur sont débusqués et se suicident, comment je l'avais pas vu venir du tout (en général, quand il reste que 5 pages de bouquin, tu peux être sûr que le tueur se suicide).
Et je suis donc arrivée au bout du livre en me disant "Ah enfin, maintenant je peux vraiment fermer la page sur cette saga".
Sauf que le livre a fini sur un vieux cliffhanger à la mords-moi le nœud et que maintenant j'ai envie de savoir la suite.
(Je me fais Desperatehousewiver par un bouquin, quoi.)
(Ma vie est atroce.)