dimanche 25 novembre 2012

brève littéraire

Et donc en ce moment je lis un bouquin de Victor Hugo.

(Je pars en Nouvelle-Zélande dans 3 jours, et je veux pas avoir l'air inculte auprès de mes nouveaux compatriotes, alors depuis l'an dernier je lis plus que des livres français. En mars j'ai fait tout Pagnol, et maintenant Hugo, voilà.)

(Je vais pas non plus me mettre à lire du Rousseau rien que pour le plaisir, hein.)

Et donc, je lis "Les Travailleurs de la mer", bouquin qui parle des gens sur l'île de Guernesey (ils te vendent le livre avec un combat pour la vie contre une pieuvre géante, en fait ça dure TROIS PAGES, merci bien pour la publicité mensongère).

Et, outre apprendre des coutumes funky de l'île (genre qu'une femme enceinte non mariée choisit le père de son enfant dans la population, et ensuite il est obligé de l'épouser - VDM), ce livre présente une particularité que j'ai bien vite notée : Victor Hugo se fout de la gueule des Alsaciens, à cause de l'accent.

Je sais pas si tu réalises ce que ça veut dire.

Ça veut dire que, déjà au dix-neuvième siècle (donc des années avant l'invention du journal télévisé), on se foutait de la gueule de l'accent alsacien!


Donc en fait, avant ça :

On avait déjà ça :



(Le pire c'est que c'est l'accent Haut-Rhinois. Droit au coeur.)

Quand je pense, QUAND JE PENSE qu'on a un collège à Colmar qui s'appelle Victor Hugo! Ben c'était bien la peine, tiens.

Le mec il se fout de notre gueule jusque dans ses ROMANS, et on décide de nommer un collège d'après lui, mais enfin c'est n'importe quoi ces histoires!

C'est quoi la prochaine blague? Nommer un collège "Napoléon III" pour son haut fait d'avoir cédé l'Alsace aux Prussiens? 

Non mais franchement.

(Sinon j'aime quand même Victor Hugo. Mais il a de la chance d'écrire si bien, sinon il aurait perdu une lectrice.)

(Comment il aurait trop eu le seum.)

(Heureusement qu'il a pas de compte Twitter, c'est moi qui te le dis.)

mercredi 21 novembre 2012

Ma soirée nanar avec Breaking Dawn


(Pas contents! Pas contents!)

L'autre soir, avec mes copines, on est allées voir "Twilight".

On est allées le voir parce que Clémence et Nono avaient lu le livre et qu'elles voulaient savoir ce que ça donnait en film, Marion elle a suivi parce qu'elle est cool comme fille, et moi j'ai suivi parce que je ne dis jamais non à une soirée nanar.

Et si on me dit "Quoi mais ça te fait pas chier de payer un ticket de ciné pour voir un film que tu sais d'avance que tu vas pas aimer?", sache, jeune ingénu, qu'à l'époque de ma lointaine jeunesse où les torrent n'existaient pas et où on devait louer des films au magasin de location de DVD (oui, je sais, OH MY GOD LA PRÉHISTOIRE-an), j'ai loué l'intégralité du rayon "interdit au moins de 16 ans" qui se trouvait derrière les portes coulissantes de saloon, dans un petit réduit du magasin. (y'avait aussi des millions de pornos juste à côté, c'était très embarrassant de franchir la porte, à chaque fois j'avais envie de hurler au magasin "J'y vais pour les films d'horreur, hein! Vous faites pas des idées.")

J'ai donc eu le plaisir de dépenser pas moins de 9 euros 50 (parce que je l'ai rendu 2 semaines en retard) pour "DinoCroc VS Super Gator", un film qui est la suite de "DinoCroc" (moitié dinosaure, moitié crocodile), et donc là il se bat contre un alligator géant, voilà, voilà.




(Pour le bonheur des yeux, je te file aussi la bande-annonce. Ceci n'est pas une parodie.)

On comprend donc pourquoi je n'étais pas échaudée par la perspective d'une soirée Twilight.

(Au fait, quand je dis "les torrents n'existaient pas", c'est pas tout à fait vrai. Ça existait déjà, ADSL et tout. C'est juste que j'étais une n00b de l'informatique parce qu'on n'avait pas d'ordinateur à la maison.)

(Les pires années de ma vie.)

Donc on est allées voir Twilight.

Alors je ne vais pas m'attarder sur l'indigence du scénario et les trous gros comme le poing que l'on trouve dedans, ni sur les ficelles scénaristiques (qui ressemblent parfois à des câbles d'amarrage), vu que d'aucuns l'ont déjà fait, et bien mieux que moi.

Je voudrais juste quand même soulever quelques points qui m'ont paru digne d'intérêt :


1) POURQUOI est-ce qu'un film au budget de 120 millions de dollars ne peut même pas se permettre d'avoir des effets spéciaux crédibles? (A défaut d'acteurs crédibles - LOL). (Sérieusement, la directrice de casting, je sais pas si elle va encore trouver du boulot dans sa vie.)

Pour comparaison, on va prendre un film totalement au hasard :



Personnage en CGI en 2000 dans Le Seigneur des Anneaux.




















Personnage en CGI douze ans plus tard dans Breaking Dawn.

(Fond vert ruleeeez! A dû crier à plein poumons l'équipe technique qui a commis cette monstruosité.)

(Sérieusement, les gars, on est en 2012 et vous pouvez pas vous payer la motion capture? Faut arrêter les conneries deux minutes, là.)

MAIS (et j’insiste sur ce point) , aussi difficile que ça puisse sembler à imaginer, les loups-garous ne sont pas les choses les plus moches dans ce film. 

(Ha putain la sale gueule que tu te payes, Grichka.)

Et d'ailleurs...


2) POURQUOI est-ce que Vladimir et Stefan (surnommés par mes soins Igor et Grichka une seconde et demie après leur entrée en scène) se tapent un faux accent russe de derrière les fagots (type "méchant de James Bond") alors qu'ils sont censés être Roumains?

- OK Noel, et là, tu dis "Chez nous en Russie, beaucoup argent et beaucoup femmes, oh oh oh, Vodka!"
- Mais... je dois prendre un accent russe alors que mon personnage est Roumain?
- Oh c'est bon, hein! Russe, Roumain, c'est kif-kif, ils parlent tous russe en Europe de l'Est de toute façon!
- Ben c'est-à-dire que...
- Bon, mec, t'es Canadien, de toute manière ça aura l'air faux, maintenant fais ce qu'on te dit!

(Encore une victime de la directrice de casting.)

(Et aussi, l'Amazone est Indienne, l'Égyptienne est Arménienne, l'Irlandaise est Canadienne (encore! Mais vous avez eu un prix de gros sur les acteurs secondaires, ou comment ça se passe?), et la Brésilienne est Mexicaine. Bienvenue sur les tournages Hollywoodiens.)


3) Je veux bien que Bella soit surnaturellement belle après sa transformation en vampire (ce qui n'est pas le cas de tout le monde *kof kofGrichka*), mais est-ce qu'on était obligés de lui mettre du maquillage outrageusement brillant pour la scène de combat? Ça fait pas super crédible :

- Aloooors, tout à l'heure je vais probablement mourir décapitée. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir mettre comme fard à paupières?
- Bella, faudrait y aller...
- Oh, deux secondes, Edward, j'ai pas fini de choisir mon rose à lèvres! Faut avoir le sens des priorités, un peu!




(En même temps, quand on va chasser en robe de soie...)



4) Je voudrais bien savoir ce qu'ils ont mis dans le café des accessoiristes, parce que je pense qu'ils se sont un peu trop enthousiasmés quand il était question de mettre en place les décors :

- Eh mec! Mec! 
- Quoi?
- Viens on met un objet trop con sur le plateau. On fait genre c'est un objet de décoration.
- Pffffrrrt, t'es con.
- Mais si, allez, ce sera fun! Et on le met bien dans le champ, pour que tout le monde puisse le voir!



(Ou alors, ils avaient perdu un pari. Je ne vois pas d'autre explication.)

(Oui, c'est une paire de ciseaux géante. Visible pendant un total de onze secondes. Ça te donne le temps de dire "What the fuck?" environ 5 fois.) 

Ce moment a un peu tué le moignon de crédibilité qui adhérait encore péniblement au film.

5) Je comprends volontiers que les fans de Twilight soient un peu neuneu, mais était-il vraiment nécessaire de finir le film sur ce dialogue :

- We have time.
- Forever.
- Forever.

PUIS d'enchaîner sur une image du livre à la dernière page disant "Forever", PUIS de surligner le mot "Forever", PUIS de traduire dans les sous-titres par "Forever = A jamais"?

(Nan, parce que, tu vois, je pense qu'ils ont compris le message, là, quand même.)

Pour finir, et afin que tu comprennes vraiment ce que j'ai enduré pour toi lecteur, je te laisse sur la dernière image du film :


(Tu noteras que personne ne brille malgré le soleil - au moins ils sont constants dans l'incohérence.)

Donc, maintenant que tu as vu ce que je me suis farci juste pour pondre un article pour ton amusement, je voudrais bien que tu récites devant ton ordinateur : "Je vous salue, Chacho, qui avez souffert pour nos péchés".

Ci-mer.

samedi 17 novembre 2012

Le compteur à points feuilleton du samedi matin.


Plus j'avance dans Downton Abbey et plus mon compteur à points feuilletons du samedi matin s'emballe.

(Oui, j'ai un compteur à points feuilletons du samedi matin. Je regarde VRAIMENT beaucoup de séries.)

Je t'explique la chose : 

Les feuilletons du samedi matin, t'es forcément tombé dessus dans ton enfance (sauf si t'étais un lève-tard). C'étaient les émissions pour mamie qui passaient sur France 2 avant 9h30 (glorieuse heure de lancement de DKTV), et je me les farcissais tout le temps parce que je voulais pas louper le début de DKTV (parce qu'ils ouvraient l'émission avec Chair de Poule).

(Et 15 ans plus tard, je peux toujours pas regarder un pantin sans frissonner de terreur, ah bravo les émissions jeunesse.)

Les feuilletons du samedi matin, c'était des daubes internationales genre "Amour, Gloire et Beauté" (avé le générique qui sent bon les années 80), "Des jours et des vies", "Les feux de l'amour", ou encore "Schwartzwaldklinik" (big up à tous les enfants avec des mamies germanophones).

Le successeur actuel et francophone (cocorico) des feuilletons du samedi matin serait "Plus belle la vie", pour te donner un exemple plus contemporain. 

(Attention : ce lien de Plus Belle la Vie peut provoquer des crises de fou rire nerveux.)

Ces feuilletons, si t'as eu la chance de jamais en voir, se caractérisent par les traits suivants :

- Mauvais acteurs
- Fringues et coupes de cheveux d'un goût douteux, même pour l'époque
- Décors en carton
- Over maquillage
- Histoires de gens très riches
- Beaucoup de rose et de violet (on sait pas pourquoi) 

Le but est de ressembler le plus possible à une jaquette de roman Harlequin.




(Et c'est gagnéééé!)

MAIS MAIS MAIS, ce qui caractérise surtout un feuilleton du samedi matin (hormis le fait que les pubs qui l'entourent soient pour des dentiers, des assurances-vie ou le chauffage au gaz naturel avec Pierre Bellemare - oh my god mais c'est le mec du télé-achat!), c'est son scénario abracadabrantesque.

(Fiou, il est chaud à écrire ce mot.)

Les feuilletons du samedi matin sont connus pour avoir des personnages secondaires à n'en plus finir, des intrigues à rallonge, et des coups de théâtre quasi constants et, surtout, ultra-prévisibles. Exemple :

- Et vous, Kimberley, voulez-vous prendre pour époux...
- JE M'Y OPPOSE!
*haaaaaan du public*
- Brian! Mais que fais-tu ici?
- Tu ne peux pas l'épouser, Kimberley!
*jeu d'acteur convaincant*
- Brian, je te l'ai déjà dit, c'est fini entre nous! Je pensais que tu allais l'accepter!
- Non, ce n'est pas ça, je...
*Mouvement de brushing, il tourne la tête, écartelé dans sa douleur*
- Kimberley...
*maintenant il la regarde dans les yeux, re-mouvement de brushing*
- Il faut que je te dise... hier soir, au bord de la jetée, j'ai parlé à Michelle.
- Michelle!
*là c'est le moment où on doit rappeler aux téléspectateurs de qui on parle*
- Mais je pensais qu'elle était morte noyée après l'accident de jet-ski avec Patrick!
- Non, elle a survécu, et elle m'a tout raconté... Kimberley... l'accident de jet-ski était un coup monté!
*haaaaan*
- Tout a été orchestré par... cet homme!
*pointe du doigt* (et ta mère elle t'a jamais appris la politesse, Brian?)
- Brad?
*incrédulité*
- Brad, dis-moi que ce n'est pas vrai!
*regard vide de Brad qui attend juste d'encaisser son chèque et de trouver un meilleur boulot*
- Kimberley, cet homme voulait faire disparaître les preuves pour qu'il puisse t'épouser! Il voulait faire disparaître Michelle parce qu'elle seule savait que....
*pause de 10 secondes au moins* (trop naturel)
- Brad est en réalité... ton frère jumeau!
*musique dramatique, force gros plans, mouvements de sourcils incrédules*

Tu penses que j'exagère? Trop pas. (Je te jure que j'ai jamais vu un seul mariage se dérouler jusqu'à la fin.)

Je te montre un exemple de la complexité des intrigues :



(Tu noteras la doubleuse féminine qui donne, mais alors, tout ce qu'elle a, et le doubleur masculin, alias "l'Homme le plus Blasé du Monde".)

Deux minutes, et on a entendu au moins 18 prénoms! Sérieusement? (En plus tu dois te taper Ridge et Ridge Junior, bonjour l'Efferalgan). Je pense que les gens qui suivent ces séries régulièrement doivent écrire des fiches prénoms pour s'y retrouver (avec les indications qui vont bien : "mort", "mort mais pourrait éventuellement revenir", "porté disparu, va revenir dans 3 saisons", "aveugle/paralysé soi-disant à vie, mais va guérir dans une saison", etc.).

Et donc, j'ai créé un compteur à feuilletons du samedi matin.

Je t'explique comment il fonctionne : plus une série que je regarde compte de "points feuilleton", plus elle entre dans la catégorie de mes séries "coupables". (Des séries que je regarde, mais en secret, parce que bonjour la honte quoi).

Par le passé, il y a eu Desperate Housewives (que j'ai quand même regardée jusqu'au bout) et Glee (que j'ai arrêtée parce que bon, à un moment, faut dire non, quoi) qui partageaient entre eux pas mal de points feuilletons.

Et maintenant, j'ai Downton Abbey, qui a récemment passé la barre des séries "coupables" au milieu de sa deuxième saison.

Les indices se sont annoncés assez rapidement, puisque je me suis très vite mise à disserter de la série avec mon chat (signe qui ne trompe pas) :

- Mary, elle peut dire ce qu'elle veut, nous on sait qu'elle est secrètement amoureuse de Matthew. Hein mon pépère? Oh oui ça c'est un bon pépère.

Et puis, quand tu te surprends à prononcer des phrases comme :

- Han! Mais Sybil ne peut pas tomber amoureuse de Branson! C'est un serviteur! Que va penser la famille?

C'est que vraiment, y'a plus de doute.

Autre signe distinctif : les personnages tellement méchants que t'as qu'une envie, c'est qu'ils meurent de manière lente et douloureuse. Chez moi, ça se traduit par des insultes dès qu'ils apparaissent à l'écran :

- Thomas, va porter le vin au comte.
- Trébuche dans l'escalier et crève la gueule ouverte, Thomas.




(En plus, ils lui ont fait une belle tête de connard.)

Ajoute à ça que j'ai pété l'échelle de mon compteur "EMBRASSE-LA!" (hurlé vers l'écran à peu près deux fois par épisode) avant la fin de la première saison, et tu comprendras que la série avait déjà presque basculé du côté obscur.

(Oui, j'aime bien crier "Embrasse-la!" à mon écran. Après, quand le mec embrasse la fille, je me dis que c'est un peu grâce à moi.)


(Pour les films d'horreur, j'ai aussi un compteur "DERRIÈRE TOI!", si ça t'intéresse.)


Mais, la poussée finale, celle qui a vraiment précipité Downton Abbey avec force et fracas derrière l'écran "coupable", c'était la combinaison de pas moins de QUATRE ressorts scénaristiques moisis en UN SEUL épisode.

Professeur Flaxou, qui jouait en ligne à mes côtés, en a d'ailleurs bien profité (et ses potes aussi, apparemment), puisque je m'exclamais à voix haute à chaque twist du scénario :

- Han! Patrick Crawley? Mais il était censé être MORT SUR LE TITANIC!
(1 point.)
- Han! Il a été sauvé du naufrage, mais il est devenu AMNÉSIQUE!
(Ça, ça compte pour au moins 5 points, tellement c'est cliché.)
- Alors il est parti à la guerre, et un éclat de shrapnel lui a fait RETROUVER LA MÉMOIRE SUBITEMENT!
(Sérieusement?)
- Mais il a été gravement blessé au visage, et il est maintenant MÉCONNAISSABLE!
(1 point.)
- Donc il est possible que ce soit en fait un IMPOSTEUR qui cherche à VOLER LA FORTUNE FAMILIALE!



Mais je continue quand même à regarder. Sauf que maintenant, je fais des paris avec mon chat :

- Les médecins disent que Matthew est paralysé, mais nous on sait qu'il retrouvera l'usage de ses jambes dans une saison ou deux, hein mon pépère? Oh oui!

Après mon chat il me regarde genre :



(Mais je suis sûre qu'il sera aussi content que moi quand ils décideront de tuer Thomas.)

jeudi 15 novembre 2012

Mon week-end sportif à Montpellier


Donc le week-end dernier j'étais à Montpellier pour la première fois de ma vie.

(Comment c'est trop la honte, je déménage en Nouvelle-Zélande et je connais même pas mon propre pays.)

J'y allais pas seulement pour bâtir ma culture générale auprès de mes futurs compatriotes (t'imagines comme j'aurais eu l'air fin en leur expliquant que j'étais Française, mais que je connaissais que l'Alsace, la Lorraine, La Franche-Comté et la Savoie.) (Et encore, même en Alsace, y'a des coins où je suis jamais allée. Genre le Sundgau.) (En même temps, QUI se rend dans le Sundgau de son plein gré, j'te le demande.) (Bref.)

Non, j'y allais aussi parce que ma super copine Manon, après des périgri péragri aventures palpitantes en Alsace, en Russie et au Canada, a décidé qu'elle en avait marre de se peler les miches toute la sainte journée, et a élu domicile dans le doux Sudeuh (avé l'accent), au milieu des pins, du soleil et des cigales (du moins je crois qu'il y en a, j'en ai pas entendu mais bon, le Sud quoi, Marcel Pagnol, tout ça).

(Manon aime les terres de contraste.)

Du coup, comme quand c'est pas elle qui bouge c'est moi, on arrive à se voir, cahin-caha, une fois tous les deux ans en moyenne. (Le reste du temps, on s'envoie des mails plein de désespoir à base de "Putain mon mémoire il avance pas viiiiite!" "Putain j'ai trop chauuuuud" "Putain j'ai trop froiiiiid", et caetera et tralala)

Donc je suis allée la voir à Montpellier avant de partir à tout jamais (peut-être, en tout cas à longtemps on va dire) en Nouvelle-Zélande.

Je suis sortie de la gare et c'était le dépaysement total : y'avait des terrasses de café en plein air (une rareté qu'on ne trouve en Alsace que de juillet à ... fin juillet) et des pins PARTOUT, c'était trop super.


(Enfin, pas le dépaysement TOTAL non plus, hein.)

Sauf qu'ensuite, le temps du Nord a décidé de me poursuivre, et il s'est mis à pleuvoir des trombes d'eau 5 minutes après que je sois sortie de la gare, pleine de bonnes intentions :

- J'ai deux heures à attendre avant mon rendez-vous avec Manon, je vais faire le tour du centre-ville!

M'étais-je dit avec la naïveté d'une touriste avant que la colère de Zeus s'ouvre au-dessus de ma tête.

- M'en fous, il peut bien pleuvoir, je suis Alsacienne j'ai l'habitude, je vais visiter cette charmante cité bordel de merde et c'est pas la pluie qui va me dire quoi faire, non mais ho!

Me suis-je dit avec aplomb en sentant les premières gouttes de la taille d'une bouche d'égout me tomber sur le coin de la gueule.

- Oh tiens un café, j'vais p'têt entrer prendre un p'tit chocolat chaud.

Me suis-je dit quatre minutes plus tard, trempée jusque dans la culotte.

Faut croire que les Montpelliérains ont plus de bon sens que moi, parce que le serveur m'a regardée comme si je débarquais de Mars quand je suis arrivée en gouttant partout sur son tapis, et quand je lui ai demandé un chocolat chaud, il m'a examinée des pieds à la tête, et il a déclaré doctement :

- Vous, il vous faut au moins un liégeois.

(C'était pas une suggestion. De toute façon, si ça en avait été une, j'aurais répondu pareil. Dire non à un liégeois, franchement, dans quel univers, j'te le demande.)

La pluie a continué comme ça jusqu'au lendemain, MAIS au moins j'avais la chance d'être réfugiée dans un café et pas en train de faire du VTT dans la montagne comme Manon, qui est arrivée à 17h plâtrée de boue de haut en bas et (elle aussi) mouillée jusqu'au sloup.


(On dirait qu'on a tué quelqu'un et qu'on l'a fourré dans le radiateur, mais en fait c'était juste Manon qui faisait sécher ses baskets.)

On a quand même passé une bonne soirée, même si on a dû aller faire les courses à deux sous un parapluie en slalomant entre les flaques de boue, les reflux d'égouts, et les vers de terre géants de un mètre de long.

(Ils ont des animaux bizarres, dans le Sud.)

 Le samedi, on a passé la journée à Sète.Y'avait des portraits de Brassens partout, j'en ai déduit qu'il avait vécu ici, à la grande indignation de Manon :

- Mais enfin! Tout le monde sait ça! T'as jamais entendu sa chanson pour être enterré sur la plage de Sète? Rhô!

(Dixit la meuf qui avait confondu Bono et Carlos.) (C'est un peu l'hôpital qui engueule la charité parce qu'elle connaît pas George Brassens.)

En tout cas on s'est bien marrées même s'il faisait pas très beau. J'ai vu la mer pour la première fois depuis 3 ans, j'ai mangé une tielle (c'est trop BON), on a escaladé une montagne de un million de degrés de pente, on s'est fait un ami chien qui nous a suivi sur 2 kilomètres, on a vu un écureuil mais il m'a pas laissé le prendre en photo (le bâtard), et on est allées jusque tout en haut du panorama pour voir ça :


(Ça valait trop le coup.)

On a aussi pu constater que les jeunes Sétois s'y connaissaient visiblement mieux en poésie emo qu'en grammaire :


Et j'ai trouvé une fontaine qui ferait fantasmer tous les fans de Hentai :


Et là tu te dis : Ouah, comment réussir à battre un tel degré de coolitude? 

Eh ben c'est possible mon petit coco! Parce que le lendemain, même pas le temps de faire la grasse mat' qu'on était déjà dans un bus pour (tsam tsam) Palavas-les-Flots!


(Avoue, ça vend du rêve.)

J'ai ramassé plein de coquillages et j'ai marché dans le sable (se sentir coupable), et ma journée n'a pas été gâchée par le fait que j'aie eu de l'eau de mer plein les baskets (je vois pas venir les vaguelettes), ni même par la réalisation terrible que les Dinosaurus sont en fait ni plus ni moins que des Pépitos en forme de dinosaures.


(Preuve à l'appui.)

(Enfin bon, c'est toujours délicieux.)

C'est dire si c'était une bonne journée.

Ensuite c'était même pas fini, puisque Manon avait prévu un vrai parcours du combattant : à peine dans le tram direction Montpellier, on est allées à Odysseum pour faire du patin à glace. 

(De la plage à la glace, je t'avais dit que Manon aimait le contraste.)

En bref, c'était un week-end de folie, j'ai fait que marcher (ou glisser, ça dépend du moment), discuter avec Manon, et prendre tout plein de jolies photos sous le soleil.


(La vie d'ma mère c'est pas photoshoppé.)

Je suis rentrée dans mon TGV lundi soir, la mort dans l'âme (d'autant plus que, quand tu sais qu'en Alsace, à ce moment-là, il fait 4 degrés avec du brouillard, ça n'aide pas).

Je te jure, si je rentre en France un jour, ce sera pour aller dans le Sud.


(En Novembre. En NOVEMBRE!)


PS : Si toi aussi t'as Gérard de Palmas en tête maintenant, tu as le droit de me détester.

dimanche 4 novembre 2012

Une histoire d'horreur (mais qui ne fera peur qu'aux doubles chromosomes X)


(Ah ouais, c'est clair que t'as trop besoin de faire un test de grossesse, là, maintenant.)


Je sais qu'Halloween est déjà passé, mais il fallait que je partage ma petite histoire d'horreur quand même.

(Et le jour d'Halloween j'étais trop occupée à voir des gens, et le 1er novembre j'étais trop occupée à glander en pyjama toute la journée (jour férié style) et puis ensuite c'est bon ça va j'ai pas besoin de me justifier d'avoir une vie OK?)

Or donc, voici ma petite histoire d'horreur. T'es prêt?

Il y a deux mois, j'ai oublié ma pilule.

(Je suis sûre que déjà là tu frissonnes.)

Chose qui ne m'arrive quasiment jamais, il faut le dire, puisque, en 7 ans, je l'ai oubliée trois fois seulement (et les deux autres fois, je me suis réveillée au milieu de la nuit en hurlant PUTAIN MA PILULE MERDE MERDE MERDE, donc en fait à chaque fois j'ai pu la reprendre cash et aucun souci).

Et là, c'était pas du tout comme ça. C'était complètement surréaliste. C'était moi, debout dans la salle de bains devant mon lavabo, en train de scruter ma plaquette et de me dire : "Mais... j'aurais juré qu'on était mardi!". 

Et j'ai eu comme un bug du cerveau, où pendant 15 minutes, j'ai accepté le fait qu'on était bien mardi, mais j'ai pas accepté le fait que j'avais oublié de prendre ma pilule du lundi, non non non. Il doit y avoir une explication logique et raisonnable, peut-être que je l'ai prise et que j'ai enlevé un autre comprimé d'une autre plaquette et que je l'ai mise à la place du lundi, t'en sais rien, peut-être que je fais du somnambulisme. Et ensuite j'aurais tellement bien refermé la petite languette en alu que ça aurait fait comme si j'avais jamais pris cette pilule du lundi, t'en sais rien, peut-être que je fais du maquettisme.

J'ai finalement dû me rendre à l'évidence que j'avais bien oublié ma pilule, et je suis allée faire le walk of shame du mercredi matin à la pharmacie en bas de chez moi :

- Bonjour! Je voudrais la pilule du lendemain.
- Pardon?
- La pilule du lendemain.
- Vous voulez la pilule du lendemain?
- Ouais oh c'est bon ça va hein!

Le pharmacien m'a filé ma pilule, je l'ai prise, j'étais contente et j'y ai plus jamais repensé.

Jusqu'à ma visite annuelle chez la gynéco d'il y a quelques semaines.

(Oh oui, tu sauras tout.)

- Et sinon, tout se passe bien avec la Cérazette?
- Oui oui, très bien. J'ai eu un oubli le mois dernier, mais j'ai pris la pilule du lendemain deux jours après, alors...
- Comment ça, deux jours après?

Moi, cool comme un concombre, je lui raconte mon histoire sur le ton de "ha ha quelle quiche je fais". Elle me regarde dans les yeux d'un air pas "ha ha" du tout, et elle me fait.

- Oui d'accord, bon dans ce cas-là je vous prescris aussi un test de grossesse.


Donc j'étais un peu genre :

- Non mais attendez non mais quoi? QUOI? 
- C'est juste par mesure de précaution, parce que, à ce stade, à l'examen, moi je ne peux encore rien voir.

Moi j'étais en mode "Non mais ma petite dame c'est très simple, tu peux rien voir parce qu'il n'y a RIEN A VOIR okay?"

Mais ensuite, elle a dit le truc le plus flippant du monde :

- Vous savez que, entre 24 et 72 heures après l'oubli de pilule, l'efficacité de la contraception d'urgence diminue de moitié?

Je savais pas.

(Sérieusement, QUI a le temps de lire les notices explicatives en entier? J'ai une vie moi! Y'a des gens sur Internet, y'a des updates sur Minecraft, je peux pas être partout hein!)

Du coup, je suis sortie de chez la gynéco, j'ai enfourché mon vélo, et j'ai pédalé mais comme jamais j'ai pédalé de ma vie jusqu'au labo le plus proche.

- Bonjour mademoiselle!
(De moitié.)
- Vous venez pour une analyse?
(De moitié!)
- Avez-vous une ordonnance de votre médecin traitant?
(DE MOITIE!)

Et on aurait dit que tous les gens dans l'univers s'étaient mis d'accord pour me foutre la trouille.

- Voilà, il me faudrait juste la date de vos dernières règles.
- J'en ai pas.
- Pardon?
- Je prends une pilule en continu, donc j'en ai pas.
- ... Ah. Bon. D'accord. Je vois. 

Et ensuite, elle a fait le son le plus terrifiant de l'histoire du monde.

Elle a fait :

- Hmmmmm.....

Donc moi forcément, j'étais en mode : Quoi hmmmm? Qui ça hmmmm? Pourquoi hmmmm?

Mais ensuite, elle a juste dit :

- Si vous voulez bien suivre ma collègue en salle de prélèvement.

Je me suis éloignée la mort dans l'âme, en voulant lui crier mais dis-moi! Dis-moi ce qu'il y a! PRÉPARATRICE DE LABO, QUEL EST TON SECRET? 

Ensuite la dame de la prise de sang a pris mon sang, elle essayait de faire des blaguounettes, j'étais trop dans l'humeur tu t'en doutes. Et puis mes petits tubes de sang étaient prêts, et j'ai enclenché le mode paranoïa :

- Les petites étiquettes là, c'est bien mon nom qu'il y a dessus? Je peux vérifier avant que vous les colliez?

(C'est moi ou ça fait trop bizarre de conjuguer "coller" au subjonctif?)

Ensuite, c'était pareil avec la dame de l'accueil :

- Les résultats, vous préférez qu'on vous les envoie par courrier ou par e-ma...
- E-MAIL!
- D'accord, il me faudra juste votre adresse.
- Alors c'est mon prénom et mon nom, tout attaché, tout en minuscules. Vous savez comment ça s'orthographie? Vous voulez que je vous l'épèle? 

Comme ça pendant environ 5 minutes.

- Vous avez bien tout attaché? Vous avez pas mis de majuscules? Vous avez bien mis .com, pas .fr? Vous êtes sûre? Je peux vérifier sur votre écran?

Et puis j'ai posé la question terrifiante, en essayant de faire genre j'étais relax : 

- Et sinon-an, les résultats... vous les aurez quand? Vous savez? Pas que ça presse hein, nan nan, chuis cool, j'suis relax, no big deal, je parle anglais, je suis une meuf branchée j'ai l'habitude hein.

(Ce n'était pas très concluant.)

Et puis la nana de l'accueil a pris une grande inspiration, et m'a donné la réponse LA PLUS LENTE DE L'UNIVERS :

- Alooooooors....



- Normalemeeeeennnnt.....












- Si tout se passe bieeennnnn.....



- Vous devriez les avoir d'iciiiiiiii.......


- 15 heures cet après-midi.

Autant te dire que les heures suivantes ont été passées à alterner des vieux épisodes de Big Bang Theory (dans les autres séries comiques, tout le monde tombe enceinte, laisse tomber la neige) et la page d'accueil de ma boîte mail (mon bouton "actualiser" a pris un sacré coup).

Et puis, à 14h45 (ils sont précis ces gens quand même) j'ai reçu un mail du labo. Je l'ai ouvert avec un clic fébrile, et là, ça me disait :

Voici les résultats de votre demande

Veuillez trouver le dossier en pièce jointe


Donc j'ai un peu maudit le laboratoire, ses occupants, et leur descendance jusqu'à la fin des temps.

J'ai ouvert la pièce jointe, Adobe m'a fait le coup de "an update is available", je lui ai crié PUTAIN ADOBE C'EST PAS LE MOMENT! J'ai ouvert la pièce jointe, et là, ça disait :


Non, mais franchement. FRANCHEMENT.

Est-ce que c'est trop demander d'avoir un papier qui dirait juste "Vous êtes enceinte, vous êtes pas enceinte"? Est-ce que les gens qui impriment les résultats d'analyse se disent :

- Han, mais si jamais elle veut pas juste savoir si elle est enceinte? Si jamais elle veut AUSSI connaître son taux de Beta HCG? Je peux quand même pas lui cacher cette information cruciale!

(Si. Je t'assure, tu peux. Tout le monde s'en fout.)

Du coup, j'ai passé encore dix minutes bien angoissantes à regarder le petit encadré en dessous qui t'expliquait comment lire le résultat. Seulement, les enculés, ils avaient marqué :


Bon, les gars. Il va falloir vous mettre d'accord. Soit vous écrivez inf., soit vous mettez le petit signe mathématique, mais vous faites pas les couillons avec les nerfs des gens comme ça!

Parce que là, je me suis quand même retrouvée à aller sur Yahoo Answers, le site des gens débiles, pour vérifier si, effectivement, < voulait bien dire "inférieur" et pas "supérieur".

Finalement (je précise au cas où t'es aussi nul en maths que moi) c'était bien "inférieur".


(J'aimerais dire que ça, c'était moi et Professeur Flaxou, mais en fait c'était juste moi.)

(Professeur Flaxou a commencé à parler de me faire des enfants au bout de 2 mois ensemble, parce que, je cite, "Je voulais pas en parler plus tôt pour pas te faire peur".)

Voilà, j'espère que cette histoire d'Halloween t'a bien effrayé.

(En tout cas, pour ma part, ce fut très efficace.)

A bientôt les p'tits loups!