dimanche 21 juillet 2013

La folle vie trépidante de mon utérus


En ce moment, mon corps et moi, on est fâchés.

Ça a commencé insidieusement, au moment où je me suis rendue compte que ça faisait 15 minutes que j'avais pas lu une page de mon bouquin, parce que j'arrivais pas à détacher mon regard d'un petit bébé trop mignon dans le bus.


Là, je me suis dit : qu'est-ce qui m'arrive? Avant, je regardais jamais vraiment les bébés. J'veux dire, j'ai toujours trouvé ça mignon vite fait, mais j'ai jamais été une fan des couches sales et des bulles de salive. 


Je sais depuis plusieurs années que je voudrais avoir des enfants un jour, mais ça a toujours été ça : UN JOUR. Comme dans "un jour j'apprendrai le Chinois" : dans un futur lointain, si j'ai de la thune, si j'ai rien de mieux à faire.


Seulement, ça c'était quand je pensais seulement avec mon cerveau.


Maintenant, il semblerait qu'un autre organe se soit octroyé un rôle pensant : mon utérus.


C'est le grand problème de la femme moderne : j'ai un boulot, j'ai fait des études, la médecine moderne fait des miracles, et j'ai vraisemblablement une espérance de vie assez longue (bon c'est vrai qu'on a des problèmes de vésicule biliaire dans la famille, et puis c'est vrai que je dois conduire à gauche dans ce pays et les statistiques ne sont pas vraiment en ma faveur, mais enfin voilà quoi). 


Donc c'est cool. J'ai 24 ans, je commence tout juste à vivre une vie active, j'ai pas besoin de me presser pour avoir des enfants. Je peux encore profiter de mon insouciance et de ma jeunesse et dépenser tout mon argent en bouquins, en chips et en Converse Batman.

Oui oui, c'est bien beau tout ça.


Seulement mon utérus, il est pas si évolué que ça.


Mon utérus, il est resté à l'époque où on te mariait dès tes premières règles et où tu crevais d'un hernie à 30 ans. Du coup, là, il commence un peu à flipper que j'aie pas encore transmis mes gènes dans ce vaste monde. 


(Ça l'emmerde, toutes ces générations de sélection naturelle pour que finalement, je lui dise merde et je transmette même pas mon ADN de winner!) 

(Après, c'est vrai que je fais un mètre cinquante-sept, MAIS j'ai les dents naturellement droites. Faire éviter l'appareil dentaire à mes enfants, si ça c'est pas un bagage de winner, je sais pas ce qu'il te faut.)


Et j'ai beau essayer d'expliquer à mon utérus que les choses ont changé et que je ne pense pas mourir dans les 5 prochaines années (sauf si je retourne en France et qu'on me demande de circuler sur un rond-point), je crois qu'il ne m'entend pas. 


Du coup, mon corps et moi, on est fâchés.


Parce que maintenant, à la simple vue d'un petit enfant, c'est toute une bataille interne qui s'opère en moi. 


- Ooooooooh!

- Nan, je t'écoute pas.
- Mais regaaaaaarde!
- C'est bon, je l'ai vu.
- Mais regaaaarde le bébéééééé!
- Non, tais-toi, je veux lire mon bouquin.
- Bééééééééé....
- Ta gueule.
- Bééééééééééééé!
- TA GUEULE !




(Illustration de moi dans le bus.)

Le pire, c'est que c'est pas la seule chose qu'il me dit.


- Regarde ce bébé. T'as vu comme il est mignon? 
- Ouais, ouais.
- Tu pourrais l'embarquer, tu sais. 
- ...
- Vas-y! Sa mère tourne la tête, vas-y, chope le et cours!
- Mais ça va pas bien?
- Il sera plus heureux avec toi, je le sens! Donne-lui une chance!

Et dernièrement, comme il a vu que la séduction ne marchait pas, il s'est mis à essayer l'approche pratique. Du coup, à chaque fois que je croise un bébé, mon utérus me ressort mes cours de SVT du lycée :


- Tu vois ce bébé? Eh ben si t'attends encore, t'en auras jamais.
- Je t'écoute pas.
- T'es au courant que ton taux de fertilité a déjà décru de moitié au cours des 10 dernières années?


- Chaque minute que tu passes sans tomber enceinte, c'est une minute de plus vers ta vie de vieille femme aux chats.



- Ecoute-moi. Tu entends cette horloge biologique? Elle compte le temps qu'il te reste avant qu'il ne soit trop tard.



- Tic....tac....tic....tac.

Donc là, ça ne va plus.


A chaque fois, mon cerveau gagne la bataille, mais je sens bien qu'il se fatigue. A chaque nouveaux grands yeux et grosses joues, il perd du terrain.
Et ça me fait peur.

Du coup, je me demande : qu'est-ce qui va se passer quand mon cerveau sera fatigué de se battre? Qu'est-ce qui se passera quand mon utérus prendra le contrôle de mon corps? 

Est-ce que je vais faire exprès d'oublier ma pilule? Est-ce que je vais me mettre à tricoter des layettes? Est-ce qu'on va me retrouver dans les couloirs de l'hôpital, en train de rôder autour des nouveaux-nés sans surveillance?

L'ennemi frappe à ma porte.


Et j'ai peur.


(L'autre jour, j'ai surpris mon cerveau à penser à des prénoms en loucedé.)


(La contamination est en marche.)

Je te laisse sur un GIF mignon :





(Super. Maintenant je veux un bébé ET un chiot.)

mercredi 17 juillet 2013

La peinture à l'huile c'est bien difficile (mais ça fait bien moins mal que les balles de paintball)


Et donc, mon patron super cool a décidé que ce serait une bonne idée de jouer au paintball tous ensemble.

(Après nous avoir fait courir contre des zombies, il nous fait se tirer dessus. Peut-être qu'en fait il veut juste nous tuer et qu'il cherche un bon alibi.)

C'est comme ça qu'on s'est retrouvés, Professeur Flaxou, mes collègues et moi, au milieu de Woodhill Forest (au Nord d'Auckland), par un petit matin frais d'hiver. J'étais vachement impatiente parce que j'ai jamais joué au paintball de ma vie mais que dans Big Bang Theory ça avait l'air super cool.

Par contre, quand on m'a mis devant les yeux un formulaire qui disait "Delta Force n'est pas responsable d'accidents ou de morts accidentelles" et plus bas "nous ne pouvons pas garantir de moyen de transport vers l’hôpital en cas de blessure grave" et qu'on m'a dit de signer comme quoi j'étais parfaitement d'accord avec tout ça, j'étais un peu moins impatiente.

(J'ai quand même signé, mais j'ai un peu maugréé "t'façon je m'en fous j'ai des amis Américains, tu peux être sûr que si je meurs, ils vont te coller un procès au cul, mon p'tit Billy".)

Après, ils nous ont donné notre équipement. Y'avait un espèce de gilet pare-balles (mais en mousse, pas en kevlar) (DÉCEPTION). Y'avait aussi une combinaison intégrale couleur camouflage délavé du plus bel effet, surtout que, déjà qu'une combinaison intégrale c'est le parangon de la sexytude tu t'en doutes, ils avaient plus de taille enfant. Donc j'ai dû me trimballer dans une combinaison où l'entrejambe me descendait aux genoux (on aurait dit que je portais une espèce de couche géante, génial).

En plus, comble de la te-hon, les employés du paintball ont dû me scotcher le pantalon aux chevilles pour pas que je trébuche sur moi-même et que je m'empale sur une branche d'arbre.

(Si, c'est possible.)

(T'as pas vu Destination Finale ou quoi? TOUT est possible.)

Pour compléter ce charmant attirail, on a aussi eu droit à un casque intégral qui sentait la vieille sueur rance et j'ai vite compris pourquoi, vu que ça tenait plus du hammam portatif que de la protection crânienne.

En plus, avec les règles de sécurité, on avait pas le droit d'enlever le casque une fois sur le terrain (même quand on était éliminé du jeu et qu'on était dans la zone de respawn). Donc j'ai dû me cogner ce casque à la con toute la journée! Il faisait chaud, je suais comme une ouf, et en plus j'avais de la buée constamment sur ma visière et je pouvais pas l'essuyer (parce que bon, j'ai l'habitude de ce problème, c'est la même chose au ski, mais au moins, au ski, tu peux enlever ton masque et l'essuyer avec de la neige!) (vis ma vie de riche).

Donc je suis partie jouer en râlant comme une bonne petite Française.

Jusqu'à la troisième minute de jeu, où j'ai sorti ma tête de derrière un sapin pour voir ce qu'il se passait et où je me suis fait vicieusement headshot par un sniper qui était, genre, à 10 mètres de moi! 

(Comment il a fait? C'est les flingues les moins précis du monde!)

Après ça, je te jure, je me suis plus jamais plaint du masque.

Sauf la fois où je me suis fait headshot à nouveau et où je me suis mangé de la peinture plein la bouche, et laisse-moi te dire que c'est vraiment dégueulasse. (Pourquoi personne ne finance des balles de peinture goût framboise? Elles coûtent déjà une blinde de toute façon, ça changerait pas grand-chose.)

(En plus comme c'était dégueulasse et vaguement toxique, j'ai eu le réflexe de cracher la peinture, mais du coup j'ai craché dans mon casque et c'était encore plus dégueulasse!)

(Ma vie est atroce.)

Sinon, c'était cool comme journée. Professeur Flaxou a fini couvert de bleus, ce qui était un peu de sa faute parce qu'il se fait des fois des trips à la Leeroy Jenkins, mais aussi un peu de la faute de mon collègue informaticien qui lui a tiré dans le dos à bout portant.

(C'est le même collègue qui m'avait draguée quand j'ai commencé à bosser, avant que je lui dise "T'es bien mignon mais je suis mariée, et puis de toute façon tu fais que parler de protéines et tu passes ton temps à faire de la muscu, laisse tomber la neige toi et moi c'était voué à l'échec" (bon, pas en ces termes exacts) et du coup je me demande si c'était pas un peu une revanche mesquine.)

(Bon, c'est surtout que j'aime bien m'imaginer ça parce que j'ai toujours été trop jalouse de Bridget Jones quand les deux mecs se battent pour elle, alors que personne s'est jamais battu pour moi (et pourtant je suis rigolote et rondouillarde et je tiens aussi un genre de journal intime, alors quoi?))

Sinon, j'en ai profité pour développer ma stratégie personnelle de paintball : tirer en l'air, ramper dans les fougères, et me cacher derrière les arbres en attendant que la partie soit finie. 


(Illustration de ma stratégie au paintball.)

(La variante de cette stratégie était : me cacher derrière un poteau et tirer sur les arbres parce que ça fait des taches de peinture et c'est rigolo.)

Oui, je sais, c'est une stratégie de mauviette. Mais il était super lourd ce flingue de paintball, je pouvais pas courir avec!

(Le jour où les zombies débarquent, je vais mourir dans les dix premières minutes.)

Mais sinon, c'était fun. 

(J'ai dépensé la moitié d'une semaine de salaire pour de la putain de peinture à l'eau, mais je me sens pas trop arnaquée, ça va.)

(De toute façon, manger de la viande, c'est surfait.)

lundi 15 juillet 2013

Man of Steel (man indeed)


(La seule explication possible à la raison pour laquelle Superman pensait que son déguisement allait marcher.)

Récemment, je suis allée au cinéma pour voir le dernier Superman.

J'ai pas tout à fait regretté d'avoir payé 20 dollars pour le voir, mais presque.

Déjà parce que les 50 dernières minutes de film, c'était uniquement des plans de Superman en train de fracasser des immeubles, et les scènes d'action à rallonge, je suis pas fan.

(En plus j'veux pas dire, mais les gens qui acclament Superman à la fin en disant "ouah merci Superman tu as sauvé la ville!", ils ont oublié les centaines de gratte-ciel démolis pendant les heures de bureau, et donc probablement les milliers de cadavres ensevelis sous les décombres?)

(Au moins, Batman, il a la décence de travailler la nuit.)

Donc j'étais pas fan des scènes d'action, et j'ai pas trop aimé l'intrigue non plus, étant donné le que scénario tenait pas vraiment debout, mention spéciale à Kevin Costner, qui joue le père le plus con du monde.

(Le pauvre, il devait vraiment avoir besoin de thunes pour accepter ce rôle.)

Sérieusement, je te donne la situation initiale, tu jugeras pas toi-même :

- Oh non, une tornade! Allons tous nous mettre à couvert!
- Ha non, chéri! J'ai oublié le chien dans la voiture!

Que va décider le père de Superman face à cette situation?

1. "OK, Clark, toi qui as des super-pouvoirs, va discrètement sauver le chien. De toute façon tu seras au milieu d'une tornade, à peine visible, et on a trois pékins comme témoins potentiels, personne ne les croira jamais, on est tranquilles."
2. "Non, Clark, il ne faut à aucun prix risquer de compromettre ta couverture! Tant pis, on laisse crever le chien, c'est un peu triste mais faut pas déconner, c'est qu'un clébard après tout."
3. "Ne sois pas stupide chérie! Quand on a tous quitté la voiture, j'ai pensé à laisser sortir le chien, vu que je ne suis PAS con comme un balai."
4. "Ha nan, le chien! Bon, je vais courir au milieu de la tornade pour le faire sortir de la voiture, puis je vais rester planté là comme une courgette et me laisser crever au lieu de ne serait-ce qu'au moins essayer de courir me mettre à l'abri."

Non mais franchement, qui m'a pondu un crétin pareil.

(J'ai cherché pour voir si, sur la pierre tombale, il y avait écrit : "Ci-gît Monsieur Kent, mari aimant, père dévoué, accessoirement aussi l'homme le plus con du monde", mais non. Déception.)

Donc, résumons : J'ai pas aimé les scènes d'action, j'ai pas aimé l'intrigue, j'ai pas aimé le scénario.

La seule raison pour laquelle je suis somme toute assez contente d'avoir dépensé 20 dollars, la seule raison, c'est lui :




Henry Cavill.

(Dont j'étais déjà tombé follement amoureuse dans Les Tudors, fallait bien ça pour me taper 3 saisons de cette série abyssalement chiante.)

Henry Cavill est la perfection incarnée. Son visage a été modelé par des anges, et son corps je t'en parle même pas parce que rien que sur cette photo tu peux voir ses pectoraux à travers son T-Shirt.



Je l'aime. Je veux l'épouser et lui faire des enfants. Je veux passer la main dans ses cheveux. Je veux mettre mon petit doigt dans la fossette de son menton.

Mais c'est pas de ma faute, ce salaud de Zack Snyder a bien cerné son public.

En effet, "Man of Steel" est rempli jusqu'à ras bord de scènes complètement inutiles, mais qui sont juste des énormes excuses pour se faire tortiller les filles (et les garçons, ne soyons pas sexistes) sur leur siège de cinéma.

Du genre, dans une scène, Superman sauve des marins sur une plate-forme pétrolière, torse nu. OK, pourquoi pas, c'est un choix stylistique.

Mais est-ce que tu veux vraiment me faire croire que la scène où on voit Superman sortir de l'eau et piquer une chemise qui sèche sur un fil, elle sert à quelque chose? Est-ce qu'on n'aurait vraiment pas pu faire avancer l'intrigue sans montrer Henry Cavill mouillé et à moitié à poil?



(Nan mais c'est bon, j'ai rien dit.)



(Faudra quand même qu'on m'explique pourquoi je fantasme toujours sur des gars sales et barbus, alors que dès que Professeur Flaxou sent un peu la sueur ou oublie de se raser, je le renvoie à la salle de bains manu militari.)

(Le cœur a ses raisons que la raison ignore.)

J'ai tenu deux jours à me dire "Chacho enfin t'es une adulte, sois raisonnable bon sang de bonsoir!". Et puis j'ai mis sa photo en fond d'écran.

(Bonjour, j'ai 15 ans.)

(Je m'en fous. Maintenant, le matin, j'allume mon pc et j'ouvre même pas internet. Je regarde juste mon écran.)

En plus, je suis contente, puisque ma traditionnelle recherche de petite stalkeuse sur Internet m'a révélé qu'il avait seulement 30 ans! 30 ans! Mais c'est parfait! C'est pas trop vieux! On peut tout à fait se marier, vivre heureux, et mourir ensemble d'un âge avancé après une vie passée dans le champagne et la luxure.

(C'est bon, me juge pas. Je peux plus fantasmer sur Robb Stark, faut bien que je me rattrape.)

Mais je tiens quand même à préciser que je ne suis apparemment pas la seule personne à kiffer le nouveau Superman, puisque quand j'ai cherché Henry Cavill sur google search, je me suis instantanément vu proposer  ça :



(Ou comment briser les rêves des jeunes filles.)

Encore mieux, mate un peu les suggestions de Google images quand je recherche "man of steel" :



(Ha Google, tu sais parler aux femmes.)

PS : En exclusivité mondiale, la réaction de Professeur Flaxou à ma nouvelle obsession :

- T'as dit qu'il jouait dans quoi, avant?
- Les Tudors.
- C'est bien?
- Nan, pas vraiment. L'intrigue avance pas vite, du coup, c'est quasiment que des scènes de cul interminables, juste pour garder des téléspectateurs accrochés.
- Ah? Je vais la télécharger.
- ...
- Juste pour me faire ma propre idée.

(Du coup, tout le monde est content.)

vendredi 5 juillet 2013

Vis ma vie de fausse toxico.

Et donc, en ce moment, je suis en train de renouveler mon visa.


(Oui, je sais, mais le retour en France c'est pas pour tout de suite. Pleure pas, petite sirène.)

Et pour ça, je dois remplir plein de papiers, emmerder mes amis pour qu'ils témoignent que j'existe vraiment et que je vis vraiment en Nouvelle-Zélande, et emmerder mon patron pour qu'il remplisse plein de papiers aussi (des trucs pour dire "si si je la connais, elle bosse chez nous, non mais vraiment j'vous jure c'est pas des bobards").

D'ailleurs, il paraît que, des fois, les gens de l'immigration peuvent même débarquer comme ça à l'improviste à ton bureau. Histoire de voir si je bosse vraiment, des fois que mon patron et moi, on fasse tous les deux partie du crime organisé (après tout, il est Russe, ça se comprend).

(Enfin, s'ils débarquent comme ça à mon boulot, ils vont bien rigoler les fonctionnaires, moi je bosse de nuit.)

Et en plus de tous ces papiers, je dois aussi passer un examen médical complet.

C'est donc le cœur rempli d'allégresse tu t'en doutes que je suis allée à mon rendez-vous de lundi matin. Ma première visite chez le médecin depuis que je suis ici! (Ce climat me réussit.)

La visite médicale pour l'immigration, c'est comme une visite médicale normale, sauf que chaque personne que tu vois te demande ton passeport (vous pouvez pas le photocopier une fois pour toute, les gars? Ou, je sais pas moi, vous passer le mot?). Sinon c'est tout pareil.

J'étais chez une dame qui a pris ma tension et a vérifié si je savais lire la toute petite ligne de texte avec exprès des lettres traîtres (va faire la différence entre un H et un N quand t'es à un kilomètre de l'affiche, toi). Elle m'a aussi fait monter sur la balance, même si je trouve que c'était pas très fair-play de sa part.

- Enlevez vos chaussures et montez sur la balance, s'il vous plaît.
- Hein? Juste les chaussures? Mais c'est pas du jeu!

Madame le médecin, je te mets au jus si jamais t'es pas au courant, mais chez les mous du bide, on a certaines règles regardant la balance : c'est-à-dire qu'on se pèse à poil, et le matin, avant d'avoir mangé. Comme ça on enlève le plus de poids parasite possible et on a un tout petit peu moins envie de pleurer quand on lit le chiffre fatidique.

(Des fois même je fais pipi alors que j'ai même pas envie, juste pour enlever encore un peu de masse.)

Donc, je tiens à dire à la madame médecin : j'avais au moins un kilo de fringues sur moi, et en plus je venais de manger et en dessert j'avais pris un cookie (si j'avais su!) donc steuplaît ne me juge pas, ci-mer.

Et puis, en vrac, j'ai aussi passé un examen où on a regardé mes yeux, mes oreilles, ma bouche et même mes trous de nez (POURQUOI?), une radio des poumons des fois que j'aurais la tuberculose et que je l'aurais embarquée clandestinement (genre je viens d'un pays qui a la couverture maladie universelle, mais je veux me faire soigner ici, NORMAL), et une prise de sang qui a été prise avec les pieds.

Ou alors c'est que l'infirmière c'était son premier jour, je sais pas trop.

(WARNING : si tu es phobique des aiguilles, saute quelques paragraphes.)


Parce qu'elle a passé dix minutes à me poker les veines du bras droit (celui que je donne aux dons du sang parce qu'il a la bonne veine bien bleue qui dépasse et tout) avant de me piquer (non sans avoir précédemment dit "vous pouvez tourner la tête si vous voulez", nan mais tu sais pas à qui tu t'adresses ma petite madame je suis une warrior).

Et là, je te jure que j'aurais bien aimé avoir détourné la tête, parce qu'en 7 ans de dons du sang j'avais encore jamais vu ça :

La meuf a planté l'aiguille dans mon bras. Mais y'a pas de sang qui est sorti!

(Elle avait raté la veine, cette pignouf. Y'a une grosse ligne bleue au milieu de mon bras, et elle avait piqué pile à côté, dis donc!)

Du coup, elle a sorti l'aiguille à moitié. Puis elle a commencé à touiller à l'intérieur de mon bras avec le reste de l'aiguille pour trouver ma veine!

(Là, j'avoue, warrior que je suis, je me sentais un peu chelou.)

Finalement, au bout de quelques secondes de cache-cache la veine, elle a sorti l'aiguille (toute propre et tout! Mais on a pas de sang dans le corps en dehors des veines, ou quoi?), elle m'a regardé d'un air peiné, et elle a dit :

- Bon, je... vais essayer l'autre bras, hein.

Finalement, ça a marché sur l'autre bras, youpi youplà. (Sauf que maintenant je me trimballe des cicatrices de junkie sur les deux avant-bras, ah ça va aider pour mon évaluation avec le département de l'Immigration, tiens.)

Mais j'en veux pas à l'infirmière, je crois qu'elle était débutante (après tout faut bien commencer quelque part et autant que ça soit avec moi). Parce qu'après la piqûre, je lui ai dit :

- Je peux avoir un verre d'eau?

Et elle m'a regardé avec un air de panique intense en disant :

- Vous vous sentez mal?
- Non non, j'ai juste un peu soif.
- Vous êtes sûre? Vous avez pas la tête qui tourne?
- Non, juste soif.

(En fait j'ai pas osé lui dire, mais on m'avait demandé de faire pipi dans un flacon juste avant, et je m'étais pas réhydratée.)

Elle a quitté la pièce à reculons en disant :

- Je vais chercher de l'eau. Bougez pas! Je reviens tout de suite. Bougez pas! Restez assise et levez les bras!
- Et quoi, je fais tourner les serviettes aussi?

C'est bon Gertrude, je voulais juste un verre d'eau.

Sinon, j'ai encore une fois été choquée par la pudeur de ce pays, vu qu'aucun des quatre médecins différents que j'ai vus ne m'a demandé d'enlever mes habits (alors qu'en France, c'est un peu la fête du slip, faut te foutre à oil-pé pour un oui pour un non).

Par exemple, le docteur qui a écouté mon cœur et mes poumons (en collant son stéthoscope glacé dans mon dos, y'a des choses qui ne changent pas), il m'a pas demandé d'enlever mon pull. Par contre, il m'a demandé de me mettre pieds nus.

(T'as des fantasmes bizarres, Gérard.)

Et puis il m'a dit de m'allonger sur le dos, et là il a chopé une espèce de petit bâton et il a commencé à me pouêter la plante des pieds avec. Donc évidemment, RIDICULE GÉNÉRAL :

- Just say "yes" if you can feel it when I touch you.
- Yestihihihihi IT TICKLES! Houhou! Hou! Nan mais stop, je vais me faire pipi dessus, en plus j'ai bu un verre d'eau tout à l'heure, ça m'a rechargée!

(Bon, mais au moins j'étais pas à poil.)

D'ailleurs, même pour ma radio des poumons j'ai pas eu à tomber la chemise. En rentrant, la radiologue m'a juste dit :

- Passez derrière le rideau et enlevez votre soutien-gorge, puis vous pouvez remettre votre pull par-dessus.

Même ils avaient un rideau pour se désaper, et tout!

(Chez ma gynéco je devais me mettre les fesses à l'air au milieu de son bureau, apprécie l'étendue du changement.)

J'ai quand même eu un petit moment d'angoisse quand la radiologue m'a demandé de derrière le rideau :

- Parce que c'est une radio, je dois vous demander : est-ce qu'il y a une possibilité que vous soyez enceinte?

La question qui te fait bien flipper ta mère.

(Bien sûr qu'il y a une possibilité que je sois enceinte. S'il y a une chose que les reportages de France 2 sur les dénis de grossesse m'ont appris, c'est qu'aussi longtemps que je vivrai, il y aura TOUJOURS une possibilité que je sois enceinte.)

(Vis ma vie de paranoïaque.)


Donc j'ai répondu :

- Bah euh non pas que je sache, ha ha! Enfin j'veux dire je prends la pilule donc voilà.
- Ah oui, pas de problème donc. Vous pouvez passer devant la machine.

N'empêche que j'ai passé tout le temps de la radio à me dire :

"Putain je suis en train de me faire bombarder de radiations et si ça se trouve je suis enceinte quand même à cause des 0.1% des filles qui tombent enceinte avec la pilule et si ça se trouve je suis en train de déformer mon bébé il va naître avec trois bras et deux têtes oh putain oh putain et si ça se trouve je fais un déni de grossesse et je suis déjà enceinte de quatre mois, ça expliquerait pourquoi j'ai tellement de bide ces derniers temps ça peut pas être que les Mac Dos quand même, oh putain et du coup je pourrais même pas avorter de mon bébé difforme à cause des rayons X, oh putain putain"


(Mais sinon ça va, je suis une jeune femme équilibrée.)

Mais la bonne nouvelle, c'est que j'ai passé haut la main tous les tests médicaux, et que du coup, si le département de l'immigration tient vraiment à me jeter dehors, il faudra qu'il aille fouiller ailleurs que dans ma santé de fer.

Donc a priori, je suis partie pour rester en Nouvelle-Zélande encore un petit moment.


(Nan mais t'inquiète, c'est bon, je rentrerai pour Noël.)