mercredi 8 décembre 2010

Moi j'aime bien le chocolat-la-la

 (C'est l'image qu'il y a sur les pains d'épice!)

En l'honneur de la Saint-Nicolas (qui était lundi mais j'avais un exposé) et en l'honneur de ma crise de foie imminente (putain, c'est bon les traditions) j'ai décidé de vous raconter la légende de notre bon Saint Nicolas. C'est une histoire qui s'adresse surtout aux gens de l'intérieur (comme on dit chez moi), parce que cette légende, tous les gens de l'Est de la France et de Navarre la connaissent, vu qu'on leur raconte depuis la maternelle. (Ce qui, vous allez le voir, n'est pas traumatisant du tout.)


Il était une fois des enfants perdus dans les bois.


(Non mais sérieux, bonjour l'originalité. Et puis personnellement, j'ai plutôt tendance à me perdre sur les parkings de supermarché qu'au milieu des bois, mais bon, chacun son truc.)

Donc les trois petits enfants sont perdus. 

Y'en a trois cette fois-ci, c'était la note d'originalité des scénaristes. Ça doit être les mêmes que ceux de Desperate Housewives.

- Bon les stagiaires, c'est le moment de nous montrer des idées intéressantes. Il commence à emmerder le monde le Karl, serait peut-être temps de le tuer, vous pensez pas? Ça fera jamais que le deuxième de la saison.
- Bon comment on se fait ça? La voiture, c'est fait. Deux fois.
- Une tornade?
- Déjà fait aussi.
- Et si un avion s'écrasait sur Wisteria Lane?
- Toi, t'es engagé!

(Non mais sérieux, un avion, quoi. A ce stade, c'est plus Wisteria Lane, c'est le Triangle des Bermudes. Pour cette saison, je prédis une avalanche.)

Revenons à nos petits enfants grelottant dans le froid et la nuit. (Ben oui, entre-temps la nuit est tombée. Ça tombe vite aux Bermudes.)

Ils errent, ils errent, et puis soudain, ils voient une lumière au loin dans la forêt.

Quiz : Dans quel conte la personne habitant dans la cabane au fond des bois s'est-elle révélé être un gentil garde forestier qui a donné aux enfants des tartines de miel avant de les ramener chez leurs parents dans sa Jeep Cherokee? (La réponse à la fin de l'article.)

Cette fois-ci, allez, on fait un peu dans l'originalité : ni ogre ni sorcière dans la cabane du fond des bois (ni Francis Cabrel, ça par contre c'est un peu bizarre) mais juste un bon vieux boucher.

Le boucher était un peu désespéré, parce que c'était une année particulièrement mauvaise et que la viande manquait. (Et sinon, ça n'a rien à voir avec le fait que tu habites au milieu des bois, et pas, je sais pas moi, sur la place du marché, comme les bouchers normaux?) Du coup, en voyant sonner à sa porte les trois enfants, il s'est dit : "Chouette alors! Je vais les prendre en otage, et avec la rançon des parents, je pourrai me sortir de la misère!"

Non, je rigole. C'eût été trop facile.

A la place, il se dit plutôt : "Chouette alors ! Je vais les couper en morceaux et les vendre, et je pourrai me sortir de la misère!". 

 (Il avait fait un stage en Corée du Nord ou quoi?)

Alors il fait entrer les enfants, et hop hop, il les coupe en morceaux, et il les met dans le saloir.

(A ce stade, je tiens à rappeler que c'était une histoire qu'on nous racontait en MATERNELLE. Et y'avait pas de CSA qui tienne, c'était avec les morceaux d'enfants et tout!)

Sept ans plus tard, Saint Nicolas vient à passer par la forêt.

(Il prend son temps, le bougre.)

Il sonne chez le boucher, qui lui fait maintes courbettes parce que c'est un saint quand même, alors faut pas rigoler avec lui. Et puis toi tu voudrais rigoler avec un mec comme ça?


(Bon, j'avoue que ce chapeau est assez hilarant. Je suis sûre qu'il a même pas réussi à passer la porte avec.)

Alors Saint Nicolas s'installe, il se met devant le poêle, pas gêné, et le boucher, tout dégoulinant d'obséquiosité crasse, lui demande :

- Voulez-vous un morceau de jambon ?
- Je n’en veux pas, il n’est pas bon!
- Peut-être une tranche de veau ?
- Je n'en veux pas, il n’est pas beau ! 

(Note la richesse des rimes.) 

A ce moment, Saint Nicolas étend son doigt d'un air menaçant, et gronde d'une voix terrible :

- Du petit salé, je veux avoir, qui est depuis sept ans dans ton saloir !

(Tu noteras que ça fait sept ans et que le boucher n'a toujours pas réussi à fourguer sa viande.)

(Tu noteras aussi que Saint Nicolas était au courant depuis le début, et pourtant Dieu sait qu'il s'est pas pressé pour venir.)

Saint Nicolas se dirige vers le saloir, l'ouvre, rassemble les morceaux des petits enfants (façon puzzle) et étend trois doigts sur les petits corps salés. Et les enfants ressuscitent! Ils s'étirent et baîllent, et ils disent :

- J'ai bien dormi!
- Et moi aussi!
- Je me croyais au paradis!

(Ça a l'air cool d'être mort, en fait.)

(Par contre, aucune mention du moment où ils se sont fait couper en morceaux, et qui a dû quand même piquer un peu. Non non, direct ils passent de vivants à tranchés et salés, mais ils ont rien senti, c'est comme des vers de terre.) (La métaphore c'est parce que j'ai grandi dans la forêt et que quand on était petits y'avait pas grand-chose à faire pour s'amuser dans le coin, alors des fois avec mon cousin on découpait des vers de terre. Mais ça avait pas l'air de les gêner plus que ça.)

Ensuite le boucher flippe un peu sa race, parce que si Saint Nicolas sait ressusciter les morts, ça doit pas être bien compliqué d'occire un gredin ou deux. Alors il supplie Saint Nicolas à genoux (comme le pleutre qu'il est) de lui laisser la vie sauve. Saint Nicolas accepte, mais, en punition, le boucher devient son serviteur, et son rôle est de fouetter les petits enfants méchants. On l'appelle alors le Père Fouettard.

Depuis ce jour, chez les allemands, les alsaciens, et les lorrains (tous les gens bien, en fait), le 5 décembre au soir, les enfants mettent une carotte ou un navet sur le pas de leur porte (pour l'âne hein, pas pour Saint Nicolas. Il est un peu difficile en matière de bouffe, de toute façon - il aime même pas le jambon!). Et le matin, ils trouvent un pain d'épice (souvent congelé) à la place.

(Si seulement on pouvait pratiquer ce genre d'échange toute l'année. Genre j'te file un vieux navet pourri, vas-y aboule les Twix.)

Sur ce, je vais aller manger un mannala (ils me font trop rire les Bas-Rhinois : ménnélé, ménnélé, n'importe quoi). Et je vous souhaite plein de pain d'épices et de clémentines. (Les mandarines c'est moins bien parce qu'il faut cracher les pépins tout le temps, après tu vises la poubelle et ils partent dans un coin du canapé, et tu les retrouve JAMAIS.)

Sinon y'a d'autres super légendes sur Saint Nicolas : "la légende de l'enfant bouilli" (ça promet) et aussi une histoire avec des prostituées. Autant dire que j'ai du matériel pour t'en faire une par an, si tu veux.




(Réponse : Aucun. C'est toujours un psychopathe.)

3 commentaires:

  1. Rooooh c'est vrai qu'on nous la racontait aussi ( je viens de Navarre ).. Flippant, très flippant. Vivement l'enfant bouilli!

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  2. Ah ben tu tombes bien. Je voulais raconter l'histoire à la Parisienne de la classe et PAS MOYEN de m'en souvenir ! J'avais juste le vague souvenir des 3 enfants dans le saloir -> on a le droit à la version trash en maternelle pour être sûr qu'on se souvienne au moins un peu 18 ans après !

    Pourtant le Saint Nicolas est passé dans la classe lundi et on a chanté la chanson pour avoir un MANELE(je suis bas-rhinoise et j'assume). A bac +3, parfaitement. C'était le meilleur moment de la journée :)

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  3. L'année prochaine j'espère avoir droit à la légende de Saint Martin, à moins qu'elle ne soit typiquement allemande... ?

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