lundi 22 avril 2013

L'instant Kiwi

On continue dans la lancée de ces petites différences qui rendent la Nouvelle-Zélande si spéciale.



Instant Kiwi n°4 : Les Kiwis se couchent avec les poules.



(Entre membres de la même famille, hein.)

Et pourtant, avant de trouver un job où je travaille de nuit et qui a complètement bouleversé mon cycle de sommeil, j'étais aussi une poule. Genre tout le monde se foutait de ma gueule aux soirées parce qu'à 23h30 je commençais à bâiller, et qu'à une heure du matin je m'endormais comme une patate dans un coin de canap'.

Mais les gens, ici ce serait être une couche-TARD, ce comportement!

Oui, parce que les fêtes, en Nouvelle-Zélande, elles commencent tôt et elles s'arrêtent tôt. Et même Professeur Flaxou et moi (qui ne sommes pas vraiment des fêtards invétérés, tu t'imagines bien) on a eu du mal à s'adapter.

Par exemple, nos colocs ont récemment fait une fête à la maison pour célébrer leurs fiançailles. Ils ont invité tous leurs amis, qui ont grosso modo tous la trentaine. Moi je travaillais en soirée, donc j'ai dit à Maria (ma coloc) :

- Ah c'est dommage, ça m'emmerde de rater ça. Mais bon, je finis à minuit, donc je serai au moins là pour la fin de soirée!

Et là, elle a rigolé, et elle a dit :

- Nan nan, mais on commence à 16h, donc à minuit, ce sera déjà fini.

Alors déjà : commencer une soirée à SEIZE HEURES? 

Même Mamie et Papy, quand ils vont dans les Ardennes faire la chouille avec Pierrette et Gérard, ils commencent pas l'apéro avant 18h! (Et Mamie a 78 ans et une prothèse de genou, toi c'est quoi ton excuse?)

Et le pire, c'est que quand Flaxou est venu me chercher au boulot, je lui ai demandé si la soirée était bien, et il a dit :

- Ouais c'était cool... par contre, ça a fini super tôt!
- Du genre?
- Du genre, quand les derniers invités sont partis, il était 21h30.

(J'ai précisé que c'était un samedi soir?)

Donc, en Nouvelle-Zélande, l'idée d'une fête, c'est aller chez les gens, discuter, manger et boire, et être rentré à la maison et au lit pour 22h. 

(Hardcore.)



Instant Kiwi n°5 : the ixint.

Après 5 mois dans le pays, j'ai enfin réussi à comprendre comment l'accent Kiwi fonctionne.

Pour faire un accent kiwi, c'est facile! Il faut prendre toutes les voyelles de la langue anglaise et les remplacer par d'autres voyelles de cette même langue.

Ainsi, le "i" devient "e", le "e" devient "i" (effet miroir), le "ai" devient "i" aussi (parce qu'il y a deux "i" dans "Kiwi", donc on met des "i" partout, c'est la fête!), le "ey" devient "oy", le "o" devient "u", et autres joyeusetés et bizarreries.

Cela donne donc lieu à de nombreuses incompréhensions, notamment le chiffre "six" qui est prononcé "sex" (ce qui peut mener à des petits quiproquos si on n'y fait pas gaffe).

Pour ton éducation, je partage un petit extrait de l'accent Kiwi :



(Cette série est trop cool et je suis officiellement amoureuse de Brett.)

Et on finit par une petite blaguounette de l'excellent Xenophobe's Guide :

A hostess telephones an American to stay in her unfinished home, still uncarpeted, and with bare concrete floors. "I warn you", she says, "it's pretty basic. There may be sacks on the floor". There was a slight pause, then the American came back with an accomodating : "Yeah, sure. Sex on the floor, sex anywhere."



Instant Kiwi n°6 : Aussies

Rarement une relation entre deux cultures aura plus joué la corde raide entre amour et haine que celle des Kiwis et des Aussies.

Ces deux peuples partagent énormément de points communs : l'isolement géographique, la culture Britannique "coloniale" (n'oublions pas que, dans les deux pays, la Reine Elizabeth est toujours le chef d'Etat officiel, et que sa tête orne les pièces de monnaie), l'amour de la nature et des espaces verts (enfin, "verts", en Australie, faut le prendre comme une licence poétique, hein), une histoire pas très jojo avec les autochtones (Aborigènes ou Maoris), etc.

Les deux pays jouissent également d'une relation privilégiée : en Nouvelle-Zélande, pas besoin de Visa pour aller vivre ou étudier en Australie (et il me semble que c'est la même chose dans l'autre sens, même si ça arrive beaucoup moins) (les salaires en Australie sont bien supérieurs à ceux d'ici). Il est également très facile de se procurer des dollars australiens, et la plupart des magasins dans les grandes villes les acceptent comme monnaie courante. Les touristes, enfin, circulent énormément entre les deux pays, vu qu'ils sont les deux seuls pays anglophones du coin (plus facile pour ces cultures unilingues).

Et pourtant, la rivalité fait rage entre ces deux frères de lait. (Une rivalité uniquement culturelle, vu que politiquement et économiquement, la plupart du temps, ils s'entendent comme cul et chemise.)

Ainsi, les Australiens se moquent du côté un peu "plouc" des Kiwis (la blague récurrente étant qu'ils couchent avec des moutons), et les Néo-Zélandais, quant à eux, trouvent que les Aussies c'est quand même des sacrés crâneurs alors qu'ils ont un pays tout vide avec juste un pauvre caillou au milieu, et d'abord nous on a fait le Seigneur des Anneaux, alors hein.




(J'suis désolée, y'a pas de quoi être jaloux.)

En somme, ça reste pour la plupart des gens une rivalité bon enfant, à l'image des nombreuses (très nombreuses) vannes que j'ai entendues depuis mon arrivée ici.

Petit florilège :

1. En allant faire du rafting dans l'île du Sud, le guide nous fait passer les instructions de sécurité : "Bon les gars ne vous inquiétez pas, c'est traduit dans toutes les langues si jamais votre anglais n'est pas très bon. Est-ce qu'on a des Aussies parmi nous?" Deux filles lèvent timidement la main. "Super, on a des explications en images aussi, donc pas de problème".

2. Une blague qu'on entend souvent ici, en référence aux nombreux Kiwis qui s'expatrient en Australie : "Quand un Kiwi déménage en Australie, le QI moyen des deux pays augmentent".

3. Cette pub pour Mitre 10 (magasin de bricolage, imagine un Castorama de huit mille mètres carrés) qui tourne partout à la télé :



Je m'excuse à l'avance pour cet accent absolument incompréhensible (les petits Kiwis sont le cauchemars des immigrants). Transcript ci-dessous réalisé par mes soins (après 30 visionnages et une aide de mon coloc pour la fin) :

- What are you doing this weekend?
- I'm putting up a retaining wall.
- Doing it yourself?
- No, I'm going to get some blokes in. (Comprenez : il va engager 2-3 gars)
- Oh come on mate, do it yourself!
- She's a pretty big job. (NB : se référer aux objets inanimés comme "she" est un truc très Kiwi)
- You'll be right. (Encore une expression Kiwie)
- You reckon? 
- Reckon you'll knock it over in half a day.
- Yeah?
- Get a couple of mates around! Hey Jonesie! Give us a hand with the job Saturday!
- Nay, you're dreaming! (accent Australien)
- Aussies.
- Oh, no surprises there.

4. Quand la Nouvelle-Zélande a voté la loi pour le mariage homosexuel, le New Zealand Herald a consacré la moitié de son article a raconter comment le monde entier trouvait ça trop bien et que "enfin tout le monde parlait de nous pour autre chose que le Hobbit, youhou c'est la fête!" et l'autre moitié de l'article à dire que "cette loi nous prouve, encore une fois, que les Kiwis sont décidément toujours en avance sur les Aussies quand il s'agit de l'égalité sociale". (Article en lien ici, je te jure que j'exagère même pas.)

Pour finir, note que les blagues entre Kiwis et Aussies sont souvent exactement les mêmes, mais changent simplement de protagonistes de chaque coté de la barrière de corail. (Un peu comme les blagues entre Alsaciens et Vosgiens, sauf que tout le monde sait que les Vosgiens sont de mauvaise foi.)

A bientôt pour de nouvelles aventures au pays des Moa! (y'en a marre de dire "Kiwi" tout le temps.)


PS : Comment t'expliques que je maîtrise l'accent Kiwi suffisamment pour comprendre les mômes de la pub Mitre 10, mais que j'ai toujours pas compris un traître mot de ce que me raconte mon chauffeur de bus tous les soirs? (Pour l'instant je hoche la tête et je souris, et ça semble le satisfaire.) (J'espère juste qu'il me raconte pas des trucs cochons.)

7 commentaires:

  1. Je suis ravie ravie ravie que tu aies retrouvé l‘inspiration! encore!

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  2. Bon, alors pour le point #3, les Aussies sont pareils... Ca fait bizarre, les soirees qui commencent vers 5-6 heures, yep! Mais on commence a s'y faire.
    Je confirme pour la "rivalite", c'est plutot tres drole a suivre. Surtout que, hey! on est de simples observateurs exterieurs et qu'on peut donc compter les points ^^
    (et pour la loi sur le mariage homosexuel, les Kiwis ont raison de reagir ainsi, on est nombreux a etre outres que la loi ne soit pas passee ici).

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  3. Ben, pas trop de gros changement d'avec l'Alsace ?

    Est-ce que les petits Aussies ont de grandes oreilles à force que leurs mères les suspendent du haut de leur espèce de colline rouge pour leur montré le beau pays Kiwi au loin ? (ouais, tant pis si géographiquement ça marche pas)...

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  4. Je crois qu'on est toutes amoureuses de Brett. Et des t-shirts de Brett, aussi. Et de ses pulls.

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  5. Pfff je voulais te demander la même chose que Cysplatine, c'est pas drôle. (Bon mais alors, ils le font, ou pas ?)

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  6. Han, c'est vrai, ça ? Les kiwis se couchent avec les poules ... Pauvres de nous !
    Hum....Et combien à la fois ?

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  7. En relisant ton post, le lorrain que je suis fait "pff, grouark" ! Moi, je suis pour la tolérance, je trouve que les Alsaciens n'ont pas que des défauts, gn. On peut même parler avec eux, no problem.
    Suffit juste d'employer des phrases simples.

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