samedi 19 octobre 2019

3615 working mum


Et donc mes bébés sont à la crèche.


(Et à ceux qui auraient envie de dire "déjà?", je dis : farcis-toi deux machines à cris et caca pendant trois mois H24, et on en reparle.)

On les y a laissés le coeur léger, et pas seulement parce qu'on est des parents indignes, mais aussi parce que ces enfants sont des gros ingrats - cf. les nombreux matins où j'arrive sur le parking de la crèche avec deux ignobles petits gobelins hurleurs, et qu'à peine passés le seuil de la porte, ils se transforment instantanément en adorables angelots pleins de sourires et de gazouillis.

De toute façon, j'ai très vite compris qu'ils allaient adorer la crèche au moment de l'intégration, où je les ai laissés la boule au ventre, je suis allée faire des courses en regardant constamment ma montre, et j'ai rangé la maison avec en tête des images d'eux en train de hurler de désespoir en appelant nos noms (oui, je sais qu'ils peuvent pas encore parler, j'étais en détresse okay?).

Au final, j'étais sur le parking dix minutes avant l'heure d'aller les rechercher, en train de me faire violence pour ne pas y aller trop tôt, et quand les cloches ont ENFIN sonné l'heure, je suis entrée pour voir :

- Auguste en train de jouer pépouze sur un tapis d'éveil en babillant comme un bienheureux;
- Sammy dans les bras d'une assistante maternelle en train de lui faire LES PLUS GROS SOURIRES QU'IL AIT JAMAIS FAITS DE SA COURTE VIE.

(Genre même pour son père il en fait pas des comme ça.)

Et là, comble du truc : la nana me tend mon bébé pour que je le reprenne, et le petit trou du cul a l'audace de SE METTRE A PLEURER !


Donc oui, clairement, ils se plaisent à la crèche (aussi, l'équipe pédagogique doit grave penser qu'on les enferme dans des placards à la maison pour qu'ils soient aussi tristes de nous retrouver). En même temps, je pense qu'ils ont plus d'attention là-bas qu'à la maison, tellement tout le monde est aux petits soins pour eux:

- Non mais faut nous comprendre, on n'a presque jamais de bébés ici. Quasiment tous les enfants ici ont entre 18 mois et deux ans, donc bon, ils font leur vie, ils ont pas tellement besoin de nous. Ça fait des années que mon équipe me dit "c'est trop dommage, on n'a jamais de tout petits!" Alors, vos bébés, c'est un peu nos mascottes! D'autant qu'ils sont pas avares en sourires, hein, les petits choux?


(Oui ben merci j'avais bien compris hein.)

Bref, je suis vexée comme un pou, mais en vrai je suis super heureuse que tout se passe bien, même pendant les longues journées où ils passent dix heures d'affilée sur place:

- Ça va, ils ont été sages? Ils ont pas trop pleuré?
- Pleuré? Ah mais on ne les entend jamais! Ils sont tellement gentils, c'est un plaisir!
- Excusez-moi, vous devez être nouvelle ici, je pense que vous n'avez pas compris de quels bébés je parle.
- Si si, je vois tout à fait...
- Je suis la maman de SAMUEL et AUGUSTE!
- Oui, je...
- Les SUPPÔTS DE SATAN!

J'ai donc repris le boulot avec joie, toute heureuse de sortir un peu la tête des couches et de retrouver mes élèves après cinq longs mois d'absence. (Deux mois de congé pathologique pour cause de gynéco en mousse, et trois mois la tête dans les couches, donc.)

Eux aussi étaient très contents de me retrouver, tout le monde m'a demandé des nouvelles des bébés, et j'ai essayé de me retenir, juré, la tête de ma mère, j'ai essayé:

- Hello! Good to see you!
- Yes, you too! How are the babies? Good?
- Very goodYOU WANT TO SEE PICTURES?
- Heu...
- I HAVE MY PHONE RIGHT HERE I'LL SHOW YOU PICTURES!!

(Oui, je suis devenue cette meuf qui montre des photos de ses chiards alors qu'on ne lui a rien demandé.)

(Mais ils sont BEAUX, Micheline, ils sont tellement BEAUX!)

(Comment est-ce que je peux laisser le monde ignorer leur beauté?)

Mais j'ai surtout profité de cette reprise pour prendre des nouvelles de mes élèves et leur demander tout ce qu'ils avaient fait durant l'été :

- Alors, vous avez passé un bel été?
- Ben, pas trop, parce que mon chat est mort, en fait.


 (Ça commence bien, dis donc.)

- Vous avez fait quoi cet été? Vous avez voyagé?
- Non, pas vraiment, je suis juste partie en Italie trois jours avec ma famille...
- Super! J'espère qu'il a fait beau!
- Oui, enfin c'était pour l'enterrement de mon beau-père, donc on n'a pas trop fait attention au temps.


(Ah non mais décidément, bien joué, Charlotte.)

- Vous avez réussi à pratiquer un peu l'anglais durant mon absence?
- Oui, on a eu une visite de clients anglais dans mon entreprise.
- Super!
- Enfin c'était assez difficile, parce que le client est mort dans un accident de voiture quand il était sur place, et il a fallu que je parle à sa famille en Angleterre pour leur expliquer ce qui s'était passé.


(Voilà voilà.)

Bref, malgré ces retrouvailles HYPER SYMPA, je suis quand même bien heureuse d'avoir repris le travail, entre autres parce que ça nous aide à créer un rythme pour les petits, et OUI MA VIE PEUT ENFIN REPRENDRE UN SEMBLANT D'ORDRE HALLELUJAH!

(Pardon, c'est mes racines germaniques qui s'expriment.)

On a donc réussi à bien conditionner nos bébés comme des gentils petits chiens de Pavlov, avec une routine du soir bain-biberon-coucher qui marche comme sur des roulettes, et qui les a aidés à enfin comprendre quand c'était la nuit et quand c'est qu'il fallait dormir.

Ce qui peut paraître très con, mais je t'assure que c'est une victoire immense quand tu peux rendormir ton bébé à quatre heures du matin en lui collant simplement son doudou puant sur la tronche, quand auparavant il fallait passer une heure à le bercer dans le noir parce qu'il était parti en mode pump it up, genre ça y est on est free du slip, viens on va en boîte, mets-y donc la Vodka Red Bull dans le biberon.

Malgré cette bonne routine, les bébés se réveillent quand même encore une fois par nuit pour prendre un biberon vers deux heures du matin. Comme toute mamounette 2.0 qui se respecte, j'ai donc prestement été chiner sur Youtube pour savoir quand est-ce qu'ils feraient leurs nuits, et si on pouvait éventuellement accélérer le processus.

(Non pas que je n'adore pas mes cinq heures de sommeil quotidiennes, hein.)

(Mais bon c'est comme ça qu'on finit au congélateur, je dis juste.)

Et c'est en visionnant un épisode de la Maison des Maternelles que j'ai compris qu'en fait, Flaxou et moi, on avait quand même de la chance :

- Alors nous accueillons aujourd'hui Babette, Babette, votre fille a maintenant quinze mois....
- Seize mois trois quarts.
- .... et elle ne fait toujours pas ses nuits! Ça doit pas être facile tous les jours, dis donc!

(Médaille d'or 2019 de la litote.)

Une fois que je m'étais remise de ce calcul mental forcé sur ma pauvre personne (message d'intérêt public : après un an, arrondissez l'âge de vos mômes, merci, au revoir.) (Et ça vaut double pour les  trous de balle qui donnent l'âge en semaines.) ("Ma fille a 34 semaines", ah ouais super, tu veux pas me donner le décompte des minutes avec ça, Marie-Connasse?), BREF une fois ce traumatisme passé, j'ai écouté le témoignage de la jeune maman, et woh dis donc:

- Alors Babette, racontez-nous comment se passe le coucher de votre fille.
- Alors, on a un rituel qui commence avec le bain, puis je lui mets son pyjama, elle a sa tétée du soir....

Moi, en train de prendre des notes devant mon PC : okay, tout pareil.

- Et puis je lui raconte une histoire, puis je lui chante une chanson, puis on passe quelques dizaines de minutes à faire un gros câlin, et ensuite je lui explique qu'il faut dormir, je la pose dans son berceau, je lui chante la chanson de bonne nuit, je dis bonne nuit à doudou, je tamise la lumière, je sors de la chambre à reculons, puis j'éteins la lumière.
- Et ensuite, il se passe quoi?
- Eh bien en général, elle se met à hurler jusqu'à ce que je la reprenne, et ensuite elle s'endort dans mes bras au bout de trois ou quatre heures.

Moi:


Flash-back d'une conversation avec Flaxou :

- Oh là là, ils sont chiants, ce soir! J'ai dû remettre DEUX FOIS leur totote avant qu'ils s'endorment!
- Sérieux? Mais c'est pleine lune, ou quoi?

Donc, bon, je suppose qu'on a quand même des bébés relativement faciles, au moins pour ce qui est de l'endormissement.

(Faut savoir que je leur fais un bisou de bonne nuit tous les soirs quand on les couche, mais ils s'endorment tellement vite que c'est un peu comme d'embrasser une brique tiède.)

A part ça, on trouve nos petites habitudes doucement, entre la passation de babyphone de cinq heures du mat' et les visites quotidiennes chez Mamie Tic-Tac :

- Coucou mamie! Je peux te laisser Auguste cinq minutes, le temps que j'aille préparer son frère pour la crèche?
- Bien sûr, bien sûr! Eh bonjour mon petit trésor!
- Bon, je m'excuse, il est pas de très bonne humeur, donc il risque de hurler un p...

Le bébé dans les bras de mamie :


(Okay, donc vous aimez tout le monde SAUF vos parents, ou c'est quoi le deal?)

Bref, toute la famille s'épanouit entre la crèche et nos boulots respectifs.

Et, entre mes cours, je savoure la joie d'avoir à nouveau du temps libre:

- Ah zut! J'ai mon cours de 10h qui vient d'être annulé! Si j'avais su, j'aurais déposé les petits à la crèche plus tard!
- On va quand même pas les rechercher?
- Non. Tu sais ce qu'on va faire?
- Oh ben j'ai bien une petite idée...
- Je vais faire une SIESTE!

Flaxou:


(On lui souhaite tous bien du courage.)

5 commentaires:

  1. Hahaha, les bébés ingrats qui ne sourient qu'aux autres.
    Toujours aussi drôle ! C'est chouette de continuer à te suivre ^^

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  2. Au fait, ça me fait penser à cette série Youtube, Superpapa. Elle pourrait vous plaire, à Flaxou et toi, elle est très chouette !
    https://www.youtube.com/playlist?list=PL-8iw2e_ZUB0zsxdwMYGxava2ywF7m4Ot

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  3. Vu de l’autre coté: avec leur grand mère,j’ai gardé tout un après midi un bambin de trois ans qui a passé son temps à pleurer après sa mère.Quand la mère est revenue,le monstre s’est précipité sur sa grand mère en criant : je veux pas partir,je veux rester avec mamy!!! Bon courage!

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  4. C’est le moment de placer ma blague préférée: un prêtre,un rabbin imam se demandent quand commence la vie: le prêtre dit : la vie commence dès la fécondation,c’est un être humaine qui ne demande qu’à se developper.L’imam dit: la vie commence quand l’être est capable de vivre,quand on le voit vivre,la vie commence quand l’enfant est viable,c’est logique,non?Pendant ce temps le rabbin se lisse la barbe en souriant...Les deux autres se tournent vers lui et demandent: et chez vous,la vie elle commence quand ?Ah,dit il,mes amis,chez nous,la vie elle commence quand ils ont dix huit ans et qu’ils se barrent..

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  5. Salut. Je te (il serait plus juste de dire vous) suis depuis quelques années sans poster de commentaires, jusqu'à aujourd'hui.
    Pour une info qui n'a rien a voir avec tes péripéties (raconter avec brio et humour).
    Jusqu'au 16 fevrier, à la Bibliothèque National de France il y a une exposition sur... J.R.R.Tolkien. Je dit ça, je dit rien, j'y ai passé 3h sans voir le temps passé. Je retourne dans l'anonymat.

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