dimanche 6 juin 2021

Tranche de vie : la cacastrophe


AVERTISSEMENT : L'anecdote que j'ai à vous conter aujourd'hui n'est pas pour les âmes sensibles.

(Phobiques du caca ou - plus généralement - personnes sans enfants, sachez-le, en poursuivant la lecture de cet article, vous risquez de souffrir.)

Et donc, un beau soir, j'étais seule avec mes enfants.

Professeur Flaxou m'avait envoyé son petit texto Waze qui disait "je suis en chemin, je rentre du boulot, promis je passe pas exprès par des chemins détournés pour que tu mettes les gamins au lit sans moi", et son heure d'arrivée indiquait 19h02.

J'étais allée chercher les enfants à la crèche à 18h, je leur avais donné leur repas, et ils en avaient foutu partout comme d'hab ce sont des enfants mi-porcinets mi-démons ça s'était plutôt bien passé.

Et, enhardie par ce repas quasi-idyllique (juste trois gobelets d'eau renversés sur la tartine de fromage, juge par toi-même), je me dis dans ma grande naïveté :

- Allez, Flaxou arrive dans cinq minutes, je vais démarrer le bain sans lui. Après tout, c'est que cinq minutes, ça devrait pas être bien dur à gérer!


(Un jour, je remonterai le temps juste pour aller me donner des baffes.)

Je fais couler le bain, j'attrape Samuel, je le mets tout nu, et je lui dis:

- On va prendre le bain! Va m'attendre à la salle de bains pendant que je déshabille ton frère.

Je place l'autre gamin sur la table à langer de la cuisine et commence à le déshabiller, et là, j'entends Samuel m'appeler de la salle de bains. 

Mon dialogue interne:

- Putain mais il fait chier ce môme, c'est bon tu peux gérer être seul pendant deux secondes ou il faut que je rattache ton cordon?

Mon dialogue externe:

- J'arrive, mon petit trésor! Maman sera là dans une minute avec ton frère! Sois un petit grille-pain bien courageux, d'accord?

(La faux-culserie de tous les instants qu'on a avec nos gamins, quand même.)

J'arrive dans la salle de bains, un Gus-Gus cul-nu sur les talons, et là, je vois Samuel paniqué, en train de me pointer du doigt un ÉNORME CACA qui trône sur le carrelage – caca dans lequel il avait BIEN EVIDEMMENT allègrement marché et qu'il était en train de piétiner dans tous les coins de la salle de bains.


(A ce stade de l'histoire, je devrais également te préciser, cher lecteur, que mes enfants ont une chose préférée dans la vie, et ce sont les fruits. A eux deux, en une journée, ils se boulottent deux bananes, quatre kiwis, deux poires et une grappe de raisins.)

(Je te dis juste ça pour que tu comprennes bien à quel genre de caca mou on avait affaire.)

(Ces mômes n'ont jamais fait une crotte solide de leur vie, que ce soit clair.)


(Oui, désolée encore aux sans-enfants qui liraient ces lignes, je sais que c'est dégueu.)

Moi, en panique totale, je récupère l'enfant couvert de caca à bout de bras. Je me dis que je vais le plonger dans la baignoire remplie d'eau tiède, et tant pis pour dame Nature, on fera couler un autre bain, MAIS c'est sans compter sur Gus-Gus, dont le naturel curieux n'est plus à démontrer, et qui est en train de s'approcher dangereusement de la scène du crime en pépiant "Oooooh! Caca?" et en TENDANT LES MAINS.


(On ne m'y reprendra plus à faire des mômes avec un scientifique.)

Du coup, je tourne les talons avec mon gamin crotté dans les bras, ordonne à l'autre asticot de me suivre immédiatement, et c'est direction la cuisine. 

(En semant des petites miettes de crotte sur le chemin, un peu comme le Petit Poucet le plus crado du monde.)

J'hésite un moment à mettre Sammy le cacateux debout dans l'évier et à lui laver le derche au robinet, mais l'évier est plein de vaisselle, donc je me rabats sur la table à langer, qui n'est évidemment pas la solution idéale vu que je ne peux même pas installer le gosse sur le dos (qu'il a maculé de merde, tout comme l'arrière de ses cuisses, tout comme l'arrière de ses genoux, tout comme ses chevilles et ses deux pieds).

Du coup, je plaque le gamin sur la table à langer, et je suis obligée de lui faire une quasi-clef de bras pour le maintenir un peu tranquille le temps d'essuyer à la hâte le bas de son corps avec des cotons.

Pour te donner une idée de la bande-son, tu peux t'imaginer Samuel en train de hurler de panique, et son frère en train de crier à tue-tête "MAMAN, CACA! MAMAN, CACA!"

Moi, essayant tant bien que mal de calmer le jeu, je tente de crier d'une voix douce (ce qui n'est pas un oxymore quand on est parent) :

- Oui, mon coeur, je sais, ton frère a fait caca par terre, mais n'aie pas peur, tout va bien! Maman va nettoyer tout ça et on va retourner au bain!

Je finis de nettoyer approximativement Samuel, le prends dans les bras pour le calmer, et je me tourne vers son frère.

ET LA.

JE VOIS AUGUSTE. DEBOUT. TOUT NU DANS LA CUISINE. 

A COTE D'UN DEUXIÈME CACA.


(Ah, qu'elle est belle, cette complicité gémellaire.)

Ni une, ni deux, j'attrape le reste des cotons et essuie promptement les fesses de Gus-Gus (qui avait au moins eu la bienveillance de ne pas marcher dans sa merde) et je chope un rouleau de sopalin pour nettoyer le plus gros du tas par terre avant qu'ils ne courent à travers.

Pendant ce temps, mes enfants demeurent évidemment très sages:


(Pareil, mais à poil.)

Et là.

C'est le moment où Professeur Flaxou rentre du boulot.

Petit changement de perspective : tu es Professeur Flaxou, mon époux bien-aimé.

Tu as quitté la maison aux aurores, tu as passé une longue journée au boulot suivie d'une heure de trajet dans la circulation dense de l'Alsace du Sud en fin d'aprem, et tu n'as qu'une envie, c'est de retrouver enfin ta maison, tes enfants chéris, ta femme adorée, de leur faire un gros câlin à tous, et de te relaxer avec une bière bien fraîche.

Et là, tu entres chez toi, et tu es accueilli par deux gamins en pleurs, entièrement nus. 

Le sol de l'entrée est maculé de petites crottes. 

Suivant les crottes, tu arrives dans la cuisine, et tu trouves ta femme à genoux par terre, littéralement les mains dans la merde, qui te crie NE LES LAISSE PAS ENTRER DANS LA SALLE DE BAINS!

Tu jettes un oeil à la salle de bains, et, par la porte restée grande ouverte, tu vois :

1) Une baignoire limpide et pleine d'eau pure.
2) Une tache de merde de la taille du Texas.


(Meilleur accueil du monde.)


Épilogue: le lendemain:

- Fla, tu peux m'aider à décharger les courses?
- Oui, bien sûr. C'est quoi, ces boîtes?
- Des POTS DE CHAMBRE!

(Bon, pour le moment, ils servent de siège de lecture.)

(Mais au moins, on les a.)

1 commentaire:

  1. Qu’est ce que c’est bien raconté ! Au moins vous avez échappé à une fresque murale,j’y ai eu droit...

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