samedi 20 décembre 2008



Ça y est, mes examens sont finis.

Mon poignet me fait un mal de chien, merci d'avoir demandé.

J'ai rempli tous mes brouillons, collé tous mes sujets en mettant mon ADN plein la feuille (cette colle a le goût le plus horrible de toute la planète), rendu tous mes dossiers. Et parmi les dossiers scolaires et administratifs, il y en avait un que j'ai rempli quasiment sur un coup de tête.

Un dossier de candidature pour être assistante de français en Angleterre, à partir de septembre 2009, et pendant toute une année. Je l'ai rempli avec de la joie dans le cœur, j'ai étudié les conditions climatiques et politiques de chaque région avant de mettre Oxford en premier choix, mais c'était juste histoire de faire semblant de réfléchir, parce que j'aurais mis Oxford de toute manière. La ville de Tolkien, putain. J'ai écrit mes
lettres de motivation avec soin, je les ai corrigées et faites corriger huit fois avant de les rendre, et maintenant, le dossier est parti.

On était 15 à poser notre candidature, sur 25 postes à pourvoir. J'aurai une réponse officielle en juin, mais on peut considérer qu'ils vont m'accepter (et s'ils font un tri préliminaire, j'espère quand même qu'ils élimineront la nana qui a écrit "I am ready to expatriate myself" avant moi, sinon je me jette du balcon)

Donc, je pars. Pour de vrai. Je sais pas encore où. Et dans le cas où ils ne m'acceptent pas, je pense que je chercherai un emploi d'un an à l'étranger de toute manière. En rentrant de Pologne, je me suis dit : les voyages, c'est fini. Je vais prendre une longue pause et souffler un peu dans mon Alsace adorée.

Et maintenant, on est en décembre. La plus belle période de l'année, par ici. Les marchés de Noël fleurissent, ça sent le marron et le vin chaud à chaque coin de rue, et dans les Vosges, il a neigé.


Mais j'ai envie de partir. Loin, et longtemps. J'ai besoin de passer du temps loin de ma maison, de mes amis, de ma famille, parce que je sais que si j'attends encore, je n'y arriverai plus.



Je ne serai plus assez autonome, ou assez égoïste, pour me couper de tous ceux que j'aime pendant longtemps et pour mettre mes études en suspens.

Et je sais bien, maintenant, que je n'irai pas passer ma vie à l'étranger. Je regarde ma maison à Kaysersberg, les collines couvertes de vignes, en face, et je sais que c'est ici que je veux vieillir, dans l'odeur de sapin et d'écorce mouillée.

L'autre jour, en triant mes photos, j'ai retrouvé des trucs du lycée. Des soirées fille-ettes, des après-midis chez Sarah, des grimaces et mes cheveux rouges. Et aussi des soirées avec la bande dans l'appart qui pue, Coralie qui joue à Guitar Hero, la table couverte de cire pare qu'on renverse toujours la bougie en jouant au loup-garou. Et je me suis rendue compte que je ne pourrai pas rester bien loin de ceux-là pendant trop longtemps.



Et il y a aussi la famille, les week-ends chez ma mère, parler de cinéma et lui raconter tous mes cours de communication interculturelle. Dormir avec le chat qui prend toute la place et je sais pas comment il fait parce qu'il est pas si grand, mais il ronronne et c'est mignon. Prendre la voiture avec ma sœur, les détours shopping quand on rentre de chez notre père. Les soirées où mon père vient à Strasbourg, à chaque fois il m'invite dans un restau différent, ensuite je dois le guider dans la ville, et on se perd, la honte.

Et puis il y a Flavien, qui m'a dit qu'il m'attendrait, mais c'est pas de ça que j'ai peur.





J'ai peur de beaucoup de choses, mais pas d'une relation longue distance. D'abord parce que c'est pas si loin que ça et que les vols low-cost ça existe, et surtout, parce que je sais qu'on est assez motivés pour s'en sortir pas trop mal.


J'ai peur que je déprime en arrivant dans un endroit où je ne connais personne, que je n'arrive pas à m'adapter au pays, que la pluie me rende folle, que mes élèves soient méchants avec moi, que les gens aient un accent terrible, que je réalise que je suis pas si douée en anglais que ça quand je suis avec des vrais anglais et pas des crétins congénitaux comme on en trouve à la fac, ou encore que je fasse une overdose de chips au vinaigre.

Ouais, j'ai une trouille monstre. Mais je sais que je peux le faire.


En attendant....


Let the good times roll.




(En fait, tout l'article était uniquement écrit pour 1) exprimer mon amour aux gens en cette période chaleureuse de Noël 2) parce que je kiffe cette chanson, Sam Cooke si t'étais pas mort je voudrais bien t'épouser)

2 commentaires:

  1. Yipeeee !!!!! :D
    Tu vas pas le regretter ça, no no no! ^^

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  2. Hé mais le calendrier de l'avent, c pas encore fini alors tu devrais encore faire des petits articles!! Surtout que t'es en vac maintenant, plus d'excuses et si t'as pas d'idée, parle de moi: je suis une source d'inspi intarissable :D

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