mardi 10 mars 2009

Moi j'aime bien les hippies, mais que ceux qui jouaient de la musique en 1969



Je vous jure que je voulais faire un article drôle, et sympa, et cool.

Mais je peux plus. Il faut que je me défoule, et j'ai mal aux poings à force de taper sur mon punching-ball. Alors ce blog sera mon défouloir, pour une fois.

Je pense que si je suis tellement énervée, c'est surtout que ça me fait tellement mal d'admettre que ma mère avait raison. S'il y a bien une chose au monde que je déteste, c'est d'admettre que j'aurais dû écouter ma mère (mais après tout, est-ce qu'on est pas toutes un peu comme ça ?)

Eh ben voilà, maman, t'avais raison.

J'aurais jamais dû aller à la fac.

Je sais déjà que s'il y avait eu n'importe quelle alternative à la fac pour étudier les langues, j'aurais choisi cette alternative. Mais prépa langue, ça existe pas, et pour rentrer en école d'interprète, il faut déjà un diplôme. Alors je me suis dit, oh, je vais en fac, ce sera tranquille, je me ferai des amis, ça peut pas être si terrible.

Effectivement, ce fut tranquille, effectivement, j'ai rencontré des gens formidables. Mais si, c'est si terrible, et bien plus que ça encore.

Tu sais, au début, je me suis dit que c'étaient des grands naïfs, des genres d'ados attardés qui pensent encore qu'on peut changer le monde alors qu'ils ont vingt ans révolu, qui portent des T-Shirts Che Guevara et qui pensent encore sérieusement que Lénine était un chic type, mon dieu que c'est triste.

Mais quand je regarde ce qui se passe, je me dis que la naïve, c'était moi.

J'étais naïve d'avoir pu penser que je pourrais tenir trois ans là-bas sans encombre, que je pourrai avoir ma licence tranquille.

J'étais naïve d'avoir songé une seule seconde que, peut-être, on pourrait arriver à une solution raisonnable, et laisser tranquille les étudiants qui pensent que oui, effectivement, une université, c'est un peu fait pour aller en cours, et pour passer des examens, et pour avoir un diplôme. Pas juste pour "apprendre la vie" ou "collecter du savoir" et aller pointer à l'ANPE, merci de m'offrir cet emploi de vendeuse chez Auchan qui correspond tellement à mes aspirations de meneuse du monde libre vers le communisme mondial.

J'étais naïve d'avoir osé me dire que peut-être ces petits branleurs de marxistes en pleine crise prépubère pourraient effectivement me foutre la paix.

Je ne leur demande même pas d'ouvrir les yeux, de grandir, de prendre compte de la situation actuelle, je sais que c'est trop pour leurs petites cervelles frites dans le tofu. C'est vrai quoi, jouer du didjeridoo pendant si longtemps, ça doit faire perdre pas mal de neurones. C'est la seule explication que j'ai trouvé au fait qu'ils portent des sandales au mois de novembre et qu'ils viennent me parler à moi, étudiante en civilisation russe, des bienfaits de la révolution de 1917.

- Nan mais tu vois quoi, Staline je dis pas hein, mais Lénine ! Lénine, ça c'était un vrai grand, un visionnaire ! Lui il voulait juste le bonheur du peuple tu vois, c'était un mec bien.
- On parle du même Lénine qui a pris le pouvoir par la force après une guerre civile de deux ans, qui a fait exécuter tous ses opposants, et qui a ouvert les premiers camps de réfugiés politiques en Sibérie ?
- Ouais, mais c'était pour le bien du peuple, tu vois. Comme nous avec le blocage.

Là, je suis d'accord. C'est exactement pareil.

- On va faire une AG pour voter pour ou contre le blocage !
- Ce serait pas mieux de faire un référendum pour que les 45 000 étudiants votent, au lieu de faire ça à main levée dans un amphi qui ne peut contenir que 500 personnes ?
- Ah mais on va pas tout faire à leur place hein, s'ils viennent pas c'est qu'ils comptent pas.

Donc non, je ne demande pas à ces cerveaux de moule de grandir, ou alors il faudrait que je me mette sérieusement à croire en un Dieu, voire même à plusieurs en même temps.

J'aimerais juste qu'ils trouvent un moyen plus cool de passer leur crise d'adolescence. (Moi, à quinze ans, je me contentais de mettre du Offspring à fond la caisse dans ma chambre pour énerver ma mère.)

J'aimerais juste avoir mon diplôme, et me casser de ce pays. S'ils veulent pourrir dans leur merde et rater leur vie pour une "grande cause", c'est leur problème.

Mais j'aimerais bien pouvoir recevoir mon enseignement supérieur sans devoir me battre.

J'aimerais bien me lever à sept heures sans découvrir des tables et des chaises qui barrent toutes les entrées, et ces putains de hippies décérébrés devant les portes armés de tracts anarchistes.


J'aimerais bien avoir un diplôme.

J'aimerais bien avoir un semblant d'avenir.

Et pas celui qu'ils me promettent.



PS : A l'anonyme numéro 1 :
Bon, évidemment, dit comme ça... Soit, je reconnais que je me suis un peu emportée, c'est mes nerfs qui sont usés par les "ouais mais attends t'as rien compris" que je me prends dans la gueule par des mecs qui savent même pas que la Tchéka existait sous Lénine. Donc, pardon, tu n'es pas du tout de ce genre-là et tes arguments valent la peine que je m'excuse. C'était fun de communiquer par blog ^^

21 commentaires:

  1. Et si tu compare, par exemple, les taux d'alphabétisation en Russie avant et après la révolution? Aucune différence?

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  2. Et si on en avait rien a foutre du taux d'alphabetisation en Russie avant et apres la Revolution... Enfin je dis ça... Mais y'a surement que moi qui pense comme ça XD

    Pour en revenir à Cha, c'est quand je lis ce genre d'article que je me dis que j'ai eu raison de quitter Marc Bloch. Dans ma fac de droite, j'ai jamais eu ce genre de probleme :) Apres on les refait pas nos petits hippies du Marc Bloch mais j'aimerais bien etre la le jour où ils decouvriront que leur greve et blocage de merde n'ont servit à rien et qu'ils ne changeront jamais le monde en chantant devant une fac, juste pour voir leur tete quoi... Puis faut les comprendre cha, ils n'ont pas d'avenir, savent tres bien qu'ils seront encore plus vite chomeur que n'importe qui d'autres alors il faut bien qu'ils compromettent l'avenir des autres gens, en faisant croire bien sur, qu'ils vont changer le monde et que grace a eux ton avenir sera encore mieux que ce que tu t'es imaginée... Laisses les rever ces merdeux, imagines toi qu'un jour ils retomberont sur terre et que ce sera douloureux comme chute ou alors dis toi que quand t'auras reussi ta vie, tu donneras une piece a l'un d'eux au coin d'une rue...

    Allez, je t'aime tres fort.
    Bisous

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  3. Brillant cet article.
    Ca fait du bien de voir que justement, y'a pas que tous ces petits révolutionnaires boutonneux qui hantent la fac. Y'a aussi des gens normaux et évolués comme toi et moi.

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  4. Je suis tellement d'accord avec toi ... Il m'a fallu 5 mois pour m'en rendre compte et une fois que j'ai compris le truc, je suis partie ... Maintenant je suis à l'ESTRI (école de traduction à Lyon) où je paye certes cher (:s) mais où l'enseignement est de qualité et où les étudiants sont là pour bosser ...
    Bref, je te souhaite bon courage. Je suis ton blog (enfin tES blogs)depuis le début et je suis sûre que tu iras loin, très loin ...
    Bisous et à bientôt, qui sait ...

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  5. Moi j'ai été blousée pcq je pensais avoir trouvé la parade : études de langues courtes... moui bon on sait ou ça mène ^^

    Je pense qu'il FAUT qu'il y ait des gens qui se "rebellent", parce que si personne ne fait jamais rien, blabla ... les djeunes, ils doivent sûrement CROIRE en leur combat .

    NEANMOINS quant tu vois que dans certains pays l'université c'est l'ELITE, c'est prestigieux... et que tu compares avec la France, où aller à l'université c'est la plupart du temps le dernier recours, pcq tu es sûr d'y être accepté... effectivement y a une forte proportion de hippies et autres rebuts de la société. Et franchement ce qui m'a fait éviter la fac (et marc bloch) c'était aussi et surtout le bordel, les fouteurs de merde et les grèves à répétition. Déjà au lycée on avait fait les frais des antis-CPE avec barrages et fermeture du lycée, et vivre ça en pire merci mais non merci....

    Alors je compatis, je vois mes amies qui galèrent pour avoir leurs résultats et j'entends les bruits de couloir. et je suis soulagée d'avoir évité ça.

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  6. Tellement vrai...

    Sur tout ceux qui se plaignent qu'on leur gache leur avenir, combien sont ceux qui se rendent compte qu'ils sont eux même en train de creuser la tombe de leur réussite professionelle avec leurs grêves et leurs blocages à répétition !

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  7. Tiens, ton article m'a replongé quelques années auparavant, quand je voulais aller en cours pour pouvoir savoir de quoi parler au bac français, avec les antis-Contrat-Pour-Eunuque qui voulais entrer en communion avec les cocos du coin. Comme quoi, il y a des idiots à toutes les époques et partout dans le monde (pour moi, au dessus de Aix c'est le bout du monde, alors par chez toi...)

    Et une petite affiche, que de bons souvenirs, Gundal au Paint, Vred au Word !
    http://img10.imageshack.us/my.php?image=whiteninjaleowner.jpg

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  8. Без комментариев...
    Tu devrais aussi croiser les doigts pr qu'ils ne fassent pas fermer l'ITIRI si tu comptes toujours l'intégrer, parce que l'an dernier, ils étaient bien partis...
    Hold on et essaie de garder ton calme (même si j'imagine à quel point ça doit être difficile).
    Voilà, sinon au pire, tu peux toujours revenir à Pouchkine, les cafards sont pas aussi stupides que les étudiants révolutionnaires français ;)
    Пока!!

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  9. Il faut tous les donner à bouffer aux zombies ! ^^

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  10. Oh non, quand même. Aux requins, à la limite. Mais les zombies, c'est vraiment trop cruel.
    Je souhaiterais même pas à Hitler de se faire bouffer par des zombies. (Bon si, peut-être à Hitler. Mais juste lui. Et Lénine.)

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  11. Fallait travaillez plus au lycée pour ne pas avoir à aller en fac...
    :-)

    Je provoque...,mais sans rire, à quand les grandes écoles de langue, pour ceux qui veulent vraiment faire quelque chose de leur vie ? Parce que, avouons le, la fac en France, c'est pas la panacée, ca ne vaut rien , il faut le dire, à part pour quelqu'uns qui arrivent a s'en sortir, mais avec quelle reconnaissance ???

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  12. héééééééééééééé
    je suis pas anonyme moi !!!!!!!!!!!!

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  13. ESTRI à Lyon, je tente l'année prochaine (Nina, je vais te croiser! On pourra parler des blogs de Tindomerel! :p).
    C'est affligeant de voir que les grandes écoles soient si chères, on voit bien ce que ça donne: les gens qui ont des thunes / qui sont intelligents ds le privé, les chieurs / pauvres à la fac.
    Courage.

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  14. ou pas....

    Je travaille 15hr par semaine pour pouvoir payer mon loyer, ma bouffe, mes études, enfin tout...sans avoir forcément le temps ! (et oui, pas comme dans certains cursus de fac où l'on dépasse difficilement la vingtaine d'heures de cours...)

    Et les écoles ne sont pas si chères, et dans le pire des cas, il reste le prêt étudiant sur l'honneur, accordé très facilement à un étudiant en grande école...

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  15. Oui mais perso j'ai pas voulu me lancer dans de grandes études chères pour ne pas commencer dans la vie avec un prêt sur le dos. OK, c'est à 60 % de la fainéantise. Mais tout est tellement incertain que rien ne te garantit que même en sortant d'une école prestigieuse tu finiras pas caissière au cora...

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  16. Ouh là, jeune fille, calmons-nous.

    Je ne fais en aucun cas l'apologie de quelque régime totalitaire que ce soit, loin de moi cette idée.
    Je pense juste qu'il est dommage de lire des choses aussi réductrices sur ce qu'a été réellement le régime Soviétique à ses débuts. Tu sais comme moi que la Révolution Russe n'est qu'une explosion, un énorme ras-le-bol général de toutes les injustices et les horreurs du régime tsariste. Sous les tsars, les gens avaient la dalle. Sous les tsars il y avait la censure, sous les tsars le servage n'a été aboli que dans la deuxième partie du 19ème siècle... Et sous les tsars, il y avait une classe de privilégiés engraissés par le capitalisme industriel urbain, qui laissaient crever les paysans de faim.
    Ce que j'essayais de te dire en fait, c'est que les petits che gevara à la manque qui squattent ta fac -par ailleurs exaspérants, j'ai les mêmes chez moi- n'ont peut être pas tellement tort: en Russie, dans les années 20, c'est un élan révolutionnaire gigantesque qui parcourt toute la classe ouvrière. Rien à voir avec une élite qui brime tout le monde et empêche le peuple de se nourrir, comme tu le décris.Je le reconnais, sous Lénine, la bureaucratisation est déjà en marche, et il y a déjà l’activité policière 'particulière' de la Tchéka. Je sais aussi que le bagne politique des îles Solovki existe avant la mort de Lénine, que les partis politiques sont supprimés de fait, que la liberté d’expression est limitée. Soit. Mais premièrement, ça change pas beaucoup du régime d'avant, comme je l'ai dit. Deuxièmement, y'a quand même des choses qui changent: les années 20 sont quand-même marquées, comme je l'ai donné déjà en exemple (ce qui apparemment t'as fait bondir), par des réformes scolaires énormes, des législations modernes sur la famille, des inventions graphiques, cinématographiques. Pendant les années Lénine, le taux de croissance est de 44%. Les villes s'aggrandissent, deviennent salubres. Le nombre des ouvriers qualifiés double. La mortalité infantile baisse, les soins sont plus accessibles et de meilleure qualité... Et je ne parlerai pas d'idéologie, mais merde, le but à la base, le rêve soviétique, c'était quand même que les Russes soient égaux, se partagent les richesses, non? C'est novateur, exceptionnel, alors que des valeurs quasi-féodales régissaient le monde tsariste juste avant! Aucun pays n'a connu une métamorphose aussi radicale en si peu de temps... Je partage donc l'avis de tes stupides camarades de promo, désolé: c'est le stalinisme qui a répandu le sang et la honte en Russie. Il est survenu dans un contexte social et historique bien particuler, notemment à cause des 'nouveaux bolcheviks', qui sont arrivés pr profiter de la réussite de la 'promotion Lénine' et n'étaient pas mûs par une véritable flamme révolutionnaire. Je ne vais pas rentrer dans les détails, peut-être pourrons-nous en parler en privé par mail si tu veux en débattre. Tu sais ce que Lénine pensait de Staline. C'est l'avènement de ce dernier qui a transformé le chantier soviétique (certes pas parfait du tout mais en mutation) en une horreur dictatoriale sanguinaire et sans but;et je suppose que tu as dû lire des textes d'auteurs autrement plus éminents que moi qui le reconnaissent.
    Excuse-moi donc si je suis frustré de voir qqn qui semble si intéressé par la culture russe dire que Lénine n'était qu'un dictateur sanguinaire qui a réduit la nation Russe à un pays affamé et exangue, sans prendre en considération le reste. Tu confonds deux périodes très différentes dans l'histoire sovietique. Ce n'est pas grave, j'aime quand-même ton blog. Mais ne t'énerve pas au point de rajouter des lignes outrées à tes articles lorsque l'on t'en fait la remarque!

    Encore une fois, j'aime ton blog, je t'adore, toi et ton blog faites partie de mon quotidien, je suis d'accord avec toi en ce qui concerne les blocages de fac... ne me hais pas!

    Signé

    Anonyme Numéro 1, autrement appelé Lecteur Assidu, Humble, Désolé, et Passionné d'Histoire.

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  17. Oua ! je suis contente de vori que y a en partout des gens qui souffrent des blocages votés par une poignée de blaireaux sans rien dans le crâne, qui hurlent que au moins le vote à main levée c'est le seul moyen démocratique mais qu'un référendum serait un scandale... ça m'exaspère... je sais que ça ne va pas t'être d'un grand secours, mais je te soutiens, je suis totalement d'accord avec toi, j'ai aussi beaucoup souffert de cas abrutis. Courage ! Dis-toi qu'ils moisiront un jour pendant que tu occuperas une belle place dans le domaine que tu souhaites.

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  18. Et bien moi, je tiens à te faire partager mon malheur : toi, tu as la chance d'être bloquée tout court. La Sorbonne, ça fait deux semaines qu'elle est bloquée, deux semaines que je viens tous les matins vérifier qu'elle est vraiment bloquée. Et le seul matin où je suis malade et où j'ai cours avec ma méchante-et-terrifiante directrice de mémoire, elle ouvre deux heures, juste pendant mon cours.

    Blague à part, c'est aussi bien bloqué, à Paris ^^'

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  19. Depuis que j'étudie un peu (j'ai bien dit "un peu") l'histoire de la politique (que c'est bien d'être en L3 Droit option Science po'...), je dois avouer que les combats révolutionnaires m'amènent à me questionner. Et encore, je ne parle pas des communistes d'aujourd'hui, qui existent toujours alors que leur idéologie politique était, en majeure partie, une erreur.
    Le grand avantage d'être élève dans une faculté orientée politiquement à droite, comme l'a dit Sarah, c'est qu'il n'y a aucune grève, aucun blocage. Je ne les subis pas autant, ces hippies. Je dois avouer que sinon, je pense que je craquerais vraiment. Ils ne se rendent pas compte que, même si c'est la merde en ce moment, ils jouent leur avenir. M'enfin perso m'en fous, je pars en Autriche l'an prochain normalement :)

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  20. nan mais t'as vu ça? presque on se croirait sur mon blog.. tu crée la polemique :p

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  21. Bel article...(il devrait y en avoir plus des comme ça!) comme quoi y a encore des gens sensés à Marc BLOCH...ah oui pardon, à l'UDS, vu qu'on est tous unis sous la même bannière.

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