lundi 23 août 2010

It's still a gift! I got it from the GIFT shop!


Je m'amuse bien en ce moment.

L'endroit où je bosse a ce grand avantage de n'être jamais monotone, dû à la grande quantité de touristes qui passent en son milieu.

Le seul truc monotone, c'est que tous les jours, et environ cent mille fois par jour, les gens s'extasient tous sans exception sur la même chose : un body qui porte l'inscription ô combien cocasse "Ça commence par un baiser ça finit par un bébé". Mon dieu.

- Eh chérie! Regarde ça! "Ça commence par un baiser ça finit par un bébé"!
- Oh c'est trop drôle!
-Attends, faut montrer ça à mon frère. Eh Francis! Viens voir un peu! "Ça commence par un baiser ça finit par un bébé"! Eh! C'est pas génial?
- Attends, faut que je montre ça à ma mère? Maman! Viens, lâche les torchons deux minutes, regarde ça!  "Ça commence par un baiser ça finit par un bébé"! 
- Oh je crois que c'est la chose la plus drôle que j'ai jamais entendu de ma vie entière!
- Bouge pas, j'appelle ma soeur pour lui raconter. Allô? Josiane? Oui on est en Alsace là. Oui il pleut. Attends voir, écoute un peu ce qu'ils écrivent sur les ticheurts : "Ça commence par un baiser ça finit par un bébé"!!! Hein? Ouais? Elle est marrante hein? Haha trop bon.

Non mais les gens, faut faire quelque chose là, ça devient grave, j'ai envie de vous envoyer des dons. Je sais pas moi, sortez de chez vous un peu. (En même temps, c'est sûr que si on passe sa vie à regarder Arthur à la télé, il faut pas grand-chose pour faire rire, en comparaison.)

Mais sinon, y'a de l'animation, hein. Mes préférés, c'est les parents irresponsables.

Il faut savoir que je travaille dans un magasin qui contient, entre autres, de la poterie très chère made in Alsace (six semaines pour vous faire un plat à beackaoffa, il a compté les pauses clopes le bougre d'artisan ou quoi), des maisons alsaciennes en terre cuite, des magnets en résine (eh oui, on dirait pas mais ça casse), des bougies dans des pots en verre, de la vaisselle avec des cigognes (mais faite en Chine, celle-là), et plein de boules à neige. Donc en principe, tu décides d'entrer, tu tiens ton gamin par la main (ou en laisse, si tu es Anglais).

Mais y'a des gens, tu les comprends pas. Peut-être qu'ils ont mangé des brownies bizarres avant de venir, peut-être qu'ils sont aveugles, ou peut-être juste que d'élever leur monstre était trop fatigant et qu'ils ont décidé de tout laisser tomber. Quoi qu'il en soit, les gamins débarquent, ils touchent à TOUT, et la riposte parentale est fulgurante:

- Dylan!
(bonjour, il n'existe pas assez de noms en France pour mon gamin, du coup j'en ai pris un que j'ai entendu dans Beverly Hills)
- Dylan, pose la maison en terre cuite, c'est fragile.
(cause toujours)
- Dylan, s'il te plaît, maman te demande gentiment. Ça casse tu sais.
(je m'en fouuus)
- Allez, Dylan, sois gentil avec maman. Allez. Dylan va poser la maison et puis maman lui achètera une glace.
(re-bonjour, je parle à mon enfant à la troisième personne)
- Bon Dylan ça suffit maintenant. Tu poses la maison. Maman ne va pas répéter.
(on parie?)
- Dylan c'est la dernière fois! Je compte jusqu'à trois! Un... deux...
(il a l'air trop intimidé)
-....Trois! ....Bon Dylan c'est la dernière fois! Je compte jusqu'à quatre!

A ce moment de l'histoire, c'est là que la chère tête blonde casse un truc (on l'avait pas vu venir). Et là, que fait le parent? Il s'insurge!

- Comment, payer pour cette maison que mon fils a cassée? Mais ce n'est qu'un enfant, il l'a pas fait exprès!
(Ce serait le pompon, tiens.)
- Et puis c'est de votre faute, vous n'aviez qu'à pas les laisser traîner partout dans le chemin!

Les gens, ils ont aucun scrupule: il y a environ trois mille gamins qui passent par ici tous les jours, et bizarrement, eux, ils cassent rien du tout. Bizarrement, le seul qui casse tout, c'est ton gamin chiant qui depuis tout à l'heure s'amuse à prendre tout ce qu'il voit en main, et avec ta bénédiction. La vie elle est trop injuste quand même.

(Bon après moi je m'en fous, c'est pas moi qui perd de l'argent quand on casse des trucs.)

Ce qui est aussi rigolo, c'est d'écouter les requêtes des gens. Sur le devant du magasin y'a écrit "souvenirs" en grand, et en trois semaines, on m'a déjà demandé si je vendais des chaussures, des pansements, du jambon (si si!), des chaussons, des bergères en porcelaine (on a même pas de moutons en Alsace, qu'est-ce que tu veux qu'on fasse d'une bergère), et des loups.

- Bonjour, vous avez des loups?
- Des loups? Genre de ces chiens qui ressemblent à des loups mais en fait ça reste des chiens, ou bien les vrais, ceux qui vous arrachent la tête?
- Non, des figurines de loups, des objets avec des loups dessus, enfin des trucs à thème de loup, quoi.

Mon dieu. 

Excuse-moi, tu viens des années 80? La seule période de l'histoire où c'était cool de se balader avec un T-Shirt de loup hurlant à la pleine lune? (Moi j'en avais, genre, trois!)

- Heu, non, ici notre rayon c'est plutôt les cigognes. Vous savez, vu qu'on a pas eu de loup dans le coin depuis 1815. Essayez le Gévaudan, vous trouverez peut-être quelque chose.

Ce qui m'amuse le plus, c'est les malpolis.  Exemple : une petite vieille s'approche de moi sans me dire ni bonjour ni bonsoir, me brandit une nappe sous le nez, et me lance:

- Pour dix euros, je l'achète.
- Bonjour madame.
- Pour dix euros, je l'achète.
(Oh je sens que ça va être fun avec toi)
- Écoutez madame, elle est déjà soldée à treize euros, on ne descendra pas le prix.
- Je souhaite parler à un responsable.
- La responsable, elle vous dira exactement la même chose que moi.
- OUI EH BEN LA RESPONSABLE C'EST PAS VOUS ALORS J'EXIGE DE PARLER A LA RESPONSABLE D'ACCORD?
- Elle n'est pas là.
- Bon, si c'est comme ça je repose la nappe.
- Ben allez-y. Si c'est pas vous, ce sera quelqu'un d'autre.

J'ai cru qu'elle allait nous faire un infarctus sur le pavé.

Y'a des gens, ils sont en vacances, et ils ont toujours la rage. On dirait qu'ils ont été constipés toute leur vie.

- Mademoiselle?
- Oui?
- Je voudrais essayer la montre, là.
- Oui, voilà madame.
- Pffff. Oh qu'elle est moche. Non, donnez-moi celle-ci plutôt. Oh, elle est moche aussi.
(dix minutes plus tard)
- Bon je prends celle-ci. C'est pas la plus belle, mais c'est la moins moche. (sic!)
- Comme vous voulez.
- Eh c'est quoi ça? Elle marche pas!
- Non, c'est juste qu'on a arrêté la montre. Pour pas user la pile.
- Ah ben il manquerait plus que ça! Bon, et vous me donnez une pile de rechange avec?
- Heu non. Je viens de vous dire, elle est neuve, votre pile, vous avez pas besoin d'une rechange.
- Ah mais c'est n'importe quoi ici! Je ne reviendrai plus!

C'est sûr, dans une boutique de souvenirs, on mise vachement sur la fidélisation de la clientèle. Duconne.

Et puis bon, la palme des connards revient sans conteste à ce monsieur :

- Excusez-moi, mademoiselle! (faut imaginer un ton de "je vais t'arracher la tête et te chier dans le cou")
- Oui?
- C'est qui le taré qui rôde dans la rue, là? Il a regardé ma femme, il est pas bien, c'est un malade, faut l'enfermer quoi!!
- Ah, oui je vois, vous parlez de C. 

C'est sûr que C. peut être un peu surprenant au début. C'est un villageois qui a un léger retard mental qui l'empêche de travailler, alors pendant la journée, il traîne dans la rue, et de temps en temps les commerçants du coin l'exploitent allègrement lui font faire des commissions "pour l'occuper" (Et sans la moindre rémunération, mais de temps en temps ils lui payent une bière et ça lave tous leurs scrupules.) Et la chose un peu dérangeante à son sujet, c'est qu'il mate les femmes. Pas discrètement du tout. Moi, chaque matin, il me serre la main, regarde insistement ma poitrine pendant plusieurs secondes, et ricane tout du long. C'est sûr que c'est pas super agréable, mais qu'est-ce qu'on peut y faire? Le monsieur avait la solution:

- Mais enfin, il faut pas le laisser comme ça, traîner dans la rue! C'est super agréable pour les estivants, je vous assure! On arrive dans le village et on se fait agresser comme ça! 
- C'est pas sa faute quand même.
- Ouais mais c'est dégueulasse, vous auriez dû voir comment il a regardé ma femme! Je vous jure, c'est agréable, quand on est en vacances!

Au début j'essayais de me contrôler, mais là il commençait à me courir sur le haricot.

- Vous avez raison. La prochaine fois que je vois sa soeur, je lui dirai de l'enfermer dans une cage, comme ça vous serez tranquille.

Ça l'a énervé encore plus. Celui-là, il devait pas avoir fait caca depuis 1975.

- Ah mais c'est n'importe quoi, vous vous moquez du monde! Enfin vous êtes prévenue, la prochaine fois que je le vois, je lui fous mon poing dans la gueule.

(Quelle classe.)

Et avant de partir, il a conclu par:

- Chez nous, on ne laisserait jamais arriver un truc pareil.

Puis il est reparti, brisé dans sa dignité d'homme, dans sa BMW immatriculée 75. (C'est triste à dire, mais ça ne m'étonne même plus. On se coltine peut-être un taux de consanguinité hors normes, mais ça fait plaisir de voir qu'on a pas le monopole des trous du cul.)

Mais dans l'ensemble, les gens sont quand même sympas et détendus, ils prennent la vie du bon côté:

- Sale temps pour vos vacances, hein?
- Oh vous savez, nous on est Bretons, alors...

Et parfois même, ils ont de l'humour.

- Oh, regarde chéri, les jolis sifflets!
- Ouh, dis donc, il fait un sacré boucan.
- Bah, prend-le quand même. On s'en fout, c'est pas notre gosse.

Et puis bon, c'est pas pour me vanter d'être dans la crème de la jet-set, mais j'ai quand même vendu un baromètre à Cathy Guetta, et ça c'est tout de même la super classe.

Donc dans l'ensemble, on peut dire que c'est un boulot vachement cool. Et surtout, on rencontre des gens de toute la France, et on fait des découvertes surprenantes.

- Vingt-quatre euros cinquante, s'il vous plaît.
- Dis donc! Vous parlez super bien français!

C'est des découvertes qui vont dans les deux sens, souvent.



PS : Oui, c'est dur à croire, mais tout est vrai.

7 commentaires:

  1. Ca m'étonne qu'il y ai tjrs des gens qui croient que l'Alsace c'est l'Allemagne... Cmt ils ont fait pour louper la fin du déroulement de la deuxième guerre mondiale et pas avoir remarqué que la France a gagné?

    Ils viennent de quel trou eux ?

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  2. Moi on me fait souvent remarquer que "ouh punaise mais t'as pas du tout d'accent !!".

    Mais en fait je crois que j'aime bien être assimilée à l'Allemagne. Eux au moins ils sont écolos. Et blonds. Et puis tu peux te dédouaner gentiment de la politique de "la France" puisque toi c'est l'Alsace ! Et pis l'alsacien c'est super sympa comme langue (faut juste que j'apprenne à le parler ^^)

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  3. Merde, je crois que je suis un peu chauvine...

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  4. J'ADORE !
    xD

    En tout cas tu as la réplique agréable dans le magasin ! Ils doivent être sonnés quand ils sortent, tes clients :p.

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  5. Tu as vendu un baromètre à Cathy Guetta?!
    Elle a probablement dû entendre parler de toi et à voulue te rencontrer, je ne vois que ça comme explication...

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  6. Incroyable de se dire que tout est vrai, les gens sont fous !
    J'adore le "oh bah nous on est Bretons alors..." Etant Normande je comprends cette remarque.
    Sinon, euh le titre vient de Joey dans Friends nan ? (oui c'est le plus important dans l'article...)

    Au fait, tu pourrais me dire pourquoi j'ai rêvé de toi cette nuit ?

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  7. Ca ne m'étonne même pas ! Je bosse à Mcdo depuis un an (job étudiant) et des connards comme ça j'en vois passer au moins 3 par jour rien qu'à ma caisse !
    On a même eu droit un jour à un type qui est revenu avec son sandwich parce "qu'il sentait la viande" Oh mon dieu ! un steak qui sent la viande c'est affreux!

    Le Français moyen est un abruti. Mais je ne t'apprends rien ^^

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