Et sinon, l'autre jour, j'ai participé au championnat national de beach soccer.
Ouais, ça en jette quand tu le dis comme ça, hein?
C'est normal, c'est fait exprès.
Quand tu arrives en Nouvelle-Zélande en tant qu'étranger, tu te rends vite compte qu'en fait, le mot "national" est apposé partout pour faire cool, mais qu'en fait, c'est des événements qui concernent toujours, au final, que la population de la Bretagne.
("Championnat Breton de beach soccer", ouais, c'est sûr, tout de suite.)
Parenthèse : quand un Kiwi veut en jeter encore plus qu'avec "national", il utilisera aussi le terme "dans toute l'Australasie" (parce que c'est quand même assez facile de battre les gens de Papouasie-Nouvelle-Guinée en termes d'innovation), voire même "dans toute l'Hémisphère Sud" pour les plus flambeurs.
(Mais les Kiwis ont tendance à "oublier" l'Amérique du Sud quand ils utilisent ce dernier terme. En fait, ils incluent juste l'océan Pacifique, ouais, voilà.)
Le championnat national de beach soccer, c'était donc cinq mini-terrains de foot sur la plage de Mission Bay (la plage la plus proche d'Auckland), des équipes formées de gens qui s'étaient inscrits pour rigoler un coup, et qui étaient venus jouer au foot de la même manière que quand ils viennent à la plage : avec leur famille, leurs enfants, une tente, une glacière et un barbecue.
(Une journée à la plage en Nouvelle-Zélande ne compte pas comme une vraie journée à la plage si t'as pas emmené une tente, une glacière et un barbecue. Qu'on se le dise.)
(Pourquoi une tente et pas juste, genre, un parasol? Je me pose aussi la question, t'inquiètes.)
C'était donc pas vraiment un championnat de semi-pros, mais plutôt de semi-amateurs.
Moitié amateurs, moitié "j'ai jamais touché un ballon de ma vie".
(Devine quelle moitié j'étais?)
Je déteste le sport, d'une, et j'ai plus touché à un ballon depuis le collège (époque où on me forçait à faire du foot en cours d'EPS). (Après au lycée j'ai pris toutes les options où y'avait pas de foot. Ou de natation, mais bon, ça c'est parce que je sais pas nager.)
La raison pour laquelle je déteste le sport (outre que c'est fatigant et que ça fait transpirer alors que chez moi y'a des fauteuils confortables, des livres et un PC, franchement le choix est vite fait) c'est surtout que j'ai un petit problème de géométrie dans l'espace. Alors quand c'est pour faire des choses simples, genre marcher, courir, danser en agitant les bras, ça va.
Mais quand il s'agit de se repérer sur une surface en trois dimensions, c'est la galère.
(J'arrive d'ailleurs toujours pas à faire un créneau en moins de 8 essais.)
(Je suis un stéréotype féminin et je me sens sale.)
Alors, si tu me donnes la tâche de taper dans un ballon avec la pointe du pied, tout en courant, tout en tapant ce ballon pour qu'il effectue une trajectoire dans l'espace et qu'il arrive au point voulu, et si tu rajoutes que tout ceci se passe dans le SABLE, t'auras une idée de mon appréhension à l'idée de jouer au beach soccer.
(Courir dans le sable. COURIR. Dans le. SABLE.)
(Un portrait assez fidèle de moi après 5 minutes de jeu.)
En fait, la raison pour laquelle j'étais inscrite, c'était que mon patron s'était dit que ce serait rigolo de jouer avec tous les gens de la boîte (au nombre de huit), cohésion, esprit d'équipe, tout ça, et c'est moins cher qu'un séminaire à la montagne.
(Apparemment, ça suffit pas qu'on bosse tous dans un seul bureau en open space de quarante mètres carrés.)
Nan, je fais mon mauvais esprit, mais c'était vraiment une bonne idée. On était tous à la plage, on a mis les pieds dans l'eau, le PDG nous a acheté des glaces à l'eau pour qu'on l'aime (ça a marché), c'était sympa.
Sauf qu'après, il a fallu jouer au foot.
Moi, pas folle, j'avais emmené Flaxou, parce que c'est un garçon et que je me suis dit qu'il serait génétiquement mieux disposé que moi à courir en tapant dans un ballon.
(Je me sens si sale.)
(En fait il était tout aussi nul que moi, vive l'égalité des sexes.)
Mais au bout d'un moment, j'y suis quand même allée, parce que bon je voulais pas faire la meuf qui s'exclut alors que je suis la nouvelle dans la boîte.
Donc je suis arrivée sur le terrain.
Je savais pas du tout quoi faire, alors j'ai commencé à trotter sur les côtés, où il se passait rien, en prenant un air déterminé genre je sais ce que je fais. Mais bon, il se passait vraiment rien.
Alors j'ai trouvé un membre de l'équipe adverse qui avait l'air pas trop balèze, et je l'ai collé pour pas qu'il chope la balle. C'était un bon stratagème, sauf qu'à un moment la balle est allée vers lui, j'ai paniqué, je me suis enfuie en courant et je suis tombée à plat ventre dans le sable.
(Ça va, c'est mou.)
Du coup, je me suis remise à trotter au bord du terrain.
Ça faisait dix minutes que je faisais rien et je commençais un peu à désespérer et à crever de chaud et de fatigue à force de courir dans le putain de sable. Alors je me suis dit : je tente le tout pour le tout. J'ai pris mon courage et mon soutif-pas-de-sport-parce-que-j'avais-oublié-de-mettre-le-bien-ce-matin à deux mains, et j'ai couru au milieu du terrain.
Y'avait du sable qui volait dans tous les sens et des gens qui criaient des mots inconnus (Penalty?), c'était terrifiant, je me croyais dans un film sur la guerre du Golfe.
Et là.
Le ballon a volé dans les airs et a atterri entre une meuf et moi.
Par un instinct sorti du fond des âges farouches, je me suis ruée dessus, j'ai trouvé un membre de mon équipe, j'ai pointé mon pied dans sa direction, et j'ai fait une passe.
J'AI. FAIT. UNE. PASSE!
On a gagné le match et le patron nous a dit qu'on avait tous bien joué (tu m'étonnes, avec une passe pareille). On a mangé encore une glace et puis on est rentrés parce que je bossais à 17 heures, j'avais du sable plein les cheveux et je transpirais comme un camionneur, mais je m'en foutais.
- Et là je vise Warren, et je shoote, et je passe! Tu m'as vue? Fla! Tu m'as vue faire la passe?
- Oui, ma chérie.
- C'était une belle passe. Hein? Elle était belle, ma passe. Tu l'as vue? T'as vu ma passe?
- Oui.
- Tu l'as pas bien vue. T'aurais dû la voir de mon point de vue. Ha... une de ces passes!
Tremble, David Beckham.
La relève est assurée.
La GRANDE classe
RépondreSupprimerAh mouais, quel crève-cœur ! Voir les jeunes femmes de notre beau pays partir au-delà des horizons, remplies d'espoir.... Et les retrouver quelque temps plus tard, sur le sable, à demi-nues, contraintes de faire des passes !
RépondreSupprimermais où s'arrêtera cette déchéance ? ...
C'est le commentaire le plus drôle que j'ai jamais eu de toute ma vie.
Supprimer(Sérieusement, je rigole encore.)
Yep. Comme ce blog est aussi un des plus drôles que j'ai jamais lus, je suis bien content de m'être vengé (un peu), question décrochage de zygomatiques :)
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