samedi 25 mai 2013

Vis ma vie de survivante de l'enfer


(Une illustration de ce que les gens dans ce pays considèrent "fun".)

Donc, comme tu sais déjà, j'ai un super travail.

Ce que tu sais peut-être pas, c'est que j'ai aussi un super patron.

Patron qui a décidé, pour le fun, d'inscrire tout le bureau à une course d'obstacles de 5 kilomètres qui avait lieu samedi dernier dans le Sud d'Auckland.

J'étais pas très enthousiaste, moi qui n'ai plus fait de sport depuis ce semestre de fac où j'avais pris boxe anglaise parce que j'avais vu Million Dollar Baby (et aussi parce que ça rassurait ma mère vu que je vivais seule à la Robertsau et qu'elle avait peur que je me fasse violer tous les soirs en rentrant chez moi.)

(Parce que, c'est bien connu, les violeurs sévissent souvent en face du Parlement Européen, dans l'avenue la plus bourrée de flics de tout Strasbourg.)

(Et puis, c'est bien connu, je pourrais carrément mettre un homme adulte hors d'état de nuire après un semestre de cours de boxe, avec la force de  mes poings minuscules et mes muscles en yaourt.)

Bref.

Du coup, pour une course d'obstacles, j'étais chaude comme la braise, tu t'en doutes.

- Alors les gars, je vous inscris pour la course? Charlotte?



- Heu c'est-à-dire que la dernière fois que j'ai participé à une course, c'était en 2005, quand on avait dû courir 3 km autour du Colmar Stadium en Première, je m'en souviens parce que c'était en novembre et je m'étais pelé les miches.
- Je vois.
- Et même là, j'étais déjà morte à la fin.
- Mh hm.
- Alors que je faisais, genre, 15 kilos de moins.
- D'accord.
- En plus là je viens d'avoir des triplés dans les Sims... c'est un sacré boulot à gérer, hein. Donc samedi, bof, ça va être difficile pour moi.

Et puis, mon patron a dit le mot magique :

- Oui mais là on court contre des zombies.
- Faut signer où?

Et c'est comme ça que, samedi aux aurores (bon d'accord, midi, mais ça va je bosse de nuit, j'ai plus l'habitude!), je me suis retrouvée chez Spookers en tenue de sport, prête à faire leur fête aux zombies.

Par la même occasion, j'en ai profité pour étrenner pour la première fois le pantalon de jogging que j'avais acheté y'a 6 mois, me débarrassant ainsi de tous les scrupules liés au fait que je l'utilise exclusivement pour aller chercher le courrier (parce qu'en pyjama ça fait négligé, mais un jogging, ça fait sport) (si, chut).

Le but de la course, c'était de finir les 5 kilomètres avec au moins une vie restante. (Parce que ouais, comme dans les jeux vidéo, on avait des vies, sous la forme de 4 fanions accrochés autour de la taille.) Les zombies (des employés de chez Spookers qu'on avait pas le droit de taper) (je trouve ça vachement traître, parce que toute mon éducation cinématographique et vidéoludique me hurle le contraire) étaient disposés à des endroits stratégiques de la course, et leur but était de choper tes fanions jusqu'à ce que t'aies plus de vies et que tu sois éliminé de la course.

Autant te dire que j'avais aucun espoir de réussir à finir la course, étant donné que j'arriverais même pas à finir une course de 5 kilomètres sans zombies et sans obstacles (déjà, quand je cours 500 mètres pour choper mon bus, je souffle comme un boeuf pendant 15 minutes) (une fois, un mec dans le bus m'a même proposé sa ventoline, je te laisse imaginer).

Donc là, je m'étais donné comme but de faire au moins la moitié du parcours avant de me faire virer, histoire de partir la tête haute.

Et finalement, miracle parmi les miracles, J'AI FINI LA COURSE.

Ce qui m'a sauvé, c'est que j'étais pas obligée de courir tout le long des 5 kilomètres. En fait, je pensais que les zombies allaient nous courir après, et que du coup il faudrait être en mode jogging tout le temps (et encore, ça c'était dans un scnéario "zombies lents à la Romero". Je pense que j'aurais même pas tenu 10 secondes si on avait eu droit à des zombies infectés, type 28 Jours Plus Tard).



(Les nains n'aiment pas les marathons.)

En réalité, les zombies étaient disposés à intervalles réguliers le long du parcours, et ils bougeaient pas trop. (Après tout, c'est des gens comme toi et moi, ils se fatiguent aussi). Du coup ils te couraient un peu après quand tu passais à côté d'eux, mais ils avaient un "territoire" relativement restreint.

Quand j'ai réalisé ça, tu t'imagines bien que la "course", c'était plutôt de la marche, et quand y'avait un zombie, je faisais des petits sprints.

Par exemple, j'ai commencé la course en courant à petites foulées au milieu de mes collègues, puis au bout de 5 secondes y'a un zombie qui a surgi au milieu de la foule. Alors j'ai sprinté comme une malade et je me suis retrouvée tout devant. Puis y'a eu le premier obstacle (escalader des meules de foin) et, du coup, je me suis retrouvée tout derrière.

(C'est pas de ma faute, y'avait des zombies en haut des meules de foin, j'ai dû attendre qu'une vague de survivants se fassent choper pour passer en loucedé.)

Puis j'ai continué à courir à petites foulées, je suis passée dans un champ de boue et dans un champ de pneus dégonflés, et là, j'ai vu le panneau qui indiquait que j'avais déjà fait UN KILOMÈTRE.

Un kilomètre et j'avais encore tous mes fanions!



J'étais tellement fière de moi que j'ai pas vu arriver la CONNASSE de meuf zombie derrière moi, qui m'a chopé TROIS fanions d'un seul coup.

(Je suis même pas sûre que c'était légal.)

Et puis, alors que j'étais en train de mi-courir, mi-me retourner pour hurler des injures en français à la connasse de meuf zombie ("Connasse! Bouffonne! Face de pet!"), j'ai failli rentrer dans mon collègue Daniel, qui s'était arrêté parce qu'il avait perdu sa chaussure dans la boue.

(Le mec il va faire une course contre les zombies et il met les lacets dans ses baskets au lieu de les nouer. Franchement.)

Mais j'étais contente, parce que j'étais plus toute seule (et surtout parce que j'étais plus la dernière), donc j'ai fait le reste de la course avec lui et sa copine. Et je peux te dire qu'on a galéré, parce que les obstacles de cette course ont visiblement été conçus par un génie du mal.

J'en tiens pour preuve le champ de fils électrifiés qu'on a dû traverser, et où, alors que j'esquivais un zombie en utilisant ma technique de repousse fort avancée :



C'est ce moment qu'a choisi un fil électrifié pour s'enrouler autour de mon cou, ce qui, non seulement a failli m'étrangler, mais m'a en plus fourni une jolie brûlure sur la gorge :

Maintenant on sait qu'en cas d'apocalypse de zombies, il y aura les survivants, ceux qui se font manger, et celle qui s'étrangle toute seule avec un fil qui pend du plafond.

(J'espérais au moins avoir une cicatrice de badass, mais en fait ça a déjà guéri.)

(Maudit soit mon métabolisme supraluminique.)

Le reste des obstacles étaient sympas dans le même genre. Y'en avait un où il fallait ramper sous des fils, façon entraînement des Marines dans tous les films de guerre, et les zombies étaient sous les fils avec toi (j'ai cru que j'allais mourir). 

(Mais au moins je me suis pas fait mal toute seule, ce coup-ci.)

Et puis on a dû courir à travers une forêt couverte des trophées de la course de l'an dernier (principalement des chaussures boueuses) et puis on s'est perdus dans un labyrinthe de maïs, et juste quand on avait retrouvé le chemin, on est tombé sur ça :






Donc moi j'ai sprinté, normal, et puis j'ai entendu des cris de panique alors j'ai couru encore plus vite (parce que bon, déjà dans Left 4 Dead je reviens pas en arrière pour sauver mes potes, et pourtant j'ai un fusil à pompe, alors t'imagines bien que je vais pas risquer ma vie pour mes collègues de bureau, même si des fois ils m'offrent des bonbons).

Une fois arrivée à une distance sûre, j'ai ralenti, et la copine de mon collègue m'a rejointe et a dit :

- Daniel est pas là, il faudrait l'attendre, tu crois pas?

Alors je l'ai chopée par le bras et j'ai couru plus vite.




(Elle me remerciera le jour où les zombies arrivent vraiment.)

Ensuite il a fallu traverser une rivière à gué (on est en Mai, je le rappelle, c'est comme Novembre dans l'hémisphère Nord), autant te dire que je me suis bien pelé les meules.

Et là, tu te dis "iih une rivière, t'as dû être toute dégueu et pleine de boue, c'est nul".

Et là, laisse-moi te répondre : HA HA.

Parce que de la boue, j'en ai vu mon petit gars, c'était un peu le thème récurrent de cette course :



(Nan mais c'est chouette, ça fait thalasso gratuite. Y'a des gens qui vont à Rotorua et qui payent des sous exprès pour ça!)

Et puis faut avouer qu'on était pas les plus à plaindre :



Même si cette épreuve de la tranchée pleine de boue a été assez traumatisante quand je suis tombée de ma poutre et que je me suis enfoncée dans la boue, et puis toute la boue est rentrée dans mon débardeur et j'en avais plein le soutif.

Après, je devrais pas me plaindre, puisque c'est à ce moment où je me disais "ma vie est nulle et j'ai de la boue dans la culotte, pourquoi oh pourquoi" que j'ai entendu mon collègue Daniel derrière moi s'exclamer dans tous les jurons de la langue anglaise, parce qu'il était tombé dans la boue et qu'il venait de réaliser qu'il avait laissé son portefeuille dans la poche de son jean.

(Le plus drôle, c'est qu'à la fin de la course, il a trouvé une clef USB dans l'autre poche.)

(Maintenant tu comprends pourquoi, au bureau, les gens me trouvent intelligente.)

(Alors que je m'étrangle toute seule avec des fils électriques.)

Mais bon, en soi, la boue, ça me dérangeait pas trop. Au contraire, ça faisait comme une petite madeleine de Proust. Ça me rappelait mon enfance, quand, avec mon cousin Bryan (oui j'ai un cousin qui s'appelle Bryan, c'est bon, arrête de juger ma famille) on faisait des batailles de boue, au printemps, dans la forêt, parce qu'il y avait plus de neige mais qu'on aimait bien faire des batailles quand même.

(Quand on vit sans Internet, on s'amuse avec ce qu'on peut.)

Ce qui me dérangeait plus, c'était surtout qu'à chaque coin de piste, je tombais sur ma collègue Oxana, qui était venue en tant que soutien moral, mais surtout en tant que paparazzi officiel, et qui me regardait en faisant :




("Celle-ci, elle va direct dans la newsletter!")

Mais, en règle générale, c'était fun, j'avoue.

J'ai fini la course morte de froid et de fatigue, mais avec un fanion (victoire suprême) et deux ou trois égratignures cool. 

J'ai eu droit à une "douche" (ce qui signifie que les pompiers m'ont arrosé avec une lance à incendie pour enlever le gros de la boue), j'ai eu des courbatures toute la journée du lendemain, et ma voiture a senti le vieux marécage pendant trois jours. 

Et j'ai dû jeter ma culotte et c'était la bien, celle qui me remontait jamais dans les fesses.

C'était génial.

5 commentaires:

  1. C'est sûr que tu vas t'en souvenir toute ta vie!

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  2. Tss tss. Jeter sa culotte, c'est pas génial question développement durable, ça, m'dame. Il y a des sites spécialisés qui se seraient fait une joie de la recycler, et en plus en payant. Le monde est bien fait, des fois, non ? Bon, si en plus, elle était remontée là où tu dis, tu en aurais sûrement obtenu un prix encore plus élevé.
    Mais on peut pas tout avoir, rô....

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  3. han, génial!! Je veux faire la même chose!

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  4. Ils commencent à s'y mettre en Angleterre !

    http://www.gentside.com/zombie/survivez-a-l-039-apocalypse-et-aux-zombies-dans-ce-jeu-de-role-a-echelle-urbaine_art50998.html

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