La semaine dernière, j’étais un peu en deuil.
Pas un deuil aussi affreux que les trois semaines de déprime qui ont suivi la sortie DVD de la version longue du Retour du Roi (alias "Oh mon Dieu ça y est le Seigneur des Anneaux c'est fini à tout jamais y'aura plus jamais de films et JRR Tolkien est mort et y'aura plus jamais de livres mais que vais-je faire de ma vie plus rien n'a de sens j'ai envie de mourir").
(Quelques années plus tard ils ont commencé à parler de l'adaptation du Hobbit et c’était un peu comme une résurrection.) (Si j'avais su ce que ça allait donner, je me serais moins enthousiasmée - enfin c'est une autre histoire.)
Pas non plus du niveau du deuil que je vais devoir essuyer quand la série des bouquins "A song of Ice and Fire" sera finie (Surtout que, comme je le sens parti le George, il va nous finir la saga dans un bain de sang et adieu la vie, adieu l'amour, adieu tous les Stark).
Mais, quand même, c’était la fin des fins de deux séries que j'ai suivies avec pas mal d'enthousiasme durant ces dernières années : Dexter et Breaking Bad.
Et je trouve ça assez révélateur que les deux épisodes de fin sortent au même moment, parce qu'ils rendent une image assez fidèle de leurs séries respectives dans leur globalité.
Pour faire simple : Dexter, c’était décevant, Breaking Bad, c’était rassasiant.
(Ah oui, au fait : je vais pas insulter ton intelligence avec une grosse bannière SPOILERS, vu que c'est marqué "fin des fins" dans le titre, comme sur le Port-Salut. Donc si t'as pas vu la fin des séries et que tu lis cet article, t'as mérité tout ce qui t'arrive.)
Breaking Bad c’était rassasiant, donc, parce que le génial Vince Gilligan nous a pas pris pour des jambons et nous a signé une fin aux petits oignons, qui met les points sur les I et les barres sur les T.
Walter quitte ses superbes forêts enneigées pour retrouver les paysages arides du Nouveau-Mexique (filtre orange en foooorce!), trouve un moyen d'assurer l'avenir de ses enfants (c’était quand même le postulat de départ de toute la série), dit un dernier mot à sa femme, lui indique où est enterré Hank (et en profite pour enfin admettre qu'il n'a bâti son empire narcotique que dans le but de satisfaire son ego malade), va buter du Nazi juste pour le fun et en profite pour libérer Jessie de sa captivité, se prend une balle perdue, et meurt au milieu d'un labo clandestin sur l'air de "Baby Blue" et des sirènes de la police qui approche, un sourire aux lèvres.
Les personnages ont tous fait un chemin incroyable, mais la série finit en bouclant la boucle : Skyler et les enfants sont sains et saufs, Jessie s'en sort contre toute attente (heureusement, parce que s'il s’était fait tuer j'aurais fondu en larmes pendant trois jours en maudissant cette série jusqu’à plus soif), et Walt expire (et expie), non sans un dernier pied-de-nez aux autorités, entouré du symbole de sa grandeur et de sa décadence : la chimie.
(On a même enfin eu droit à une utilisation de cette putain de ricine qu'ils nous trimbalent depuis 3 saisons!)
Une bonne fin, donc. Pas de suspense forcé à la mords-moi le nœud, pas d'effet de fin ouverte genre "to be continued?", pas de violons sirupeux ou d'effets tire-larmes.
Une fin belle, simple, magistrale, à l'image de toute la série en fait.
(Ah mais ce plan de fin, ce plan de fin, je pourrais en faire une symphonie!)
Les scénaristes ont quand même réussi l'exploit, après les trois saisons les plus chiantes de l'univers et dans lesquelles il ne se passait presque rien (des réflexions sur la religion, des réflexions sur l'amour, des réflexions sur les plantes vertes, nan mais on s'en fout va tuer des gens!), de faire le final le plus bâclé de l'histoire depuis la fin de Desperate Housewives (oui, je l'ai toujours en travers de la gorge).
On retrouve donc Dexter alors qu'il est en partance pour l'Argentine avec Hannah-la-connasse (ça se sent que j'aime pas cette meuf?) et Harrison-le-débile (qui a presque 6 ans mais visiblement ne sait toujours pas marcher, vu que Dexter le porte CONSTAMMENT dans ses bras à chaque plan de chaque épisode de chaque saison).
Le vol est annulé à cause de la tempête qui approche Miami, et Dexter se rend a l’hôpital pour apprendre que Debra s'est faite tirer dessus par le Brain Surgeon (qui court toujours), mais qu'elle va bien. On a même une scène exprès ou un médecin guilleret nous annonce que décidément elle a eu beaucoup de chance et que tout va aller pour le mieux, dis donc, je vois vraiment pas ce qui pourrait arriver comme retournement de situation, oh la la.
Dexter décide de laisser Hannah et Harrison partir en Argentine et de les rejoindre le jour suivant, vu qu'il a décidé de s'occuper lui-même du Brain Surgeon - alors que dans l’épisode d'avant il décidait de le laisser à la justice, puisque pif paf pouf j'suis plus psychopathe grâce au pouvoir de l'amour (SÉRIEUSEMENT?) et que donc puisqu'il n’éprouvait plus le besoin de tuer il pouvait enfin se libérer de son Dark Passenger et vivre dans la joie, l'amour et les poneys Argentins.
(Ah ben il a pas chômé le môme de Captain Planète avec sa bague de l'amour.)
Mais entre-temps, Miami Metro n'a pas chômé non plus (vu que les flics peuvent enfin faire leur boulot sans Dexter qui leur tire dans les pattes) et a attrapé le méchant.
Et puis soudain, c'est le drame qu'on avait pas vu venir du tout : Debra a un caillot de sang qui la fait devenir toute légumineuse et Dexter pique une grosse colère (puisque comme pif paf pouf il est plus psychopathe, d'un coup il a aussi accès à toute une palette d’émotions comme la rage ou la tristesse, hoplà, c'est prix de gros sur le scénario, tout doit disparaître).
Donc il va au siège de Miami Metro, rentre dans la salle d'interrogation où est logé le Brain Surgeon, et le trucide avec un stylo Bic devant une caméra de surveillance.
Attends, je vais répéter ça un coup :
Dexter Morgan, le plus grand tueur en série de Miami, le criminel le plus efficace et le plus méticuleux de tous les temps, sort un prétexte bidon pour se rendre dans une salle d'interrogatoire où il n'a rien à faire (puisque non seulement il ne travaille plus pour Miami Metro, mais en plus il est le frère de la victime, donc il devrait en toute logique être complètement écarté de toute l'affaire) (cela dit, ça empêche pas le fiancé et le super pote de la victime de prendre part activement à l'interrogatoire, donc après tout, on n'est plus à ça près).
Ensuite, il fait un long speech au tueur (au lieu de faire semblant de prendre ses échantillons et de se casser), pose un stylo devant lui, esquive de manière surprenante une attaque sauvage d'un tueur expérimenté, puis arrache le stylo de son épaule et le plante droit dans la jugulaire de son agresseur, d'un geste expérimenté, d'une main sûre et ferme, et le tout sans un battement de cil.
SÉRIEUSEMENT?
Et le mieux, c'est ensuite que Quinn et Batista regardent la vidéo du meurtre, et disent que non non, y'a rien qui cloche!
Alors soit, je veux bien que Dexter soit de dos et qu'on ne voie pas les expressions de son visage, ni qu'on entende le dialogue avec le Brain Surgeon.
Mais enfin, quand même! Tu vas pas me faire croire que deux flics vont trouver ça normal que Dexter, le geek sans histoires, aille s'entretenir de son propre chef avec le tueur de sa sœur, puis lui tranche froidement la gorge avec un stylo-bic sans un instant d’hésitation et sans même que ses mains ne tremblent? Personne sent un problème, là?
(Après, je veux bien croire que Quinn se voile la face parce qu'il est content que le Brain Surgeon soit mort. Mais enfin, Batista, on nous a montré maintes et maintes fois que c’était le flic le plus réglo du monde, faut quand même pas déconner.)
Et l'affaire est réglée, pif paf pouf légitime défense, prends donc ton avion pour l'Argentine ce soir, t'as tué un homme à mains nues avec un stylo en plastique mais tout est parfaitement normal dans le meilleur des mondes et toute cette affaire ne nécessitera aucun suivi.
(Je veux bien que "légitime défense" soit un mot magique aux States, mais je pense qu'il y a quand même des limites.)
Dexter se rend à l’hôpital sous la tempête qui approche (et on sent que la série est en fin de budget, puisqu'en guise de ciel d'orage on a droit à un vieux filtre bleu tout moisi qui nous montre bien les ombres des acteurs sous le soleil de midi - la crédibilité AU TOP DU TOP).
Il débranche Debra, enroule son cadavre dans un drap, le prend dans ses bras, et traverse sans encombre tout l’hôpital et le parking bourré de monde jusqu’à son bateau. (Nan, mais parce que les gens ils sont occupés à évacuer les patients à cause de la tempête, tu vois, alors évidemment, personne ne remarque le gars qui traîne un cadavre avec lui.)
(Vraiment? Vraiment, les scénaristes?)
Une fois sur son bateau, il appelle Hannah-la-connasse qui est sur le point d'embarquer dans l’aéroport (Ah au fait, j'ai mentionné que Hannah a semé le flic qui lui collait au train en lui plantant une seringue de tranquillisant dans la cuisse au milieu d'un bus bondé? Non?)
(Là aussi, ils devaient être occupés à tous regarder le ciel.)
("Oh regarde chérie, ces effets spéciaux de 1986, c'est affreux!").
Bref.
Dexter demande à parler à son fils, et lui dit ceci :
- Harrison, je voulais juste te dire une dernière fois que je t'aime. Souviens-toi de ces mots pour le restant de tes jours : je t'aime, mon fils.
Et Harrison répond :
- Okay, bisous!
Sérieusement, il est gole-mon ce gamin?
Chais pas, moi j'entends mon père me dire un truc pareil, je sens un peu la couille dans le potage. Au moins, je lui demande pourquoi il me dit qu'il m'aime "pour la dernière fois", quoi! Nan? Pas suspicieux?
(Mais Dexter, tu fais bien de l'abandonner, ce morveux, il est con comme un balai.)
Et puis Dexter jette le cadavre de sa sœur à l'eau et fonce dans la tornade en expliquant qu'il doit se suicider parce que tous les gens qu'il aime finissent blessés à cause de lui.
PARDON?
Excuse-moi Dexter, je veux bien que tes émotions nouvellement acquises obscurcissent ton jugement, mais bon sang de bonsoir qu'est-ce que c'est que cette logique de merde?
Okay, donc tu veux disparaître parce que les gens que tu aimes sont en danger à cause de toi? Mais quel danger, Dexter? Je croyais que t’étais plus psychopathe! Plus personne à Miami ne soupçonne ton secret, et tu étais sur le point de déménager en Argentine, donc du moment que tu ne commets plus de meurtres, ta famille, elle est tranquille, espèce d'abruti!
Et puis est-ce que la meilleure manière de protéger ton fils, c’était de le laisser avec une putain de PSYCHOPATHE recherchée par la police, alors que toi-même, tu n'es soupçonné de rien?
(Et de toute façon Hannah c'est la plus grande blague de l'univers, elle est bonne qu'à arroser des orchidées en jouant mal.)
Surtout que, OK, tu laisses ton fils en Argentine avec Hannah. Et ensuite, trouduc? Personne ne sait que tu t'es remis avec Hannah! T'as dit au monde entier que tu partais en Argentine seul avec ton fils. Tu penses quoi, qu'après qu'on t'ait retrouvé mort, personne va se mettre à chercher ton gamin? Pas même, euh, je sais pas, Jamie, sa nounou qui l'adore comme un fils et qui est accessoirement la sœur du lieutenant de la police de Miami? Nan? Tu penses pas qu'ils pourraient vaguement se demander où s'est évaporé ton môme?
Bien joué, champion.
Et donc ça finit comme ça : on retrouve le bateau de Dexter dézingué par la tempête, Hannah l'apprend en lisant le journal de Miami (qui a décidé de consacrer une pleine page avec photo couleur à un mec lambda qui a coulé en bateau - la vie est bien faite quand même) (nan mais Miami c'est tout petit, hein, presque un village, y'a pas assez de matériel à mettre dans un journal - surtout au lendemain d'un ouragan).
Sauf qu'en fait Dexter il est pas mort, à la place il est bûcheron.
Fin.
QUOI??? MAIS QUOI??!!!
Alors là, je voudrais bien qu'on m'explique comment il a survécu, Dexter, parce qu'il a beau être un super-héros-justicier, je vois mal comment il aurait pu nager plusieurs dizaines de kilomètres au milieu d'un putain d'ouragan sans aucune encombre.
Et puis surtout, bonjour le twist de fin qui pue le moisi (han on pensait qu'il était mort mais en fait pas! T'as dû être trop surpris! A part si t'as passé du temps au cinéma ou devant la télé ces 25 dernières années. Mais sinon, ouh, surprise!)
Pour moi, la série aurait dû logiquement se finir avec la mort du héros (ou, à la limite, son arrestation). Je ne trouve pas ça concevable qu'avec le nombre de victimes, la profession du héros, et le nombre de gens qui ont fini par apprendre son secret, il ne se fasse pas choper. Sans compter qu'on a beau avoir de la compassion pour Dexter, c'est quand même le méchant de l'histoire, et finir la série avec lui qui s'en sort (même si c'est relatif, vu qu'il est en exil avec une vie toute pourrie) ça me laisse un petit goût d'inachevé.
Et on sent que les créateurs de la série se sont un peu dit la même chose, vu la manière dont ils rament péniblement pour transformer Dexter le sanguinaire tueur sadique en gros Câlinours en l'espace d'un épisode. Puisque, je le rappelle, Dexter au départ, c'était ça :
(Là là là, j'vais te torturer avec une perceuse, c'est beau la vie.)
Et dans le dernier épisode, on a ça :
Après, évidemment, je suis de mauvaise foi. Pour être honnête, ça faisait déjà un bon moment que Dexter me gavait, mais je continuais à regarder la série pour voir ce qui allait advenir de mes héros préférés (Debra Morgan forever) et parce que je savais que j'avais plus trop longtemps à attendre avant le grand final (que j'espérais un tantinet plus cool, on l'aura compris).
Et pourtant, malgré tous les trucs qui m'ont énervé dans ce final ou même dans la saison entière (sérieusement, j'ai même pas effleuré la surface du gouffre sans fond de mon mépris pour cette connasse de Hannah) (l'épisode où elle est revenue dans la série, j'ai dû faire pause pour aller crier dans un oreiller), je dois quand même admettre que j'étais émue vers la fin.
Bon, c'était une émotion portant plutôt vers le soulagement, vu que ça voulait dire que cette série a enfin perdu son emprise sur moi à tout jamais.
En comparaison, après le final de Breaking Bad, j'ai dû ramasser les morceaux de mon cœur à la petite cuillère pour aller bosser, et je sanglotais même encore un peu dans le bus.
(Putain, les mecs, je la sens mal, la fin de Game of Thrones.)
(La vie sera parfaite le jour où on inventera le jour férié de lendemain de final de série.)
(Au travail, Monsieur le Président.)
Ne pas pouvoir savourer cet article dès sa publication (ou peu s'en faut) pour cause de retard de quelques épisodes dans les séries sus-mentionnées fut fort frustrant. Du coup, maintenant que c'est réparé et l'article lu dans son intégralité, je commente (Tiens, c'est mon premier commentaire sur ce blog. Je suis fan soit dit en passant). En fait je suis d'accord avec toi pour les deux séries (sauf que Hannah m'inspire une indifférence profonde).
RépondreSupprimerPour Dexter, tu as oublié le flashback INTERMINABLE sur la naissance d'Harrison, qui sent si bon le "ah merde, on doit combler encore 10 minutes d'épisode, on fait quoi?". Il me semble qu'il devait y avoir à l'origine sept saisons, et pas huit, mais qu'il y a eu un prolongement un peu "forcé" de la part de la chaîne/production. Ça explique une partie du bullshit de ces saisons, comme l'intrigue Hannah qui sent le rajout inutile, les moments fillers (sérieux? une scène de softcore pr0n de plusieurs minutes quand Hannah revient? vraiment?)..Mais ça n'excuse en rien l'absence de séquences suspense dignes de ce nom, un comble pour un thriller... La seule chose qui aurait pu être pire, c'est si on nous avait sortie une excuse genre "nan mais en fait, Dexter est amnésique!"
Sur ce, je retourne de ce pas faire de la chimie, il parait que ça peut servir, dans la vie.
Je ne regarde ni Dexter ni Breaking Bad, mais juste pour dire que moi zossi j'étais en espèce de dépression après la sortie de la version longue du retour du roi (en + je m'attendais à mieux, pfff). Et je partage aussi cet enthousiasme anéanti à la sortie du Hobbit (c'est dire, même avec Richard Armitage au casting, je m'en fous à moitié de la sortie prochaine de l'étape 2 du voyage)(ça me ferait presque replonger en dépression post-LOTR)
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