jeudi 16 janvier 2014

Les histoires de ma mamie pourraient inspirer des feuilletons du samedi matin


Ce qui est super avec mes vacances, c’est que j’ai eu l’occasion de passer du temps seule avec les membres de ma famille (notamment ma Mamie). Et, entre deux monologues sur ma nièce et autres histoires sur ses tartes qui se sont super bien vendues au marché de Noël (même que ça a fait des jalouses dans les rangs du Club Vosgien, mais enfin c’est tout de même pas sa faute à ma Mamie si leur pâte à tarte est sèche comme un caillou, enfin elle leur a pas dit en face mais c’est pas un secret, toi-même tu sais), eh bien j’ai eu l’occasion d’en entendre des bonnes sur l’histoire de ma famille.

Ça a commencé en me parlant de la maison en face de l’église, celle où Mamie habitait quand elle était petite.

- Je croyais que t’habitais rue des potiers, avant ?
- Ah non non, ça c’était bien plus tard, quand Denis était déjà né. Non, avant de me marier, j’habitais en face de l’église. Même pendant quelques temps après, mon mari et moi, on avait un appartement là-bas. Mais on n’est pas resté très longtemps, parce que ma mère se mêlait trop de notre mariage, moi ça me plaisait pas.
- Mamama Eugénie ?
- Oui, oh elle a toujours détesté ton grand-père.

Aha, là ça devient intéressant.

Mon grand-père biologique est mort dans un accident de voiture quand il avait 40 ans (bien longtemps avant ma naissance), et je ne sais presque rien de lui, à part que, d’après les amis de Mamie, je suis sa version crachée, quote « ça doit être le nez » unquote. (Ci-mer.)

- Ma mère n’a jamais approuvé le mariage, d’abord parce qu’il était Vosgien…
(Ouverte d’esprit, Mamama)
- Et puis parce qu’il venait d’une famille pauvre….
(De mieux en mieux)
- Et surtout parce qu’elle pensait qu’il était trop bel homme pour se contenter de quelqu’un comme moi.



Sympa, la mère.

Pour référence, ma mémoire de Mamama Eugénie (qui est morte quand j’avais 6 ans) se résume à une moustache qui pique et une odeur de schnaps permanente. J’allais la voir de temps en temps à l’hospice avec Mamie, et les seuls mots qu’elle m’a adressés étaient « tu es la fille de qui ? » (Quand on a 6 enfants et plus de 20 petits-enfants, forcément, ça devient dur de prendre en compte les arrière-petits-enfants), assortis d’une pièce de 10 Francs. 

(Pour être honnête, c’était la seule raison de mes visites, mais pour être encore plus honnête, je crois bien que Mamama s’en foutait pas mal.)

A la lumière de cette conversation, il apparaît que Mamama Eugénie n’était pas exactement la mère de l’année :

- Quand ton grand-père m’a demandée en mariage, Mamama a dit : Ça y est, il a sauté toutes les filles du village, et maintenant il se rabat sur toi parce que tu es la seule qui reste.



Des fois, on oublie que les gens de l’ancien temps pouvaient se comporter de la sorte.

(Moi, j’imagine toutes les années précédant la naissance de mes parents comme un long épisode de Downton Abbey.)

Mais ce n’était pas la fin des surprises, puisque :

- Ah ben dis donc, elle était pas commode, Mamama !
- Oui bon, elle avait pas tout à fait tort, mais tu sais ton grand-père, c’était un bel homme, il en pouvait rien si toutes les filles étaient après lui !



- Donc oui, c’était un coureur de jupons, mais moi je m’en foutais, j’ai jamais aimé danser de toute façon. Alors comme ça au moins, quand il allait au bal, j’étais pas obligée d’aller avec.

(Ah oui ah bah bon super alors.)

- Mais ça te rendait pas triste qu’il te trompe ? J’veux dire, tu l’aimais, non ?
- Ben oui, mais à l’époque c’était différent. L’adultère, on n’en faisait pas tout un plat comme aujourd’hui. On avait d’autres choses à faire, y’avait les enfants à élever, les courses, la lessive… on n’avait pas le temps de venir se plaindre dès que le mari découchait !

(Les petites choses comme l’infidélité ne doivent pas se mettre sur le chemin des choses importantes, comme le baeckeoffa du dimanche. Faut savoir garder le sens des priorités, un peu.)

- Et puis tu sais, quand on voit comment il a fini, je suis contente qu’il se soit amusé dans la vie, le pauvre homme, parce qu’il a pas eu beaucoup de temps pour le faire.

La clémence de ma Mamie m’étonnera toujours.

- Bon et sinon, quoi de neuf dans le village ?
- Ah ! Tu sais, le teinturier ?
- Celui à qui tu fais la gueule depuis qu’il a rétréci ton tailleur en 1987 ?
- Oui. Ben ça y est, je lui dis de nouveau bonjour.

Principalement parce que c’est une clémence à taux variable.

8 commentaires:

  1. Sacrés personnages dans ta famille !!! Et les temps changent, les priorités changent donc ! En tout cas elle a pas eu de coup de blues ta mamie!
    Profite bien d'elle tant qu'elle est là :))

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  2. j'adore! j'aurais bien aimé avoir une mamie qui me raconte des histoires pareilles!
    ma grand-mère maternelle n'était pas trop aimée par la famille de mon grand-père parce qu'elle venait de la ville et qu'elle mettait du rouge à lèvre.

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  3. Ils étaient vraiment pas tendre à l'époque...
    Ma mamie était beaucoup moins clémente... Elle insultait régulièrement tout les membres de ma famille éloignée (j'ai dû apprendre la plupart des insultes chez elle).
    Toujours aussi sympa ce blog ;)

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  4. Ah cette vieille frontière infranchissable entre Vosgiens et Alsaciens....et au milieu, faut pas oublier, il y a les Welsch qui se cachent, ils sont en zone tampon! (enfin c'est le schéma qui ressort des discussion de nos aïeux en tout cas...^^ )

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  5. Mouais pour l'adultère, enfin ça dépend : pour l'homme évidemment tout était permis, il fallait bien qu'ils aient un peu de plaisir de temps en temps les pauvres, la vie est dure. Mais si c'était la femme qui commettait l'adultère, laisse moi te dire qu'elle était fouettée jusqu'au sang pour avoir commis ce crime odieux (jusqu'en 1975, l'adultère était carrément considéré comme une faute pénale)... Donc de ce point de vue là, je pense qu'on s'est un peu décoincés des moeurs, quand même (oui cette phrase ne veut rien dire) !

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  6. Oh oui, ça nous rappelle bien qu'à l'époque, c'était pareil qu'aujourd'hui! Nous ne sommes pas une génération perdue de dépravée, c'est juste qu'on ne se cache plus. ;)

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  7. Dire à une femme qu'elle est le portrait craché d'un homme, c'est souvent un poil exagéré !

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