dimanche 26 janvier 2014

Suggestions culturelles sur le thème de la Nouvelle-Zélande (oh ben tiens quelle surprise)


Comme je l’ai évoqué précédemment, la Nouvelle-Zélande n’est pas exactement le haut lieu de la culture Australasienne.

(Sauf pour la culture des patates douces.)

(Je suis une déesse de la vanne aujourd’hui.)

Mais comme c’est quelque peu réducteur d’affirmer tout de go que la Zélandie est une terre aride de toute créativité, je vais laisser la critique facile aux Aussies (c’est facile de se la péter quand on a un opéra) et je vais de ce pas te fournir la preuve par neuf que oui, la Nouvelle-Zélande a quand même un petit semblant de culture, avec une sélection patriotique pas piquée des hannetons.

Par contre, un petit avertissement : si certaines des œuvres mentionnées ci-dessous sont disponibles en traduction française, la plupart ne le sont pas (et il faut aussi avouer que ce sont des œuvres qui perdraient énormément de charme à la traduction, puisqu’elles ne refléteraient plus aucun des charmants idiomes de cette variété d’anglais, eh ?).

Du coup, si vraiment t’es motivé à suivre mes recommandations, je ne peux que te conseiller une session de rattrapage Wall Street English (ou un bon site de sous-titres pirates).

Allez, c’est parti, en avant la culture !


Livres:

Katherine Mansfield, The Garden Party: and Other Stories, 1922.



Je commence avec les classiques : Katherine Mansfield, son nom ne te dit sûrement rien, mais en Nouvelle-Zélande, c’est LA personne qu'on évoque en premier quand on parle de littérature locale.

Eh oui, leur auteur le plus renommé est une femme. Un bel hommage à ce pays féministe, soit dit en passant premier pays au monde à autoriser le droit de vote aux femmes, en 1893 (et ça, c’est pas rien).

(Les mauvaises langues argueront que la renommée de Katehrine Mansfield est aussi en lien avec le fait qu’elle soit une Pakeha – comprenez, une Néo-Zélandaise blanche – dans un pays où la majorité des œuvres culturelles sont produites par des Maoris. Et on ne peut pas tout à fait leur donner tort non plus, mais j’y reviendrai un autre jour.)

Katehrine Mansfield, pour revenir à elle, est une auteure avant-gardiste née en 1888 en Nouvelle-Zélande coloniale, qui n’est en fait restée dans le pays que les 19 premières années de sa vie (mais comme elle est morte de tuberculose à l’âge de 34 ans, on va dire qu’elle compte quand même comme une Kiwie).

(Tu vois à quoi ça mène de quitter la Nouvelle-Zélande ? On attrape la tuberculose et on meurt.)

(Je dis ça en rigolant mais je suis presque sûre qu’il y a des Néo-Zélandais qui le pensent vraiment.)

Menant un train de vie bohémien, proche d’auteurs Européens sulfureux et ayant eu l’audace de mener non seulement une relation lesbienne, mais en plus avec une Maorie (double peine) ; tombant enceinte du frère de son amant, puis épousant un autre homme pour le quitter le soir même du mariage, le moins qu’on puisse dire, c’est que Katherine Mansfield n’était pas une fille banale.

Bon, tout ça c’est bien beau, mais on n’a pas encore parlé des bouquins. Alors, "The Garden Party", c’est comment ?

Eh ben c’est chiant.

Pour développer : c’est bien écrit, mais c’est chiant

Je dois dire que, pour une auteure au profil si atypique, je m’attendais à des histoires beaucoup plus croustillantes que les problèmes passionnants des gens riches (« Oh, ma vie est si ennuyeuse, il ne m’arrive rien, j’ai plein d’argent mais je ne me sens pas vivant », oh pauvre choupinou, si tu veux on change de place et il va t’arriver des choses j’peux te le promettre.) (Tu me feras savoir si tu te sens vivant quand tu payeras tes courses avec des pièces de fond de tiroir. CONNARD).

Mais je mets quand même Katherine Mansfield dans ma sélection culturelle, déjà parce que si je l’enlevais j’aurais plus grand-chose, mais surtout parce que, j’ai beau n’avoir personnellement pas accroché, ça reste très bien écrit, et je suis sûre que ça peut plaire à pas mal de monde (notamment ceux et celles qui adorent les histoires où des gens prennent le thé sur le gazon, et ensuite il y a force ragots et soupirs – oui, les fans de Jane Austen, c'est à vous que je m’adresse : vous allez KIFFER.)



Pounamu Pounamu, Witi Ihimaera, 1972



Toujours dans les classiques, Witi Ihimaera, c’est LE nom de la littérature Maorie. Auteur prolifique et au style très Kiwi (eh ?), il a écrit plusieurs romans et nouvelles, presque tous ayant comme personnages centraux des Maoris. Très attaché à la culture traditionnelle, ses histoires ont une saveur nostalgique de toute cette belle civilisation et ses traditions, qui se perdent de plus en plus avec l’exode rural et l’assimilation de la culture Britannique. Cependant, on reste très loin de la noirceur d’un Alan Duff (autre auteur Maori, j’en parlerai un peu plus bas).

Ce que j’aime chez Witi Ihimaera, c’est l’affection qu’on ressent dans ses textes. Il ne se voile pas la face sur le sort réservé à la culture Maorie (en claire perte de vitesse, malgré les mesures prises par le gouvernement ces dernières années pour promouvoir son héritage) mais toute son œuvre montre le regard plein d’amour qu’il pose sur ses congénères. Les Maoris dans ses histoires sont des gens ordinaires dans le plus beau sens du terme : ils ont leurs défauts et leurs traits de caractère, mais vus à travers un filtre de bonne humeur et de bienveillance – comme on voit avec amusement et agacement les défauts des membres de sa famille.

Le livre le plus connu de Witi Ihimaera est le roman « Whale Rider », mais je ne vais pas en parler ici parce qu’il a été adapté en un très bon film (voire plus bas) et que je veux pas faire doublon.

« Pounamu Pounamu » (le nom Maori du jade), moins connu, est un recueil de nouvelles tendres, drôles et nostalgiques, que je te conseille fortement de lire en anglais pour saisir toute la beauté du parler Kiwi de la campagne.

Et pour ceux qui veulent aller plus loin dans la fiction Maorie, je conseille de lire en même temps les œuvres de Witi Ihimaera et celles d’Alan Duff, parce qu’à eux deux, ils expriment parfaitement les deux facettes de la société Maorie d'aujourd’hui : là ou Witi Ihimaera évoque la vie rurale, la famille soudée, et l’importance des cérémonies traditionnelles (le haka, la cérémonie des adieux aux morts, ou encore les matchs de rugby) qui façonnent la vie de la communauté entière, Alan Duff, lui, nous décrit les paumés de l’exode rural, les chômeurs et les alcooliques, zonant dans leurs pavillons décrépits en attendant le prochain chèque des allocs (pas vraiment le même délire, donc).

Dans tous les cas, « Pounamu Pounamu » est un recueil sympa, pas prise de tête, et pas trop difficile à lire dans le texte, donc je te le conseille vivement (avec l’ensemble de l’œuvre de Witi Ihimaera).

Disponible ici en anglais mais il est cher, donc si t'as pas trop le budget, tu peux te rabattre sur Whale Rider (aussi en anglais).


Two Little Boys, Duncan Sarkies, 2008



On passe dans le contemporain avec un livre de Duncan Sarkies, écrivain, scénariste et dramaturge. Ne te fie pas à sa tête de tueur psychopathe, il est en fait super cool.


(Non, cet homme ne va pas t’éviscérer dans ton sommeil en te chantonnant une berceuse.)

Comme la Nouvelle-Zélande est petite, il s’avère que Duncan Sarkies a collaboré en tant que scénariste à la géniale série Flight of the Concords (j’en parle plus bas), et si ça c’est pas un gage de qualité, je sais pas quoi te dire.

"Two Little Boys" est l’histoire de Nige et Deano, deux anciens meilleurs amis qui se retrouvent embarqués ensemble quand Nige renverse un touriste Norvégien dans un virage et appelle Deano pour l’aider à se débarrasser du corps.

C’est pas le livre le plus original du monde, mais c’est drôle (bon, faut aimer l’humour noir, parce qu’au cas où t’as pas compris, on rigole avec une histoire de meurtre). Mais c’est très drôle, et vraiment très Kiwi. L’histoire se situe dans la région des Catlins, au sud de l’Ile du Sud, qui est connue pour être l’un des coins les plus beaux et les plus sauvages de la Nouvelle-Zélande.

Je ne t’en dis pas plus pour ne pas trop faire de spoilers, mais sache que, dans ce roman, on trouve des pingouins, des croques-monsieurs, un dauphin, un chat mort, et plein de beaux paysages. (Alors, ça donne pas envie ?)

Disponible ici en anglais.


The Wind City, Summer Wigmore, 2013



Un livre de fantasy sympathique, par une auteure toute fraîche et toute jeune (la meuf elle est plus jeune que moi et elle a publié un roman, je sais pas si je suis plus admirative ou dégoûtée) (la réponse est : dégoûtée).

« The Wind City » est le surnom de la ville de Wellington (où il vente effectivement beaucoup), et l’histoire, comme son nom l’indique, se passe à Wellington.

Ce qui m’a beaucoup plu dans ce roman, c’est que l’univers de fantasy n’est pas basé sur la mythologie européenne (elfes, dragons, fées et lutins comme on a l’habitude de les voir) mais sur la mythologie maorie.

On croise donc des humains normaux qui côtoient des figures de proue de la mythologie polynésienne (comme Māui, le héros qui a remonté l’Ile du Nord du fond de la mer en pêchant un poisson géant avec la mâchoire de son ancêtre – un jour je te raconterai cette histoire plus en détail) et autres monstres et créatures de légende (les maero, des sortes de trolls velus qui mangent les humains, ou encore les taniwha, esprits de l’eau et gardiens protecteurs).

Le style n’est pas à tomber par terre, et l’intrigue sent un peu trop le roman pour jeunes adultes à mon gout, mais j’ai trouvé l’histoire très originale, et rien que pour ça, je recommande ce bouquin (et aussi parce qu’il va te faire chauffer la page Wikipédia et te faire apprendre plein de trucs cools).

Disponible ici en anglais


On passe aux flims!

Le Seigneur des Anneaux/Le Hobbit, Peter Jackson



Evidemment.

Je ne peux pas faire un article sur la culture néo-zélandaise sans évoquer la saga mastodonte, qui reste l’œuvre culturelle la plus connue et la plus rentable de toute l’histoire du pays.

Les deux sagas n’ont pas seulement fait découvrir au monde entier la beauté des paysages de l’Ile du Sud (et un peu de l’Ile du Nord, mais moins, mais quand même) et boosté le tourisme de manière spectaculaire.

Elles ont aussi fait découvrir des acteurs locaux - je pense notamment à Karl Urban, qu’on a revu dans les deux récents Star Trek, Les Chroniques de Riddick, ou encore dans l’adaptation cinéma du jeu vidéo Doom (que je mentionne ici juste pour la forme - et pour caser un épisode de Crossed parce que j'aime d'amour Karim Debbache. Ceci c’est pas une recommandation. Ce film est vraiment très naze).

Et, surtout, mentionnons au passage que Peter Jackson a employé à peu près un tiersde la Nouvelle-Zélande pendant le tournage de ses films (ceci n’est presque pas une hyperbole). Dans ce pays, c’est virtuellement impossible de tomber sur un Kiwi qui ne connaît pas au second degré au moins une personne qui a bossé sur l’un des films.

Apres, concernant la qualité des films eux-mêmes, je pense que j’ai pas besoin de t’en parler si t’as vu mon pseudo et que t’as lu mes articles.

(Si c’est pas le cas, je te résume : C’EST TROP DE LA BALLE.)

En revanche, tu remarqueras que je n’ai mentionné que la partie Tolkienienne de l’œuvre de Peter Jackson, pour la simple raison que ce sont, à mon avis, les films qui méritent le plus d’être vus.

Si Bad Taste et Braindead sont désormais des classiques du panthéon gore (à juste titre, ce sont des bijoux), je suis en revanche loin d’être convaincue par le reste de l’œuvre de Peter Jackson.

Pour sa défense, je trouve que c’est admirable de sa part de faire des films très hétéroclites et de ne pas s’enfermer dans un seul genre. Mais n’oublions pas que s’essayer à des genres nouveaux demande un niveau de talent assez exceptionnel, et je pense simplement que ce n’est pas le cas de notre ami Peter.

Peter Jackson reste donc pour moi le prince du gore et une pointure de la fantasy, mais pour le reste, on repassera.

(Si un jour, pour le fun, tu veux faire fondre tes yeux, regarde The Lovely Bones. Ne me remercie pas.)


Once Were Warriors, Lee Tamahori, 1994



Une adaptation du best-seller d’Alan Duff, le film raconte la vie d’une famille de Maoris pauvres et leur lutte de tous les instants contre la dépression, la violence, l’alcool et les abus sexuels.

(Ah ça non, c’est pas une farandole.)

Pourquoi cette œuvre se trouve-t-elle dans la section “films” et pas dans la section “livres”? Ce n’est pas parce que le livre d’Alan Duff est moins bon (loin de là), mais simplement pour une question d’accès : le film est l’un des plus connus de Nouvelle-Zélande, et on peut le trouver en VO sous-titrée assez facilement sur certains sites spécialisés dont je tairai ici le nom. Le livre, en revanche, est plus difficile à trouver, et surtout difficile à lire, parce qu’il est écrit en argot avec « l’accent » Maori, et est donc très dur à comprendre dans le texte si on n’a pas l’habitude.

(Et la lecture en français, je vois même pas l’intérêt, parce qu’on perd la moitié du charme du livre dans la traduction. L’histoire est fort intéressante à elle toute seule, mais, du coup, je préfère recommander le film.)

Le film a un avantage et un inconvénient majeur par rapport au livre : l’inconvénient, c’est qu’il est très, très violent. (Âmes sensibles s’abstenir.) Pas dans le gore ou les effets de style, mais dans la violence psychologique et sans fard (on tabasse des femmes en gros plan, et autres joyeusetés) et ça marque plus en images qu’en mots.

L’avantage, c’est que le film bénéficie de la performance d’excellents acteurs, et particulièrement de l’extraordinaire Temuera Morrison (connu à l’international pour avoir joué Jango Fett dans Star Wars épisode II) qui est magnifique de bestialité dans une prestation habitée et qui fout vraiment les jetons. (Pense « Jack Nicholson dans Shining ».) Chair de poule garantie.


Whale Rider, Niki Caro, 2002



Adapté du roman le plus célèbre de Witi Ihimaera, l’histoire suit Pai, une petite fille élevée par ses grands-parents dans un village Maori, et qui lutte contre les a-priori archaïques de sa communauté. Nommée d’après le mythique guerrier Paikea qui chevauchait des baleines (d’où le titre du film), Pai cherche à gagner le respect de son grand-père en prenant la tête du clan (chose théoriquement interdite, car elle est une fille).

Une très belle histoire aux accents féministes, d’excellents acteurs (particulièrement la jeune interprète de Pai, bluffante) et des baleines, que demander de plus ?

Le film est très connu en Nouvelle-Zélande et a gagné pas mal de récompenses à travers le monde. On peut le trouver en France assez facilement, sous le titre « Paï ».


Black Sheep, Jonathan King, 2006



Si par hasard tu étais présent au festival de Gérardmer en 2007, tu te souviens forcément de "Black Sheep". Le film a tellement plu lors de sa première projection du vendredi que chaque film projeté ce week-end là était accueilli par un concerto de bêlements du plus bel effet. Sans surprise, « Black Sheep » a donc récolté le prix du public et le grand prix dans la foulée.

Sorti du public de Gérardmer, en revanche, « Black Sheep » n’est pas resté bien longtemps dans les salles françaises, et, même en Nouvelle-Zélande, n’a connu qu’un succès tiède.

Et je trouve ça bien dommage parce que ce film est une tuerie.

Tiens, je vais te donner le synopsis du film, et on va voir si tu trouves pas que c’est de l’or en barre.

C’est l’histoire d’un mec qui a la phobie des moutons et qui revient sur la ferme familiale pour des questions d’héritage après la mort de son père. Il rencontre une hippie qui cherche à libérer des moutons qui font l’objet d’expériences génétiques ultra-secrètes dans un labo génétique ultra-secret, ça se passe mal, quelqu’un casse une fiole, et les moutons deviennent des zombies assoiffés de sang.

(Ah oui, et quand ils mordent un humain, ça les transforme en mouton-garou.)

Voilà.

Du pur génie.

Bon, clairement, c’est pas Citizen Kane. Les acteurs sont moyens et le scénario un peu bancal, il y a quelques longueurs et des jump scare un peu trop téléphonés, mais dans l’ensemble, « Black Sheep » est quand même un film très, très cool.

(Et puis, des moutons zombies, y’a qu’en Nouvelle-Zélande qu’on penserait à un truc pareil, franchement.)

Les effets spéciaux sont signés Weta Workshop et sentent bon le Peter Jackson de ses débuts. D’ailleurs, on sent clairement dans tout le film l’influence des premiers série Z de ce dernier (Bad Taste et Braindead sont d’ailleurs d’excellentes comédies gores, incontournables pour les fans du genre, et que je te recommande chaudement pour te taper des barres de rire lors d’une soirée entre amis).

(Tu rajoutes Black Sheep et Undead dans le tas, et tu peux te faire une soirée à thème « comédie gore australasienne ».)

(J’ai toujours de bonnes idées pour recevoir.)


Tous les films de Jane Campion.



Avant que Peter Jackson ne devienne le roi des geeks, Jane Campion, c’était LE nom du cinéma néo-zélandais.

Quatorze films au compteur, une série télé qui cartonne, et l’une des seules femmes au monde à avoir gagné une Palme d’Or, autant te dire que Jane Campion, c’est pas du menu fretin.

Je ne te recommande pas un film en particulier, parce que je vois la filmographie de Jane Campion comme un tout, et j’ai donc du mal à détacher un film du lot, parce que toutes ses histoires sont liées dans une grande œuvre.

(Si jamais vraiment tu veux une recommandation, c’est « Le Piano » qui a gagné la Palme d’Or. Un très beau film – bien qu’un peu longuet par moments – où tu pourras voir Harvey Keitel avec plein de cheveux, et la très agaçante Anna Paquin avant qu’elle ne devienne la greluche de True Blood.)

Apres, personnellement, je ne suis pas une super fan de Jane Campion. Je trouve ses personnages trop froids pour ressentir beaucoup d’empathie pour eux, et, même si j’admire sa condamnation du sexisme ordinaire, je trouve que ses personnages se ressemblent au point de devenir un cliche (résumé des personnages dans les films de Jane Campion : toutes les femmes sont fortes mais brisées, tous les hommes sont des connards).

Mais je ne peux pas parler du cinéma néo-zélandais sans parler de Jane Campion, donc : regarde quand même ses films.

(Et puis Girl Power.)


Allez, c'est l'heure des séries!

Flight of the Conchords, 2008-2009



Ai-je encore besoin de te recommander cette série?

Bon, pour la forme, je recommence :

Flight of the Conchords c’est la série la plus géniale du monde entier. C’est drôle, c’est fin, ça se mange sans fin, y’a plein de blagues sur les Kiwis (et plein d’Aussies qui jouent les méchants), y’a de la musique super cool, y’a Kristen Schaal de 30 Rock, Michel Gondry a réalisé un épisode, y’a l’accent magnifique de Murray, la série a gagné plusieurs Emmy Awards, et puis



Il y a


Bret McKenzie.


(Je suis toute à toi.)

Bref : regarde Flight of the Conchords, et ensuite on pourra en discuter en mangeant des chips et la vie sera un champ de fleurs.


Top of the Lake, 2013



Alors là, on change totalement de registre, accroche-toi à tes pompes.

"Top of the Lake" est une mini-série de 7 épisodes (plus un téléfilm qu’une série, finalement). Dans la petite ville fictive de Lake Top, sur l’Ile du Sud, une fillette de 12 ans se découvre enceinte, puis disparaît. La détective Robin Griffin, originaire de Lake Top mais vivant à Sydney, revient sur les lieux de son enfance pour passer du temps auprès de sa mère malade, et décide de suivre l’enquête.

Tu as sûrement entendu parler de "Top of the Lake" en raison de son casting quatre étoiles : Jane Campion au scénario, et devant la caméra, toute une brochette de bons acteurs : Elisabeth Moss (Peggy de Mad Men) dans le rôle principal, mais aussi Peter Mullan (Yaxley dans Harry Potter), David Wenham (Faramir-mon-amour dans le Seigneur des Anneaux) (ici dans un rôle beaucoup moins ragoûtant) ou encore Holly Hunter.

La série est bien écrite, bien jouée, bien filmée, et en plus, elle bénéficie du décor incroyable qu’offre Paradise, un endroit bien nommé qui a été utilisé à de multiples reprises par Peter Jackson pour tourner des scènes du Seigneur des Anneaux et du Hobbit (la Lothlorien, les bois dans les Deux Tours avec la scène de l’Oliphant, Isengard, les bois autour de la maison de Beorn, et à peu près cinquante plans divers et variés où on voit la Communauté marcher en file indienne).

Par contre, malgré ce décor magique, la série ne donne pas du tout envie de s’installer en Nouvelle-Zélande, parce que (comme souvent chez Campion) les habitants de Lake Top sont, au mieux, des gros beaufs racistes et sexistes, au pire, des violeurs, des meurtriers et des pédophiles.

(Ambiance.)

La série présente quelques longueurs et peut être assez confuse à suivre, mais dans l’ensemble, elle est vraiment bien. (Et, au pire du pire, il n’y a qu’une seule saison, donc tu vas pas gâcher cinq ans de ta vie.)


Hercule / Xena, la Guerrière – 1994 - 2001



« Combat. Passion. Danger. Par son courage, Xena changera la face du monde. »

Si tu aimes les forêts de fougères et les rochers en mousse (et les épées en mousse, et les armures en mousse…), et plus généralement si tes parents te laissaient regarder TF1 dans les années 90 (chanceux), tu connais forcement Hercule et Xena.

Connue pour être l’une des séries les plus cheap de l’histoire de l’univers (et, dans une ère post-Game of Thrones, ça pique vraiment les yeux) et pour ses sous-entendus lesbiens (un truc qui choquait encore les gens dans les années 90), Hercule et son spin-off Xena, c’est surtout la nature néo-zélandaise dans toute sa splendeur (vu que la moitié des scènes se passent dans la forêt), et le décor le plus potable de la série (parce que les temples et tout, mon dieu, c’est pas possible).

Et Lucy Lawless ! C’est une Kiwie, Lucy Lawless !

En fait, la majorité des acteurs des deux séries sont des Néo-Zélandais, qui, en VO, semblent faire un concours de qui fera la plus mauvaise imitation d’accent British.

Parce que pour les Anglo-saxons, dans l’Antiquité gréco-romaine, tout le monde était Anglais (logique). Et d’ailleurs, même dans les mondes de fantasy inspires du Moyen Age, tout le monde doit avoir des accents anglais, parce que.

(Cf. les faux accents British de Thor dans les films Marvel, des gladiateurs de Spartacus, et d’un bon tiers du casting de Game of Thrones (par contre ça ne gêne personne que Ned Stark et son accent du Yorkshire à couper au couteau ait cinq enfants à l’accent British standard et UN enfant avec un putain d’accent Ecossais de derrière les fagots).)

Bref, si tu tombes sur une redif de Xena et que tu vois une forêt en arrière-plan, tu peux m'imaginer marcher dedans, parce que c'est Waikatere Ranges et que j'y vais genre un week-end sur deux.




(Eh ouaaaaaiiis!)


Et on termine en musique!

Niveau musique, à part les chansons polynésiennes traditionnelles, il n'y a pas vraiment d'esprit typique néo-zélandais dans ce qu'on peut entendre à la radio. (C'est grosso modo la même soupe qu'ailleurs.) 

Et c'est aussi plus nébuleux de nommer des artistes néo-zélandais, puisque la plupart s'intègrent dans des groupes américains ou australiens (les traîtres!). Mais voilà quand même une petite sélection.

(Je me suis fait violence pour ne pas mettre Flight of the Conchords dans cette section.)


L'hymne officiel de la Nouvelle-Zélande



Quand même, ne passons pas à côté des classiques.

L'hymne officiel s'intitule "God defend New Zeland". Il est chanté en anglais et te reo maori, et les paroles disent, en substance "Dieu t'es cool on t'aime bien, sois sympa et protège la Nouvelle-Zélande, le meilleur pays du monde, terre de liberté, vive l'amour".

(Ah ça, ça change des traîtres au sang impur qui viennent égorger tes enfants dans leur sommeil.)

Techniquement, l'autre hymne officiel, comme dans tous les pays du Commonwealth, est "God save the Queen" (pas la version des Sex Pistols), mais en fin de compte, on le chante beaucoup moins. Si t'as déjà vu un match des All Blacks, par exemple, c'est "God defend New Zealand" qu'ils chantent au début du match.

Lorde


Bon, je t'apprends rien avec Lorde, tu l'entends probablement à la radio depuis le début de l'été (enfin l'hiver pour toi). Mais toujours est-il qu'ici, on l'appelle le renouveau de la chanson néo-zélandaise (rien que ça). Et, même si sa musique casse pas des briques en inventivité, niveau pop adolescente, c'est clair que ça se classe direct dans le haut du panier. 

(Et ça fait du bien d'entendre une jeune chanteuse qui utilise des vraies paroles et sa vraie voix.)

(Oui, c'était un commentaire de vieille mamie, j'assume parfaitement.)

Crowded House 



(Oh comme ce clip sent bon les années 80.)

Bon, là je triche un peu, parce que le groupe est un mélange de Kiwis et d'Aussies, mais on va pas enculer les mouches.

Crowded House, tu l'auras compris en voyant ce clip, est un groupe de vieux de la vieille, qui a connu son heure de gloire dans les années 80-90, et qui était probablement le seul groupe du monde de cette époque qui était trop pauvre pour se payer un synthé.

(Et un décor décent, à en juger par ce clip.)

Si jamais ça t'intéresse, le groupe s'était dissous à la fin des années 90 (probablement la faute des Australiens) MAIS il s'est reformé en 2006 (joie sur la terre), et tu peux probablement aller les voir en concert entre Melbourne et Adelaide.

Gin Wigmore


(Cette chanson s'appelle "Black Sheep" mais n'a rien à voir avec le film sus-cité, sinon de nous prouver que les Néo-Zélandais aiment vraiment beaucoup les moutons.)

(Ça va pas aider les blagues des Australiens, ça.)

J'ai un souci avec Gin Wigmore, c'est que je trouve ses chansons super cool, mais j'aime pas sa voix. Si t'es comme moi, je te conseille de te faire violence et d'aller écouter 3-4 de ses chansons, parce qu'une fois qu'on s'habitue, on découvre qu'elle est vraiment talentueuse et que ses chansons déménagent et donnent bien envie de se trémousser du popotin.

(En plus Gin Wigmore n'a pas prévu une overdose prochainement, donc c'est cool, la relève d'Amy Winehouse est assurée.)

The Black Seeds



Dans une veine beaucoup moins rock et beaucoup plus reggae/dub, The Black Seeds est un petit groupe de Wellington très sympa et relax, et oui je sais c'est Bret McKenzie de Flight of the Conchords qui chante dans le clip, je te jure je le fais pas exprès, c'est vraiment un tout petit pays.

(Pour la petite histoire, Bret McKenzie était membre de ce groupe avant de fonder Flight of the Conchords, maintenant ils font de la musique sans lui mais c'est bien aussi (juste moins joli).)


Si tu es fan de la série Breaking Bad (si tu ne l’es pas je te pardonne mais c’est bien parce que je t’aime), tu peux trouver la chanson des Black Seeds ci-dessus dans la Saison 2, Episode 9.

Et juste pour le plaisir des oreilles, je termine avec Pokarekare anala chanson traditionnelle Maorie que l'on chante aux mariages :



Pokarekare ana est considéré comme le second hymne officiel de la Nouvelle-Zélande. C'est une chanson d'amour écrite (selon l'histoire officielle) par un soldat Maori à sa bien-aimée durant la Première Guerre Mondiale. 

Il en existe plein de versions, parce que c'est une chanson très populaire (genre tout le monde apprend à la chanter à l'école), mais ma préférée de tous les temps, ça reste la version spontanée chantée par le Parlement néo-zélandais au moment du vote de la loi pour le mariage gay:



Je te laisse donc sur cette note d'amour et de joie, et j'espère bien que t'as de quoi occuper tes samedis pluvieux avec toute les idées que je t'ai filées.

A plus dans le bus!

8 commentaires:

  1. En voilà un article complet! Merci.

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  2. Je vais prendre la défense de Katherine Mansfield : c'est effectivement assez (hum) chiant à lire, la question qui s'impose à toi quand t'as fermé le bouquin c'est "Oui, alors certes, mais il s'est passé quoi, en fait ?" MAIS du point de vue littéraire, c'est un travail d'orfèvre. Son style est juste PAR-FAIT, ses descriptions sont magistrales et tellement réelles, elle passe par les 5 sens, c'est superbe. La scène du réveil de la mère de Kezia, dans The Doll's House, c'est un modèle du genre. Horrible à étudier, au début, mais superbe. Ses personnages sont fantastiques. Pareil pour Miss Brill, c'est trop beau. Bref, elle m'a fait souffrir la mort, mais je l'aime. (Et en plus, effectivement, elle était totalement badass).

    Par contre elle est rigolote parce qu'elle fait des citations en français genre "je suis tellement bilingue, tavu" sans les traduire pour ses lecteurs parce que nous sommes entre gens biens, n'est-ce-pas... Sauf qu'elle fait des fautes dedans. Epic fail.

    En tout cas merci pour cet aperçu de culture néo-zélandaise qui va remplir ma vie et mes week ends au moins jusqu'à Games of Thrones !

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    1. Merci pour cette analyse beaucoup plus cool que la mienne :) (Je rappelle que j'ai écrit "c'est bien écrit, mais c'est chiant") (ne me juge pas, mes jours d'étudiante en littérature anglaise sont désormais loin derrière moi). Je suis assez d'accord avec toi sur la question du style, y'a pas à chipoter, c'est grandiose. Après perso j'ai toujours préféré l'histoire racontée au style d'écriture (c'est pour ça que je lis encore Stephen King, même si des fois ça pique les yeux), du coup j'ai pas accroché avec Katherine Mansfield. Mais j'ai un peu honte de pas l'aimer. Et LOL pour le français mal écrit (j'ai cherché la même chose chez Tolstoï, pas UNE faute - ce mec était classe).

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    2. Oui, c'est clair que ça dépend pourquoi on le lit, si on cherche une histoire ça peut vite être chiant ! Je fonctionne pareil que toi en général, si mes gros tarés de profs de prépa m'avaient pas dit "Tiens, fais moi un essai de 15 pages sur The Doll's House, au cas où tu saurais pas quoi faire de tes nuits", j'aurais jamais accroché. Mais là, c'est le syndrome de Stockholm dans toute sa splendeur, je défends la meuf qui m'a valu des crises de nerfs et des cernes jusqu'aux genoux. ^^ (Et perso j'ai plutôt honte de l'aimer, j'ai peur de m'emballer en la défendant et de me mettre à dire des mots genre "synesthésie", j'aurais plus jamais de vie sociale xD). J'ai pas lu grand chose de Tolstoï encore, mais c'est clairement la classe, surtout vu la masse qu'il a écrit !!

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  3. Ah mouais, c'est un inventaire quasiment complet, bravo. Bon, tu as juste oublié "La guerre des moutons" de Louis Pergaud. Et "Bêle et Sébastien" avec Mééédi El Glaoui dans le rôle titre.
    Mais nulle n'est parfaite, hein !

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  4. A Gerardmer, les gens dans les files d'attente parlent toujours de Black Sheep ^^

    Ce film a marqué les festivaliers pour longtemps même si on n'entend pas de "Beeeeeee" au début des projections

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    1. Ah ben ça me fait bien plaisir! :)

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    2. :D
      Il y a toujours le "HAAAAOUUUUUUHHHH" lors du tout début de la séance par contre ! :D
      J'espère que ça, ça ne changera jamais.

      Bon les gens parlent aussi de "The Human Centipede" dans les files d'attentes. C'est moins sympa quand tu manges ton sandwich à côté d'eux ^_^

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