dimanche 30 août 2015

L'instant Kiwi: Auckland, suite et fin


Je finis enfin cette série d’articles (qui s’est avérée vachement plus longue que prévue), pour te donner un aperçu d’Auckland via les suburbs qui la composent.

Voici donc mon top 10 des quartiers les plus importants :

1. Le CBD


Le CBD (acronyme pour Central Business District), c’est le centre-ville. On y trouve des magasins, l’université, le jardin botanique, le musée, le théâtre, et surtout plein, plein de bureaux, car c’est le quartier des affaires. 

Le fleuron du CBD, c’est évidemment la Sky Tower, une tour de 328 mètres de haut, et, comme chaque Kiwi ne manquera pas de te le rappeler :

- La plus haute structure érigée par l’homme de tout l’hémisphère Sud ! Et toc les Aussies !

La Sky Tower est relativement récente, vu qu’elle a été ouverte en 1997, et contient des plateformes d’observation, un restaurant panoramique qui tourne, l’obligatoire plateforme de bungee jumping, et… c’est tout.

En fait, on dirait pas à la voir comme ça, mais la Sky Tower est super fine, et dans toute la partie pilier, y’a en fait de la place que pour les ascenseurs.


(C’était bien la peine de construire un truc aussi haut pour ça.)

Bon, après, je suis mauvaise langue, parce que la Sky Tower est aussi un émetteur radio géant, et c’est grâce à elle qu’on capte la radio jusqu’à Bombay.

(Bombay à Waikato, hein, pas Bombay en Inde.)

2. Le North Shore


Au Nord du CBD, on passe un grand pont, et on arrive au North Shore, une aire très vaste et en plein boom de développement, car bien moins chère que le reste d’Auckland.

Comment savoir si un Aucklandais vit au North Shore ? Attends environ trente secondes de conversation, et si tu entends les mots « bridge » et « traffic », c’est le bingo ! 

Car oui, le sujet de conversation numéro 1 au North Shore est celui du transport (qui est de base l’un des sujets favoris des Aucklandais, avec le rugby et la météo). Parce que le North Shore est complètement coupé du reste d’Auckland par la mer. 

Pour se déplacer vers le Sud, TOUS les habitants doivent donc passer par le MÊME pont. 


(Je te laisse donc imaginer le plaisir de prendre ce pont un lundi à 7h30 du matin.)

Comble de malheur, les transports en commun déjà bien maigres dans le reste de la ville ne s’étendent pas jusqu’au North Shore (pas de trains, très peu de ferrys, et des bus qui restent bloqués sur le pont avec les voitures). Ça fait des années que la ville d’Auckland promet de trouver une solution, et notamment d’étendre le réseau de trains, mais pour le moment, aucun changement.

Les gens au North Shore vivent souvent avec un rythme décalé, pour éviter les problèmes de bouchons. Si tu bosses à Auckland centre, tu reconnais donc facilement tes collègues du North Shore : c’est ceux qui sont déjà là quand tu arrives, et qui partent à 15h30 en faisant « Han nan putain ça va déjà être l’heure de pointe merde merde merde ».

Pour résumer, il y a deux avantages à vivre au North Shore : 1. Le logement est moins cher, et 2. Aucun patron ne va jamais contester ton excuse quand tu te pointeras avec une heure de retard. 

3. West Auckland/Waitakere


Les habitants de West Auckland sont appelés « Westies », et j’ai toujours pas réussi à comprendre si c’est une insulte ou non. Au départ, c’était clairement péjoratif : le terme « Westie » s’utilisait comme un synonyme de « beauf », pour désigner une tranche de la population relativement bas sur l’échelle sociale, peu éduquée, et vulgaire. (Pense « Joggings Adidas et leggings léopard ».) Ceci parce que West Auckland était une zone où vivaient principalement des ouvriers. Mais avec la hausse des prix, la démographie du coin a changé, et les gens s’appellent maintenant « Westies » sans qu’il semble y avoir de connotation négative. 

À West Auckland, tu trouveras aujourd’hui surtout des militaires (les bases de la Royal Air Force sont toutes proches) et des sportifs, attirés par la proximité de Waitakere Ranges, un grand parc naturel super chouette.

(Le genre de personnes qui font que manger du granola et qui mettent des T-Shirts avec soutif intégré.)

4. Manukau/South Auckland


D’après les Kiwis, le quartier craignos ; d’après les gens normaux, le quartier pauvre.

Je l’ai déjà dit et je le répète : les Kiwis sont bien mignons dans leur monde de gentils Ewoks, mais ils n’ont strictement aucune idée de ce qui « craignos » signifie vraiment. Ils pensent qu’ils savent, mais ils savent pas. Toutes leurs notions d’insécurité sont basées uniquement sur le type de population vivant à un endroit donné (si x=pauvres et y=basané, alors z=danger).

Je ne compte plus le nombre de fois où on m’a dit de verrouiller ma voiture si je traversais Manukau (genre c’est Walking Dead, les gens vont se jeter sur ta caisse pendant que tu roules) ou de ne pas marcher de nuit à Otara (c’est quoi le deal, c’est comme Minecraft ? si je reste dehors après la tombée du jour, y’a des squelettes qui viennent me taper ?) et à chaque fois je leur dis STOP, arrête-toi de parler tout de suite Micheline, tu jettes l’opprobre sur ta personne à chaque seconde qui passe. 

Parce que ces quartiers ne sont PAS craignos. C’est des pavillons un peu moches et des jardins pleins de pièces détachées. C’est tout. Pas de graffitis, pas d’abribus vandalisés, pas de poubelles cramées. Personne qui t’agresse, personne qui te rackette, personne qui t’insulte, personne qui te bouscule, personne qui crache des mollards glaireux juste à tes pieds quand tu passes dans la rue. 

(Y’a des quartiers respectables à Strasbourg qui sont loin d’afficher ce degré de sympathie.)

Mais les bons Kiwis bien obtus évitent encore et toujours South Auckland, par peur, sans doute, de se faire égorger et manger en rôti s’ils restent sur place plus d’une-demi seconde.

(Les mecs, tu les emmènes en banlieue parisienne, ils vont se croire à Beyrouth.)

5. Newmarket


Le quartier chic et branché pour jeune cadre dynamique pété de fric.

Situé pas très loin du CBD (mais assez loin quand même pour que ce ne soit pas trop la galère d’y accéder), Newmarket concentre tout ce qu’Auckland arrive à fournir en matière de classe et de sophistication.

Donc, si tu cherches des meubles design importés du Danemark ou des restaurants nouvelle cuisine fusion, ou simplement si t’as un million de dollars sous la main et que tu irais bien t’acheter la nouvelle Mini Cooper, c’est là qu’il faut aller.

6. Ponsonby


Le quartier bobo/hipster pour tattoo artist à succès ou retraité cosmopolitain qui ne sait pas quoi faire de sa thune.

Situé juste à côté du CBD et à l’exact opposé de Newmarket, Ponsonby est LE quartier le plus cher de toute la ville, et d’ailleurs de tout le pays (compte un million et demi de dollars en moyenne pour une maison). 

C’est aussi LE quartier branché par excellence, et c’est facile à reconnaître : c’est le seul endroit de la ville où il y a de l’animation passé 20h30. On y trouve des boutiques de designers locaux, des créateurs de mode, des salons de tatouage, des studios de peinture, des galeries d’art, et à peu près cinq mille restaurants ambiance cantine rétro où tu raques cent boules pour manger des frites dans des petits seaux en étain.

Le Ponsonbien par excellence est donc riche, branché, bobo, fêtard, et bien souvent étranger (vu qu’un Kiwi fêtard, c’est un peu comme un Allemand en retard : une aberration de la nature). 

Donc, si tu veux rencontrer des artistes Brésiliens ou des tatoueurs Américains, direction Ponsonby !

7. Parnell


Alias la Foire aux Français. Également l’un des quartiers les plus beaux et les plus anciens (et les plus chers) d’Auckland. 

Situe à équidistance entre Newmarket et le CBD, Parnell est un quartier calme et paisible, et surtout hyper joli. Chaque maison du coin est estampillée bâtiment historique (parce qu’elle date d’avant 1950) (ils sont tellement mignons) et on y trouve environ huit millions d’antiquaires.

Parnell est également l’endroit où se tient tous les week-ends le marché français, véritable institution d’Auckland, et qui explique pourquoi la majorité des Français riches vivent dans le coin (parce que c’est eux qui vendent les produits au marché.)

(Et si tu te demandes comment on peut devenir riche en vendant du fromage sur un marché, viens jeter un œil aux prix et tu comprendras vite.)

8. Remuera


(Si t'as pas de piscine à Remuera, t'as raté ta vie.)

(C'est une blague.)

(Parce que c'est impossible de trouver une maison sans piscine à Remuera de toute façon.)

Remuera n’est étonnamment pas le quartier le plus cher d’Auckland (même s’il reste dans le top 5), mais son nom est passé dans la culture populaire comme synonyme de la haute bourgeoisie, ou du moins ce qui s’en approche dans un pays sans classe (dans tous les sens du terme).

C’est un quartier très beau, avec des maisons qui tiennent plus du manoir qu’autre chose, et c’est rempli de gens dont tu voudrais usurper l’identité.

(Si si, crois-moi.)

Petite anecdote marrante : le reste de la Nouvelle-Zelande se réfère aux 4X4 urbains (grosse grosse passion à Auckland) comme de « Remuera tractors », ce qui me fait beaucoup rigoler.

9. Howick


AKA « Chinatown ». Howick et les quartiers alentour (Pakuranga, Botany) concentrent la majorité de la population Chinoise d’Auckland, donc, si tu cherches du tofu soyeux ou que tu as l’envie soudaine d’acheter un sac de onze kilos de pousses de soja, c’est par là qu’il faut aller.

(J’ai aussi vu des sacs de 50 kilos de riz dans les supermarchés chinois, et je cherche encore qui peut bien acheter ça.)

(« Oh chérie, regarde ! Si on achète ça d’un coup plutôt que cinquante paquets individuels sur trois ans, on économise presque deux dollars ! »)

Howick est aussi le siège du village historique, un genre d’Écomusée en moins bien (ils ont pas de canards). Donc, si tu as un enfant qui va à l’école à Auckland, il va forcément y faire au moins une sortie par an, et s’y faire chier à mort.

(C’est un genre de rite de passage.)

(Comme les sorties scolaires en Alsace, mais avec moins de camps de concentration.)

10. Mount Eden 


Le seul quartier à abriter à la fois un volcan, une prison, et un stade de rugby. (Et tout ça sur seulement cinq pâtés de maison !)

Aussi connu comme le quartier où tout le monde déteste habiter, puisque c’est là que se situe Eden Park, le plus grand stade du pays (capacité : cinquante mille personnes - soit 1% du pays entier, quand même) et que c’est notamment ici que jouent les All Blacks. Donc, si jamais tu viens d’arriver à Auckland et que tu te dis :

- Dis donc, c’est vraiment raisonnable, les loyers sur Mount Eden ! En plus c’est pas loin du CBD, c’est chouette !

Dis-toi que si une offre a l’air trop belle pour être vraie, c’est qu’elle l’est probablement.

(En gros : prépare-toi à t’emmurer chez toi avec des boules Quiès les soirs de match.)

Bonus : Waiheke Island


Bon, techniquement, Waiheke ne fait pas partie d’Auckland, parce que c’est une île. Mais je la mets quand même dans le tas, parce que c’est très proche du CBD (une-demi-heure en ferry).

La particularité de Waiheke, c’est donc qu’elle n’est donc accessible qu’en bateau… ou en hélicoptère, pour ceux qui en ont les moyens. Et, disons-le tout de suite, pour t’acheter une villa sur Waiheke, on part du principe que tu possèdes déjà un hélicoptère, parce que c’est MEGA CHER.

Sauf que Waiheke, non seulement c’est cher, mais en plus c’est hyper galère pour y aller : il n’existe que deux routes de ferry, situées à chaque extrémité de l’ile, et attention c’est là que ça devient fun : du côté Ouest, c’est UNIQUEMENT un ferry passagers, et du côté Est, c’est UNIQUEMENT un ferry véhicules. Ajoute à ça que les ferrys ne tournent que de 7h à 22h en semaine, et de 7h à 18h30 (sérieusement ?) le week-end, et tu comprendras que c’est légèrement chaud de vivre sur Waiheke si on travaille à Auckland.

Du coup, Waiheke est peuple de trois catégories de gens :

1. Des millionnaires qui ont leur résidence secondaire ici, et qui viennent en hélico (ou avec leur yacht).
2. Des viticulteurs qui bossent sur place, car Waiheke est réputée pour ses vins.
3. Des retraités reconvertis en artistes du dimanche ou artisans, et qui vendent leurs céramiques moches ou leurs savons à la papaye aux touristes sur le marché du samedi matin.

J’ajouterai enfin que Waiheke est inexplicablement le lieu le plus prisé des Aucklandais pour les mariages, et je dis « inexplicablement » parce qu’organiser son mariage là-bas, ça équivaut à dire :

- Nan, organiser un mariage, c’est pas une tâche suffisamment chiante. 
- Et si on l’organisait sur une ile où aucun des invites ou des prestataires n’habite ? Comme ça on les ferait tous venir en même temps sur un minuscule ferry qui part une fois l’heure, puis on les ferait marcher et/ou louer des voitures jusqu’à la réception, et on arrêterait arbitrairement les réjouissances à 17h30 pour qu’ils puissent repartir avec le dernier bateau.
- Impec !

(Ces gens sont des malades mentaux.)

Voilà, on a fait le tour d’Auckland. 

Le TL ;DR pour les paresseux : Auckland, c’est nul à visiter, mais c’est bien pour y habiter. 

Sincèrement, Auckland est une ville que j’aime beaucoup (même si je lui ai cassé pas mal de sucre sur le dos dans cette série d’articles) ; j’aime avoir mon jardin, j’aime ne pas avoir de voisins au-dessus de ma tête, j’aime conduire sur ces routes assez larges pour faire passer des tanks, j’aime le fait que je trouve toujours une place de parking et que j’ai pas fait de créneau depuis 2012, j’aime avoir la plage juste à côté même si en vrai j’y vais genre deux fois l’an, juste parce que des fois le matin je sors de chez moi et ça sent les embruns et sérieusement c’est un truc qui me tue mais cette ville sent toujours BON.

Du coup, j’espère qu’en plus de t’instruire, cette série d’articles t’a aussi donné envie de venir habiter ici.

(Et si jamais tu viens t’établir, amène-moi des Kinder et du chou à choucroute.)

Au final, si je devais noter Auckland sur une échelle de 0 à 10, je lui mettrais un 8.

(Un point un moins pour le manque de transports en commun, et un point parce que ça manque tout de même furieusement de fromage.)

Bon, et comme je vais pas tout faire toute seule non plus, maintenant c’est ton tour : si tu devais évaluer la ville/le village où tu habites, tu lui mettrais quelle note ?

Lâche tes com’s !

4 commentaires:

  1. Ah ah, la question à la Soocurious m'a fait mourir de rire ! :)
    Allez, moi j'habite Grenoble, et je lui mettrais un bon gros 7/10. Mais j'ai la flemme d'écrire 4 articles pour en donner les raisons !

    Dis-toi bien Tindo que tu ne seras jamais TLDR pour moi !

    Super intéressante cette série d'articles. Entre plein d'autres choses, j'ai appris un truc : la marque Eden Park est en fait le nom du stade de rugby des All Black. Putain, j'étais le seul à pas savoir ça ?

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  2. Non mais les mariages finit à 17h30 c'est normal!!! A 18h30 il y a le diner et tout le monde doit être couché pour 20h!! :o tu es folle toi ;)

    Et je ne savais pas non plus pour Eden Park!! Enfin, tout ce que je savais de cette marque, c'est un t-shirt que m'a offert ma grand-mère que je trouvais affreux et que j'ai mis une fois parce qu'elle venait à la maison...

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  3. Sans rapport:
    http://www.legorafi.fr/2015/09/22/rugby-les-all-blacks-deviennent-les-all-greys-apres-un-probleme-de-machine-a-laver/

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  4. Bon, je suis tout nouveau à suivre tes aventures mais j'adore. Tu décoiffes.
    J'habite St Philbert de Grand Lieu, en Loire Atlantique. Mouais, ça existe vraiment. A 20 min au Sud de Nantes, 8 000 âmes. Bon, alors, il y a une piscine, une bibliothèque et une ludothèque. 1 point pour chaque. Et il y a du vin. Re-1 point. Même si certains diront que le Muscadet ne compte que pour un demi point, mais franchement, il y en a qui sont pas mals.
    J'enlève 1 point parce que c'est super proche de la Vendée.
    Résultat: 3 / 10. Mais je m'accroche car j'aime bien ma maison...

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