dimanche 5 mai 2019

BOUM BÉBÉ ! Sixième mois


Au sixième mois, j'ai commencé à avoir un gros bide.

Mais genre un VRAIMENT gros bide.

Je le sais parce que les gens dans les lieux publics ont commencé à avoir pitié de moi et à me laisser passer devant eux (à la poste, au supermarché, etc.)

(Par contre, au marché du lundi matin, je peux crever la bouche ouverte avant qu'une des mamies ne se déloge de l'étal des fruits et légumes.)

(C'est pas qu'il est pas passionnant, ton menu de Pâques, Gertrude, mais j'ai deux têtes qui appuient lestement sur ma vessie, alors si tu pouvais t'enfiler tes blettes et décarrer, ce serait super duper.)

C'était aussi devenu impossible de confondre mon ventre de femme enceinte avec un ventre de femme en surpoids, et du coup, j'ai eu droit à moult conversations passionnantes avec des inconnus :

- Allez-y, madame, passez devant!
- Merci, c'est gentil.
- Je sais ce que c'est d'avoir un gros ventre comme ça, c'est pénible de rester debout!
- Un peu, mais ça va, je me plains pas.
- Allez, courage! De toute façon, vous êtes dans la dernière ligne droite, là, non? Vous allez accoucher d'un moment à l'autre!

OUI ENFIN DANS TROIS MOIS, QUOI.

MAIS SI C'EST CA QUE TU ENTENDS PAR "D'UN MOMENT A L'AUTRE", ALORS OUI.

Ça devenait aussi de plus en plus difficile de continuer à faire de l'exercice physique avec mon gros bidou, et donc je me suis rabattu sur la dernière option qu'il me restait : LA PISCINE.

J'ai dû faire les premières séances avec Flaxou comme coach, puisque j'ai 30 ans et que je sais à peine nager, donc il a dû m'apprendre à nager pour de vrai:

- N'importe quoi! Je sais nager la brasse!
- Cha, je t'aime, mais tu sais pas nager la brasse.
- Mais si! Regarde, ça c'est la brasse!
- Non. Agiter les bras et les jambes aléatoirement comme un petit chiot et maintenir péniblement la tête hors de l'eau, c'est pas nager la brasse. Si tu fais ça plus de trois longueurs, tu vas te tuer le dos.
- Ah mais parce qu'il faut que je fasse plus de trois longueurs?

Du coup, il m'a appris à faire le dos crawlé, que je maîtrise désormais comme une championne, (maintenant, faut juste que j'apprenne à maîtriser comment aller tout droit dans le bassin, au lieu de partir en vrille comme une torpille mal lancée, mais chaque chose en son temps), et je fais une heure de piscine par semaine.

- Fla, devine combien j'ai nagé aujourd'hui?
- Je sais pas.
- UN KILOMÈTRE!
- Ah, c'est super! Et après l'échauffement, t'as fait combien?



(Clairement, nous n'avons pas les mêmes valeurs.)

J'ai continué à faire des échographies toutes les deux semaines, principalement pour que le médecin puisse vérifier que les bébés ne développent pas de syndrome transfuseur-transfusé.

(Le syndrome transfuseur-transfusé, c'est un truc pas trop cool qui peut se produire dans le cas d'une grossesse monochoriale biamniotique (un placenta, deux poches amniotiques). En gros, il peut s'établir un flux artériel à sens unique entre les deux bébés, d'où le fait que l'un "transfuse" l'autre. Si ça n'est pas décelé rapidement, ça peut amener à la mort d'un, voire des deux bébés.)

Sauf que, quand j'ai expliqué ça à ma famille, je suis pas rentrée dans les détails (déjà que ma mère ne dort plus parce qu'elle est persuadée que je vais faire du diabète et qu'on va devoir me couper les pieds), et j'ai juste dit qu'il fallait faire des échographies plus souvent pour s'assurer que tout se passait bien.

Seulement, la famille n'a pas vraiment saisi le concept de la place qu'il y avait dans mon bide, et du coup, tous les quinze jours, j'avais droit à la même conversation avec chaque futur grand-parent:

- Alors, comment ça s'est passé?
- Super, tout va très bien!
- Tu m'envoies les photos?

Donc, j'en profite pour expliquer la chose ici comme je l'ai expliqué à ma famille : des photos, IL N'Y EN A PLUS. A partir du quatrième-cinquième mois, c'est fini, on ne voit PLUS RIEN.

Les clichés tout mignons où on voit les deux bébés en entier dans la même photo, c'est au premier trimestre, et après, c'est mort, ils sont toujours tournés, l'un derrière l'autre, l'un en-dessous de l'autre, laisse béton.

- Mais c'est le sixième mois, là ! Vous avez fait l'échographie 3D, celle où on voit tout bien leur petite frimousse, avec tous les détails !

EH BEN NON MICHELINE.

Mes bébés ont semblerait-il déjà hérité du gène de la chiantise de leur père, et se sont mis dans la position la moins évidente possible, à savoir face à face. Donc, non, je n'ai pas de jolie photo 3D, je n'ai même pas de photo floue en noir et blanc avec un vague profil, c'est fini, je ne verrai pas leur visage avant le jour de l'accouchement, il va falloir attendre jusqu'à fin juin pour que je sache s'ils ont le front énorme de Flaxou ou mes grandes oreilles, va falloir s'y faire.

(Par contre, je peux te montrer des tas de super photos de fémur ou d'aorte.)

(Ça, j'en ai à la pelle.)

J'ai aussi découvert les joies d'avoir des bébés de plus en plus grands qui bougent de plus en plus:

- Aïe!
- Ça va?
- Oui, c'est juste numéro un qui me donne des coups de pieds dans les côtes.
- Pauvre chérie.
- Aïe!
- Qu'est-ce qu'il y a?
- Non, c'est numéro deux qui piétine mon estomac, ça me fait des remontées acides.
- Pauvre chérie.
- Ouh! Je dois faire pipi.
- Mais tu reviens des toilettes!
- Ouais, mais il y a une tête qui appuie sur ma vessie.
- C'est quel bébé?
- LES DEUX!

Donc il semblerait que les bébés commencent à se sentir à l'étroit, eh ben laissez-moi vous dire que vous êtes pas au bout de vos peines, les potos. Parce que là vous faites un kilo et 35cm chacun, donc vous pensez que ça va se passer comment dans deux mois, quand vous ferez le double de votre poids et 15cm en plus?

Mais clairement, ces petites ordures se fichent de ce que je ressens (et semblent aussi se ficher du fait qu'ils ont besoin que je reste en forme pour qu'ils continuent à vivre), parce que tous les jours, toute la journée, c'est les olympiades du trampoline dans mon utérus.

Spéciale dédicace à numéro un, que clairement on n'a pas appelé comme ça parce que c'est notre préféré, hein, parce que perso je l'aimerai beaucoup plus quand il se sera un peu calmé et qu'il arrêtera de pincer mes nerfs avec ses petits doigts d'acier et de coincer ses pieds sous mes côtes toute la sainte journée.

- Han! Mais tu peux pas dire des choses comme ça!
- Comme quoi?
- Que t'aimes pas ton bébé! C'est affreux!
- J'ai pas dit que je l'aimais pas! J'ai dit que je préférais l'autre!
- ....
- Donc c'est bon, non?

Le sixième mois, c'est également celui où on a choisi les parrains et les marraines des enfants:

- Et du coup, vous faites le baptême quand?
- Non, mais on les baptisera pas.
- Mais alors ils auront pas VRAIMENT de parrain et de marraine, hein!


Oui, ben étant donné que le rôle des "vrais" parrains et des marraines est strictement d'assister l'enfant dans son épanouissement en tant que chrétien, je vois pas en quoi ça pose problème pour nous autres hérétiques de ne pas avoir de "vrais" parrains et marraines.




(Est-ce que c'est trop demander que de simplement vouloir choisir des gens qui vont être obligés de leur faire des plus gros cadeaux que les autres?)

Comme marraines, j'ai choisi Sarah, qui était ravie:

- Mais du coup, j'aurai lequel?
- Ben, j'avoue que j'y ai pas encore vraiment réflé...
- Je peux avoir numéro deux?
- Heu... si tu veux.
- Yes! Jackpot!

Et j'ai choisi ma soeur, qui était également ravie:

- T'as déjà décidé qui aura lequel?
- Oui, tu auras numéro un.
- Oh! C'est trop tard pour changer?

Pauvre numéro un : même pas encore né, et tout le monde se bat déjà pour avoir l'autre.

(En même temps, c'est ça qui arrive quand on ne s'arrête JAMAIS de jouer au xylophone avec mes côtes, espèce de sale gosse.)

Enfin, le sixième mois, c'est celui où j'ai commencé les cours sur l'accouchement avec une sage-femme.

Comme je vis dans la montagne, bien entendu ma sage-femme est une hippie (enfin, les hippies d'Alsace, on s'entend) (c'est pas le niveau du Larzac, tu t'en doutes), et elle m'a tout de suite mise à l'aise avec son côté naturel et rassurant :

- Il faut écouter son corps, et faire confiance à son corps. On a tendance à ne pas faire confiance à son utérus, parce que c'est la première fois qu'il porte la vie. Mais pourtant, on fait confiance à tous nos autres organes ! On ne s'endort pas en craignant que notre cœur s'arrête de battre pendant la nuit. On ne mange pas en craignant que notre estomac n'arrive pas à digérer ce qu'on lui envoie. Ayez le même degré de confiance envers votre utérus ! Dites-vous que votre corps peut gérer tout ce qu'on lui envoie. Marion, si votre bébé fait quatre kilos, c'est parce que vous POUVEZ le faire sortir ! Charlotte, si vous avez des jumeaux, c'est parce que votre corps PEUT s'en charger !

(Okay, génial, maintenant, si mon corps pouvait se charger de décaler mon estomac hors de portée des pieds des foetus, ce serait super, merci.)

Plus sérieusement, je trouve ces cours super utiles, j'ai appris plein de choses sur la gestion de la douleur, les gestes pour relâcher la tension, et les postures à aborder pour minimiser l'inconfort – et, rien que pour ça, je pardonne à ma sage-femme d'avoir démarré ses cours avec un discours de propagande de trente minutes sur l'homéopathie:

- Alors j'ai ici une ordonnance pour chacune d'entre vous avec plein de choses que vous pourrez prendre pendant votre fin de grossesse et votre accouchement : il y a de l'apis mellifica pour arrêter les saignements, le gelsémium élimine le stress, le millepertuis ça soigne la dépression post-partum, ah et puis je vous ai ajouté une pincée de granules à base de foie de canard dilué vingt mille fois, ça empêche toute forme de cancer et ça vous rendra immortelle. Des questions?
- ...
- Ah, et n'oubliez pas de prendre les granules hors des repas, sinon, elles n'ont pas d'effet. Ce serait bête de payer 20€ pour des pastilles de sucre!


Elle a conclu le premier cours en disant que c'était super important de parler aux bébés régulièrement, pour qu'ils entendent le doux son de ma voix et qu'ils le lient à moi, leur mère, qui les aime si profondément.

Flash-back de mes conversations avec mes foetus jusqu'ici :

- Eh! Espèce de petite merde! Tu vas te calmer maintenant ! Sinon moi je vais chercher un cintre et on n'en parle plus !

Je pense qu'on est partis sur de super bonnes bases.

4 commentaires:

  1. Eh si jamais le millepertuis élimine l'effet de la pilule ! Donc fais gaffe en post parthum si tu veux pas remettre le couvert instantanément

    RépondreSupprimer
  2. Hahaha, cet article m'a tellement fait rire-et appris des choses !

    Bon courage pour les 3 prochains mois. Accoucher en août, ça me paraît chaud quand il y en a un mais deux ! Enfin, tu y arriveras, tu es une warrior ;)

    Merci en tous cas de nous faire suivre cette aventure.

    RépondreSupprimer
  3. question peut-être idiote mais tu sais vraiment si c'est numéro 1 ou numéro 2 quand ça bouge là-dedans? Tu arrives à distinguer selon leur place? leur façon de bouger?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui oui, c'est assez facile de distinguer qui bouge, parce que depuis le début, il y en a un à gauche et un à droite, et leur position ne change pas, puisque leurs cordons ombilicaux respectifs sont implantés de chaque côté. Donc si ça bouge sur ma droite, je sais que c'est numéro 1, et si ça bouge sur ma gauche, c'est numéro 2 :) J'ai encore du mal à distinguer la différence entre les coups de poings et les coups de pieds, ceci dit!

      Supprimer