dimanche 29 mars 2020

Brève casanière


Et donc, comme tout le monde, je suis à la maison en sloup.

Sauf que, contrairement à certains et certaines, j'ai pas le temps de m'ennuyer.

Donc merci à tous mes amis sur tous les réseaux sociaux d'arrêter de me prendre le chou à faire tourner des articles en mode "tuto facile pour faire du sport chez soi" "dix bonnes résolutions pour mettre à profit sa quarantaine" et autres "huit mille classiques à lire avant la fin du confinement", C'EST BON MERCI MAIS J'AI PAS LE TEMPS.

(Vous avez peur de quoi? Qu'à la fin du confinement, y'ait une interro surprise?)

(Je sais qu'on vit dans la start-up nation, mais quand même, je pense qu'à ce stade, même le Président s'en fout si on est pas productifs.)

Et, soyons honnête deux secondes, même si j'avais du temps libre, je serais devant Skyrim en train de recommencer la même partie pour la millième fois, pas en train de faire du SPORT, vous m'avez prise pour qui?



(Moi en train de me bercer d'illusions tout en ouvrant un nouveau paquet de Maltesers)

Mais ouais, clairement, je ferais bien de faire du sport d'appartement comme mes amis qui vivent leur meilleure vie, parce qu'à rester enfermée à la maison à bouffer des chips toute la journée, c'est sûr que ça va pas bien finir cette histoire.

Ajoute à ça que je passe mes journées en jogging élastique, et que donc je ne me rends pas compte des kilos qui s'empilent, et on sent bien qu'il y a un désastre vestimentaire qui se profile à l'horizon.


(Moi et mes jeans à la fin du confinement, une illustration)

Aussi, je ne connais pas ces meufs sur Youtube qui continuent à mettre du maquillage et à se faire des jolies coiffures, mais clairement elles se respectent beaucoup plus que moi, parce que laisse-moi te dire qu'au foyer des grumeaux, c'est la débandade du poil, le gala du slip Batman, la fête de la chaussette trouée, et, si j'avais mes nichons d'avant grossesse, tu peux être sûr que ce serait aussi le festival du nibard libre.

(Pour le coup, je reste obligée de mettre un soutif, parce que j'ai des escaliers chez moi, donc toi-même tu sais.)

La bonne nouvelle, c'est que je ne suis pas seule, puisque les grumeaux sont en pyjama depuis début mars (enfin, différents pyjamas, hein), et que Professeur Flaxou le télétravailleur a même commencé à se laisser pousser une barbe de clodo.



(Flaxou tous les matins avec son teint pâle, son jean troué et son pull Boba Fett.)

En parlant de télétravail, on peut rigoler deux minutes du fait que, selon le décret du gouvernement, c'est normalement Professeur Flaxou qui est censé s'occuper des deux bébés, seul, TOUT EN BOSSANT HUIT HEURES PAR JOUR?

Donc, évidemment, j'ai arrêté de travailler pour m'occuper de mes enfants, et autant j'ai super de la chance parce qu'ils sont à un âge où ils sont vachement mignons et calmes, autant sincèrement la vie de mère au foyer c'est pas fait pour moi.

(Je suis déjà en train d'envoyer des livres scannés et des recommandations de séries à mes élèves.)

(Ils me manquent tellement! Et ils ont tellement progressé ces derniers temps, je veux pas qu'ils perdent pied!)

(Et en plus ça fait déjà presque deux semaines que j'ai pas utilisé mon stylo rouge!!)



Je suis tout de même privilégiée par rapport à une majorité de mamans, et ce pour deux raisons :

Primo, mes enfants ont l'âge parfait pour être confinés avec eux toute la journée : trop jeunes pour être scolarisés (et donc tu évites de te taper les cinq heures de devoirs par jour), mais assez âgés pour être intéressants (et à un âge où ils découvrent plein de nouvelles choses).

Secundo, trop d'la balle, ils sont deux, ce qui veut dire que je passe mes journées à glander devant mon PC pendant que mes bébés jouent entre eux tranquillement dans leur chambre sans jamais demander mon attention, elle est pas belle la vie?

(Je savais qu'il y aurait des bénéfices à avoir des jumeaux!)

(Ça valait tellement le coup de ne pas dormir pendant quatre mois et demi!)

Après, si, ils demandent quand même mon attention quand ils ont faim, qu'ils ont sali leur couche, ou qu'ils veulent dormir.

Faut dire que, côté sommeil, ils ont beau avoir la tête de leur père, on sent qu'en termes de personnalité, ils tiennent plus de mon côté de la famille.

J'en veux pour preuve la conversation que j'ai eue l'autre jour en fin de journée avec Professeur Flaxou :

- Yo ! Je viens de finir de bosser, t'as besoin d'aide?
- Ah, parfait, tu peux t'occuper de Sammy? Je dois changer Auguste et il est assez collant, il veut être dans les bras. Je crois qu'il commence à fatiguer.
- Allez viens chez papa, mon petit flibustier!
- ....
- Cha, il se tortille, il veut que je le pose!
- Ah? Ben essaye toujours.
- Attention, ne recule pas, il vient vers toi! Tu vois, toi qui dis toujours que c'est un fils à papa! Là, il veut sa maman!

Sauf que non.

Sauf que le môme a allègrement dépassé mes pieds, est allé jusqu'au pied de son lit, a saisi sa couverture à travers les barreaux, et a commencé à tirer dessus en pleurant.

(Niveau signal, c'est difficile de faire plus clair.)

J'avoue que je me sens presque mal en voyant tous les témoignages d'amies en mode "pendant des mois, il a refusé de dormir seul" "elle hurlait dès qu'on la mettait au lit" "il ne voulait s'endormir que dans les bras" parce que chez nous, c'est l'inverse. Les gamins pleurent et se tortillent dans nos bras tout le temps où on les prépare à aller se coucher, et quand on les pose enfin dans leur lit, ils SOURIENT!




(Mes bébés se mettant au lit, une illustration)

Autre avantage, mes bébés ne savent pas encore parler ni marcher, et du coup, j'évite deux écueils : celui de devoir leur courir après constamment, et celui de devoir se taper des journées entières avec un gamin juste assez intelligent pour comprendre qu'il se passe quelque chose, mais pas assez intelligent pour comprendre exactement ce qui se passe.

(Prie pour ma soeur coincée avec sa fille de trois ans et demi, qui passe ses journées à la suivre en lui demandant où elles peuvent aller.)

("Maman! On va à la piscine? Maman! Je veux aller voir les chevaux! Maman! Maman! On va voir Samuel et Auguste? Maman! Maman! Maman! J'ai faim! On va manger un éclair?")

Là où on est aussi privilégiés, c'est qu'on est confinés en famille, puisque, comme je te l'expliquais il y a quelque temps, on vit dans notre petite commune familiale à nous.

Donc, évidemment, ça ne veut pas dire qu'on passe nos journées à se refiler la peste tranquillou bilou, en mode j'te claque la bise comme au temps jadisMais au moins, mes enfants peuvent faire des coucous à leurs arrière-grands-parents à travers la vitre du balcon, jouer à cache-cache avec leurs grands-parents, et surtout voir d'autres têtes que les nôtres H24 (parce que là, je sens déjà que la reprise de la crèche va être folklo).

Et surtout, on peut prendre le café en famille dans le jardin le dimanche après-midi, tous assis en rond à 1m50 les uns des autres, avec les bébés au milieu en train de jouer dans les trèfles.




(C'est hyper bucolique)

Bonus : on fait les courses pour mes grands-parents pour qu'ils n'aient pas besoin de sortir, mais ma mamie se sent mal qu'on fasse des trucs à sa place, du coup, elle nous rembourse en compotes de fruits.

(Je pense qu'on va pouvoir commencer à donner les goûters aux bébés via entonnoir.)

Double bonus, mon père se fait chier, et du coup, pour s'occuper, il BRICOLE.

- Ah Charlotte, y'a un colis qui est arrivé pour toi dans ma boîte aux lettres. Comme j'attendais aussi un colis, j'ai pas fait gaffe au nom, et je l'ai ouvert. On dirait un joint pour lave-linge?
- Oui, le nôtre est cassé.
- Ah cool, javais deviné juste! Bon ben j'ai déjà démonté la porte, je suis en train de finir de l'installer, là, tu peux aller faire une lessive pour tester?




(Trop rapide pour le commun des mortels.)

Et toi, comment se passe ton confinement? Cool Raoul? Relax Max? Anxieux Jeanxieux?

(J'avais pas de prénom qui rime en -xieux.)

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