dimanche 15 avril 2012

Si t'es vieux comme un fossile tape dans tes mains




Vas-y le coup de vieux de la mort que je me suis pris aujourd'hui.


Faut savoir un truc avec moi : quand je trouve un acteur mignon (ou chanteur, ou célébrité quelconque), je vais toujours faire ma petite stalker sur Internet pour glaner des infos sur le mignon en question. 


(Avant d'avoir Internet, j'achetais des magazines, je découpais les articles et les photos, et je me faisais des boîtes à thèmes. J'avais une boîte à thème "Je suis devenu roi de la tribu de Dana", une boîte à thème "les Sniper lol déchir grav" et une boîte à thème "le Seigneur des Anneaux, ma vie, mon amour, mon oxygène".)


Et, le truc qui me plombait toujours mes petites recherches, c'était de voir que la célébrité en question était vachement plus vieille que moi. Du coup, pour mes fantasmes où le mec tombe follement amoureux de moi, il fallait ruser de la mort pour trouver une histoire qui tienne la route. (Enfin bon, la plupart du temps, y'avait des ficelles plus grosses que dans des films de Michael Bay.)


Attention, petit flash-back de mes fantasmes récurrents :


1998 :

- Salut, je suis Martial, le chanteur du groupe Manau. Un horrible Korrigan m'a jeté un sort et m'a fait rajeunir de 18 ans! Le groupe Manau n'existe plus, et, comble de malheur, je dois déménager en Alsace! Mais, sans le savoir, ce maudit korrigan m'a donné la plus belle chance de ma vie, puisque c'est ici que je vais rencontrer Charlotte. Elle seule va me reconnaître et m'encourager à devenir une star, et on va tomber fous amoureux pour la vie et se faire des bisous sans la langue.


(Oui bon, je sais, un mauvais sort, ça va hein j'avais dix ans.)


Non mais sérieusement, je pourrais le vendre, ce fantasme. Je fais un bouquin, je remplace "Martial" par "Justin" et je fais un carton chez les 8-10 ans.


(D'ailleurs, maintenant que j'y pense, c'est sûrement comme ça que Stephenie Meyer a écrit Twilight.)


2002 :
(Oui, bon, je sais.)


- Salut, je suis Tunisiano des Sniper. Dans un univers alternatif, je n'ai pas encore connu le succès de mon groupe Sniper, et je n'ai pas 23 ans mais 16 ans (et demi). Je galère au lycée, trop dure la vie dans la té-ci, t'as vu, mais je garde la tête froide, je ne touche pas aux drogues, et j'essaye d'élever mes frères et soeurs pour voir briller une lueur d'espoir dans les yeux de ma pauvre maman (cliché? Noooooon). Quand un beau jour, dans un rêve (oui, DANS UN RÊVE, j'assume), je vois apparaître un visage féminin de toute beauté. Je tombe instantanément fou amoureux d'elle, et je passe des mois à la chercher partout, jusqu'à, un jour, la croiser dans un supermarché (ça ne s'invente pas). Nous tombons instantanément fous amoureux, mais NOTRE AMOUR EST IMPOSSIBLE (tu l'avais pas vu venir, avoue), parce qu'elle est en vacances (dans la té-ci, parfaitement, grosse ficelle de Michael Bay) et qu'elle va repartir en Alsace! Mais on arrive à vaincre la distance après quelques années de correspondance enflammée, et dès ma majorité, je déménage à Colmar (ma mère et mes frères et soeurs, ma raison de vivre, ont mystérieusement disparu de ma vie, pouf, grosse ficelle de Michael Bay). On s'installe ensemble et on vit heureux, elle m'encourage à devenir une star, et on se fait des bisous avec la langue.


2005 :


- Salut, je suis Elijah Wood. J'ai 24 ans, et j'ai fini de tourner le Seigneur des Anneaux. En tournage en Alsace (oui, tout le monde vient tourner en Alsace, Guy Ritchie il a fait 35 secondes à Strasbourg pour Sherlock Holmes 2 et tout le monde en a parlé pendant 6 mois), je tombe fou amoureux d'une lycéenne de 17 ans (ce qui n'est pas du tout malsain, non non!), parce que j'aime son intelligence et son charme et que c'est la seule personne AU MONDE qui me voit comme ce que je suis, moi qui désespérais de trouver une femme qui ne soit pas attirée par mon talent, ma fortune et ma célébrité. Je l'emmène avec moi en Amérique (et je n'attends pas sa majorité, ce qui ne fait pas du tout de moi un kidnappeur, non non!), je lui présente tout le casting du Seigneur des Anneaux, on déménage en Nouvelle-Zélande et on devient super amis avec Peter Jackson, et il forme Charlotte pour qu'elle devienne elle aussi réalisatrice de films qui déchirent. On est fous amoureux pour le reste de notre vie, et, bon, voilà, j'te fais pas un dessin.


2012 :


- Salut, je suis Richard Madden, c'est moi qui fait Robb Stark dans Game of Thrones. J'ai 26 ans, et....


QUOI???! MAIS QUOI??! 


T'as DEUX ANS DE PLUS QUE MOI? 


T'as deux ans de plus que moi et t'es un vrai acteur? T'as deux ans de plus que moi et t'es un acteur avec des muscles et de la barbe? Tu te fous de ma gueule?


Je peux pas! Je peux pas fantasmer sur un acteur en sachant qu'il a mon âge! Ça remet tout en perspective de savoir qu'on est au même niveau dans la vie! Tu vois, avec les autres, je pouvais me dire qu'une fois arrivée à leur âge, je ferais des trucs de fous dans la vie! J'avais une excuse! 


Mais là, putain, le mec il a 26 ans et il joue dans Game of Thrones! Genre il va tomber amoureux de moi! Moi j'ai 23 ans et je travaille au Conseil Général, top glamour, quoi.


Et, une fois passé cette barrière, c'est toute l'illusion qui se brise. C'est un effet boule de neige.


- Bon. Je suis Richard Madden, et je rencontre Charlotte à Londres, parce qu'elle est partie travailler là-bas et qu'elle a un job de ouf, genre elle sauve les pandas, et moi je viens à un gala pour donner de l'argent pour sauver les pandas.
- Ok, ça passe, ficelle de Michael Bay, continue.
- Et là, je lui dis : "Charlotte, ta fraîcheur me sidère, tu es la seule personne AU MONDE qui me voit comme ce que je suis, et qui n'est pas attirée par mon talent, ma fortune, ma célébrité, et mon incroyable sex-appeal."
- Ok, on pioche dans les vieilles recettes, ça passe.
- Et là, je lui dis "Charlotte, je t'aime d'un amour infini, allons dans mon appartement de 200 mètres carrés à Kensington et faisons l'amour sauvagement sur mon canapé design".


QUOI??? MAIS QUOI?! 


- Mais je me marie dans 5 mois, Richard, t'es fou ou quoi? Genre je vais abandonner mon mec juste pour avoir une aventure d'un soir avec une star! En plus je te connais même pas, si ça se trouve t'es un gros blaireau!
- Mais... Charlotte... pense aux pandas!


C'était foutu. Ça ne marchait plus.


Bon, ou alors, il fallait aller loin, mais loin :


- Bonjour, je suis Richard Madden. Je rencontre Charlotte lors d'un gala "sauvons les pandas" à Londres. Je tombe instantanément amoureux d'elle, fraîcheur, seule personne au monde, tout ça. Et là, elle me raconte qu'elle a déménagé à Londres parce que son fiancé, Professeur Flaxou, est mort dans un tragique accident, il y a de cela....Allez, on va dire 3 ans. Elle a enfin réussi à faire son deuil après une longue période de dépression, et je vais lui redonner goût à la vie.


Mais, même avec ça, j'y arrivais toujours pas! Je commençais à me poser des questions complètement n'imp!


- Ouais, mais bon, 3 ans, c'est un peu court quand même, non? En même temps, si j'attends plus longtemps, je vais commencer à me faire vieille. Mais si je lui dis que j'ai vu personne en 3 ans, il va avoir la pression, c'est nul. En même temps, si j'ai eu d'autres mecs avant, ça veut dire que j'ai déprimé pendant, quoi, 2 ans seulement? C'est pas énorme pour l'amour de ma vie, franchement.


Bon, et là, j'ai dit stop. 


J'arrête les frais. C'est fini. Je ne fantasmerai plus sur des célébrités.


Ou alors, il va falloir me trouver un scénario en béton.


Quelqu'un a le numéro de Michael Bay?

mercredi 11 avril 2012



Donc je pars en Nouvelle-Zélande.

Enfin, c'est pas seulement moi, y'a aussi Professeur Flaxou. Il m'a dit "Eh viens on se marie", je lui ai dis "Eh viens on part en Nouvelle-Zélande", du coup on se marie et on part en Nouvelle-Zélande. 

(Ça fait des mois que je mets tout le monde à l'amende dans les conversations sur le thème "c'est quoi tes projets pour 2012", mais j'en ai pas encore marre, oh non.)

Et depuis que je l'annonce aux gens, tout le monde me demande le même truc super bizarre :


- Ah, tu pars en Nouvelle-Zélande! Et pourquoi pas en Australie?


C'est un peu le même paradoxe que quand je disais aux gens que j'étudiais le russe, et que TOUT LE MONDE me demandait de manière complètement inexplicable :


- Ah, tu fais du russe! Et pourquoi pas du chinois?


(Je sais pas. Et toi, pourquoi tu fais de l'allemand et pas du swahili, connard?)


Donc cette question, je la redoute un peu, parce que j'ai deux réponses, mais elles sont toutes les deux ridicules. 


La première c'est "Parce que je suis fan de Tolkien et que c'est un peu mon rêve depuis que les films de Peter Jackson sont sortis". 


Et la seconde c'est "Parce qu'en Australie il y a des araignées géantes et que rien que l'idée de vivre dans un pays où les araignées sont assez grandes pour manger des oiseaux suffit à me donner des cauchemars".


(Je déconne pas. Elles mangent DES PUTAINS D'OISEAUX.)


(Au fait, j'ai dû demander à Professeur Flaxou de trouver cette vidéo et de copier le lien.)


Donc quand on me demande 


- Ah et pourquoi pas l'Australie? 


Je réponds 


- Et pourquoi pas ta mère?


Et ça semble clore la conversation. (Je crois que les gens ont hâte que je parte.)


Et sinon j'ai pris un visa, c'était... étrange, comme expérience. (Dans le sens ou je suis Française et où j'ai l'habitude de pleurer des larmes de sang rien qu'à l'idée de faire des démarches administratives.) Du coup, je suis passée de :

- Nooooon pas la préfecture! 
- Il le faut!
- Alors, laisse-moi y aller seule! Sauve-toi! Laisse-moi mourir dans cette salle d'attente tapissée de moquette marron!

Au truc le plus simple que j'ai vu de toute ma vie.

Bon, d'abord j'ai rempli tout le truc en ligne, ça m'a pris dix minutes (et encore, j'ai passé cinq minutes à bien vérifier que j'avais pas fait une faute de frappe en écrivant mon nom ou que ne sais-je, parce que bon t'imagines après ils me laissent pas quitter l'aéroport parce que sur mes papiers c'est marqué Charmotte ou Charkotte, la honte intergalactique).

Le formulaire, c'était du truc assez basique, il fallait répondre à des questions du style : "Etes-vous un violeur récidiviste?" "Etes-vous recherché pour meurtre dans votre pays d'origine?" "Avez-vous déjà été extradé de la Nouvelle-Zélande?" (Non, mais ça, c'est à toi de le savoir, mec! T'as pas des fichiers ou quelque chose?) ou bien "Avez-vous des trucs écrits sur votre casier judiciaire?"


Par contre, là où tu rigoles, c'est qu'ils demandent pas à le voir, le casier judiciaire. Faut juste dire non non, je suis pas un criminel, et hop, ils te croient. (Le pays de malades.)

- Etes-vous un meurtrier ou un violeur multirécidiviste? 
- Non.
- Bon, nous on vous demande ça, c'est pas du racisme hein, c'est parce que sinon ça va faire des histoires.
- Non non, vous inquiétez pas.
- On a pas besoin de preuves, hein, mais promettez-nous, quand même, parce que sinon on sera dans le pétrin. Cochez la case "Non" en disant "Croix de bois croix de fer, si je mens je vais en enfer".


J'ai un peu l'impression que je vais déménager chez les Bisounours. 


Même les e-mails du gouvernement sont chelous.


- Salut salut ! On est super contents d'approuver ta demande de visa! Youhou! On a hâte que tu viennes nous voir pour te faire un câlin! En attendant, voici une liste d'offres d'emplois en cadeau de bienvenue! Hi hi!


Sérieux, je déconne pas. Depuis que le gouvernement a approuvé mon visa, je reçois des mails avec des offres d'emploi! 


- Bonjour, Charlotte! Vous avez indiqué travailler dans la communication, alors voici quelques offres d'emploi dans ce domaine. A bientôt, bisous bisous!


(Bon j'ai ajouté le truc avec les bisous, mais sinon, je te jure, c'est comme ça presque mot pour mot.)


(Ah ça c'est pas les mesures à Claude Guéant, hein.)


En même temps, ils ont raison de me chouchouter : Professeur Flaxou et moi, on est un peu les meilleurs immigrés du monde. On est jeunes, en bonne santé, on n'a pas d'enfants, on a payé très cher notre éducation dans un autre pays, et on a très envie de venir en Nouvelle-Zélande juste pour commencer à payer plein d'impôts et à rien demander en sécu ou en allocs. Et si on trouve pas de travail, on va faire rien qu'à dépenser plein d'argent avant de se barrer dès qu'on en a plus. (Tu m'étonnes qu'ils nous accueillent avec des ouh et des ah.)


Donc on est bien contents de partir. Nos amis sont contents aussi. Nos familles, un peu moins.


Après, dans la famille, on a différents degrés de tristesse. 


Au niveau zéro, on a le frère de Fla :


- Nan mais c'est cool, amusez-vous bien!


Au niveau 10, on a mon père :


- Merde, je vais devoir apprendre à utiliser Skype.


Au niveau 30, on a la mère de Fla :


- Ça va faire bizarre de plus vous voir, vous allez me manquer. Mais je vous envie, c'est une super chance!


Au niveau 50, on a ma soeur :


- Mais tu seras pas là pour Noël ! Ma Chachoune! Ma Chachounette! Noël sans toi! Tu reviendras nous voir quand? T'as déjà pris ton billet de retour?


Et puis, au niveau 100, bien sûr, on a ma mère :


- Tu sais que la Nouvelle-Zélande est le premier pays au monde en termes de cancers de la peau? Enfin bon, je dis ça, je dis rien. 
- Mmmmmmh.
- Tu sais qu'en Nouvelle-Zélande, ils ont reçu plein de radiations qui venaient du Japon? Enfin je dis ça, je dis rien.
- Mmmmmmmmh.


Ça fait trois mois que ça dure. 


Mais bon, depuis le temps, j'ai l'habitude des techniques de persuasion mamantesques. Du  style "je dis des trucs horribles mais c'est juste comme ça, dans la conversation, pour la culture générale" :


- Tu savais que les néo-zélandais ont un des plus grands taux de criminalité au monde? Apparemment, plus de trois millions de femmes par an se font violer puis assassiner sauvagement par des psychopathes.
- Nan, mais là, t'inventes des trucs.
- Si, je l'ai lu!
- Où ça?
- Je sais plus mais je l'ai lu!


(Tu l'as lu dans Mythomanie Magazine, oui.)


(Quoique, vu comme ils sont efficaces pour filtrer les immigrants criminels, ça ne m'étonnerait qu'à moitié.)


Ou encore la technique inégalée du  "j'ai recours à mes amis imaginaires" :


- Tu sais, ma copine Orla qui vit en Nouvelle-Zélande, elle a dû revenir en France au bout de deux mois tellement c'était nul. Elle m'a dit "Annie, mon dieu, la Nouvelle-Zélande, ouh là là, c'était tellement nul!" Mais bon, je suis sûre que pour vous, ce sera différent.


Quand je repense à l'année où j'ai vécu en Angleterre, je crains le pire.


- Comment ça va aujourd'hui?
- Ça va bien, maman.
- L'école c'était bien? 
- Oui oui. 
- Les cours étaient intéressants?
- Encore heureux, c'est moi la prof...
- Qu'est-ce que tu as mangé à midi?
- Hein?
- T'as mangé des légumes?
- Mais maman, j'ai 21 ans!
- Ça ne répond pas à ma question. 


Bref, je pense qu'on va bien s'amuser.


(Surtout parce qu'on va aller voir "le Hobbit" en avant-première en Nouvelle-Zélande, et dis-moi franchement si y'a un truc plus cool au monde.)


(Cherche pas, y'en a pas.)


(Tu peux chercher, en vrai.) 


(Mais tu trouveras pas.)

jeudi 22 mars 2012

Si t'es pas crédule, prends des granules!



Donc je prends de l'homéopathie.


(Vas-y, vide ton sac de vannes maintenant, et ensuite c'est camembert pendant le reste de l'article.)


De toute façon, j'ai déjà entendu toutes les critiques possibles et imaginables sur l'homéopathie : d'abord parce que tous mes amis du lycée étaient des scientifiques (Sauf Sarah et Florent. Et Nono. Et Marie. Bon OK mais les autres c'étaient des scientifiques) et que j'ai eu droit à moultes vannes super rigolotes :


- Eh Chacho! Tu prends de l'homéopathie? Ben t'as qu'à rien prendre sinon! Ah ah! C'est rigolo parce que l'homéopathie ça sert à rien!


Et puis n'oublions pas que je suis fiancée à Professeur Flaxou le scientifique, qui a fait de la microbiologie, donc il a appris que même les antibiotiques ça marche pas contre les bactéries, alors t'imagines un peu le foin qu'il m'a fait quand il a appris que je prenais des médicaments à base de rien que des plantes. 


(C'était presque aussi grave que la fois où je lui ai dit que je savais pas nager. Enfin je sais nager, mais pas bien, mais comme lui il a fait de la natation pendant des années, il sait nager les trucs de ouf genre le papillon, et moi je sais nager des trucs de pas-ouf, comme la nage du chien (alias "je saute dans l'eau et je remue mes membres dans tous les sens"). Bref.)


Et aujourd'hui, ça reste le plus grand clivage dans notre couple (mais depuis 2009 seulement, parce qu'avant 2009 on était pas du même bord politique, et maintenant si, et du coup il reste plus que l'homéopathie).


Mais bon, quand je dis "je prends de l'homéopathie", faut pas me voir comme ça non plus, hein.




(Salut, on mange que du quinoa, on s'habille en laine de yack, et on se lave avec de l'eau de pluie parce que le savon fait du mal à Mère Nature. Attends, je vais chercher mon tambourin et je vais te raconter tout ça.) 


Non, non. Moi je mange des Mac Dos, je m'habille chez H&M, j'utilise du shampooing et tout. Et, quand je suis malade, j'utilise de l'homéopathie ET des vrais médicaments. (Bon, du coup, j'ai l'impression d'être une vieille dame, parce que j'ai huit poudres, trois flacons de gouttes, et cinq boîtes de granules à prendre tous les jours en complément des vrais médicaments. La dernière fois je me suis dit "il me faudrait un pilulier", DÉPRIME TOTALE.)


Après, quand j'ai des petits trucs qui sont pas des vraies maladies, genre un coup de fatigue, ou des insomnies, ou je suis stressée, ou courbaturée, ou j'ai un aphte juste à l'endroit de ma bouche où je peux pas mordre dessus comme une barbare et en finir là tout de suite, eh ben là, je prends de l'homéopathie. Et ça marche.


Alors oui, gna gna gna c'est pas prouvé, gna gna gna effet placebo, MAIS JE M'EN FOUS ma petite Georgette! Du moment que ça fonctionne, j'en ai rien à secouer si c'est tout dans ma tête! (Et puis bon, c'est pas comme si je risquais une accoutumance, hein. Parce qu'avec des granules, à moins d'une addiction au sucre, je vois pas.)


Et puis bon, j'ai été élevée avec l'homéopathie, et, crois-moi, on ne se débardasse pas si facilement des vieux réflexes. J'ai vu ça le week-end dernier avec ma soeur :


- Je me suis brûlée avec ton four, t'as pas un truc à mettre dessus ?
- Tu veux de l'Homéoplasmine?
- T'en as?
- Evidemment!


(Je te jure, rien que de voir le tube, c'est une vraie madeleine de Proust)


Evidemment ! L'Homéoplasmine c'était LE remède à bobos qui nous a suivi toute notre enfance! (T'as une coupure? Homéoplasmine. T'as une brûlure? Homéoplasmine. T'as mal à la tête? Étale-toi de l'Homéoplasmine sur le front, on sait jamais, ça peut marcher.) 


Alors après, une fois adulte, comment peut-on se constituer une trousse à pharmacie sans Homéoplasmine dedans ? Ben on peut pas.


C'est des petites choses qui restent. Comme quand j'achète du sirop pour la toux et que je prends toujours du Toplexil, parce que c'est le seul qui a un goût que j'aime (bon, et aussi parce qu'il me fait dormir pendant 14 heures d'affilée). 


Ou que je fais toujours mes courses au Aldi et jamais au Lidl, parce qu'au Aldi, y'a pas de surprise, je connais tous leurs produits par coeur, mais au Lidl, ouh là là, zone inconnue! (Imagine si un jour je fais mes courses là-bas, et après leurs yaourts ils ont un goût différent de ceux du Aldi! Quinze ans de psychanalyse!)


Donc voilà. J'espère que j'ai réussi à te convaincre que l'homéopathie, c'était pas seulement utilisé par des hippies dégénérés et des fans de conspiration mondiale. ("Aaaah, les labos d'antibiotiques nous contrôlent! Mangeons des racines pour nous soigner, ça leur fera les pieds!")


En tout cas, il vaut mieux que ce soit moi qui te le dise que ma mère.


Ma mère, c'est un peu la personne dont on a honte même quand on soutient sa cause. 


Genre, elle dit 


- Moi je suis une féministe!

Jusque-là t'es d'accord. 


Et puis ensuite elle dit :


- De toute façon, les femmes sont bien supérieures aux hommes! Sans les femmes, y'aurait pas d'enfants, d'abord! Et puis c'est bien connu, les femmes sont plus sensibles que les hommes, c'est l'instinct maternel qui fait ça. Si y'avait des femmes au pouvoir, y'aurait jamais la guerre, parce qu'elles sont douces et aimantes de nature.


Et là... t'as honte.


Eh ben c'est pareil pour l'homéopathie. C'est la personne qu'il faut surtout pas avoir à côté de toi quand tu essayes d'expliquer aux gens que c'est un truc qui fonctionne.


Donc, j'espère que ce petit billet t'aura convaincu que l'homéopathie, c'est pas que pour les gens chelou, et que tu y réfléchiras à deux fois avant de balancer "De toute façon c'est des conneries ces histoires d'homéopathie" à la première personne qu...


- Ah ben c'est pas la peine que tu en prennes alors! Si t'y crois pas, ça marche pas!


(Merde, maman ! J'allais les convaincre, là! Sérieux!)


(Si c'est comme ça je vais me suicider! Parfaitement! Je vais manger des granules jusqu'à ce que mort s'ensuive!)


(Nan, je déconne. Je vais juste manger plein de granules.)

vendredi 2 mars 2012

Les jeux vidéo, ça rend beau!


(Si tu reconnais cette image, bravo. Sinon, tu peux cliquer sur ce lien et te fendre la poire.)



Internet rend con, les jeux vidéo rendent violent, Facebook rend « addict »… 


Combien de fois toi, jeune branché, as-tu été témoin de ces ramassis de foutaises, entendues dans le JT de TF1, dans un programme radio, ou aperçues dans un « dossier spécial » de Télérama ? (Télérama, ou la preuve par neuf qu’être un vieux con réac n’est pas réservé aux gens de droite.)

Et, tu sais, c’est drôle, parce que, jusqu’ici, je pensais que c’était seulement les gens des générations d’avant qui s’affolaient. Ceux pour qui l’ordinateur est une machine complexe, qu’ils sont obligés d’apprendre à maîtriser, mais en qui ils n’ont toujours pas confiance.

La meilleure preuve de cette peur de la technologie chez certains « anciens », c’est ma mère.

Ma mère a acquis un ordinateur personnel en 2004. (C’est le même que celui qui trône dans le bureau aujourd’hui.) Avant ça, elle avait suivi un stage d’informatique à son boulot, donc elle savait fournir le minimum syndical en matière d’informatique (même si aujourd’hui, elle m’appelle encore quand il faut faire un copier-coller d’un dossier à l’autre).

Le problème, c’est qu’elle a réalisé assez vite que j’étais plus douée qu’elle avec les ordinateurs, et qu’elle m’a immédiatement adoubée « Charlotte ma fille, l’ingénieur informaticien » (sauf qu’en fait pas du tout).

Du coup, elle a jamais rien osé faire toute seule. En fait, je crois qu’elle a la certitude que l’ordinateur est muni d’un bouton « auto-destruction », et qu’elle vit dans la peur d’appuyer dessus malencontreusement à chaque seconde.

Alors, elle fait quoi ? Elle fait des listes, et elle attend les week-ends où je rentre. Et ensuite je me retrouve avec des tâches complètement surréalistes : « Télécharge-moi la saison 2 de Mad Men ». « Mets de la musique sur mon lecteur MP3, ça fait huit semaines que j’ai les mêmes chansons ». « Grave-moi la saison 1 de Mad Men sur un DVD, elle est dans l’ordinateur et je sais pas comment la faire sortir ».

Alors je passe mon week-end à faire des ctrl+C ctrl+V et à lui pirater des films, et elle est confortée dans son assurance que je suis un génie de l’informatique, voire une jeune hackeuse qui fait du codage sur des écrans noirs et verts comme dans les films.

(Après y’a aussi les fois où elle me demande de « réparer » son imprimante et où je panique en pensant que l’illusion va s’écrouler, sauf qu’en fait y’avait juste une feuille coincée dans le tambour, je l’enlève et ça remarche, ouf, je suis toujours un génie.)

Le pire, c’est que je pensais que ça allait s’arrêter quand je suis partie en Angleterre, parce qu’elle pourrait pas tenir un an à faire du traitement de texte qu’elle pourrait pas imprimer. Mais non ! Non non non ! Là, elle m’appelait chez moi, en Angleterre !

- Comment on grave un disque ?
- Bon, il suffit de télécharger le logiciel Nero, c’est gratuit, tu le trouves facilement.
- Comment je le trouve ?
- Ben, va sur Google.
- Mais je tape quoi dans Google ?

Ca a continué comme ça pendant plus d’une heure.

- Bon, t’es sur la page de télécharger.com ?
- Oui.
- OK, maintenant tu tapes « Nero » dans la barre de recherche.
- Y’a pas de barre de recherche.
- Comment ça y’a pas de barre de recherche ? Bien sûr qu’il y a une barre de recherche ! Regarde en haut de la page.
- Je la vois pas.
- Mais elle est là ! Juste en haut ! Comment tu la vois pas ?
- Oh, arrête de me parler comme si j’étais idiote, hein !
- Bon. Dis-moi ce que tu vois.
- Alors je suis en haut de la page et ça dit « Accueil », « actualités »…
- Non, c’est plus bas.
- « Comparatifs et tests », « jeux », « astuces »…
- C’est plus bas !
- « Vidéos », « Services », oh ! Services ! C’est ça ? Je dois cliquer sur ça ?

J’ai cru mourir.

- Bon, maintenant tu doubles-cliques sur le fichier, et l’installation démarre toute seule, t’as juste à cliquer sur « Oui »
- Attends attends ! Tu vas trop vite ! Bon, je double-clique.
- Putain de sa mère mais je vais me jeter par la fenêtre…
- Il se passe rien ! Tu m’as donné un mauvais fichier !
- T’as bien double-cliqué ?
- Oui, je suis pas stupide, hein! J’ai cliqué une fois, ça faisait rien, j’ai cliqué une deuxième fois, là j’ai cliqué six millions de fois, et… ah !
- Quoi ?
- Ca m’ouvre six trucs en même temps ! Tu m’as fait télécharger un virus !

Honnêtement, on pourrait faire des canulars radio avec ce que j’ai vécu ce jour-là.

- « Voulez-vous installer la FrogYahooSuperPlus Toolbar ? » Je fais quoi, je dis oui ?

Quelquefois, la nuit, j’en rêve encore.

- Voilà. Maintenant, tu cliques sur « Installer ».
- Attends, d’abord, je dois lire les termes et conditions. Alors : ça dit « License and terms of agreement : copyright 2010, page 1 sur 428… »
- Bouhouhou.

Alors tu peux t’imaginer qu’à l’époque, en 2004, quand on a eu Internet en illimité à la maison, ma pauvre maman s’est retrouvée complètement dépassée en voyant le temps que je passais dessus.

(Et encore, à l’époque, c’était light, j’y étais au maximum 2 ou 3 heures par jour, vu que l’ordinateur était dans sa chambre, puisqu’elle avait peur que, si on le mettait au salon, je passerais ma vie dessus et je finirais par mourir de faim comme ces Coréens qu’elle avait vu à la télé.)

C’est à cette époque que j’ai commencé à remarquer des magazines de psychologie ouverts à des pages stratégiques dans les toilettes (« Au secours ! Mon enfant est accro à Internet ! »), ou bien des dossiers spéciaux négligemment « oubliés » dans ma chambre (« Quand Internet rime avec LA MORT » - espèce de blaireau, ça rime pas du tout !)

C’est aussi à cette époque que toutes les amies de ma mère se sont subitement mises à avoir des enfants adolescents (qui n’existaient pas auparavant ; pouf, je donne naissance à un garçon de 15 ans, pas besoin de passer par le stade couche-culotte, comme la vie est bien faite). Et c’est à cette époque que les repas familiaux se sont changés en calvaires :

- Tu sais, ma copine Sandrine, elle a un fils qui joue aux jeux vidéo sur son ordinateur. Eh ben il a raté son Bac.

Et, au fil des semaines, il leur arrivait des choses de plus en plus terribles, à ces enfants.

- Tu sais, ma copine Véronique, elle a une fille qui a un block, là, Skyrock, comme toi. Eh ben elle a été harcelée dessus, et elle est tombée en dépression.

Mais il manquait juste un exemple pour me dégoûter à tout jamais des choses du Web.

- Tu sais, ma copine Patricia, elle a une amie qui a un cousin qui avait une fille qui parlait tout le temps sur MSN. Eh ben un jour elle s’est suicidée.
- Non mais sérieux, tu peux pas croire que…
- Et elle avait laissé un mot qui disait « C’est la faute de MSN si je me suis suicidée ».

Mais, horreur ! Cette argumentation (super bien ficelée !) n’avait toujours pas réussi à me convaincre !

(En même temps, bonjour l’argumentation. C’est un peu comme de dire « Tu sais, je connaissais un gars, il mangeait des patates, eh ben il est mort d’une crise cardiaque ». C’est absolument pas lié, alors tu pousses le raisonnement à l’extrême, tu te dis « ça passe ». Sauf que non.)

Du coup, elle a décidé de laisser tomber la subtilité (heum heum), et, pendant les 3 années restantes, elle a fait marcher la machine à pester à pleins tubes :

- Mais t’es une droguée ! L’Internet c’est comme une drogue pour toi ! Tu sais que ça rend violent, ces choses-là.

Le tout en continuant de s’abreuver d’articles de magazines qui avaient toujours cinquante millions d’années de retard (vu qu’ils étaient écrits par des vieux réacs) et qui me donnaient toujours envie de répondre « Naaaaan sans déconner ? ».

Exemple : il y a une semaine, ma mère m’a dit :

- Il faut que tu m’effaces mon compte Facebook.

(C’est moi qui lui ai créé, c’est moi qui l’administre, maintenant c’est moi qui l’efface. Elle a jamais appris ne serait-ce qu’à répondre à un mail sur Facebook. Et la première fois que sa fenêtre de chat s’est ouverte, elle pensait que c’était un VIRUS.)

- Pourquoi tu veux effacer ton compte Facebook ?
- Parce que j’ai lu cet article dans Télérama, et, tu le croiras jamais ! Les informations de ton compte Facebook, elles restent sur l’Internet pour toujours !
- Hein ?
- Ah, toi non plus tu le savais pas, hein ? C’est une conspiration, ils veulent pas qu’on le sache, parce qu’après ils vendent nos informations personnelles à des publicitaires !

(Naaaan, sans déconner ?)

- Et puis quand tes amis mettent des photos de toi sur Facebook, même si tu effaces ton compte, les photos sont toujours là ! Sur leurs pages !

(Naaaan, sans déconner ?)

- En plus j’ai pensé à toi, parce que dans l’article, y’avait une fille qui avait un block, comme toi, eh ben elle s’était plus connectée depuis des années, et pourtant, le block il est toujours sur l’Internet !

(Naaaaan, sans déconner ?)

Voilà. C’est ça, le problème de nos aînés. Ils n’ont pas grandi avec le net, alors ils commencent tout juste à comprendre ce qu’on sait depuis le début : Internet n’oublie rien, Internet divulgue tout. Tout ce qu’on met en ligne tombe dans le domaine public. On le sait, on l’a accepté, on vit avec, et c’est pour ça que (pour la plupart d’entre nous) on essaye de se retenir quant à la nature des informations qu’on partage.

Mais le pire, c’est pas les anciennes générations (eux, ils ont encore des bonnes excuses pour avoir peur des nouvelles technologies). Non, le pire, c’est quand j’entends des jeunes de mon âge dire des énormités comme :

- Nan mais les jeux vidéo, ça te lobotomise le cerveau, c’est terrible ! Moi mon mec j’ai jeté sa Xbox par la fenêtre, tellement je supportais pas, ça le rendait trop con ! Maintenant on passe nos soirées à regarder des émissions de télé-réalité ensemble, c’est beaucoup plus sain.

Sérieusement ?

- Nan mais faut pas déconner avec Internet, ça rend vraiment addict, hein. Genre, mon petit frère, il est sur son jeu en ligne tous les jours pendant des heures, c’est trop malsain ! En plus ça rend violent ! Si, ça rend violent, je l’ai vu à la télé, ils doivent tuer des monstres avec des épées, et tout ! Après on s’étonne qu’ils pètent les plombs et qu’ils fusillent des gens dans la rue !

Ah, oui, c’est vrai ça, c’est la corrélation la plus logique du monde. Laisse tomber ces trucs de tapette comme l’environnement familial, les mauvaises fréquentations, ou la drogue. Non, non, c’est bien connu, tous les gens qui sont exposés à la violence finissent un jour ou l’autre par massacrer leurs proches dans un bain de sang. C’est le karma.

Et je suppose que toi, personne équilibrée qui ne joue pas aux jeux-vidéo-qui-donnent-le-goût-du-sang, t’as jamais été exposée à la violence, dans ta vie.

T’as jamais regardé Dragon Ball Z quand t’étais toute gamine.



T’as jamais vu un seul film d’horreur de toute ton existence.



T’as jamais lu un seul bouquin avec un chouïa de violence dedans (Même dans Harry Potter, y'a des gens qui meurent bouffés par un serpent géant!).

Mais oui, c’est sûr, c’est la faute aux jeux vidéo et à ce vilain démon Internet.

Merci, jeune idiote. Tu es la digne héritière de Platon, qui disait que l’écriture rendait con :

Le philosophe n’ira pas sérieusement
déposer ses idées dans de l’eau noire, les semant
à l’aide d’une plume, avec des mots incapables de
 s’expliquer et de se défendre eux-mêmes, incapables
                d’enseigner suffisamment la vérité.

Ou encore l’héritière des gens de la Renaissance qui disaient « Ah, l’imprimerie, c’est horrible ! Maintenant que les gens ont des livres, ils vont arrêter de parler aux gens ! Ils vont faire rien qu’à rester chez eux à lire des livres, et ce sera le chaos, l’anarchie, et la guerre ! ».

Ou, surtout, l’héritière des chercheurs américains du début du XXe siècle, qui m’ont fait beaucoup rigoler :

La popularité de ce nouveau passe-temps chez les enfants a augmenté rapidement. Ce nouvel envahisseur de la vie privée familiale a apporté une influence inquiétante dans son sillage. Les parents ont pris conscience d’un changement étonnant dans le comportement de leur progéniture. Ils sont déconcertés par une série de problèmes nouveaux, et se trouvent dépourvus, apeurés, sans défense. Ils ne peuvent pas chasser cet intrus, car il est maintenant indétrônable chez leurs enfants.

(Toute similarité avec des reportages de France 2 est totalement fortuite mais bien rigolote quand même.)

 Ah oui, au cas où t’avais pas deviné, dans cet extrait, « l’envahisseur de la vie privée », c’est la radio.

(Oui oui, la radio envahit ta vie privée. Elle vient dans ta cuisine au petit matin, hurler « France Inter il est huit heures, le journal Yves Decan », et elle fait basculer tes enfants dans l’adoration de Satan.)

Sur ce, cher lecteur adepte des nouveaux médias (puisque t’es hype et branché et que tu vas sur les blogs avec de l’écriture) (nan je déconne, c’était hype en 2005, maintenant t’es déjà has-been), je vais te laisser, parce qu’il y a eu une mise à jour sur Minecraft et maintenant tu peux construire ta maison dans la jungle.

Si je ne reviens pas, c’est que je suis morte devant mon écran telle un vulgaire joueur de Meuporg.

mardi 28 février 2012

Hééé... Tu veux la drooogue?


(Salut, je suis un drogué Gettyimages, je me fais des rails de sucre en poudre avant d'aller à la Bourse)


Professeur Flaxou et moi, on est un peu un couple de puritains concernant les paradis artificiels.

C’est-à-dire que mon expérience se résume à… rien du tout.

Oui, c’est dur à croire, je sais. Ma mère ne m’a jamais cru, d’ailleurs. Quand est arrivé le moment où il a fallu me parler des choses de la vie (les abeilles, les fleurs, l’héroïne, tout ça), ça a donné une conversation un peu comme ça :

- Bon, et puis tu sais, la drogue, c’est mauvais.
- Je sais.
- A ton âge, c’est sûr, on ne voit pas les dangers, on a envie d’expérimenter…
- Non, mais en fait, j’ai pas spécialement envie.
- Charlotte. Ne me mens pas. Je sais que tu as déjà essayé la drogue.
- Quoi ? Mais non !
- Oh, allez ! Tu vas me dire que t’as jamais tiré sur un pétard ?
- Ben, non !
- Ecoute, je suis peut-être ta mère, mais je ne suis pas stupide ! Moi aussi j’ai été jeune !
- Mais je…
- Moi aussi j’ai pris du LSD !

Eh ben heureusement que j’ai jamais pris de drogues, parce qu’avec la conversation suivante, j’aurais pu remballer ma mère toute ma vie à chaque fois qu’elle m’aurait dit « Ceci est une intervention ».

- T’as pris du LSD ?
- Mais je savais pas ! C’était dans la bouteille de gin que ce mec m’a tendu en boîte. J’allais pas non plus vérifier chaque bouteille qu’un inconnu me filait !

C’était une autre époque, c’est ça qu’il faut se dire.

- Non, et puis MOI je le connaissais pas, mais c’était un ami de Michèle.
- Michèle ? Ma MARRAINE Michèle ?

OK, c’est super, ma marraine connaissait des gens qui droguaient les jeunes filles à leur insu. Tout va bien.

- Non, mais c’était rigolo, parce que du coup, on en avait toutes pris, et après Nadine était allongée dans un champ de poireaux et on arrivait pas à la relever…
- Nadine ? La marraine de ma sœur, Nadine ?

De mieux en mieux.

- Mais bon, on a rien dit à ton père, sinon il nous aurait engueulées.
- Ben oui, accepter de l’alcool de gens qu’on connaît pas !
- Mais non, pas pour ça ! Il nous aurait engueulé parce qu’on est rentrées en voiture ! Tu sais, ton père, ça a toujours été un peu un rabat-joie.

Ah oui, c’est sûr. C’est super joyeux de faire Mulhouse-Kaysersberg en voiture à quatre heures du mat’ quand on voit à peine la route parce qu’elle se fond dans une forêt enchantée (sic.)

Cette conversation m’a complètement traumatisée. (Surtout quand j’ai appris que c’est ce soir-là que ma mère, complètement fonce-dé, a dit à ses amies « Je vous aime et si j’ai des enfants vous serez les marraines ! » C’est du joli.)

Du coup, je sais pas si c’était juste pour emmerder ma mère parce qu’elle me croyait pas, mais j’ai jamais essayé de drogue, même pas des douces. Jusqu’en 2007, j’avais même jamais essayé la clope ; ensuite j’ai tiré une taffe des clopes soviétiques à 17 roubles d’Adèle, par un bel après-midi à Kitaï Gorod (comment je me la pète, genre je connais les noms des quartiers de Moscou – en fait c’était juste quelque part à Moscou, je sais plus trop où, y’avait un étang et des canards, c’était très joli) et tout le monde s’est foutu de ma gueule :

- Nan, mais là, tu crapotes ! Faut avaler la fumée !

Donc moi, j’ai avalé la fumée comme t’avales un verre d’eau, normal ! Ensuite j’ai failli mourir étouffée et tout le monde a rigolé, parce qu’apparemment, c’est pas comme ça qu’on avale la fumée (mais c’est comme ça qu’on chope un cancer du larynx). Je sais pas, moi, on me dit d’avaler, j’avale !

ATTENTION : La phrase ci-dessus ne doit en aucun cas être sortie de son contexte. T’es gentil.

Cette première expérience avec la cigarette n’a donc pas été très concluante (après, j’avais un mal de tête et un goût de vieux cendrier dans la bouche pendant 12 heures). (Bon, c’était peut-être parce que c’étaient les clopes les moins chères de toute la Russie, ceci explique cela.)

Ensuite, une autre fois, j’ai fumé une chicha (et là, laisse tomber, on me la fait pas à l’envers, j’ai rien avalé du tout), mais c’était pas de la drogue, c’était juste du charbon parfumé à l’orange.

(Juste du charbon. Pas de souci. Ça se saurait si le charbon c’était mauvais pour la santé. Regarde les mineurs dans « Germinal » : c’est des chochottes, c’est tout.)

Et mon expérience avec les choses qui se fument se résume à ça.

(Mon expérience avec les choses qui s’injectent se résume à mon rappel diphtérie-tétanos-polio, et mon expérience avec les choses qui se sniffent se résume à ma morve.)

Et quant à Professeur Flaxou, c’est un peu plus insidieux (et beaucoup plus marrant).

Parce que, vois-tu, Professeur Flaxou, son expérience avec la drogue c’est : 3 taffes sur un joint en une soirée (suite à quoi il a passé la nuit à vomir).

Par contre, Professeur Flaxou, il a un physique un peu spécial au niveau du visage : il a des cernes.

Mais alors, quand je te dis des cernes, c’est pas des cernes laïques, hein ! C’est pas genre « Oh j’ai mal dormi la nuit dernière, j’ai des cernes ! » C’est genre « Oh j’ai pas dormi depuis soixante ans et tous les matins je me verse du jus de citron dans les yeux », ce genre de cernes.

En plus, trois mois de l’année, il fait une allergie au pollen, et ses yeux passent de bleus et jolis à rouges et gonflés (avec occasionnellement des petites larmes qui suintent de ses paupières bouffies, c’est charmant).

Du coup, tout le monde essaye de lui vendre de la beuh.

(En plus, si Professeur Flaxou voulait acheter de la drogue, je pense qu’il préférerait simplement traverser le couloir et aller chez notre voisin le dealer, qui embaume l’ascenseur avec ses odeurs de chichon (un jour je suis montée jusqu’au huitième avec lui, je te jure, j’étais un peu stone rien qu’avec ça)).

Mais quand je dis « ils essayent », c’est pas « Psst ! Tu veux la drogue ? ». C’est des mecs, quand ils voient des clients potentiels, ils font pas semblant, hein !

Par exemple, un soir, Professeur Flaxou prenait le train, et faisait un somme dedans. D’un seul coup, il sent une main qui le secoue. Il ouvre les yeux, et devine quoi ? Ouais, c’était un mec qui l’avait réveillé pour lui vendre de la drogue !

(En bonne communicante, quand il m’a raconté l’histoire, après avoir rigolé un peu, je me suis surtout indignée face à la stratégie de com employée par le dealer. Merde, mais c’est complètement contre-productif, comme attitude !)

(En même temps, quelque chose me dit que les dealers suivent rarement des cours de marketing.)

Et alors, hier, c’était quand même le top du top.

Professeur Flaxou était sur son vélo, et allait à un entretien d’embauche. Donc faut l’imaginer en costard, avec une cravate, des belles chaussures, et son SUBLIME VTT vert et rose de quand Décathlon avait qu’une seule marque (la marque « Décathlon »).

Et là, y’a un mec qui le voit, qui se fout sur la route, qui manque de se faire renverser par une voiture, qui barre le passage à Professeur Flaxou avec ses bras, et qui lui dit :

- Eh ? Bien ou bien ? Tu veux acheter du matos ou quoi ?

(Comme quoi, c’est la crise pour  tout le monde : même les dealers se jettent sous les roues des voitures pour éviter la faillite.)

Et sinon, je sais pas comment finir mon article, alors je finirai par la parade (bien connue des Skyblogs) de la question « lâche tes coms » : et toi, on a déjà essayé de te vendre des trucs illégaux ? (beuh, coke, feux d’artifices en provenance d’Allemagne ?) 


(Tu peux te lâcher, je suis pas Vigipirate.)