dimanche 13 février 2022

Terrible twos (by two)



(Cette photo s'intitule "le câlin deux secondes avant la bagarre")

(J'en ai une comme ça pour tous les jours de l'année.)

Et donc mes gosses ont eu deux ans.

Alors c'était l'été dernier, certes, mais j'ai été pas mal occupée entre-temps.

Parce qu'ils ont fait la fameuse CRISE DES DEUX ANS.

(Ou "terrible twos", comme on l'appelle chez nos amis outre-Manche.)

(Et du coup, comme j'ai deux gamins en même temps qui font leur "terrible twos", est-ce que j'appelle ça "terrible twos by two"? Ou cash je fais ma multiplication et je dis "terrible fours"?)

(Tant de questions, si peu de réponses.)

Les terrible twos (pour ceux et celles d'entre vous qui auraient la joie de ne pas savoir ce que c'est) c'est un âge de merde sensible, où le gamin est confronté à une poussée d'hormones et une explosion de ses capacités motrices, MAIS où il a encore du mal à s'exprimer verbalement. Tout ça crée pas mal de frustration, et donc le môme se comporte comme une sale petite ordure entre dans une période de contestation.

En gros, ton gamin te fait une mini-crise d'adolescence, à base de "je fais c'que j'veux c'est pas toi qui décides J'TE DÉTESTE" (mais avec moins de drogues et de musique emo, et plus de roulages par terre).


(Mes gamins quand je leur dis "mets tes chaussures")

Donc voilà, on a eu un très joli avant-goût de ce que ça va donner d'avoir deux crises d'adolescence en même temps dans la même maison, et laisse-moi te dire qu'on a GRAVE HÂTE. 

La petite consolation, c'est qu'on n'était pas les seuls à être au bout de notre vie avec nos mômes, cf. les transmissions de la crèche tous les soirs (propos véridiques):

- Ils ont été.... plutôt taquins. 
- On sent....on sent qu'ils sont vraiment en recherche de cadre, hein. 
- L'ambiance était vraiment.... électrique.
- Eh bien.... Disons que je vous souhaite d'avoir une soirée plus agréable que la journée qu'on a eue.

(J'adore les euphémismes de crèche pour éviter de te dire tout de go "J'en peux plus de tes connards de gosses".)

Bref, tu l'as compris, les grumeaux étaient pénibles

Tous les jours, c'était la bagarre pour la moindre chose : ils refusaient de s'habiller, de manger, de mettre leurs chaussures, de se mettre dans la voiture, bref, chaque geste du quotidien était prétexte à des crises de rages et des hurlements.

On en était à un stade où les autres parents de la crèche avaient arrêté de simplement me regarder avec de la pitié dans les yeux, et me plaignaient carrément à voix haute:

- SAMUEL ! VIENS METTRE TES CHAUSSONS! AUGUSTE! NE TOUCHE PAS A CA! VIENS ICI! LAISSE CE CASIER TRANQUILLE! JE COMPTE JUSQU’À TROIS ET JE TE METS LES CHAUSSONS DE FORCE! ET TOI, ENLÈVE CE BONNET! ET TOI, LÂCHE CETTE CHAUSSURE! UN...
- Oh là là, je l'admire, dis donc!
- Oui, moi aussi! C'est sûr qu'avec deux, ça doit pas être facile.
- DEUX....TROIS! MAINTENANT CA SUFFIT LES CAPRICES! JE M'EN FICHE SI TU ES PAS D'ACCORD C'EST MOI QUI DÉCIDE! ET TOI TU ARRÊTES DE LÉCHER CE TAPIS!
- Quel courage!
- Ah ça oui!


(Un très joli sentiment, mesdames, mais c'est pas vraiment comme si j'avais eu le choix, hein.)

(Flaxou m'avait bien suggéré de les abandonner dans la forêt, mais honnêtement, ça leur aurait trop fait plaisir.)

Bref, j'étais devenue la meuf que les autres mères regardaient en se disant "comme quoi, je me plains, mais ça pourrait être pire".

(En gros, j'étais devenue Lois dans "Malcolm".)

Et je désespérais de faire obéir ces enfants monstrueux, parce que rien ne marchait : ni les menaces, ni les cajoleries, ni les punitions, et ON N'A PLUS LE DROIT DE LES TAPER, PUTAIN!
 
(Et, autant je comprends à quel point c'est important d'éduquer ses enfants sans violence, autant je me dis que les générations d'avant avaient quand même drôlement la paix par rapport à nous.)

Dans mon désespoir apparent, une gentille dame de la crèche a cru bon de me jeter une bouée de sauvetage en me disant:

- Vous avez lu Filliozat? C'est très bien expliqué et plein de solutions pratiques pour gérer cet âge sensible entre 18 mois et 3 ans.

Et, même si, d'ordinaire, j'évite les livres sur l'éducation des enfants et je préfère y aller au feeling, là, j'ai immédiatement acheté le bouquin.

(Parce que mon feeling, là, me disait "une fessée et au lit", donc clairement j'allais pas l'écouter.)

Et té-ma comme même la couverture te vend du rêve dès le départ:


(Featuring un enfant en larmes au premier plan, super Hubert.)

Et, alors, je trouve le livre super utile pour les bébés et les très jeunes enfants (j'ai par exemple appliqué avec succès le truc de dire "stop" plutôt que "non", ou bien d'utiliser des instructions avec des phrases affirmatives plutôt que négatives ("laisse les pâtes dans l'assiette" plutôt que "ne jette pas les pâtes par terre"), et ça marche vraiment bien).

Par contre, pour les grands (2 ans et plus), j'ai quand même l'impression que l'autrice essaye de nous la faire à l'envers:

- Votre enfant demande toujours à choisir? C'est normal, il acquière un sens de l'autonomie. Lui laisser le choix, c'est bon pour son développement!
- Ok, super, je le laisse choisir.
- Par contre, ne vous attendez pas à ce qu'il fasse réellement un choix!
- Comment ça?
- En fait, à cet âge, votre enfant n'a pas réellement de critère de choix, parce qu'il est incapable de conserver des images dans sa tête pendant longtemps : il ne vit que dans l'immédiat. 
- Donc je le laisse choisir?
- Oui! 
- Mais il saura pas choisir.
- C'est ça.
- Donc il va se frustrer tout seul et me faire perdre quarante minutes?
- Exactement!


(Et puis le coup de "votre enfant ne sait pas conserver des images dans sa tête", tu me la referas quand tu les verras me faire les dialogues complets de "Totoro" dans la bagnole quand ils écoutent la B.O du film.)

Globalement, j'ai quand même l'impression que l'autrice bascule vachement entre "l'enfant est incroyablement intelligent" et "l'enfant est con comme une planche". 


Genre, faut pas féliciter un enfant quand il fait un truc bien (?) parce que ça souligne que l'action aurait pu être mal faite, et du coup, ça va générer de l'anxiété dans son petit cerveau et créer une peur de l'échec.

Okay, donc mon gamin de deux ans peut faire des déductions poussées de ce genre ("si c'est bien fait, ça peut être mal fait") avec des conditions hypothétiques et tout, mais par contre, il est trop con pour comprendre une instruction comme "attends deux secondes, c'est pas ton tour"?


(Ben meuf, dis à mes mômes qu'il arrivent pas à se représenter un futur proche, quand tous les jours ils me demandent "on mange quoi ce soir" ou "on va chez qui demain".)

Pour un peu tout le reste, on est quand même sur du constat "c'est pas sa faute s'il fait n'importe quoi, votre enfant est très très teu-bé, à vous de vous armer de patience jusqu'à ce qu'il soit un tout petit peu moins con".


En gros, c'est à nous de devenir des parents qui ont toujours le temps et l'énergie pour passer trois plombes à décrire les situations et à mobiliser le cortex préfrontal de leurs enfants:

- Ce n'est pas constructif de dire "ne tape pas ton frère"! A la place, essayez plutôt la méthode suivante, qui ne prendra que douze à quarante-cinq minutes. D'abord, décrivez la situation en disant "je vois", puis demandez à l'enfant en tort s'il comprend pourquoi l'autre pleure. (Souvent, il ne comprendra pas que les pleurs ont été causés par lui, car rappelez-vous, il est con comme une chaise!) Puis demandez à l'autre enfant d'exprimer son ressenti, et enfin, demandez au premier comment il pense qu'il faudrait faire pour consoler celui qui pleure. Et voilà! Problème résolu! 


Eh ben laisse-moi te dire que ça a marché DU TONNERRE.

- Qu'est-ce qui se passe ici? Sammy! Lâche ton.... attends, non, c'est vrai, je dois... hmm... euh... JE VOIS un petit garçon qui est accroché à la joue de l'autre comme un Rottweiler et en train de le mordre jusqu'au sang ...

(Ah oui, c'est une méthode qui marche particulièrement bien dans les situations critiques, hein.)

Et même pour les petites disputes, cette méthode n'a jamais fonctionné.

- Auguste, regarde ton frère, qu'est-ce qu'il fait?
- Il pleure.
- Tu sais pourquoi il pleure?
- Oui, c'est parce que je l'ai tapé parce qu'il avait piqué mon train.
- Et qu'est-ce que tu penses qu'il faudrait faire pour qu'il aille mieux?
- Qu'il arrête de piquer mon train.
- ....


(Non mais la logique est là, hein!)

Et ça, c'est les fois où leur complicité gémellaire ne vient pas carrément interrompre mon laïus:

- Pourquoi tu pleures, mon cœur?
- SAMMY A TAPÉÉÉÉÉÉ!
- Samuel, viens ici. Je ne suis pas contente, tu as fait une grosse bêtise. Viens t'excuser tout de suite auprès de ton frère.
- Pa'don Gus-Gus! Câlin Gus-Gus!
- Tu sais, Samuel, tu as le droit de ne pas être d'accord avec ton frère, mais tu es un grand garçon maintenant, et tu sais parler, donc si tu as un problème, tu peux utiliser tes mots et dire...
- C'est bon maman! Mon frère il a dit pardon! On peut aller jouer maintenant!


(Qu'est-ce que tu veux faire quand même la victime est du côté du bourreau?)

Et je passe sur les autres enseignements que je n'ai même pas voulu mettre en place, parce que juste non:

- C'est vrai que ça peut être frustrant quand l'enfant vous fait perdre du temps le matin, mais rappelez-vous que sa conception du temps est radicalement différente de la vôtre! Il ne comprend pas la notion d'horaires, ni de retard, il vit uniquement dans l'instant présent, et quand vous le forcez à laisser ses jouets et le mettez dans la voiture de force, il vit ça comme un acte d'une grande violence. C'est nier son existence en tant que personne, et sa capacité décisionnelle. Au final, ce sera beaucoup plus productif de lui laisser prendre son temps pour décider de lui-même qu'il faut y aller... et puis, quelques minutes de retard, ce n'est pas la fin du monde!

Okay, donc clairement, ce livre n'a pas été écrit par un Alsacien.

L'HEURE C'EST L'HEURE MA PETITE MADAME.

QUAND C'EST L'HEURE ON Y VA ET PUIS C'EST TOUT, GOTT VERDAMMI!


Toi tu iras expliquer à mes élèves que je les ai fait poireauter quinze minutes dans le froid devant la salle de cours parce que "Mon enfant n'avait pas fini de jouer aux petites voitures, et voyez-vous, je ne voulais pas mettre un frein à sa capacité décisionnelle."

Plus sérieusement, je me demande à quel point c'est bon pour une famille quand le parent s'efface au point que son gamin a une priorité constante sur chaque aspect de sa vie. Parce que là, dans tout le bouquin, il n'y avait que ça : "voilà ce que telle situation fait à votre enfant", "voilà ce que cette réaction suscite chez votre enfant", mais à un moment donné, on en parle, du parent, ou bien ça y est, on n'existe plus du tout en tant que personne, on est juste la béquille de notre môme jusqu'à sa majorité?

Au final, j'ai quand même glané quelques bons conseils du livre (notamment le fait de donner des consignes plutôt que d'interdire, qui marche très bien parce que mes enfants ont hérité de l'esprit de contradiction de leur père), mais clairement, y'a pas mal de pages dans le bouquin que j'ai juste survolé en levant les yeux au ciel.

Bref, c'est pas bien grave, on est sortis de la période chiante compliquée sans trop de casse, on a trouvé un moyen de récompenser les bons comportements plutôt que de punir à tout va (via les sacro-saintes gommettes) (oui, on donne des bons points à nos enfants comme dans les années 50, comme quoi, y'a des recettes qui marchent encore) et maintenant, on est entrés dans un rythme sympa, et je dirais même qu'on se marre bien:

- Maman, je veux du chocolat!
- Il manque le mot magique.
- Le mot magique?
- Oui, c'est quoi le mot magique?
- C'est.... LA CIGOGNE!
- Que...
- AHAHAHAAHAH
- Quoi?
- Je te fais une blague! C'est une blague, maman! 


(C'est bon, pas besoin de test ADN, c'est sûr, ils ont l'humour de leur père.)

dimanche 30 janvier 2022

Deux mille vingt-deux, l'année des rageux


(Same)

Eh ben les potos, quelle belle année de merde.

Non, je ne parle pas de 2021 (enfin si, mais pas que), mais bien de ces quatre semaines interminables qui me paraissent déjà plus longues qu'une année complète et COMMENT EST-CE QUE JANVIER N'EST MÊME PAS ENCORE FINI???

Surtout que, clairement, on n'est pas des débiles, aucun de nous ne s'est rué en 2022 avec l'énergie "new year, new me" qu'on avait l'an dernier comme des petits bleus fragiles, et où on était tous là, jeunes et pleins d'espoir, en mode "au revoir COVID" et autres "2020 pire année ever c'est fini, 2021 année bénie".


(Womp womp)

Mais non, on a appris, on est forts de nos erreurs, même Le Monde nous dit qu'il faut plus se souhaiter la bonne année parce qu'on est tous en mode Mad Max 1 (t'sais, quand c'est pas encore tout à fait l'apocalypse, mais que ça commence à partir en couille sévère).

Et malgré ça, MALGRÉ CA, on s'est quand même fait bolosser par le mois de janvier comme des bleusailles, et ce dès le 2 janvier, juste après notre Nouvel An (qui avait été placé sous le signe du minimum syndical, parce que déjà de loin, on la sentait pas, cette année), quand j'ai reçu un coup de fil de ma copine Coralie:

- Coucou ! Qu'est-ce qu'il y a, t'as oublié un truc chez nous?
- Eh, tu veux rigoler?
- Quoi?
- J'ai le covid.


L'année commençait donc HYPER BIEN avec quatre tests dans le pif.

Heureusement, personne n'a été contaminé, et les enfants ont donc pu entrer à la crèche le premier mardi de l'an (ils avaient loupé le lundi parce qu'on attendait les résultats du labo).

Le jour même, je reçois un coup de fil:

- Bonjour, c'est la crèche. Il faudrait venir chercher Samuel, il dit qu'il a mal aux oreilles et à la gorge, il n'a rien mangé, et il pleure.

Je file chez la pédiatre, verdict : angine doublée d'un début d'otite, antibiotiques et tout le toutim.

J'étais contente que ce ne soit rien de grave, parce que, la même semaine, j'avais prévu deux jours à Paris avec ma mère et ma soeur, et les billets n'étaient pas remboursables.

Conversation avec Professeur Flaxou la veille de mon départ:

- Bon, Sammy va mieux, il pourra retourner à la crèche demain, donc le vendredi t'auras juste à les amener et les rechercher, les gérer le soir, le samedi t'as de l'aide des grands-parents, et je serai de retour le samedi soir. Ça va aller?
- Evidemment, les doigts dans le nez!

Vendredi, je me lève à 5h du matin, je prends mon train, et à 9h30, dans la queue pour le Louvre, je sens mon portable qui vibre.

Et sur l'écran, je vois "Crèche".


- Oui?
- Oui bonjour, on a eu un cas de Covid chez les grands, vos enfants sont cas contact, il faut venir les chercher immédiatement et les faire tester le plus rapidement possible.
- Alors c'est-à-dire que je suis à Paris, donc, quand vous dites "immédiatement"....

Bref, c'était le branle-bas de combat, Flaxou pose un RTT en panique, va faire tester les mômes, et annule toute aide extérieure au cas où les gamins sont contagieux.

- Tu veux que je rentre ce soir? Je peux encore changer mon billet.
- Mais t'inquiète, profite! Je gère, les enfants vont bien, tout est nickel. On se voit samedi soir!

Du coup, je tente tant bien que mal de profiter de mes congés malgré l'angoisse pour mes mômes et le temps de merde, et le samedi soir, dans le train, je reçois un coup de fil:

- Oui chérie, c'est moi, où t'as rangé le doudou de rechange de Gus-Gus?
- Il est dans le panier à linge, je l'ai pas encore lavé.
- Il est sale-sale, ou juste un peu sale?
- Juste un peu sale, pourquoi?
- OK, je vais le chercher.
- Pourquoi?
- Parce que l'autre est couvert de vomi.


(OK, univers, j'ai compris le message, je ne m'absenterai plus jamais.)

Je rentre décharger un pauvre Flaxou au bout du rouleau, et dès le lundi matin, je fonce chez la pédiatre:

- Mais on s'est pas déjà vues la semaine dernière?
- Si, mais c'est pas le même enfant.
- Ah bon! Dis donc, vous cumulez!


(Je n'vous le fais pas dire.)

Verdict : laryngite, sirop, encore une journée de crèche de loupée, mais il peut y retourner le lendemain. Et je me dis que là, quand même, on va peut-être enfin voir le bout du tunnel.

Et deux jours après, j'ai Samuel qui dégueule dans son lit.


La tête de la pédiatre en me voyant arriver pour la troisième fois en dix jours:


("Encore vous? Mais vous avez des triplés?")

Verdict:

- C'est la gastro.
- C'est contagieux à quel point?
- Énormément.
- Du coup, il vaut mieux qu'on éloigne son frère?
- Bof, non, pas la peine, c'est sûrement lui qui l'avait en premier, quand il a vomi la semaine dernière.
- Mais je croyais qu'il avait une laryngite!
- Oui, ça aussi.

(Mes enfants, ces apôtres de Nurgle.)

Je résume : nous sommes à ce moment-là le 17 janvier, et sur ces dix-sept jours, mes enfants en ont passé DEUX à la crèche.

C'est donc bien déterminée à ne rien laisser passer que, le lundi venu, je mets les deux gamins dans la bagnole pour les déposer juste avant mon cours.

Et là, juste devant la crèche, je croise un papa avec son gamin dans les bras, qui me lance:

- Bon courage! C'est fermé.


Car, devine quoi? Il y avait eu trois cas Covid en une semaine, et du coup, ils ont dû fermer la crèche pour 7 jours.

Fermer à 8h30 un lundi matin.

Alors que j'avais mon cours avec douze élèves à 9h. A dix kilomètres de là.


Bref, re-belote, re-poireautage d'une heure et demie devant le labo pour notre troisième test en deux semaines (toujours négatifs, c'est toujours ça de pris), une semaine à attendre que ça rouvre, on réorganise nos agendas comme on peut, je fais sauter tous les cours pas urgents, on appelle tous les grands-parents, et du coup tu te rappelles que ça fait maintenant vingt-trois jours que ce mois infernal a démarré et que, durant ce TRÈS COURT laps de temps :

- mes mômes ont passé deux (DEUX!) journées à la crèche
- ils ont été chez le médecin trois fois (donc plus souvent qu'à la crèche)
- ils ont eu une laryngite, une angine, une otite, et deux gastros
- ils ont été cas contact trois fois (on a donc dû leur enfoncer un bâton dans le pif à neuf reprises) (chacun)

Et avec tout ça, j'ai encore Professeur Flaxou qui ose (qui OSE!) me tenir la conversation suivante:

- Qu'est-ce que tu te fous dans les cheveux?
- C'est ma lotion pour l’eczéma.
- T'as de l'eczéma sur la tête?
- Oui, tu te rappelles, ça vient avec les pics de stress.
- Ah bon, t'es stressée? Mais à quel sujet?


(C'est son anniversaire bientôt.)

(Je vais lui acheter une pelle.) 

(Pour qu'il puisse aller déterrer ses grands morts.)

Bref, c'est la merde, ce mois de janvier de l'enfer n'est TOUJOURS PAS FINI LA PUTAIN DE SA RACE, et cette nuit l'un des gosses s'est réveillé en disant qu'il avait mal au ventre, PRIE POUR MOI, PRIE NURGLE, PRIE BELZÉBUTH puisque clairement ces enfants sont une ENGEANCE DÉMONIAQUE.

A bientôt (non) (promesse impossible) à quand j'ai un moment de libre.

Je te fais de gros bisous (non) (trop de miasmes) je t'envoie des pellicules d'eczéma. 

samedi 30 octobre 2021

Pince-mi et Pince-moi rendent maman zinzin


(Dix secondes avant cette photo : "Dis donc, qu'est-ce que les enfants sont calmes ce matin!")

(Quelques mois plus tôt : "j'ai mis mes papiers de cours dans le tiroir sous clé, ils y entreront jamais!")

(Une tragédie en deux actes.)

Les grumeaux grandissent.

Ils développent leur langage, leur caractère, et leurs passions.

Et, autant pour les passions, ils tiennent plutôt de leur papa, autant pour le caractère, ils ont malheureusement hérité de leur maman.

Je dis « malheureusement » parce que, j’ai beau être aujourd’hui une personne tout à fait délicieuse (si), quand j'étais gamine, j'avais un caractère de cochon, qui se manifestait notamment par une tendance à bouder plus ou moins constamment.


(En même temps, l’opprobre était grande, cf. comment ils me fagotaient.)

Et, trente ans plus tard, j'ai Auguste qui décide périodiquement de "bouder en vert", comme il l'appelle poétiquement. (C'est-à-dire qu'il va sur sa chaise à bouder - une chaise qu'il a lui-même élue comme meilleur endroit de boudage - et il se trouve que cette chaise a un coussin vert.)

Quand j'étais petite, je me rappelle aussi que je fuguais régulièrement (en gros, dès que mes parents me faisaient faire quelque chose que j'avais pas envie de faire) (oui, tous les jours, exactement). Je prenais ma valise Les Belles Histoires avec mon nounours dedans, j'annonçais à la ronde :

- J'en ai marre! Je vais vivre chez mamie!

Et je traversais le jardin, je montais chez ma grand-mère, et je lui disais:

- Mamie, je viens vivre chez toi. Tu me fais des beignets de pomme?

Et puis, quand j'avais fini les beignets, je disais:

- Je crois que je vais quand même revenir vivre à la maison, sinon papa et maman vont avoir trop de chagrin.

Pendant ce temps, mes parents:


Trente ans plus tard, ce sont mes enfants qui fuguent tous les matins chez celle qu'ils ont baptisé "Mamie Toc" (puisque je leur dis toujours "avant d'aller chez mamie, il faut faire toc, toc, toc"!).

- Les enfants, vous voulez quoi au petit déjeuner?
- Du PAIN!
- Du BEURRE! 
- De la FAFITURE!
- Okay, on descend manger à la cuisine?
- OUIIIII!

Et une fois en bas, les mômes s'exclament:

- La cuisine CHEZ MAMIE TOC!

Et se barrent en courant, et passent vingt minutes là-bas à se faire déposer des cuillères de confiture directement dans le gosier.

Pendant ce temps, je vais dans ma cuisine vivre ma meilleure vie pendant les seuls instants paisibles de ma journée - c'est-à dire MANGER SEULE:


(Sans personne pour m'interrompre en me demandant un bout de pain, un bout de fromage, du ketchup, plus de pâtes, ou en reversant des assiettes entières par terre.)

Mon autre trait de caractère dont mes enfants ont malheureusement hérité, c'est le côté têtu (qui est présent chez tout le monde dans ma famille, donc est-ce que c'est vraiment de ma faute? Probablement pas), et, comme pour le boudage, c'est un trait qui se manifeste plus sévèrement chez Gus-Gus, le seul gamin avec qui on a dû lutter pour lui faire essayer la CRÈME GLACÉE:

- Mais goûte! Tu verras, c'est bon!
- Veux pas!
- Regarde ton frère, comme il se régale!
- Veux pas!
- C'est sucré! C'est comme un yaourt, mais encore meilleur.
- Veux paaaaaas!

J'ai finalement réussi à ruser en lui barbouillant le nez de glace - nez qu'il s'est empressé de lécher, puis:

- Alors, c'est bon la glace, non?
- Non. Pas bon!
- Bon, je la mange, alors, parce que sinon elle va fondre.
- Donne à Gus-Gus!
- Ah, donc tu veux la manger, finalement?
- Non! Je veux donner à maman.

Puis le môme m'a donné UNE LÉCHOUILLE de glace et s'est empressé d'engloutir le reste, en m'affirmant tout du long que c'était "pas bon".


(Mais bien sûr.)

Un autre trait de caractère que les deux enfants ont piqué à leur maman chérie, c'est le côté obsessionnel quand il s'agit des œuvres de fiction. Sur ce coup, je pense qu'il doit y avoir une petite justice karmique au fait que, trente ans après avoir rendu mes parents zinzins avec mes obsessions (le livre "Yanna la petite fée" tous les soirs, le Roi Lion en boucle, etc.), eh ben c'est maintenant moi qui devient cinglée:

- Les enfants, venez changer la couche! Je vous mets un dessin animé!
- TOTOROOOOOOOOOO!
- Les enfants, j'ai une idée : et si, aujourd'hui, au lieu de regarder Totoro pour la quatre-vingt-huitième fois, on mettait un des quatre mille autres dessins animés du catalogue Netflix?
- TO-TO-ROOOOOOOO!
- Regardez celui-là ! Il y a une tortue dedans! Vous aimez les tortues! Et il y a des poissons, vous adorez les poissons!
- Poissons!
- PONYO!
- PONYOOOOOOOO!



(S'ils se mettent à chanter les génériques en japonais, je les abandonne dans la forêt.)

Après, j'avoue qu'une obsession Miyazaki, c'est pas la pire des choses, surtout que, depuis que je suis parent, je me rends compte à quel point l'offre de dessins animés pour enfants est PUTAIN DE LAIDE.

Alors pour les thèmes, je dis pas, hein : l'amitié, la diversité, le respect, l'écologie, tout ce que tu veux, super, mais est-ce qu'il faut que ce soit TELLEMENT MOCHE?

Vous avez déjà regardé un épisode de Pat'Patrouille? C'est animé avec le cul, on est d'accord? C'est un stagiaire qui a fait le background sur Paint, je vois pas d'autre explication?

(Et on ne va même pas aborder l'immondice des dessins animés "dessinés comme les enfants", style Peppa Pig ou l'âne Trotro.)


(La maison de Peppa n'a pas de gouttières, MAIS par contre elle a une antenne télé.)
(Sens des priorités)

Bref, tout ça rend plus supportable le fait de me taper quarante-cinq fois les aventures de Kiki la Petite Sorcière, son chat, et sa copine sans nom (t'sais, la lesbienne artiste qui vit dans les bois et qui parle aux corbeaux, là)


(Hashtag goals)

Même si, après, on a quand même bien l'air con:

- Allez, venez les enfants, on va faire une balade en forêt!
- OUAAAAIIIIS!
- On va chercher des glands!
- Comme Satsuki et Mei!


(La fabrique du cringe.)

Mais, comme je l'ai dit plus haut, pour leurs passions, ils tiennent plus de leur papa, notamment pour tout ce qui a trait à la vie sous-marine, cf. leur autre grande passion télévisuelle : LES REQUINS.

Ça a commencé par moi leur mettant innocemment un documentaire de Netflix sur la grande barrière de corail, en me disant "ils seront contents, ils adorent les poissons-clowns, les jolis coraux, tout ça", et finalement, ils ne voulaient regarder qu'un seul passage en boucle, celui avec les requins des récifs.

Et ça gavait tellement Flaxou de devoir retrouver le passage en question à chaque fois qu'il s'est dit "moi je suis malin, je vais leur montrer un documentaire UNIQUEMENT sur les requins".

- Mais tu l'as regardé en avance, le truc?
- Ben non, pourquoi?
- C'est sur les grands requins blancs, quand même. Si on les voit chasser, tuer des phoques ou chais pas quoi, ça va les traumatiser!
- Oh! Tu penses?

Et c'est bien évidemment à ce moment pile que le documentaire a montré des images de requins blancs en pleine chasse, ce qui n'a absolument pas déphasé nos psychopathes de têtes blondes, qui ont trouvé ça tout à fait délicieux:

- Maman! Maman, regarde, le requin il a croqué le poisson!
- Ha ha ! Maman, regarde! Il a des grandes dents, le requin!


(Moi, terrifiée : "c'est super les enfants, maman va aller se cacher deux minutes, okay?")

Faut croire que ces gamins n'ont pas peur des trucs classiques, cf. ma tentative désespérée de les faire rentrer un soir et qui a complètement backfire:

- Bon, les enfants, ça fait huit fois que je vous dis que c'est l'heure de rentrer à la maison!
- NAAAAAAAN!
- Il fait froid, c'est l'heure de manger, et il va bientôt faire nuit!
- NAAAAAAAN!
- Allez! Il va faire nuit...et les loups vont venir! Ils vont venir faire OUUUUUUH!

Silence. Doute.

- Les loups vont venir?
- Oui.
- Ils vont venir de la forêt?
- Oui.
- OUAAAAIIIS! Moi je veux rester voir les loups!


(Ça m'apprendra à faire ma maligne.)

Forte de ces expériences, j'ai décidé de les amener au zoo, en me disant qu'ils seraient ravis de voir des vrais loups, ou des vrais crocodiles (bon, okay, on n'a pas de requins, mais y'a un ours polaire alors hein), et qu'ils n'auraient pas peur.

Alors, peur, non hein, on l'a compris, mais par contre, ce que j'avais pas bien saisi, c'est qu'ils sont encore incapables de distinguer le caractère exceptionnel de certains animaux par rapport à d'autres.

Extrait de la visite:

- Regardez, les enfants! C'est l'enclos des loups!
- OUUUUUH! MAMAAAAAAAN! REGAAAAARDE!
- Oui, mon Gus-Gus, c'est des....
- REGAAAARDE Y'A DES FOURMIIIIIS! LAAAAAA!


(Et Sammy j'en parle même pas, son meilleur moment de la journée, c'est quand une mite est venue se poser sur mon sac à dos.)

(Exotisme.)

- C'était bien, le zoo, les enfants?
- OUIIIIIII!
- Racontez à papa ce qu'on a vu comme animaux!
- Des CANAAAARDS!
- Ah? Mais y'avait d'autres animaux, aussi, non? Toi, tu as vu quoi, Gus-Gus?
- Des CHÈVRES!

(Bon, on va dire qu'au moins, ils se sont bien amusés?)

(Ils se sont autant amusés à une heure de route et seize balles l'entrée que si je les avais amené voir des scarabées dans la forêt à un mètre de chez nous, mais okay.)

Bref bref.

Niveau langage, ça y est, on est sur du solide, on a des sujets, des verbes, des adjectifs, des adverbes, la compréhension est quasi totale.

QUASI.

- MAMAN, JE VEUX BITE!
- Heu...pardon?
- BITE ! JE VEUX BIIIIITE!
- Je....
- ALLEZ! BITE! POUSSE-BITE!
- Tu....AH! Tu veux que je te pousse vite!
- Oui! Bite! Très bite!

(Dois-je préciser que cette conversation s'est déroulée, non pas dans le calme feutré de notre domicile, mais EVIDEMMENT au beau milieu d'un supermarché?)

Mais bon, on va dire que pour le langage, c'est presque ça.

Pour la logique, c'est pas mal non plus, je serais même tentée de dire qu'ils en ont plus que nous, cf. cette conversation avec Sammy un matin, entrant dans la salle de bains avec sa brosse à dents et me voyant en train de mettre du mascara:

- Moi je me brosse les dents!
- C'est super, mon chou.
- Et maman, elle se brosse les yeux!


Ainsi qu'un traumatisme qui leur vaudra sûrement dix ans de psychanalyse:

- Les enfants, revenez ici! Laissez maman tranquille, elle prend sa douche!
- Mamaaaaan? Maman se lave?
- Oui, loulou.
- Maman se lave les chev-HAAAAAN!
- Quoi?
- Maman! HAAAAA! Maman elle a pas de zizi!


Sur ce, je te laisse, c'est bientôt l'heure d'aller les chercher.

Je te dis à plus dans le bus (métaphorique, je ne prends pas le bus, y'en a pas chez moi), on causera crise des deux ans, parentalité bienveillante, et livres à se carrer dans le cul. (Sens-tu comme un thème?)

samedi 7 août 2021

3615 ronrons


Et donc on a une nouvelle venue dans la famille.

Non, calme-toi Marie-Jo, je n'ai pas fait un autre enfant. D'ailleurs, bizarrement, j'ai très peu de pression de ce côté-là:

- Han ça ma saoule quand je me prends des réflexions genre "et c'est pour quand le petit frère"?
- Grave! Moi aussi on me le dit tout le temps, mais mêlez-vous de vos culs!
- Ah? C'est bizarre, moi, on me le dit jamais. Vous pensez que c'est parce que j'en ai déjà deux?
- Ben.....
- AAAAAAAAH ! MAMAAAAAAN! GUS-GUS A TAPÉÉÉÉÉÉE !
- MAMAAAAN ! SAMMY A POUSSÉÉÉÉÉ !
- SAMMY POUSSE PARCE QUE GUS-GUS TAPE!
- MOI JE TE TAPE!
- MOI AUSSI TE TAPE!
- TAPE!
- TAPE!
- AAAAAAAAAH! MAMAAAAAAN ! 
- AAAAAAAAAAH!
- AAAAAAAAAAAAAAAAH!
- ..... Je crois que dans ton cas, même un, ça aurait déjà été de trop.

(Note à toutes les mamans qui subissent une pression externe pour refaire des mômes : en fait, la solution, c'est simplement de produire un monstre la première fois.)

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Donc non, merci, fermeture définitive des ovaires, si Professeur Flaxou veut produire d'autres clones, il va falloir qu'il prenne sur lui et qu'il les fasse tout seul cette fois-ci.

Non, quand je te parle d'une nouvelle venue dans la famille, je parle de MON CHAT.

Car oui, ça y est, après des années d'attente, J'AI ENFIN MON PETIT CHATON!

Petite piqûre de rappel pour ceux qui n'ont pas suivi ce blog de près lors des dix dernières années (comment osez-vous?) : j'ai toujours beaucoup, beaucoup aimé les chats.

Quand j'étais petite, j'ai eu trois chats à la suite : le premier est resté trois semaines, le second trois mois, le troisième seize ans (on est donc sur un moyenne pas trop mal).

Et j'ai adoré ce chat, Frimousse, je l'ai aimé de tout mon coeur et chéri comme la prunelle de mes yeux, malgré le fait que c'était un bon petit bâtard misanthrope qui voulait juste qu'on lui foute la paix et griffait dès qu'on voulait le caresser.


(Ma vie avec Frimousse, une illustration)

Bref, Frimousse est mort depuis bien longtemps déjà, et entre-temps, je suis partie en Nouvelle-Zélande où il était hors de question qu'on prenne un animal de compagnie, parce qu'on bossait tous les deux 45 heures par semaine et en plus qu'on louait un appart interdit aux animaux. 

(Et comme de toute façon, on ne savait pas si on allait rester, on ne voulait pas prendre le risque d'adopter un chat ou un chien, puis de devoir s'en séparer pour rentrer en France.) (Ou de payer un rein pour le foutre dans l'avion et le traumatiser à vie avec 30h de vol.)

Ensuite on est rentrés au bercail, on s'est installés, et je me suis dit que le temps était venu.

Mais c'était sans compter sur Professeur Flaxou le sans-coeur et sa maladie imaginaire:

- Les chats c'est de la merde.
- Mais je m'en occuperai, t'auras rien à faire!
- Et mes allergies, alors? 
- Mais est-ce que tu es bien sûr que tu es allergique aux chats?
- Evidemment! Dès que je vais chez mon frère, je me mets à éternuer!
- Alors dans ce cas, tu veux bien aller chez un allergologue et faire un test?
- .... non.


(On est d'accord que ça sentait la couille dans le potage?)

Finalement, je l'ai tellement tanné pendant des mois qu'il y est quand même allé, et là, le verdict tombe: Professeur Flaxou n'est MÊME PAS UN TOUT PETIT PEU ALLERGIQUE. 

NI AUX CHATS, NI AUX CHIENS, NI A AUCUNE AUTRE BÊTE POILUE.


(Toute une vie basée sur des mensonges!)

(Tous ces animaux que j'aurais pu avoir!)

Donc j'étais chaude comme la braise, déjà le GPS en main en train de chercher la SPA la plus proche, quand Flaxou m'a donné le coup de grâce (ou plutôt le coup de teub) et m'a foutue en cloque... AVEC DES JUMEAUX.

Donc forcément, j'ai mis de côté toutes velléités animalières pendant ma grossesse (toxoplasmose TMTC) et, une fois les bébés nés, je t'avouerais que j'étais un peu trop occupée à essayer de pas devenir zinzin pour me soucier d'ENCORE un être vivant.

Je m'étais donc résignée à attendre encore quelques années (genre, que les enfants aient 6-7 ans et qu'ils fassent eux-mêmes la demande d'un animal de compagnie) quand BOUM ! Un chaton est tombé du ciel, tout droit dans ma baraque (et mon coeur).

Et d’où vient-il, ce petit chat ? De chez mon père, et c’est une drôle d’histoire.

Flash-back : il y a deux ans, le chat de mon père est mort après dix-neuf ans (tout de même !) de services ni bons ni loyaux (car c’était un chat). J’ai demandé à mon père et ma belle-mère s’ils comptaient en reprendre un, et ils ont répondu :

- Non, maintenant qu’on est tous les deux à la retraite, on voudrait voyager, et c’est compliqué de toujours devoir penser à faire garder le chat… Non, c’est fini pour nous, les animaux de compagnie.

L’année d’après, cloués à la maison par le premier confinement, ils se sont mis à jardiner pour s’occuper ; problème, le jardin a vite été envahi de mulots.

(Mais quand je dis « envahis », c’était un gruyère suisse, le machin.)

(On ne pouvait pas faire trois pas dans l’herbe sans se péter la cheville dans un trou.)

Ma belle-mère a acheté du poison, ça n’a pas marché. Elle a acheté des pièges, ça n’a pas marché. Elle est retournée acheter un autre poison, et le vendeur lui a dit :

- Vous savez, vous pouvez continuer à venir, moi je vous vends tout le poison que vous voulez, mais honnêtement, prenez un chat, ça vous reviendra moins cher.

Une semaine plus tard, elle reçoit un coup de fil d’un ami qui venait d’avoir une portée de chatons. Elle a vu ça comme le destin, et elle a ramené un joli petit chaton tout noir, qu’ils ont appelé Riesling.


(Je persiste que « Pinot » aurait été plus juste, vu sa couleur, mais bon.)

Les mois passent, Noël arrive, et tout le monde commence à s’empâter, même le chat. Ça fait bien rire la famille (notamment parce qu’on soupçonne ma mamie de lui avoir filé tout le foie gras qu’on n’a pas fini au réveillon). Puis l’hiver continue, et on se met à remarquer un truc :

- Papa ? C’est bien un mâle, ton chat ?
- Oui oui.
- Tu trouves pas que c’est bizarre qu’il prenne du poids juste au niveau du bide ?
- …. Si.

Tu l'as compris, ce chat n’était pas du tout un mâle (heureusement que « Riesling » c’est gender neutral) et, le mois d’après, naissaient deux jolis chatons noirs et blancs.


Là, c’était à mon tour de voir des signes du destin :

- Vous allez les garder ?
- Non non, un chat, c’est bien suffisant. On va demander autour de nous s’il y a des intér….
- MOI ! MOI J’EN PRENDS UN ! MOI ! MOIIIIIII !

Et c’est comme ça que Gimli est arrivée dans nos vies.


(Pourquoi Gimli ? Parce qu'elle adore les haches.)

Alors, je dis que c’est « mon » chat, mais c’est un peu incorrect : autant elle m’a prise en affection et se sent clairement à l’aise en ma compagnie (vu qu’elle passe ses soirées couchées sur mes genoux en train de ronronner), autant, pour elle, sa maison, ça reste la maison de mon père.

(On lui ouvre la porte le matin, elle file voir sa mère, et elle reste squatter là-bas jusqu’au soir.)

(Donc mon pauvre papa, qui ne voulait plus de chat, se retrouve avec deux chats.)

(Sauf qu’il y en a un que je nourris, soigne, amène chez le véto et dont j’entretiens la litière.)

(On est d’accord que je me suis faite enfler, dans cette affaire ?)


Malgré tout, je suis ravie d’avoir enfin mon petit chat, et les enfants sont tout aussi ravis que moi :

- Bonjour mes amours ! Vous avez bien dormi ?
- Maman, j’veux sortir ! Sortir du lit !
- Oui, tout de suite. Bonjour, trésor ! Mwah !
- Non, pas bisou ! Pas bisou, maman ! Pose-moi !
- Oh, bon, d’accord….
- Mmmmmaaaaa !
- GIMLI ! C’EST GIMLI ! BONJOUR GIMLI ! CA VA GIMLI ? COUCOU MA BELLE ! FAIS CALIN ! CALIIIIIIN !


(Je me sens mal-aimée)

Gimli, c’est tout à son honneur, est d’ailleurs un chat absolument adorable avec les petits, et se laisse caresser brutalement, tirer les poils et hurler dans les oreilles avec une bravoure stoïque qui force le respect.

(Et, quand elle en a marre, elle se secoue, lèche la main la plus proche, et profite de la diversion pour s’en aller rapido pendant que le gamin affligé vient me voir en criant « GIMLI M’A CROQUEEEEEEEE ».) 

Seul Flaxou le sans-cœur reste immunisé aux charmes de Gimli, et ça, il me l’a bien fait comprendre quand on l’a accueilli chez nous :

- Moi je m’en occupe pas, de ce connard de chat. Je le caresse pas, je le nourris pas, je le fais ni rentrer ni sortir, je touche pas à sa litière qui pue, je veux même pas regarder sa conne de tête de con de chat.
- Mmmmmrou ?
- Ta gueule.

Et devine un peu.

DEVINE UN PEU.

Qui, dans ce foyer de quatre personnes, est-ce que le chat a le plus pris en affection ?

a) L’enfant qui lui parle gentiment, la suit partout, et lui demande constamment de venir sur ses genoux pour lui faire des câlins ?

b) L’enfant qui lui fait inlassablement traîner des ficelles dans l’herbe pour la faire jouer, la caresse (presque toujours) délicatement, et lui distribue ses croquettes ?

c) La personne qui l’a accueillie chez soi, l’a faite pucer et vacciner, lui donne son vermifuge et ses probiotiques, change sa litière, achète sa bouffe, l’accueille tous les matins avec une soucoupe de lait, lui achète des friandises spéciales pour chat de bourges, lui prodigue des papouilles infinies, et l’aime de tout son cœur ?

d) Le gars qui la déteste ?


EXACTEMENT !

Et donc, tous les soirs, j’amène le chat au salon pour lui faire des câlins devant la télé, et au bout de cinq minutes, elle se barre, et j’entends dans le bureau voisin :

- Gimli, putain ! Va chez Cha, elle t’aime, elle !

Pendant que ledit chat se frotte en ronronnant aux jambes de Flaxou, lui saute dans les bras, et vient amoureusement frotter sa petite frimousse contre son visage.


(Trahison, disgrâce.)

Et chez toi, lecteur/lectrice ? Est-ce que l’amour des animaux de compagnie est aussi réparti de façon cruellement injuste ?

(Lâche tes commmmzzz)

PS : Bonus pattounes: 

dimanche 6 juin 2021

Tranche de vie : la cacastrophe


AVERTISSEMENT : L'anecdote que j'ai à vous conter aujourd'hui n'est pas pour les âmes sensibles.

(Phobiques du caca ou - plus généralement - personnes sans enfants, sachez-le, en poursuivant la lecture de cet article, vous risquez de souffrir.)

Et donc, un beau soir, j'étais seule avec mes enfants.

Professeur Flaxou m'avait envoyé son petit texto Waze qui disait "je suis en chemin, je rentre du boulot, promis je passe pas exprès par des chemins détournés pour que tu mettes les gamins au lit sans moi", et son heure d'arrivée indiquait 19h02.

J'étais allée chercher les enfants à la crèche à 18h, je leur avais donné leur repas, et ils en avaient foutu partout comme d'hab ce sont des enfants mi-porcinets mi-démons ça s'était plutôt bien passé.

Et, enhardie par ce repas quasi-idyllique (juste trois gobelets d'eau renversés sur la tartine de fromage, juge par toi-même), je me dis dans ma grande naïveté :

- Allez, Flaxou arrive dans cinq minutes, je vais démarrer le bain sans lui. Après tout, c'est que cinq minutes, ça devrait pas être bien dur à gérer!


(Un jour, je remonterai le temps juste pour aller me donner des baffes.)

Je fais couler le bain, j'attrape Samuel, je le mets tout nu, et je lui dis:

- On va prendre le bain! Va m'attendre à la salle de bains pendant que je déshabille ton frère.

Je place l'autre gamin sur la table à langer de la cuisine et commence à le déshabiller, et là, j'entends Samuel m'appeler de la salle de bains. 

Mon dialogue interne:

- Putain mais il fait chier ce môme, c'est bon tu peux gérer être seul pendant deux secondes ou il faut que je rattache ton cordon?

Mon dialogue externe:

- J'arrive, mon petit trésor! Maman sera là dans une minute avec ton frère! Sois un petit grille-pain bien courageux, d'accord?

(La faux-culserie de tous les instants qu'on a avec nos gamins, quand même.)

J'arrive dans la salle de bains, un Gus-Gus cul-nu sur les talons, et là, je vois Samuel paniqué, en train de me pointer du doigt un ÉNORME CACA qui trône sur le carrelage – caca dans lequel il avait BIEN EVIDEMMENT allègrement marché et qu'il était en train de piétiner dans tous les coins de la salle de bains.


(A ce stade de l'histoire, je devrais également te préciser, cher lecteur, que mes enfants ont une chose préférée dans la vie, et ce sont les fruits. A eux deux, en une journée, ils se boulottent deux bananes, quatre kiwis, deux poires et une grappe de raisins.)

(Je te dis juste ça pour que tu comprennes bien à quel genre de caca mou on avait affaire.)

(Ces mômes n'ont jamais fait une crotte solide de leur vie, que ce soit clair.)


(Oui, désolée encore aux sans-enfants qui liraient ces lignes, je sais que c'est dégueu.)

Moi, en panique totale, je récupère l'enfant couvert de caca à bout de bras. Je me dis que je vais le plonger dans la baignoire remplie d'eau tiède, et tant pis pour dame Nature, on fera couler un autre bain, MAIS c'est sans compter sur Gus-Gus, dont le naturel curieux n'est plus à démontrer, et qui est en train de s'approcher dangereusement de la scène du crime en pépiant "Oooooh! Caca?" et en TENDANT LES MAINS.


(On ne m'y reprendra plus à faire des mômes avec un scientifique.)

Du coup, je tourne les talons avec mon gamin crotté dans les bras, ordonne à l'autre asticot de me suivre immédiatement, et c'est direction la cuisine. 

(En semant des petites miettes de crotte sur le chemin, un peu comme le Petit Poucet le plus crado du monde.)

J'hésite un moment à mettre Sammy le cacateux debout dans l'évier et à lui laver le derche au robinet, mais l'évier est plein de vaisselle, donc je me rabats sur la table à langer, qui n'est évidemment pas la solution idéale vu que je ne peux même pas installer le gosse sur le dos (qu'il a maculé de merde, tout comme l'arrière de ses cuisses, tout comme l'arrière de ses genoux, tout comme ses chevilles et ses deux pieds).

Du coup, je plaque le gamin sur la table à langer, et je suis obligée de lui faire une quasi-clef de bras pour le maintenir un peu tranquille le temps d'essuyer à la hâte le bas de son corps avec des cotons.

Pour te donner une idée de la bande-son, tu peux t'imaginer Samuel en train de hurler de panique, et son frère en train de crier à tue-tête "MAMAN, CACA! MAMAN, CACA!"

Moi, essayant tant bien que mal de calmer le jeu, je tente de crier d'une voix douce (ce qui n'est pas un oxymore quand on est parent) :

- Oui, mon coeur, je sais, ton frère a fait caca par terre, mais n'aie pas peur, tout va bien! Maman va nettoyer tout ça et on va retourner au bain!

Je finis de nettoyer approximativement Samuel, le prends dans les bras pour le calmer, et je me tourne vers son frère.

ET LA.

JE VOIS AUGUSTE. DEBOUT. TOUT NU DANS LA CUISINE. 

A COTE D'UN DEUXIÈME CACA.


(Ah, qu'elle est belle, cette complicité gémellaire.)

Ni une, ni deux, j'attrape le reste des cotons et essuie promptement les fesses de Gus-Gus (qui avait au moins eu la bienveillance de ne pas marcher dans sa merde) et je chope un rouleau de sopalin pour nettoyer le plus gros du tas par terre avant qu'ils ne courent à travers.

Pendant ce temps, mes enfants demeurent évidemment très sages:


(Pareil, mais à poil.)

Et là.

C'est le moment où Professeur Flaxou rentre du boulot.

Petit changement de perspective : tu es Professeur Flaxou, mon époux bien-aimé.

Tu as quitté la maison aux aurores, tu as passé une longue journée au boulot suivie d'une heure de trajet dans la circulation dense de l'Alsace du Sud en fin d'aprem, et tu n'as qu'une envie, c'est de retrouver enfin ta maison, tes enfants chéris, ta femme adorée, de leur faire un gros câlin à tous, et de te relaxer avec une bière bien fraîche.

Et là, tu entres chez toi, et tu es accueilli par deux gamins en pleurs, entièrement nus. 

Le sol de l'entrée est maculé de petites crottes. 

Suivant les crottes, tu arrives dans la cuisine, et tu trouves ta femme à genoux par terre, littéralement les mains dans la merde, qui te crie NE LES LAISSE PAS ENTRER DANS LA SALLE DE BAINS!

Tu jettes un oeil à la salle de bains, et, par la porte restée grande ouverte, tu vois :

1) Une baignoire limpide et pleine d'eau pure.
2) Une tache de merde de la taille du Texas.


(Meilleur accueil du monde.)


Épilogue: le lendemain:

- Fla, tu peux m'aider à décharger les courses?
- Oui, bien sûr. C'est quoi, ces boîtes?
- Des POTS DE CHAMBRE!

(Bon, pour le moment, ils servent de siège de lecture.)

(Mais au moins, on les a.)