samedi 13 novembre 2010


 J'ai un problème avec l'allemand.

C'est une malédiction ou je sais pas, mais depuis le collège, j'ai eu que des déboires avec cette langue. A croire que l'univers avait décidé que je ne pourrais jamais avoir des enfants avec Daniel Brühl (mais je n'ai pas abandonné l'espoir).

Pourtant ça avait bien commencé, en primaire je mettais la misère à tout le monde parce que j'avais mémorisé par coeur l'histoire de la chenille qui mange 1 pomme, 2 poires, 3 abricots, ensuite je sais plus, sûrement qu'elle va vomir dans un coin, parce que faut pas déconner, t'as vu la taille d'une chenille?

Et voilà. Mon meilleur niveau c'était Mimi la Chenille, et à partir de là, ça n'a fait que péricliter.

(J'ai pris comme projet titanesque de rehausser le niveau orthographique de ce blog. C'est pas gagné, je sais. Du coup je pense que de temps en temps je vais mettre des mots super savants et vous allez vous esbaudir.)

Au collège, j'avais un couple de profs super gentils, mais on a jamais rien bossé avec eux. Du coup je suis arrivée en seconde et je savais juste des déclinaisons, das das dem des et tout ça. Je savais aussi dire "Wo ist das Meerschweinchen?" et "Der Schmetterling ist weg." J'te jure comment ça me sert trop dans la vie de tous les jours. (Bon, si je vais en Allemagne faire mes courses et que je veux qu'on me fasse la réduction de -20%, ça je sais pas dire. Mais si un jour je perds mon cochon d'inde, je suis parée!)

Après en seconde, j'avais une prof horrible (elle avait une tête de poisson, c'était affreux). C'était sa dernière année avant la retraite, et ça se sentait, parce qu'elle était à bout. Elle passait son temps à se plaindre qu'on était nuls, mais comme elle se plaignait pendant toute l'heure, du coup, on faisait plus rien.

- Bonjour. Non en fait je le retire, vous m'emmerdez déjà. Bon, les devoirs, qui veut les corriger?
- Vous nous en avez pas donné.
- Bon alors déjà toi tu mens. T'as plus le droit de parler. Alors, les devoirs? Qui se rappelle?
- Il a raison madame, vous nous avez rien donné.
- Ah! Une conspiration! Vous êtes bien tous les mêmes! Bande de morveux paresseux, quand je pense que je vous ai donné mes plus belles années! J'aurais dû partir en RDA avec Gunther quand j'en avais encore l'occasion!

Et l'année suivante, j'avais une autre prof, mais c'était aussi sa dernière année avant la retraite (fin de série sur les profs d'allemand, tout doit disparaître). Sauf qu'en plus d'être passée à la naphtaline (ambiance "J'ai pas renouvelé mes cours depuis l'époque où mes élèves portaient des rouflaquettes") elle avait un grain avec les contes de fées.

Sur les textes étudiés cette année-là, je me souviens qu'il y avait un texte des années 70 sur les horaires d'ouverture des magasins en Allemagne (trop utile) et un texte de 1932 sur des vieux qui allaient faire des cures au sanatorium de Baden-Baden (le sujet le plus intéressant du monde). On a aussi eu un texte sur la chute du mur (obligé), et le reste c'étaient exclusivement des contes de fées.

On s'est tapés la totale, Aschenputtel, Frau Holle, même l'horrible histoire de la petite fille aux étoiles. (Elle donne tous ses habits à des gamins des rues parce que c'est Noël, et ensuite elle crève de froid au pied d'un arbre comme un chien. Ambiance.) Et en plus c'était des études de texte bien poussées, je me souviens notamment qu'on a passé deux mois sur Aschenputtel. DEUX MOIS. Quelle est la signification de la neige, pourquoi est-ce que Aschenputtel perd son soulier, pourquoi quand le prince la poursuit elle monte dans un poirier? (Quoi? C'est parce qu'en général elle préfère les pommiers, mais y'avait rien en vue, c'est ça?)

Et avec l'analyse de ouf, y'avait aussi l'apprentissage trop utile du vocabulaire.

- Charlotte? Comment dis-tu "le chaudron"?
- Je sais pas.
- Comment?

(Ne pas savoir les mots médiévaux, c'était l'insulte suprême au Royaume des cinglés.)

Elle a mis une minute à reprendre sa respiration, j'ai cru qu'elle allait nous faire une crise d'apoplexie sur le lino. Puis elle s'est mise à souffler comme un chat, elle a ouvert et fermé ses poings, elle a ancré ses chaussures à cerises fermement dans le sol, et elle m'a lancé d'un ton outré:

- Mais enfin! Comment espères-tu donc avoir le bac?

(T'imagines maintenant, les pauvres gamins qui vont devoir se farcir des profs comme ça 2 ans de plus?) 
Tu vois le handicap : j'ai dû passer le bac LV2 en sachant dire "chaudron", mais je savais pas dire "boulangerie". (Par contre je savais dire "meunier", c'est toujours ça de pris.)

Et puis pour ma terminale, j'ai eu une prof qui est tombée enceinte et qui s'est barrée au bout de trois mois, et ensuite j'ai enchaîné les remplaçants jusqu'au bac.

Tu comprends qu'en arrivant à la fac, je savais juste parler de mon vélo cassé et de mon cochon d'inde Strubbel. C'est un peu un miracle que je sois arrivée en section Relations Internationales avec un niveau pareil. Surtout que mes cours de fac n'ont pas aidé : la première année ça allait bien, la seconde année j'ai eu un prof autrichien qui a passé son temps à nous dire de manger de la Sachertorte, et en troisième année, tu me crois ou pas, mais je me suis retapée un texte sur les sanatoriums! (Sérieux, arrêtez de bouffer de la charcuterie, et peut-être que vous passerez pas vos vies à la cure.) En plus c'était un cours pour non-spécialistes, et je sais pas pourquoi mais je me suis retrouvée avec que des anciens Abibac et des bilingues. Après le prof ils nous donnait des textes qui parlaient d'horlogers, de gens qui fuyaient la RDA, et de chevreuils, et il disait :

- Bon celui-là il est facile, hein, pas de difficultés de vocabulaire, à part peut-être "die Rehe", enfin bon tout ça sait que c'est les chevreuils hein.

Et le pire c'est que là, toute la classe faisait "Enfin oui bien sûr évidemment, qui ne connaît pas le nom de tout le gibier des forêts de Niedersachsen, oh oh oh?"

Donc là, c'est un peu le mystère sur comment je suis arrivée en Master trilingue. Surtout que depuis le début de l'année, notre prof et son débit de mitraillette s'obstine à ne pas vouloir ralentir quand je lui dis "Langsam bitte, oh mais langsam putain". C'est super cool, j'ai pas du tout envie de me pendre à ses cours d'institutions politiques et administratives de l'Allemagne.

- Bon, la distinction entre Bundestag et Bundesrat, tout le monde la connaît.
- Bouhouhou.

J'ai pas du tout envie de prendre des tranquillisants quand je vois que j'ai un exposé à faire pour dans pas longtemps.

- Charlotte, tu prendras "le système de transports publics en Allemagne".
- Bouhouhou.

J'imagine ça d'ici, ça va être le carnage : Alors le système de transports publics, je sais pas trop, quand j'étais en Bavière j'avais pris le bus et le train, donc je sais que ça existe, et il y a des tickets, tout pareil comme chez nous. Et voilà, voilà.

Mais bon, c'est pas trop grave. C'est la même UE que les institutions politiques et administratives de l'Angleterre, et ça je maîtrise trop la race, même que j'ai appris la différence entre un county et un district, et ça, ça gère des fougères. 

(Oui, j'ai décidé de retourner progressivement au langage que je parlais en 1999. Je me dis que ça fera une chouette combinaison.)

7 commentaires:

  1. Je compatis. Du fond du coeur. Je suis moi-même en lutte pour pouvoir parler à mes collègues sans le sous-entendu "je suis française, parle doucement et surtout ne fais pas de blague car je ne les comprends pas!". Cela dit, violente la transition entre Aschenputtel et die internationalen relationen weiss-ich-was ! Courage

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  2. Putain ouais, l'allemand. L'allemand, quoi. Des histoires de Strubbel le Merschweinschen j'en ai bouffé je sais pas combien (d'ailleurs moi aussi j'avais ce livre d'allemand en troisième =p) Cela dit ça m'a jamais aidée, moi j'ai même pas appris les conjugaisons, j'ai réussi comme par miracle à avoir 14 à mon bac en allemand et ensuite j'ai mis le holà et j'ai dit que ç'en était trop pour moi. 10 ans d'allemand, et qu'en reste-t-il ? Strubbel le Merschweinschen. (C'est pas trop dur à taper Merschwhdhe... ce mot à 10h quand on vient de sauter du lit ? >.<)
    Comme quoi, les bases, y'a qu'ça de vrai.

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  3. Abibac Powaaaa =)
    Je soutiens ma section, tous mes désolés ^^

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  4. C'est marrant je pensais justement à Grenzenlos ! Mein Fuß tut weh !

    En tous cas, si ça peut t'aider pour ton exposé, sache que l'Allemagne revend ses vieux bus à la Russie, qui les utilise encore pendant une cinquantaine d'années... :p

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  5. Waaaaaaah enfer et damnatiooooooon...
    J'ai tapé miss-tindomerel.blogspot.com j'ai frôlé l'arrêt cardiaque quand le navigateur a affiché un pauvre "ce blog n'existe pas" WHAAAAAT???? :) Noooon mais ca va paaaaaaaaas??? :)
    Rha merci google... heureusement que tu es connue comme le loup blanc sur mon moteur de recherche préféré damn it... Après deux trois clics hop le forum hop ouuuuuf ton message salvateur...
    J'vais aller prendre des myorelaxants.... Ca va bien spasser...
    Ouf...
    Toujours aussi incroyable :) merci d'éclater mes z'oeils avec tes chroniques, fait un ptit bout dtemps que j'te lis (un sacré méga bout même quand j'y pense...) et... C'est toujours aussi agréable...
    Et là, pour le coup de l'Allemand, aaaaaaahhhhhhhh MERCI... Compassion... COMPASSION à 100%.... J'habite en Suisse, l'Allemand est une langue obligatoire à l'école... J'étais une BIATCH en la matière : niveau top of the pop, incoyable sur : ein zwei polizei, drei vier (ha j'avais écrit fier) offizier, fünf, sechs alte hex (?!?) sieben acht gute nach, neun zen (je sais même plus l'écrire zehn?! Zen?! bref) AUFWIEDERSEHN... Buntstift, Papagei, grün, gelb und blau... Au collège, tout continua correctement... J'assurais à fondlesballons en conjugaison de verbes irrégulier, der die das die, den dem pouèt pouèt et hin hin hin hiiiiiinnnnnn (musique de suspense fait bucalement pour des raisons de budget... Je fais vachement bien le chat aussi... :)) quand arrivèrent les années lycées ce fût la descente aux enfers... Retour au niveau ein zwei blablabla, mon cerveau a fait un fulgurant retour en arrière, un plongeon dans l'enfance et renié totalement cette douce langue de Goethe (enculé :) !) le problème étant que, pour passer son bac à priori, ca ne vaut même pas la moyenne... ACH!... Ich verstehe nicht :)...
    Personnellement, la seule chose que je sache dire en Allemand c'est : Do you speak english?? :)
    Ah comment ca fait du biennnnnnnnnnn !
    Merci :)
    Belle giornatta (hop italian touch ;) )

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  6. Je sens que le désespoir est à son comble, alors je vais te proposer un petit quelque chose!
    Mon ancien coloc' est allemande et toujours prête à rendre service ! ;)

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  7. d'ailleurs ce serait plutôt "mon ancienne coloc'"

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