mercredi 15 décembre 2010

Recette d'une comédie romantique réussie

 (Et sinon ça va, t'arrives à faire caca avec une coupe de cheveux aussi psycho-rigide?)


Il faut commencer par une héroïne qui aura deux critères principaux : 1) Elle nous donnera envie (à nous les filles, parce que bon soyons honnêtes, les seuls garçons que je connais qui regardent des comédies romantiques, c'est parce que leur copine les force) d'avoir sa vie, et 2) Elle aura des petits traits de caractère qui la feront s'identifier à nous (les filles).

En principe ça part pas trop mal, mais en général, Hollywood le grand phallocrate devant l'Eternel nous donne ça :

1) Sa vie est géniale parce que : elle vit dans une grande métropole (New York si elle est intelligente, Los Angeles si elle est branchée) (car oui, l'intelligence est optionnelle). Elle a une super carrière, mais UNIQUEMENT dans la pub, la mode, ou la rédaction d'un magazine féminin. (Parce qu'il faut quand même qu'elle puisse parler de ce qu'elle connaît, la loute. Donc les fringues, le maquillage, et la manipulation.) Elle est belle et elle s'habille trop bien, et elle a une super coupine trop méga rigolote, qui est toujours là pour elle et qui a autant de mal qu'elle à trouver l'amour dans cette grande ville. (Et en plus, elle est juste un petit peu moins jolie, comme ça elle lui sert de faire-valoir en même temps, mais c'est de l'or en barre ça!)

2) Elle a des petits tracas quotidiens qui nous rappellent notre propre vie : elle travaille tellement qu'elle n'a pas le temps d'avoir un copain (zut alors!), elle est tellement gentille que les gens profitent d'elle (han c'est trop triste!), elle en pince pour son boss mais il n'a d'yeux que pour cette poufiasse de secrétaire outrageusement maquillée (relou!), et, horreur fureur malheur, sa sœur vient de se marier alors qu'elle a DEUX ANS de moins qu'elle, ce qui la relègue, à vingt-neuf ans passés, au statut de "honte de la famille". (Oui, car le super boulot, la famille s'en fout, elle veut juste qu'elle trouve un homme pour s'occuper d'elle. C'est la famille qui a trop lu Twilight.)

Et surtout, les scénaristes des comédies romantiques, pour que la fille moyenne s'identifie bien à l'héroïne, qu'est-ce qu'ils lui ont rajouté comme trait de caractère? Eh ben, l'héroïne, elle est CHIANTE. MAIS CHIANTE! Mais pas chiante du genre chiante laïque, hein. Chiante, du genre psycho-rigide, vieille fille aux trois chats, chiante. "Ah non mets pas ta tasse sur ma table basse sans sous-verre!" "Ah non t'as changé un post-it de place sur mon bureau, je ne m'y retrouverai jamais, ma vie est fichue!" "Non, tu sors pas comme ça, cette chemise ne va pas avec ton pantalon, et de grâce rentre-moi cet ourlet avant que je fasse une crise". Tu vois, la fille normale, quoi. (Est-ce qu'on commence à voir que ce sont des hommes qui écrivent ces scénarios?)

Et là, au bout de trente minutes de film (pas trop tôt), on introduit l'élément perturbateur : l'élément perturbateur, c'est un nouvel employé qui va venir travailler avec l'héroïne pour collaborer sur un projet de pub/une signature de contrat/une nouvelle couverture mode/le dernier défilé de Milan.

Et donc ce nouvel employé, c'est un garçon très très beau (le genre qui va nous faire couiner et soupirer en tortillant des fesses sur notre siège de cinéma) : beaucoup de muscles, bien habillé, des jolis cheveux, un regard ténébreux (malheureusement, la plupart du temps, le regard est aussi totalement vide et inexpressif, c.f. Matthew Mc Conaughey) et un menton Gillette (indispensable!). Plus que l'homme, le MÂLE. C'est bien simple, à la vue de ses grosses paluches d'homme préhistorique, on n'a qu'une envie, c'est qu'il nous agrippe par les cheveux et qu'il nous jette dans une grotte. (Vous les sentez travailler, les ovaires, hein?)

Mais là, c'est le drame! Le garçon est un vrai mufle! Il traite notre héroïne comme une potiche, il est arrogant et vaniteux, il s'imagine qu'il sait tout mieux que tout le monde, bref, un vrai rustre. Et comme, de toute évidence, il se sent menacé par notre héroïne (ce qui n'est en fin de compte pas très étonnant, vu comme elle est casse-couilles) c'est la discorde totale. Ils se détestent, mais alors à un point! Ils se détestent tellement que trois mois plus tard, ils seront mariés. (Ça fera des belles histoires à raconter aux enfants, ça : "Écoute, quand j'ai rencontré ta mère, je me suis d'abord dit que c'était une grosse pétasse. Ensuite, j'ai été gagné par son charme. Mais en fin de compte j'avais raison, c'est une grosse pétasse.")

Eh oui, car les scénaristes, pour passer de "haine totale" à "amour guimauve les mains entrelacées dans le coucher de soleil", utilisent le pass magique des comédies romantiques.

D'abord, au fil des jours, la fille apprendra que de temps en temps, ce n'est pas nécessaire de faire une crise d'apoplexie si le siège des toilettes est levé, et se laissera gagner par le charme bourru du garçon, qui est dans le fond un grand sensible, et qui, sous ses abords de séducteur misogyne, est en fait un grand enfant qui a du mal à cacher sa peur des femmes. Donc cette partie, elle nous apprend, à nous les filles : 1) les hommes peuvent changer (alors là, on est pas au bout de nos peines) et 2) pour rendre le plus macho des hommes doux comme un agneau, il suffit de le traiter comme si c'était ton enfant. Ce qui n'est pas malsain du tout! Non non!

De son côté, le garçon va apprendre à exprimer son côté sensible au contact de cette femme si sublime et épanouie, dont il va apprendre à aimer le côté exubérant qui se cache sous son chignon et ses lunettes rectangulaires. Cette partie est faite pour les garçons qu'on a traînés voir le film, pour leur montrer que 1) Si la fille a l'air frigide, glaciale et castratrice, jackpot, c'est une chaudasse cachée. (Alors que 99% du temps, te fais pas d'illusions, mec, c'est juste une frigide.) Ça leur apprend aussi que TOUTES les filles sont des ÉNORMES chieuses, même les héroïnes de comédies romantiques, alors sois content d'avoir la tienne, et si tu lui offres des bijoux à 22 carats de temps en temps, elle t'épousera dans un battement de cil.

(D'ailleurs, je tiens à préciser ceci, parce que je vois trop de garçons se contenter de filles chiantes dans l'idée fausse que ce n'est pas mieux ailleurs. Mais non les mecs! C'est pas un vice de fabrication avec lequel il faut vivre! C'est comme les filles qui se contentent de mecs hyper jaloux en pensant que c'est "un truc de mecs". Non Ginette, ça ne veut pas dire qu'il t'aime plus! Ça veut juste dire qu'il est con!)

(Et je tiens juste à dire aux scénaristes : si leurs héros doivent surmonter autant d'obstacles et fournir autant d'efforts rien que pour tomber amoureux, j'ai du mal à imaginer comment ça va se passer pour la suite.)

Bon, la suite, c'est qu'il y a un quiproquo qui survient juste quand nos héros commençaient à tomber amoureux, et la fille / le garçon a le cœur brisé : "J'ai été trop stupide de croire que tu pouvais être sincère alors que toute cette histoire était seulement un pari / un coup monté pour décrocher ce contrat publicitaire / un prétexte pour écrire ton article pour ce magazine féminin ! Je ne pourrais jamais plus te faire confiance et je ne veux jamais te reparler!"

Là, on a une musique triste pendant que le fautif de l'histoire se repent. Et puis au moment où le héros/l'héroïne décide de monter dans un avion pour Chicago pour changer de vie (Vous avez remarqué que dans les films, tous genres confondus, quand les gens ont le cœur brisé, ils vont à Chicago? Ça donne pas envie d'y aller je trouve. Genre tu descends de l'avion et y'a des gens en pleurs partout.) 

A ce moment-là, donc,  la meilleure amie (ou le meilleur ami du garçon - car oui, il existe, en général il sert d'élément comique, et éventuellement il couche avec la meilleure amie de l'héroïne) vient raconter la vérité, le héros/l'héroïne va se jeter dans les bras de l'être aimé, force réjouissances, mariage, pièce montée, cinquante demoiselles d'honneur en robe rose bonbon, trois cents invités ("Han mais j'ai trop d'amis-an!" Vas-y arrête de te la péter, dis-le que t'as invité tous tes contacts Facebook).

Et ensuite, on sait pas trop. Personnellement, je pense qu'ils divorcent, parce qu'au bout de six mois, l'héroïne se rend compte que c'est beaucoup plus difficile de dresser un mari que de dresser un chien (elle jette l'éponge à peu près au moment où il refuse de s'asseoir pour pisser).


PS : Non, je dis des méchancetés, mais y'a pire que ça, au cinéma. Ils vont faire un biopic sur Justin Bieber, quand même. (Un biopic! Il a 16 ans!! Tu vas nous montrer quoi pendant une heure et demie, ses photos de classe?)

3 commentaires:

  1. Je sais pas si on te l'a déjà dit, mais je trouve que tu ressembles à la nouvelle miss France. En tout cas maintenant c'est dit !

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  2. (Un commentaire qui a quelque chose à voir avec l'article pour changer =p Et non, je ne zieute pas avec insistance vers la case du commentaire d'au-dessus)
    Franchement ça fait vraiment Sex and the City, on dirait pile poil l'histoire Carrie/Burger. Cela dit il s'appelle quand même Burger, on aurait pu s'en douter qu'il avait des problèmes psychologiques cachés.
    Hein ? Mais non non, je connais pas du tout toutes les saisons par coeur =P

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  3. Aaah, j'adore xD
    T'as tout à fait cerné la comédie romantique, c'est clair!

    Et je suis d'accord concernant le biopic de Justin Bieber ; c'est comme toutes les biographies de Robert Pattinson et de Taylor Lautner : à leur âge, il s'est encore rien passé dans leur vie (Ah si, ils ont appris à marcher et à plus faire dans leur lange, c'est déjà bien).

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