dimanche 23 octobre 2011

 (moi aussi je veux une bibliothèque avec des sièges-escabeau!)

Donc, au cas où tu savais pas, je suis dans une situation estudiantine en ce moment.

Pour résumer, ça veut dire que j'ai plein de livres et pas un rond. En gros, c'est comme être un jeune dans la vie active, sauf que, dans mon appart, j'ai une déco d'étudiant :

- Des meubles récupérés chez papapa/mamama et à la déchetterie, voire dans la cave de mon immeuble (ouais, mais des chaises en plastiques à peine fendues! J'allais quand même pas les jeter!)
- Des posters de films qui sont sortis y'a cinq ans et que je décroche tous les ans quand je change d'appart. (Et du coup, chaque année, j'arrache un bout de coin, et mon poster rectangulaire est presque rond maintenant)
- De la vaisselle qu'on avait offerte en cadeau de mariage à ma mamie (le PREMIER mariage).
- TOUS les verres Mac Do.
- Un mini-frigo, un mini-four, deux plaques électriques, pas de congélateur.
- Deux matelas de l'armée par terre pour faire un lit, et une planche coincée entre le mur et le matelas pour faire une table de nuit.
- Et tout le reste c'est des trucs Ikéa.

Donc je suis en situation estudiantine pour la dernière année de ma vie (je dirais bien "j'espère" pour faire modeste, mais je suis une boss des études, alors je m'en fous).

Et comme études, j'ai choisi de faire de la communication internationale, pour amener la paix entre les peuples (ou bien pour gagner beaucoup d'argent en vendant des BMW à des vieux Suisses, j'ai pas encore tout à fait choisi).

Du coup, j'étudie à L'ITI-RI : l'institut des traducteurs, des interprètes, et des relations internationales (T'auras compris, je suis le RI de l'ITI-RI). Et j'étudie des trucs hyper cool, comme la communication interculturelle, comment monter un journal interne, comment faire le buzz sur Internet, comment utiliser Photoshop, ou encore quelle police il faut utiliser quand tu veux écrire un roman (tout est utile pour ma vie future! C'est formidable).

Et on a des vrais gens qui viennent nous parler, de la race des pas-profs pour estudiantins, mais de la race de "oh m'emmerdez pas j'ai un vrai travail moi, j'ai pas le temps de corriger votre travail, 14 pour tout le monde". C'est assez cool.

(En vrai c'est cool parce que c'est des professionnels, hein. Ils nous font quand même des contrôles continus. Les bâtards.)

Donc je suis super contente de ma formation et de mes études. Surtout parce que j'ai le pire point de comparaison de l'histoire de l'éducation supérieure. (Esprit de Marc Bloch, m'entends-tu?). Du coup, je me réjouis très souvent :

- Ca y est, on a vos plannings! Désolé hein, c'est que pour les deux semaines qui viennent.
- Quoi? On a l'emploi du temps DEUX SEMAINES en avance? C'est le paradis!

Tout me surprend, à l'ITI-RI.

D'abord, tous les jours je vais en cours, et les profs sont là. 

Sobres, et tout!

(Eh, j'étais au département d'études russes, moi, madame, c'était de la probabilité 50/50.)

Ils apportent leur matériel, ils nous font même des Powerpoint (c'est un genre de miracle de la technologie). La dernière fois y'en a un qui nous a donné des photocopies, j'ai failli m'évanouir. Même pas il nous a demandé de le payer dix centimes par personne! (oui, toujours les profs de russe)

Du coup je suis hyper contente tout le temps.

Le seul problème avec la formation, c'est le bâtiment.

C'est un peu comme si l'architecte avait décidé de faire, non pas un thème "Le Pangloss, rencontre des cultures", mais plutôt "Le Pangloss, invention du Malin".

Le pire, c'est qu'on est pas les seuls à en souffrir, nous les futurs interprètes, traducteurs, relations internationaleurs. Y'a aussi plein de jeunes Chinois qui souffrent à l'étage au-dessus de nous, l'étage où les gens apprennent à parler français. 

(Y'a pas que des Chinois, y'a aussi des Américains. Je le sais parce que je les entends parler dans les couloirs et c'est dur de se méprendre. Déjà parce qu'il se hurlent dessus genre OH J'SUIS AMERICAIN LA T'AS COMPRIS OU PAS? mais aussi parce qu'ils parlent comme s'ils avaient avalé un bocal d'allergènes : là là là mon nez est complètement bouché, c'est pas grave je vais parler à travers quand même. Et aussi, bien sûr, pour CA.)

Mais je fais fi des différences culturelles (même quand les Chinois reniflent devant ma face et que j'ai juste envie de leur catapulter des mouchoirs à la tête avec une petite catapulte que je construirais à cet effet), parce qu'on est tous dans le même bateau. Le bateau du Pangloss invention du Malin.

J'te dis pas l'image de la France qu'ils doivent se taper, les Chinois. Ça va leur donner encore plus de raisons de nous acheter notre triple A. (Je dis des trucs d'économie, comme ça, dans le texte, ça me donne l'air intelligent. En vrai, triple A, pour moi, c'est les piles des télécommandes.)

Bon, déjà, l'aspect de la chose :


Donc voilà, déjà l'architecte, on sent que sa vie n'allait pas trop sur les chapeaux de roues. Peut-être que sa femme venait de le quitter, peut-être qu'il avait sombré dans l'alcool. Quoi qu'il en soit, il a dû se passer quelque chose d'horrible dans sa vie pour qu'il pense ça :

- Hmm, je dois faire un bâtiment pour éduquer les futurs représentants de la France à l'international. Je sais! Je vais faire un énorme bloc de béton, je vais ni l'isoler, ni même le peindre, comme ça on se caillera toujours les miches à l'intérieur. Par contre je vais rajouter un bout de faux bois pour faire naturel. Mais pas de fenêtres, non non non. Juste des tout petits soupiraux, pour que les étudiants voient jamais jamais la lumière du jour. Et pour être bien sûr qu'ils voient pas la lumière, je vais mettre une énorme grille devant les fenêtres. Comme ça ils peuvent ni s'échapper, ni se suicider, ni voir la lumière. Ils peuvent juste déprimer dans leurs salles noires. 

Oui, parce qu'en plus, il a décidé de peindre toutes les salles en noir. Avec des portes rouges. (C'est bien, ça fait jeune, ça fait gothique.)

Après, pour l'agencement intérieur, il s'est encore plus surpassé:

- Je sais ! Je vais faire un énorme hall de 90 mètres carrés, qui va résonner en permanence sur le béton et être plein de courants d'air! Et puis comme je veux un grand grand hall, on va l'étendre sur le rez-de-chaussée ET le premier étage!
- Et les salles de cours?
- Ben on en fera des minuscules. Tant pis, ils ont qu'à se tasser, je m'en fous, je veux mon hall, j'ai une vision.

On apprécie énormément cette vision, aujourd'hui. Quand on doit se tasser dans une salle alors qu'on est treize élèves. Plus le prof, ça veut dire qu'on a des salles qui sont tout juste assez grandes pour QUATORZE personnes. Mais on a un hall de quatre mille mètres cubes, c'est trop super.

Mais attention, quand je dis que c'est un hall, c'est vraiment un hall. Y'a RIEN dedans. Y'a des chaises le long des vitres, le long du mur d'en face, à huit kilomètres de distance, y'a les portes des salles de classe, et entre, c'est un abîme de rien.

Le mieux, c'est qu'on a quand même eu le droit d'annexer dix mètres carrés de hall pour faire (tam tam) une CAFETERIA.

Attention, définition de la cafétéria : cinq tables, deux machines à café, une machine à Snickers. Et ÉVIDEMMENT tout le monde s'agglutine là-dedans, vu que personne veut aller se cailler le cul dans le hall de huit millions de mètres carrés où y'a même pas de chocolat chaud.

J'ai un peu l'impression qu'on se fout de notre gueule.

- Bonjour, bienvenue à l'ITI-RI, veuillez payer un rein en dix versements s'il vous plaît.
- Et sinon, on peut avoir un micro-ondes dans la cafétéria?
- Hum, laissez-moi faire semblant de prendre le temps d'y réfléchir. Non.

Mais tout ça, c'est rien à côté de : l'amphi de la mort.

C'est un amphi qui souffle de l'air froid perpétuellement. Donc, par exemple, quand il fait 20 degrés dehors, je viens en cours en T-Shirt, j'entre dans le bâtiment, je mets un pull (si si!) et je rentre dans l'amphi. Et quand il fait -10 degrés dehors... ON SE LES PÈLE SA MÈRE. (En fait, à peu près toute l'année, on se les pèle sa mère.)

Alors que dans le reste du bâtiment, ouh là là, on a le système de chauffage le plus sophistiqué du monde!

Sérieusement, l'ingénieur qui a conçu cette chose mériterait d'être emprisonné dans son propre système de ventilation. 

Parce que le chauffage, il marche avec un thermostat qui envoie de l'air chaud quand il décide qu'il fait froid dans la pièce. Sauf que le thermostat, c'est UN PUTAIN DE ROBOT QUI N'A JAMAIS FROID!

Sérieusement, on est dans un bâtiment en béton pas isolé du tout, avec des fenêtres sans joints. Et le thermostat, il a jamais froid!

- Non non, il fait cinq degrés dans la pièce et vous êtes assis depuis deux heures, mais c'est pas la peine d'envoyer de l'air chaud. Quand vous pliez vos doigts engourdis pour faire revenir un peu de sensation dedans, est-ce que vos larmes de douleur gèlent sur votre visage? Non? Eh ben alors!

Bon, heureusement, il existe la parade du mouchoir mouillé. 

C'est un peu un mystère de l'univers, comme l'existence de Dieu, ou bien pourquoi est-ce que c'est impossible de déplacer un mec bourré. Mais quand on met un mouchoir mouillé sur le thermostat, d'un coup, il a froid. C'est un peu sa kryptonite. (Et nous on est contents, on a du chauffage.)

Donc, tout ça pour résumer : l'ITI-RI : super études, bâtiment pourri. 

Soyez gentils, faites un effort. 

Au moins faites sortir les Chinois.

8 commentaires:

  1. Wai bin ces chinois, qui c'est qui se les tape, qui leur apprend le français et qui perd tout espoir d'y arriver un jour ... c'est bibi !

    Et qui est-ce qui va y croupir à vie dans ce Pangloss ... c'est bibi !

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  2. Mouahaha, Janice!

    Et oui, c'est l'instrument de la mort, ce bâtiment. On aurait dû obliger l'architecte à faire un an d'études dedans. Comme on aurait dû obliger le président de l'UdS à suivre des cours dans SON université avant qu'il signe ce "Projet Campus" qui ne sert à rien parce qu'avant, on avait DÉJÀ des routes, alors qu'avant on n'avait pas de chauffage ni de prises électriques qui fonctionne, et après, toujours pas.

    Bravo, l'efficacité et le "ouiiii, mon université va être beeelle de l'extérieur, ouiiii" (prendre de la voix de soit: un gay stéréotypé, ou alors le Dr Denfer. Comme tu veux.)

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  3. Rolalala les souvenirs que ça me renvoie en pleine face !!
    Mais malgré tout les inconvénients, ça me manque l'ITI-RI !!! J'y ai passé des moments fabuleux avec des gens fabuleux (Je dis pas que tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, mais ma promo et une bonne partie du personnel étaient super)
    En tout cas, merci, ça m'a bien fait rire... et ça m'a collé une larme à l'oeil !

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  4. Tu me rassures sur un point, (enfin rassurer est un grand mot)...il n'y a pas que les chinoises de ma promo qui reniflent et ne se mouchent jamais...c'est quoi leur délire? concours de celui qui garde sa morve le plus longtemps? Sérieusement j'ai déjà hésité à leur offrir des paquets de mouchoirs, ils n'ont sûrement pas ça là bas....

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  5. Cet article a eu du succès auprès de ma promo de traducteurs !
    Il nous rendrait presque nostalgiques, dis-donc.

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  6. Comme d'hab Chacha, tu illumines ma journée! Je pense sérieusement à balancer l'adresse de ton blog sur mon mur Fbk.... histoire de faire circuler l'info (héhé intelligence éco kan tu nous tiens!)pck ya plein de gens dépressifs comme moi qui demandent qu'à rire un bon coup :)

    Ah oui et t'as pas parlé des toilettes, mais y'aurait eu des sacrés trucs à dire lol ;) mais bon... on va pas entrer en mode "scato"

    Jte bisoute

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  7. Hahaha la parade du mouchoir mouillé ! Je suis en M1 traduction et on nous y a déjà initié, je ne savais pas que c'était si répandu ! Sinon super article qui m'ouvre les yeux sur les gros défauts du Pangloss, je ne verrai plus jamais ce bâtiment de la même manière !

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