mardi 28 février 2012

Hééé... Tu veux la drooogue?


(Salut, je suis un drogué Gettyimages, je me fais des rails de sucre en poudre avant d'aller à la Bourse)


Professeur Flaxou et moi, on est un peu un couple de puritains concernant les paradis artificiels.

C’est-à-dire que mon expérience se résume à… rien du tout.

Oui, c’est dur à croire, je sais. Ma mère ne m’a jamais cru, d’ailleurs. Quand est arrivé le moment où il a fallu me parler des choses de la vie (les abeilles, les fleurs, l’héroïne, tout ça), ça a donné une conversation un peu comme ça :

- Bon, et puis tu sais, la drogue, c’est mauvais.
- Je sais.
- A ton âge, c’est sûr, on ne voit pas les dangers, on a envie d’expérimenter…
- Non, mais en fait, j’ai pas spécialement envie.
- Charlotte. Ne me mens pas. Je sais que tu as déjà essayé la drogue.
- Quoi ? Mais non !
- Oh, allez ! Tu vas me dire que t’as jamais tiré sur un pétard ?
- Ben, non !
- Ecoute, je suis peut-être ta mère, mais je ne suis pas stupide ! Moi aussi j’ai été jeune !
- Mais je…
- Moi aussi j’ai pris du LSD !

Eh ben heureusement que j’ai jamais pris de drogues, parce qu’avec la conversation suivante, j’aurais pu remballer ma mère toute ma vie à chaque fois qu’elle m’aurait dit « Ceci est une intervention ».

- T’as pris du LSD ?
- Mais je savais pas ! C’était dans la bouteille de gin que ce mec m’a tendu en boîte. J’allais pas non plus vérifier chaque bouteille qu’un inconnu me filait !

C’était une autre époque, c’est ça qu’il faut se dire.

- Non, et puis MOI je le connaissais pas, mais c’était un ami de Michèle.
- Michèle ? Ma MARRAINE Michèle ?

OK, c’est super, ma marraine connaissait des gens qui droguaient les jeunes filles à leur insu. Tout va bien.

- Non, mais c’était rigolo, parce que du coup, on en avait toutes pris, et après Nadine était allongée dans un champ de poireaux et on arrivait pas à la relever…
- Nadine ? La marraine de ma sœur, Nadine ?

De mieux en mieux.

- Mais bon, on a rien dit à ton père, sinon il nous aurait engueulées.
- Ben oui, accepter de l’alcool de gens qu’on connaît pas !
- Mais non, pas pour ça ! Il nous aurait engueulé parce qu’on est rentrées en voiture ! Tu sais, ton père, ça a toujours été un peu un rabat-joie.

Ah oui, c’est sûr. C’est super joyeux de faire Mulhouse-Kaysersberg en voiture à quatre heures du mat’ quand on voit à peine la route parce qu’elle se fond dans une forêt enchantée (sic.)

Cette conversation m’a complètement traumatisée. (Surtout quand j’ai appris que c’est ce soir-là que ma mère, complètement fonce-dé, a dit à ses amies « Je vous aime et si j’ai des enfants vous serez les marraines ! » C’est du joli.)

Du coup, je sais pas si c’était juste pour emmerder ma mère parce qu’elle me croyait pas, mais j’ai jamais essayé de drogue, même pas des douces. Jusqu’en 2007, j’avais même jamais essayé la clope ; ensuite j’ai tiré une taffe des clopes soviétiques à 17 roubles d’Adèle, par un bel après-midi à Kitaï Gorod (comment je me la pète, genre je connais les noms des quartiers de Moscou – en fait c’était juste quelque part à Moscou, je sais plus trop où, y’avait un étang et des canards, c’était très joli) et tout le monde s’est foutu de ma gueule :

- Nan, mais là, tu crapotes ! Faut avaler la fumée !

Donc moi, j’ai avalé la fumée comme t’avales un verre d’eau, normal ! Ensuite j’ai failli mourir étouffée et tout le monde a rigolé, parce qu’apparemment, c’est pas comme ça qu’on avale la fumée (mais c’est comme ça qu’on chope un cancer du larynx). Je sais pas, moi, on me dit d’avaler, j’avale !

ATTENTION : La phrase ci-dessus ne doit en aucun cas être sortie de son contexte. T’es gentil.

Cette première expérience avec la cigarette n’a donc pas été très concluante (après, j’avais un mal de tête et un goût de vieux cendrier dans la bouche pendant 12 heures). (Bon, c’était peut-être parce que c’étaient les clopes les moins chères de toute la Russie, ceci explique cela.)

Ensuite, une autre fois, j’ai fumé une chicha (et là, laisse tomber, on me la fait pas à l’envers, j’ai rien avalé du tout), mais c’était pas de la drogue, c’était juste du charbon parfumé à l’orange.

(Juste du charbon. Pas de souci. Ça se saurait si le charbon c’était mauvais pour la santé. Regarde les mineurs dans « Germinal » : c’est des chochottes, c’est tout.)

Et mon expérience avec les choses qui se fument se résume à ça.

(Mon expérience avec les choses qui s’injectent se résume à mon rappel diphtérie-tétanos-polio, et mon expérience avec les choses qui se sniffent se résume à ma morve.)

Et quant à Professeur Flaxou, c’est un peu plus insidieux (et beaucoup plus marrant).

Parce que, vois-tu, Professeur Flaxou, son expérience avec la drogue c’est : 3 taffes sur un joint en une soirée (suite à quoi il a passé la nuit à vomir).

Par contre, Professeur Flaxou, il a un physique un peu spécial au niveau du visage : il a des cernes.

Mais alors, quand je te dis des cernes, c’est pas des cernes laïques, hein ! C’est pas genre « Oh j’ai mal dormi la nuit dernière, j’ai des cernes ! » C’est genre « Oh j’ai pas dormi depuis soixante ans et tous les matins je me verse du jus de citron dans les yeux », ce genre de cernes.

En plus, trois mois de l’année, il fait une allergie au pollen, et ses yeux passent de bleus et jolis à rouges et gonflés (avec occasionnellement des petites larmes qui suintent de ses paupières bouffies, c’est charmant).

Du coup, tout le monde essaye de lui vendre de la beuh.

(En plus, si Professeur Flaxou voulait acheter de la drogue, je pense qu’il préférerait simplement traverser le couloir et aller chez notre voisin le dealer, qui embaume l’ascenseur avec ses odeurs de chichon (un jour je suis montée jusqu’au huitième avec lui, je te jure, j’étais un peu stone rien qu’avec ça)).

Mais quand je dis « ils essayent », c’est pas « Psst ! Tu veux la drogue ? ». C’est des mecs, quand ils voient des clients potentiels, ils font pas semblant, hein !

Par exemple, un soir, Professeur Flaxou prenait le train, et faisait un somme dedans. D’un seul coup, il sent une main qui le secoue. Il ouvre les yeux, et devine quoi ? Ouais, c’était un mec qui l’avait réveillé pour lui vendre de la drogue !

(En bonne communicante, quand il m’a raconté l’histoire, après avoir rigolé un peu, je me suis surtout indignée face à la stratégie de com employée par le dealer. Merde, mais c’est complètement contre-productif, comme attitude !)

(En même temps, quelque chose me dit que les dealers suivent rarement des cours de marketing.)

Et alors, hier, c’était quand même le top du top.

Professeur Flaxou était sur son vélo, et allait à un entretien d’embauche. Donc faut l’imaginer en costard, avec une cravate, des belles chaussures, et son SUBLIME VTT vert et rose de quand Décathlon avait qu’une seule marque (la marque « Décathlon »).

Et là, y’a un mec qui le voit, qui se fout sur la route, qui manque de se faire renverser par une voiture, qui barre le passage à Professeur Flaxou avec ses bras, et qui lui dit :

- Eh ? Bien ou bien ? Tu veux acheter du matos ou quoi ?

(Comme quoi, c’est la crise pour  tout le monde : même les dealers se jettent sous les roues des voitures pour éviter la faillite.)

Et sinon, je sais pas comment finir mon article, alors je finirai par la parade (bien connue des Skyblogs) de la question « lâche tes coms » : et toi, on a déjà essayé de te vendre des trucs illégaux ? (beuh, coke, feux d’artifices en provenance d’Allemagne ?) 


(Tu peux te lâcher, je suis pas Vigipirate.)

5 commentaires:

  1. On a jamais essayé de m'en vendre mais on m'a demandé si j'en avais : une fois à la gare un soir alors que j'étais encore mineure, un type m'a dit "dis, t'as pas du shit, j'suis trop en manque", j'ai rigolé mais lui pas. (alors après j'ai dit "non désolée" et je suis partie)

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  2. Oui, on essaye souvent de m'en vendre. Mais maintenant je sais pourquoi, c'est parce que j'ai des cernes ! Merci d'avoir éclairci ce grand mystère :D.

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  3. Personne a jamais essayé de me vendre de drogue mais j'ai pas de cerne ça doit jouer. Par contre j'ai une tête de carte routière même si ça n'a aucun rapport.

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  4. on a jamais essayé de m'en vendre, par contre j en ai déjà acheté, enfin, racheté, hein, c etait au lycée, y avait un mec qui prenait tous les risques à aller dans les quartiers sombres récuperer le shit et nous on lui rachetait, quoi...enfin ca m a pas duré longtemps, parce que je fumais deja la clope et que bon, prendre 20frs (et oui, c etait les francs!)dans le porte monnaie de ma mere,[ pour acheter mon paquet de philip morris à 18frs70 (putainnnn ca a augmenté, c etait 18frs50!!)et le reste de la monnaie en petits oursons,] en pretextant que c etait pour acheter un sandwich a midi, ca allait, mais le chichon c etait plus chere, pis fallait encore acheter l ocb et le tabac, quoi!! doooonnnnc ca m a duré que quelques mois, j etais jeune et conne, quoi! et la clope m a duré quelques années, mais ca fait bien 7 ou 8 ans que j en ai pas touché une! (mes parents, par contre, eux, on repris, apres 15 ans d arret, comme des couillons quoi!)

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  5. Ah ouais y'a longtemps!
    Ben figure toi qu'à cette époque j'étais jeune et naïve, et avec un copain on descend à Arnaud B., un quartier de Toulouse un peu roots bourré de marocains qui vendent du thé à la menthe et des clopes de contrebande -dégueulasses d'ailleurs-, pour aller chercher jesaisplusquoi. Et là y'a un mec qui me parle, pas très fort, alors je comprenais pas et je traverse la route pour savoir ce qu'il me voulait pendant que mon pote me disait "sonia revieeeens", et en fait, j'avais quinze ans et il essayait de me vendre du shit. ça m'a marquée je savais même pas à quoi ça ressemblait, j'avais même pas pigé pourquoi il chuchotait. Puis Pierre m'a passé un savon "tu croyais qu'ils vendaient des poupées barbies et leur licorne en plastique à Arnaud Bernard??!" ^^'

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