mercredi 13 juin 2012

Moi je n'ai pas changéééé d'adresse


Ce week-end je suis remontée dans le temps.

Je suis revenue à cet après-midi de juin 2006, enfermées dans la petite chambre de Sarah, sous le regard bienveillant de son poster de Johnny Depp. On était là, toutes les six : Amélie, Sarah, Caro, Nono, Marie, et moi. 

On était là parce que c'était la fin de la Terminale, parce qu'on voulait célébrer la fin de notre enfance et le début de notre brillant avenir. Parce qu'on avait peur, aussi, que la vie nous sépare, et qu'on voulait avoir un prétexte pour se retrouver et se raconter notre vie.

Alors on a eu l'idée des boîtes.

Six boîtes, pour les six d'entre nous. Six boîtes où on mettrait un condensé de ce qu'on était à cet instant précis. Des objets qui nous définissaient, nos chansons préférées, nos délires perso. L'idée de ce qu'on se faisait de notre avenir, nos rêves, nos envies. Et des lettres. Cinq lettres pour chacune d'entre nous, à conserver précieusement, et à ouvrir six ans plus tard.

Je me souviens de les avoir regardées en 2006 et d'avoir essayé d'imaginer à quoi elles pourraient ressembler. A quoi moi, je pourrais ressembler. 


Je nous imaginais toutes avec des cheveux lisses et soyeux, des sacs à main en cuir noir verni, habillées avec des pantalons de lin ou des jupes-fourreau et des petits chemisiers de soie, parce que bon, on serait des adultes, quoi. Je nous imaginais avec des boulots de ouf et avec des enfants dans des poussettes, parce que bon, 2012 c'était la quatrième dimension tellement c'était loin dans le futur.

Et je suis repartie chez moi en 2006, avec ma boîte sous le bras. Je l'ai rangée dans ma chambre, sous mon armoire. 

Et puis, en juin 2012, j'ai pris la boîte sous le bras, je l'ai fourguée dans le coffre de ma Clio, et je suis allée chez Sarah, pour retrouver les filles.

En 2006, je nous imaginais toutes tellement graves et sérieuses. Tellement adultes. Et on est arrivées en jean et T-Shirt. Sans mari, sans bébé. J'ai vu Sarah tourner sa mèche de cheveux dans ses doigts, et c'était comme si on était à nouveau dans sa petite chambre sous les combles, comme si c'était le lendemain des boîtes et qu'on avait juste dormi un peu plus longtemps que d'habitude.

Alors, c'est sûr, on a changé. On a pris quelques kilos, Caro est devenue blonde. Je me suis fiancée. Amélie, Sarah et Nono ont un boulot. 

Et je me suis dit qu'on était toutes à des kilomètres de ce qu'on s'imaginait être ce jour-là. En 2006, je m'imaginais à 23 ans, interprète à l'ONU, voyageant entre mon appartement sur les toits de New York et des milliers de chambres d'hôtels de luxe aux quatre coins du monde, entamant une folle histoire d'amour passionnelle et romantique avec un chercheur britannique de passage sur le point de découvrir comment guérir le cancer (mais il arrive à trouver du temps pour moi quand même). 

Et même si rien de tout ça ne s'est réalisé, c'est pas grave.

Parce que dans la boîte à objets, j'ai retrouvé mon carnet de 2006. Le carnet que je sortais dès que j'apprenais un nouveau mot (nan mais sérieux, j'ai appris "intrinsèque" en 2006? La te-bé quoi) ou dès que Sarah disait une connerie. Le carnet dans lequel j'écrivais mes longs monologues intérieurs sur la vie, la mort, l'amour, la guerre et la paix (dans une prose digne de Marc Lévy) quand j'attendais dans la voiture de ma mère quand elle allait faire les courses. Le carnet que j'ai emmené à New York et qui m'a servi de carnet de voyage, alors que j'en avais un autre mais que j'avais écrit des trucs vachement moins intéressants dedans (genre j'ai écrit que c'était difficile de sélectionner la musique à mettre dans mon MP3 parce qu'il y avait de la place que pour 34 MORCEAUX). 

Dans la boîte à souvenirs, j'ai relu le poème que m'avait écrit Florent quand je m'étais faite larguer par mon mec, et que j'avais gardé dans ma poche pendant trois mois, parce que dès que je me sentais un peu triste, je le relisais, et il me faisait sourire. 

Dans la boîte à délires, j'ai découvert des papiers de Carambar que j'avais mis là parce que les blagues me faisaient rire, je les ai relues, et elles me font toujours rire. 

(Comment appelle-t-on un lapin sourd? LAPIN!) 

(Oui, je sais, il me faut pas grand-chose). 

Dans la boîte à musique, j'ai trouvé du Scorpions (que j'écoute encore) et du Yann Tiersen (que j'écoute plus du tout)Et dans la boîte à rêves, j'ai retrouvé la carte de Nouvelle-Zélande que j'avais découpée dans un magazine de voyages.


Alors je suis contente qu'on ait fait nos petites capsules temporelles. Parce que, même si ça faisait un peu bizarre de revoir les filles avec lesquelles je m'étais fâchée il y a des années, ça faisait aussi du bien. Ça remettait en perspective les engueulades et les boudages dans les coins. Ça les faisait apparaître pour ce qu'ils ont vraiment été : des trucs pas importants.


Parce que le week-end dernier, au milieu des litres de Coca, des muffins au Nutella, du racontage de vie, et des blagues de cul entre deux bouchées de Schoko-Bons, c'était comme si ces six ans ne s'étaient jamais passés.



3 commentaires:

  1. C'est toujours moi la plus bronzée! ^^

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  2. <3

    (et en fait à bien y réfléchir, je crois que moi aussi je m'imaginais en chemisier blanc et tailleur débarquant d'un avion ....)

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  3. J'comprends,... ce sont de beaux moments ... bonnes routes à toutes!

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