vendredi 5 juillet 2013

Vis ma vie de fausse toxico.

Et donc, en ce moment, je suis en train de renouveler mon visa.


(Oui, je sais, mais le retour en France c'est pas pour tout de suite. Pleure pas, petite sirène.)

Et pour ça, je dois remplir plein de papiers, emmerder mes amis pour qu'ils témoignent que j'existe vraiment et que je vis vraiment en Nouvelle-Zélande, et emmerder mon patron pour qu'il remplisse plein de papiers aussi (des trucs pour dire "si si je la connais, elle bosse chez nous, non mais vraiment j'vous jure c'est pas des bobards").

D'ailleurs, il paraît que, des fois, les gens de l'immigration peuvent même débarquer comme ça à l'improviste à ton bureau. Histoire de voir si je bosse vraiment, des fois que mon patron et moi, on fasse tous les deux partie du crime organisé (après tout, il est Russe, ça se comprend).

(Enfin, s'ils débarquent comme ça à mon boulot, ils vont bien rigoler les fonctionnaires, moi je bosse de nuit.)

Et en plus de tous ces papiers, je dois aussi passer un examen médical complet.

C'est donc le cœur rempli d'allégresse tu t'en doutes que je suis allée à mon rendez-vous de lundi matin. Ma première visite chez le médecin depuis que je suis ici! (Ce climat me réussit.)

La visite médicale pour l'immigration, c'est comme une visite médicale normale, sauf que chaque personne que tu vois te demande ton passeport (vous pouvez pas le photocopier une fois pour toute, les gars? Ou, je sais pas moi, vous passer le mot?). Sinon c'est tout pareil.

J'étais chez une dame qui a pris ma tension et a vérifié si je savais lire la toute petite ligne de texte avec exprès des lettres traîtres (va faire la différence entre un H et un N quand t'es à un kilomètre de l'affiche, toi). Elle m'a aussi fait monter sur la balance, même si je trouve que c'était pas très fair-play de sa part.

- Enlevez vos chaussures et montez sur la balance, s'il vous plaît.
- Hein? Juste les chaussures? Mais c'est pas du jeu!

Madame le médecin, je te mets au jus si jamais t'es pas au courant, mais chez les mous du bide, on a certaines règles regardant la balance : c'est-à-dire qu'on se pèse à poil, et le matin, avant d'avoir mangé. Comme ça on enlève le plus de poids parasite possible et on a un tout petit peu moins envie de pleurer quand on lit le chiffre fatidique.

(Des fois même je fais pipi alors que j'ai même pas envie, juste pour enlever encore un peu de masse.)

Donc, je tiens à dire à la madame médecin : j'avais au moins un kilo de fringues sur moi, et en plus je venais de manger et en dessert j'avais pris un cookie (si j'avais su!) donc steuplaît ne me juge pas, ci-mer.

Et puis, en vrac, j'ai aussi passé un examen où on a regardé mes yeux, mes oreilles, ma bouche et même mes trous de nez (POURQUOI?), une radio des poumons des fois que j'aurais la tuberculose et que je l'aurais embarquée clandestinement (genre je viens d'un pays qui a la couverture maladie universelle, mais je veux me faire soigner ici, NORMAL), et une prise de sang qui a été prise avec les pieds.

Ou alors c'est que l'infirmière c'était son premier jour, je sais pas trop.

(WARNING : si tu es phobique des aiguilles, saute quelques paragraphes.)


Parce qu'elle a passé dix minutes à me poker les veines du bras droit (celui que je donne aux dons du sang parce qu'il a la bonne veine bien bleue qui dépasse et tout) avant de me piquer (non sans avoir précédemment dit "vous pouvez tourner la tête si vous voulez", nan mais tu sais pas à qui tu t'adresses ma petite madame je suis une warrior).

Et là, je te jure que j'aurais bien aimé avoir détourné la tête, parce qu'en 7 ans de dons du sang j'avais encore jamais vu ça :

La meuf a planté l'aiguille dans mon bras. Mais y'a pas de sang qui est sorti!

(Elle avait raté la veine, cette pignouf. Y'a une grosse ligne bleue au milieu de mon bras, et elle avait piqué pile à côté, dis donc!)

Du coup, elle a sorti l'aiguille à moitié. Puis elle a commencé à touiller à l'intérieur de mon bras avec le reste de l'aiguille pour trouver ma veine!

(Là, j'avoue, warrior que je suis, je me sentais un peu chelou.)

Finalement, au bout de quelques secondes de cache-cache la veine, elle a sorti l'aiguille (toute propre et tout! Mais on a pas de sang dans le corps en dehors des veines, ou quoi?), elle m'a regardé d'un air peiné, et elle a dit :

- Bon, je... vais essayer l'autre bras, hein.

Finalement, ça a marché sur l'autre bras, youpi youplà. (Sauf que maintenant je me trimballe des cicatrices de junkie sur les deux avant-bras, ah ça va aider pour mon évaluation avec le département de l'Immigration, tiens.)

Mais j'en veux pas à l'infirmière, je crois qu'elle était débutante (après tout faut bien commencer quelque part et autant que ça soit avec moi). Parce qu'après la piqûre, je lui ai dit :

- Je peux avoir un verre d'eau?

Et elle m'a regardé avec un air de panique intense en disant :

- Vous vous sentez mal?
- Non non, j'ai juste un peu soif.
- Vous êtes sûre? Vous avez pas la tête qui tourne?
- Non, juste soif.

(En fait j'ai pas osé lui dire, mais on m'avait demandé de faire pipi dans un flacon juste avant, et je m'étais pas réhydratée.)

Elle a quitté la pièce à reculons en disant :

- Je vais chercher de l'eau. Bougez pas! Je reviens tout de suite. Bougez pas! Restez assise et levez les bras!
- Et quoi, je fais tourner les serviettes aussi?

C'est bon Gertrude, je voulais juste un verre d'eau.

Sinon, j'ai encore une fois été choquée par la pudeur de ce pays, vu qu'aucun des quatre médecins différents que j'ai vus ne m'a demandé d'enlever mes habits (alors qu'en France, c'est un peu la fête du slip, faut te foutre à oil-pé pour un oui pour un non).

Par exemple, le docteur qui a écouté mon cœur et mes poumons (en collant son stéthoscope glacé dans mon dos, y'a des choses qui ne changent pas), il m'a pas demandé d'enlever mon pull. Par contre, il m'a demandé de me mettre pieds nus.

(T'as des fantasmes bizarres, Gérard.)

Et puis il m'a dit de m'allonger sur le dos, et là il a chopé une espèce de petit bâton et il a commencé à me pouêter la plante des pieds avec. Donc évidemment, RIDICULE GÉNÉRAL :

- Just say "yes" if you can feel it when I touch you.
- Yestihihihihi IT TICKLES! Houhou! Hou! Nan mais stop, je vais me faire pipi dessus, en plus j'ai bu un verre d'eau tout à l'heure, ça m'a rechargée!

(Bon, mais au moins j'étais pas à poil.)

D'ailleurs, même pour ma radio des poumons j'ai pas eu à tomber la chemise. En rentrant, la radiologue m'a juste dit :

- Passez derrière le rideau et enlevez votre soutien-gorge, puis vous pouvez remettre votre pull par-dessus.

Même ils avaient un rideau pour se désaper, et tout!

(Chez ma gynéco je devais me mettre les fesses à l'air au milieu de son bureau, apprécie l'étendue du changement.)

J'ai quand même eu un petit moment d'angoisse quand la radiologue m'a demandé de derrière le rideau :

- Parce que c'est une radio, je dois vous demander : est-ce qu'il y a une possibilité que vous soyez enceinte?

La question qui te fait bien flipper ta mère.

(Bien sûr qu'il y a une possibilité que je sois enceinte. S'il y a une chose que les reportages de France 2 sur les dénis de grossesse m'ont appris, c'est qu'aussi longtemps que je vivrai, il y aura TOUJOURS une possibilité que je sois enceinte.)

(Vis ma vie de paranoïaque.)


Donc j'ai répondu :

- Bah euh non pas que je sache, ha ha! Enfin j'veux dire je prends la pilule donc voilà.
- Ah oui, pas de problème donc. Vous pouvez passer devant la machine.

N'empêche que j'ai passé tout le temps de la radio à me dire :

"Putain je suis en train de me faire bombarder de radiations et si ça se trouve je suis enceinte quand même à cause des 0.1% des filles qui tombent enceinte avec la pilule et si ça se trouve je suis en train de déformer mon bébé il va naître avec trois bras et deux têtes oh putain oh putain et si ça se trouve je fais un déni de grossesse et je suis déjà enceinte de quatre mois, ça expliquerait pourquoi j'ai tellement de bide ces derniers temps ça peut pas être que les Mac Dos quand même, oh putain et du coup je pourrais même pas avorter de mon bébé difforme à cause des rayons X, oh putain putain"


(Mais sinon ça va, je suis une jeune femme équilibrée.)

Mais la bonne nouvelle, c'est que j'ai passé haut la main tous les tests médicaux, et que du coup, si le département de l'immigration tient vraiment à me jeter dehors, il faudra qu'il aille fouiller ailleurs que dans ma santé de fer.

Donc a priori, je suis partie pour rester en Nouvelle-Zélande encore un petit moment.


(Nan mais t'inquiète, c'est bon, je rentrerai pour Noël.)

5 commentaires:

  1. Yeah! Congrats!
    (pardon) (mais je me rejouis des nouvelles de visa par procuration en ce moment) (apres une semaine coinces a la maison, ca se comprend, non ?)
    Sinon, on continue dans les constats communs entre Aussies et Kiwis: se deshabiller chez le medecin, vous n'y pensez pas, tres chere...

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  2. Eh bah le médecin qui m'a fichu un nichon à l'air la semaine dernière n'est visiblement jamais passé par la Nouvelle-Zélande !
    (Tope-là, copine de paranoïa)
    Cela dit, un bébé aussi difforme, ça s'abandonne. Il doit bien y avoir l'équivalent d'une aide sociale à l'enfance, non ? Sinon y'a plein de mer, en NZ. (Je dis ça, je dis rien)

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  3. Juste pour calmer la parano en toi : si t'as un bébé handicapé, tu peux avorter jusqu'à la fin de ta grossesse. Ca s'appelle une IMG (interruption médicale de grossesse).

    Allez, courage ! :p

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  4. Ah mouais, par ici on touche le fond. Les toubibs n'ont même plus de quoi se payer des paravents.
    Résultat, ils doivent subir en permanence le spectacle de jeunes femmes en train de se déshabiller. Quelle misère...

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