vendredi 8 avril 2011

La princesse au petit pois

 (Oh naaan, j'ai oublié d'aller me brosser les dents!)

Je vous ai conté beaucoup de contes et légendes stupides sur ce blog.

Mais il n'y en a aucun qui vaut celui-ci. (Accrochez-vous à vos slips, c'est un truc de malade.)

Alors il était une fois un prince qui devait trouver une princesse, histoire d'avoir une boniche pour repriser ses chaussettes, et accessoirement de ne pas rester dépendant de sa mère le reste de sa vie. Mais il voulait une vraie princesse. Qu'est-ce que le vrai dans une princesse? On sait pas trop, mais apparemment le prince non plus n'était pas trop sûr.

En fait, au lieu de faire la guerre dans les contrées lointaines, d'escarmoucher des infidèles à Jérusalem, ou de lire des choses en latin sur les bords de la Tamise (oui, j'ai décidé que mon prince était Anglais, je fais ce que je veux, c'est mon histoire) il passait ses journées à cheval, à aller de château en château, à la recherche de sa véritable princesse. Et avec chaque princesse qu'il rencontrait, il y avait toujours quelque chose. Même pas forcément de défaut apparent, c'est juste qu'il y avait toujours une chose qui les empêchait d'être parfaites.

(Non mais cherche pas plus loin, mec, t'es gay et puis c'est tout.)

Un beau soir, en fait c'était un très moche soir parce qu'il y avait un orage de ouf (paye ton royaume en Angleterre), le prince entend frapper à la porte de son château. Il envoie son majordome (eh tu pensais pas qu'il allait ouvrir la porte lui-même, non plus?) et le majordome lui ramène une fille.

Cette fille, elle faisait peine à voir, parce que comme je te parle d'une époque lointaine, il est raisonnable de supposer que c'était une époque à laquelle ils n'avaient pas encore inventé le parapluie. (Qui, rappelons-le, n'a été commercialisé en Europe qu'en 1730. Oui, je ressors mes exposés de l'école primaire, et alors, c'est mon histoire.)

Du coup, la nana, elle s'était bien fait avoir par l'orage, alors elle dégoulinait de partout, elle avait la robe qui gouttait sur les tapis persans, les cheveux emmêlés, la chair de poule, le nez rouge, le mascara qui coule, bref elle ressemblait à un gros raton laveur.

Et là, la meuf, elle se pose, tranquille:

- Ouais salut, le prince! T'sais quoi chuis une princesse, je suis venue convoler en juste noces avec toi. Bon et sinon elle est où ma chambre? Et au fait vous servez quoi au petit déjeuner, non parce que je suis allergique au lactose alors les céréales très peu pour moi. Et t'utilises quoi comme shampooing? Non parce que moi le Pétrole Hahn il me rend les cheveux gras, alors on risque d'avoir un problème.

Genre elle s'y croit carrément.

Le prince se sent obligé de lui accorder l'hospitalité, parce qu'on sait jamais, peut-être que malgré son apparence horrible c'est quand même une vraie princesse, et imagine il la renvoie chez elle et son père c'est un malade mental? Après il a une guerre sur les bras et tout! Donc ça nous rassure un peu, le prince a passé son éducation à courir le guilledou, mais il a quand même des rudiments de droit diplomatique.

Alors le prince fait préparer la chambre de la princesse, et là, il a une idée fulgurante pour tester si son invitée est une vraie princesse : il fait empiler vingt matelas, par-dessus il fait empiler vingt édredons en plume, et, tout en bas de l'édifice, il glisse sous le premier matelas un petit pois.

(A ce stade de l'histoire, j'ai quand même envie de m'exclamer : à une époque où les congélateurs n'existaient pas, on peut soupçonner que le petit pois glissé dans le lit était frais. Et dans ce cas, c'est pas pour dire, mais un petit pois, même cru, tu empiles vingt matelas et vingt édredons dessus, je peux te dire qu'il s'écrase, et t'as juste gagné une tache verte dans tes draps.)

Le prince fait conduire la princesse à sa chambre, il part en se frottant les mains, et puis il va se coucher, parce qu'il est quand même presque 22 heures, hein, et que la camomille ne va pas se boire toute seule. (Et le reste de la nuit, il grelotte, parce qu'il a filé tous les édredons du palais à la princesse.)

Alors maintenant, c'est le moment de t'expliquer l'idée de génie du prince : le coup du petit pois, c'est un test, parce que selon son cerveau malade, une princesse peut sentir un petit pois à travers un lit qui nécessite une échelle pour accéder au sommet.

Le lendemain matin, il voit arriver la princesse, encore plus moche que la veille, avec les cheveux en bataille et des cernes sous les yeux, genre Professeur Flaxou après une nuit sur Starcraft. (Pas une nuit à jouer! Non non! Une nuit à regarder les matchs des autres! Non mais n'importe quoi. Est-ce que moi je regarde les combats Pokémon des inconnus, je vous le demande bien.)

Et là, le prince lui demande si elle a bien dormi, et la princesse répond :

- Genre ça se voit pas assez à ma tête! Non, figure-toi, j'ai carrément pas fermé l'œil de la nuit! Non mais c'est quoi ces matelas pourris sur lesquels vous couchez, dans ce pays! T'aurais pu me donner une planche à clous, ça aurait été pareil! C'était tellement dur, regarde, j'ai des bleus partout. Regarde, j'te dis!

Le prince, s'il avait été normal, aurait été terrifié par cette psychopathe qui, non seulement, n'a pas une once de bonnes manières (v'la la princesse, quoi. A part les bonnes manières, elles ont RIEN à apprendre!) mais en plus a de toute évidence un gros problème de victimisation. (Genre "han, j'ai mal dormi, j'vais me SUICIDER! Tout ça c'est de ta faute!")

Et donc, le prince, au lieu de s'enfuir à toutes jambes, il fait quoi? IL L'ÉPOUSE!

(C'est la meuf de Twilight au masculin, ce prince : tu vas voir qu'après, sa princesse va aller passer des nuits à le regarder dormir debout dans un coin de sa chambre, et il va trouver ça super normal.)

Et pourquoi il l'épouse? (Déjà c'est certainement pas pour son caractère facile.) Parce que, selon monsieur, le fait d'avoir senti le petit pois à travers les épaisseurs de matelas et d'édredons démontre de manière empirique que madame est une princesse, car seule une princesse peut avoir la peau aussi sensible.

Non, seul un cancéreux peut avoir une peau aussi sensible. Un petit pois? Quarante couches de plumes? Je suis désolée, mais non. NON! C'est scientifiquement impossible, et je me révolte qu'on puisse raconter cette histoire à des enfants! 

(Alors que des histoires de princesses qui dorment pendant 100 ans, sans mourir, c'est possible. Cryogénisation. Et pan.)

Donc en fait, pour résumer l'histoire de la princesse au petit pois, on peut dire :

C'est l'histoire d'un prince philosophe qui se demandait "qu'est-ce que le vrai?", et qui a fini par épouser une princesse qui était une monstruosité de la nature.

Et ils vécurent très heureux, et n'eurent aucun enfant, la princesse ne supportant pas qu'on effleure sa peau, et le prince étant gay de toute manière.

FIN.

lundi 4 avril 2011

Les recherches du mois de mars

Je sais, c'est un article facile. Mais j'ai plus de vie sociale, plus de vie amoureuse, plus rien. J'ai juste une vie où je me lève le matin et où je bouffe du marketing. 

Et puis de toute façon vous avez décidé de plus commenter, alors quid pro quo Clarice.



mardi 29 mars 2011



Ce matin je me suis réveillée, et j'avais deux dents en plus.

C'est la folie dans mon organisme, on dirait.

Hier encore j'avais rien du tout, et ce matin, pouf, deux dents de sagesse, pile à l'endroit où hier, y'avait que de la gencive! En une nuit!

Bon, du coup, faut que je prenne rendez-vous presto chez mon dentiste pour voir s'il faut me les enlever avant qu'elles décalent toutes les autres, ou bien si y'a assez de place dans ma bouche pour qu'elles restent pump it up avec les autres. Moi, maintenant qu'elles sont là, je voudrais bien les garder, mais faudrait voir aussi qu'elles fassent pas trop de zèle. Imagine qu'elles en motivent encore d'autres à pousser?

Bref, cet épisode singulier me conforte dans la croyance que mon corps est un mystère de la nature.

Par exemple, quand je suis malade : j'ai toujours de la fièvre. Ça ne loupe JAMAIS. Genre, en janvier, j'avais un peu le nez qui coulait et j'éternuais, paf, j'ai eu de la fièvre. Pour un rhume! Mais c'est quoi ton problème?

En fait le problème de mon corps, c'est qu'il est un peu paranoïaque, alors il tire d'abord et il pose les questions ensuite. Mais attention, hein, quand je dis "il tire", c'est pas au taser. Ce serait plutôt au lance-roquettes.

- Alors décrivez-moi vos symptômes.
- Ben j'ai mal à la gorge quand j'avale, et puis j'ai le nez qui coule, je tousse un peu, et j'ai froid tout le temps.
- Ah, vous devez faire un peu de fièvre. Je vais prendre votre température.

Là c'est le moment où le médecin flippe :

- Mais mais... vous avez 39 de fièvre !
- Ah?
- Vous êtes sûre que vous avez juste un rhume?

C'est qui le médecin ici, hein?

Non mais c'est parce que le médecin, il était pas encore au courant que ma température corporelle normale, c'est 37,8. Oui, comme les chiens, exactement. (Ça explique peut-être aussi pourquoi mon nez est TOUJOURS froid, SAUF quand je suis malade.) Tu me diras, on a fait pire niveau aberrations de la nature. Par exemple, Professeur Flaxou, que je suspecte d'être un robot dans un corps humain, lui, sa température normale, c'est 36 degrés. Et c'est très désagréable. (Surtout quand il vient se coller à moi avant de dormir en disant "mmmm t'es comme un radiateur!" Oui, je me doute bien que dans ce sens, ça doit être chouette. Espèce de grande stalagmite.)

Donc en fait, quand j'ai une température de 38, par exemple, c'est pas de la fièvre. Alors que chez les êtres humains normaux, si! Donc mon corps, quand il veut se débarrasser d'un intrus, il est obligé de chauffer à blinde. Ça explique pourquoi, dès que je tombe malade, je fais 40 de fièvre, et je reste au lit 48 heures à comater. Mais en fait, c'est super pratique. Je me sens un peu malade, hop au lit toute une journée et toute une nuit, mon organisme me fait Stalingrad à l'intérieur, et le lendemain matin, je pète la forme! Même pas besoin de médicaments.

Donc en fait, je savais déjà que mon corps était plus rapide que la médecine occidentale. Mais là, c'est plus "rapide", c'est genre un nouvel adjectif au-dessus de "rapide". C'est "Flash Gordon"!

Alors maintenant, forte de cette découverte, j'ai décidé de tester mon organisme : en combien de temps mes ongles repoussent? En combien de temps mes bobos cicatrisent? Combien de temps vont mettre les dents de sagesse du haut pour rejoindre celles du bas et faire la teuf dans ma bouche? (Vas-y, amène les Hubba Bubba, j'ai pas peur, j'ai des renforts.)

Et dans quelques années, je vais faire le test ultime : je vais tomber enceinte. 

Et je te jure que si le bébé est pas fini en six mois, je porte plainte.


PS : en photo, c'est l'époque où j'avais pas assez de dents. Époque donc ultra-révolue. Derrière, c'est ma soeur qui préserve son anonymat. (Tu noteras les sublimes anoraks assortis.)

mercredi 23 mars 2011

Ulysse a la peau lisse

 (La pose de beau gosse!)

Par un beau jour, j'avais dit que je vous conterai l'Odyssée, parce que je vous avais relaté l'Illiade, et que quand j'étais petite c'était mon histoire préférée du monde entier.

Et avant de me faire découper en charpie par la promotion 2010 de Terminale L : oui, je n'en doute pas, l'Odyssée comme ça, en tant que tel, ça doit être encore plus épouvantable à analyser que "Les planches courbes" (et la figure du père courbé sur sa bêche, et le vecteur de l'espoir contenu dans le symbole de la barque, AAAAAH!) Mais je vous assure, c'est beaucoup plus fun quand on a le jeu CD-ROM "tout l'univers" qui va avec ("Vous êtes retenu par Calypso, reculez de dix cases"). Ah et aussi, je raconte tout ça de mémoire, alors si je cafouille, soyez indulgents, ça fait très longtemps (mon ordinateur de l'époque fonctionnait sous Windows 95, ai-je besoin d'en dire plus).

Alors ça commence avec la fin de la guerre de Troie, qui avait duré dix ans, dont huit ans passés à se paumer en bateau en essayant de trouver Troie. Faut croire que se perdre en bateau est un thème cher à Homère (qui, ne l'oublions pas, était aveugle, v'la les compétences en navigation) et du coup, dans l'Odyssée, c'est re-belote : c'est-à-dire que les Achéens ont mis dix ans à trouver Troie, maintenant ils veulent rentrer chez eux, et ils mettent de nouveau dix ans. Ça fait un compte rond.

(Et soi-disant Ulysse c'est le plus malin des mortels, et à l'aller, il a même pas pensé à faire une carte de navigation? Ils sont mal barrés, dis donc.)

Non mais faut quand même préciser que, entre la Grèce et la Turquie, c'est pas non plus les distances incommensurables, hein. C'est juste qu'en fait Ulysse et ses potes vont passer dix ans à faire du flipper partout dans la Méditerranée :


Et s'ils avaient fait une carte de navigation, ils auraient pu faire hop hop, on contourne la Grèce, tadam en un mois on est à Ithaque et ensuite on boit des mojitos peinard. Alors que là, ils ont bien eu le temps de passer cinq fois devant Ithaque, et pas un blaireau pour la reconnaître!

Alors les raisons de ce ping-pong de la mort, elles sont multiples, mais on peut les résumer en une phrase : Ulysse a la poisse la plus monumentale au monde. (Heureusement que c'est le mortel le plus malin de la terre, sinon il ne lui restait plus que ses yeux pour pleurer.)

Au début Ulysse s'en va de Troie avec 12 navires, et ils arrêtent pas de se faire pourrir la gueule par des vents contraires (fallait sacrifier plus de vierges, cf Agammemnon qui, lui, a tout compris), et poussés un peu n'importe comment, ils arrivent chez les Lotophages (en Tunisie actuelle).

Les Lotophages, ils font pas grand-chose de leur vie, à part rester sur leur cul et manger du lotos. Et en fait le lotos, c'est tellement bon que quand t'en manges, tu perds toute volonté et tu veux juste rester en Tunisie pour toujours et manger du lotos le reste de ta vie. Alors le lotos, on sait pas trop qu'est-ce que c'est, y'en a ils disent c'est des fruits, d'autres disent que c'est des fleurs. Bon moi je pencherais plutôt pour des fleurs, et je dirais aussi qu'au lieu de les manger, si ça se trouve ils les fumaient, et ça expliquerait bien des choses.

Quoi qu'il en soit, les hommes d'Ulysse mangent du lotos, et ils veulent plus repartir à Ithaque, où y'a que des cailloux et pas de substances illicites. Donc Ulysse, pas démonté, il les traîne de force jusqu'aux navires, et finalement ils repartent. (Mais on a déjà perdu du temps, avec ces conneries.)

Ensuite Ulysse change de cap pour se diriger vaguement vers Ithaque (si tu regardes la carte, tu observeras qu'il avait pas tout à fait le compas dans l'oeil) et il arrive à l'île des Cyclopes. Les Cyclopes, c'est des géants cannibales avec un seul oeil. Heureusement que les films en 3D existaient pas encore, t'imagines la frustration :

- Hé Polyphème! T'es allé voir "Avatar"?
- Vas-y, fous-moi la paix.

Donc Polyphème, frustré avant l'heure, capture Ulysse et ses compagnons pour les manger. Il en boulotte trois-quatre pour l'apéro, mais les dégâts sont endigués par une ruse d'Ulysse, qui fait boire plein de pinard à Polyphème, et alors il s'endort comme un sac à vin, et Ulysse et ses compagnons s'enfuient cachés sous des moutons (oui, parce que les Cyclopes sont aussi bergers, vu que dans la mythologie, tout le monde est berger), et au passage Ulysse crève l'oeil du cyclope, parce qu'il est comme ça, Ulysse, faut pas le chercher.

Du coup Polyphème est un tout petit peu vénère, et il cherche Ulysse. Sauf qu'il a plus d'oeil pour le trouver, c'est un peu ballot. Alors il va voir ses potes Cyclopes et il leur raconte l'histoire, et il dit qu'il cherche Ulysse. Sauf que Ulysse, un peu avant, avait dit à Polyphème qu'il s'appelait Outis (genre le Cyclope poli qui veut savoir le nom de son repas), et là où est le piège, c'est que Outis, en grec ancien, ça veut dire "personne". Du coup, Polyphème arrive chez les Cyclopes comme ça :

- Putain j'ai pris une lance dans l'oeil!
- Qui t'a fait ça?
- Personne!
- Tu t'es fait ça tout seul?
- Non! C'était Personne!

Du coup tous les Cyclopes le prennent pour un fou, et personne ne fait attention à lui. Ulysse et ses compagnons s'échappent à nouveau.

Seulement, là où Ulysse, pour le coup, est vraiment pas le plus malin des mortels, c'est qu'au moment de partir, il crie de son bateau : "Au fait, ducon, je m'appelle Ulysse, ha ha comment je t'ai niqué!". Ce qu'il avait pas calculé, c'est que le père de Polyphème n'est autre que Poséidon, seigneur des mers, et dis voir Ulysse, comment ça s'appelle déjà ce truc bleu sur lequel tu navigues?

Donc maintenant, on a la raison de la poisse intemporelle qui va frapper Ulysse à partir de là : c'est parce qu'il est maudit par Poséidon, qui fait tout ce qu'il peut pour l'empêcher de rentrer chez lui, et comme c'est un dieu, eh ben il peut beaucoup.

(Par contre, les Lotophages, les Cyclopes et les vents mauvais, c'était juste de la malchance normale.)

Ensuite Ulysse et ses potes arrivent sur l'île d'Eole, le gardien des vents. Comme il trouve qu'Ulysse a une bonne tête, il lui donne une outre remplie de tous les vents mauvais qui pourraient l'éloigner d'Ihaque (comme ça il fait son voyage pépère). Ulysse s'en va, du coup ils ont le vent dans le bon sens pour une fois, et ils arrivent à Ithaque!

(Mais comme nous on a vu la carte avec le trajet ping-pong, on sait que c'est pas fini.)

Eh oui, parce qu'en fait, les compagnons d'Ulysse pensent que l'outre est remplie de trésors et qu'Ulysse est moyennement enclin au partage. Donc ils attendent qu'il s'endorment, ils lui chopent l'outre, et ils l'ouvrent. (En fait maintenant on comprend pourquoi Ulysse est le plus intelligent des mortels : putain, les autres c'étaient des sacrés billes.) Donc re-belote, les voilà tous soufflés à nouveau sur l'île d'Eole. Seulement Eole, il est bien gentil, mais faut pas l'appeler Jambon non plus, donc il chasse Ulysse sans lui donner de seconde chance, parce que d'abord c'est un dieu et il fait ce qu'il veut, et puis que bon voilà hein, les cadeaux, on voit ce qu'ils en font les Achéens.

Ensuite Ulysse arrive chez les Lestrygons, en Sicile. Comme c'était dans les temps anciens, la Sicile n'était point peuplée de bergers et de mafieux comme aujourd'hui, mais de géants cannibales (on se demande ce qui est pire). Et les Lestrygons, peut-être qu'ils ont ouï les exploits d'Ulysse avec les autres géants cannibales, quoi qu'il en soit ils ont le seum, alors ils caillassent les bateaux d'Ulysse, et presque tout le monde meurt, sauf Ulysse (sinon y'aurait plus d'histoire) et une poignée de marins, sur un seul bateau.

Et là, ils arrivent chez Circé, qui est une enchanteresse. Ulysse envoie ses hommes, et Circé, ni une ni deux, elle les invite à manger, elle met des trucs dans leur vin, et ça les change en pourceaux. (Un pourceau en fait c'est un cochon, mais dans les anciens temps ils pouvaient jamais rien faire comme tout le monde.) Seulement un des hommes d'Ulysse était resté dehors parce qu'il se méfiait (faut dire que tout autour de la maison, y'avait tout plein de lions et de loups apprivoisés, ça inspire pas forcément la confiance) et il va dire à Ulysse que les autres compagnons ne reviennent pas. Ulysse s'en va à leur rencontre, comme ça, pas peur, avec sa bite et son couteau, et on sait pas vraiment s'il serait allé bien loin s'il n'y avait pas eu le dieu Hermès qui passait par là.

Hermès, c'est pas le dieu des sacs à mains pour vieilles bourgeoises, c'est le dieu des voyageurs. Et comme Ulysse ça commence à être un sacré baroudeur avec toute sa poisse, il l'aime bien. Alors il lui raconte comment Circé change tout le monde en animaux, et il lui donne une plante magique pour déjouer ses sorts. (Donc en fait, Ulysse ne serait vraiment pas allé bien loin.)

Là c'est assez rigolo, parce que Ulysse arrive chez Circé, elle, elle essaye de lui faire le coup du GHB, mais comme il est immunisé et un peu furax pour le coup des pourceaux, il sort son épée et menace de la tuer. Là, Circé flippe un peu, et elle lui propose de coucher avec elle au lieu de la tuer. Et c'est là qu'on voit qu'Ulysse était malin, parce qu'il lui fait prêter le grand serment des Dieux d'abord (qui lui interdit de faire du mal). Ensuite, par contre, faut pas lui dire deux fois. Une fois qu'ils ont bien fait des cochonneries dans tous les coins, Circé redonne apparence humaine aux hommes d'Ulysse (c'est beau la camaraderie), et ensuite, comme c'était trop d'efforts d'être changés en porcs, ils se reposent chez Circé pendant UN AN où ils font que festoyer, et où Ulysse, en prime, se tape la magicienne. (Et Pénélope, hein, et Pénélope qui t'attend fidèlement pendant que tu cours le guilledou avec tes enchanteresses? Tous les mêmes!)

Au bout d'un an de festoiement, les compagnons d'Ulysse décident qu'il faut partir, parce qu'ils commencent un peu à ressembler à des Américains (et puis, eux, ils ont personne avec qui faire des cochonneries ici, mais ils ont des femmes qui se languissent à Ithaque, alors un an d'abstinence, crois-moi que ça motive). Ils traînent plus ou moins Ulysse sur le bateau et ils se remettent en route.

(Jusqu'ici, je ne suis pas particulièrement époustouflée par son intelligence. La plupart du temps, c'étaient juste des coups de bol.)

Ensuite y'a un petit bout où Ulysse va jouer au nécromancien et il va invoquer les morts, parce que la seule personne qui ait le sens de l'orientation dans toute la Grèce, c'est un mec qui s'appelle Tirésias, et, pas de bol, il est mort. Du coup, Ulysse doit lui parler, parce que c'est le seul capable de lui indiquer la route d'Ithaque (non mais franchement c'est quoi cette équipe de bras cassés). Tirésias lui indique la route, et lui dit aussi qu'il va arriver sur l'île d'Hélios et qu'il ne faudra SURTOUT PAS manger le bétail qui s'y trouve (je sais pas pourquoi, je sens venir la couille dans le potage). Et puis ensuite, tant qu'à être en communication avec les esprits, Ulysse se tape la conversation avec tous les gens qui sont morts depuis le début de l'histoire de la terre (ça dure genre huit mille pages, mais bon, faut bien avouer qu'on s'en fout).

Hop hop dans le bateau, ils reprennent la route, ils passent du côté des sirènes, qu'ils arrivent à éviter, encore une fois, pas grâce à l'intelligence d'Ulysse, mais grâce à un tuyau de Circé.

Faut savoir que les sirènes de l'époque, elles étaient pas gentilles et rousses avec des soutiens-gorge en coquillages, comme on a l'habitude de les voir. 

Déjà elles étaient bien moches, parce qu'elles avaient un visage et des nichons de femme, mais tout le reste, c'était de l'oiseau. (Biiiiiih!)
 
Par contre, comme elles avaient une bouche, elles savaient chanter, et elles avaient un genre de chant magique qui poussait les marins à se jeter du bateau pour aller les rejoindre (et là, crac, elles le bouffaient!). Donc là, les marins sont prévenus, et ils ont tous de la cire dans les oreilles. Mais Ulysse, qui peut jamais rien faire comme tout le monde, décide que non, lui il veut entendre le chant des sirènes, alors il se fait attacher par ses marins au mât du bateau, il entend le chant, et bon apparemment c'est cool, mais je pense que ça vaut pas du Céline Dion. (Car Céline Dion, elle fait mieux, elle fait carrément couler ton bateau!)

Une fois passées les sirènes, le bateau d'Ulysse arrive à un détroit, de chaque côté duquel vivent deux montres : Charybde et Scylla. Ils ont des histoires bien tristes : Charybde, c'était une fille qui avait toujours faim, alors elle faisait rien que de bouffer. Et attention, valait mieux l'avoir en photo, parce qu'elle a quand même dévoré tout le bétail d'Héraclès. Héraclès, le chouineur, a appelé son papa Zeus, qui a puni Charybde en l'envoyant vivre au fond du détroit, où elle avalait les bateaux. Et Scylla, c'était une nymphe, et un mec, Glaucos (ha ha le nom pourri) était amoureux d'elle, alors il est allé demander à Circé (encore elle!) un philtre d'amour. Seulement, Circé elle-même était amoureuse de Glaucos, alors histoire de se débarrasser de la concurrence, elle a fait un philtre qui a changé Scylla en monstre hideux, qui depuis est allé jeter des rochers sur les bateaux. 

Donc en fait, Ulysse doit choisir entre passer d'un côté et se faire engloutir dans un tourbillon, ou passer de l'autre côté, et se faire caillasser la gueule façon 9-3. Il choisit Scylla, et perd six marins dans la traversée du détroit. (Mais dis donc, ils étaient combien au départ, au juste, les Ithaquiens? Parce que là, ça commence à chiffrer.)

Là, Ulysse arrive à l'île du Soleil, où il faut absolument pas manger les troupeaux. Mais bon voilà, on voit venir le truc hein. Les compagnons d'Ulysse, encore eux, mangent le bétail pendant qu'Ulysse dort. On dirait presque que c'est Ulysse qui a écrit le livre : 

- Oui alors tous les trucs débiles qui sont arrivés, c'est pas moi, j'étais en train de dormir.

Et c'est vraiment débile, parce que les vaches sur les broches commencent à meugler, et les marins les bouffent quand même, genre rien à foutre, j'aime bien quand ma bouffe se tortille dans ma bouche. Alors là on se dit que c'est dommage que la SPA n'existait pas à l'époque, mais ne vous inquiétez pas, Zeus est une SPA à lui tout seul : à peine le bateau reparti, hop hop il le foudroie vite fait bien fait, et tout l'équipage meurt (Et un Darwin Award!). Ulysse, qui n'a pas mangé le bétail, est le seul survivant, mais il a plus de bateau, alors il dérive pendant dix jours, en dix jours il triple la distance qu'il a fait en trois ans, et il échoue à Gibraltar, chez la nymphe Calypso, qui le force à rester avec lui pendant sept ans et à lui faire l'amour continuellement. Le supplice! (Encore une fois, je pense vraiment que c'est lui qui a écrit le bouquin.)

Et au bout de dix ans de guerre de Troie et dix ans de ping-pong dans la Méditerranée, les dieux décident enfin d'arrêter de remuer le couteau et de laisser Ulysse rentrer à Ithaque. Il se passe plein de trucs, mais comme c'est hypra-chiant et qu'il n'y a plus de naufrages et plus d'Ithaquiens à tuer, je pense que je vais m'arrêter ici.

En gros à la fin il rentre chez lui, et Pénélope lui dit : "Ah ben bravo! T'aurais pas pu faire attention à tes habits! On voit bien que c'est pas toi qui les raccomode!". 

Et il vécut heureux pour toujours.

lundi 14 mars 2011


Le vendredi, c'est à la base pas ma journée préférée.

C'est parce que c'est la journée où j'ai français le matin, et où je passe trois heures à faire des exercices sur les paronymes, les synonymes et les antonymes, alors que BORDEL JE ME SUIS TAPE DEUX ANS DE FILIÈRE LITTÉRAIRE et s'il y a une chose que j'ai apprise c'est bien les figures de style. Puis ensuite j'ai politiques linguistiques, et j'aime bien, mais le prof parle avec la voix d'un mec qui essayerait de t'hypnotiser, et la plupart du temps ça marche assez bien ma foi. Une fois, je me suis carrément réveillée quand ma tête a heurté mon cahier. (Depuis, le prof m'adore.) En plus on est que trois dans ce cours alors faut avoir l'air hyper concentré tout le temps. 

Et puis ensuite j'ai le cours de finance et techniques du commerce international, et c'est un peu la cerise pourrie sur le gâteau de la chiantise. Ajoutons à ça que ces trois cours s'enchaînent sans pause, et que mon déjeuner se résume en général à engouffrer un sandwich sur le chemin qui sépare mes deux bâtiments de cours.

Vendredi dernier, ça avait commencé pareil que tous les autres vendredis, sauf que non en fait c'était encore pire.

Pourquoi c'était encore pire? A cause de l'effet conjugué de deux coïncidences fâcheuses, que voici :

1) Les vitres de mon studio sont tellement fines que ça pourrait être du papier, ce serait exactement la même chose, à part qu'effectivement, on verrait un peu moins bien. Sinon, niveau isolation sonore et thermique, c'est pareil. Quand quelqu'un démarre une voiture dehors, mes fenêtres TREMBLENT, genre alerte à la secousse sismique, les femmes et les japonais d'abord.

2) Mes éboueurs sont des caille-ra.
A priori, ces deux choses n'ont aucun rapport entre elles. Mais elles en ont subitement eu un, ce vendredi dernier, lorsque, à la douce heure de cinq heures quarante-six, parvint à mes oreilles le désormais familier bruit monstrueux du camion de poubelles, qu'on dirait qu'il change les poubelles dans mon lit, l'odeur en moins dieu merci.

Mais cette fois-ci, au lieu de me tirer brutalement de mon sommeil pour m'y replonger aussitôt le coin de la rue tourné, j'ai eu droit à une violente dispute d'éboueurs PILE SOUS MES FENÊTRES, du coup je n'en ai pas loupé une miette.

Bon alors je voyais rien de la scène, mais à un moment il y a eu un bruit de poubelle renversée, et le dialogue suivant s'établit:

- Vas-y mais fais attention quoi!
- C'est bon j'ai pas fait exprès quoi.
- Non mais vas-y mais fais gaffe quand même quoi merde!
- C'est bon, nique sa race.
- A qui tu dis de niquer sa race? A QUI TU DIS DE NIQUER SA RACE?
- C'est bon j'le dis à personne là oh.
- Fils de pute.
- D'OÙ TU M'TRAITES DE FILS DE PUTE SALE BÂTARD??
- D'OÙ TU M'TRAITES DE BÂTARD SALE FILS DE PUTE??

Et ensuite ils ont juste enchaîné les "bâtards" et les "fils de pute" (assortis de quelques "nique ta mère" sinon c'est pas drôle) PENDANT DOUZE MINUTES. J'peux vous dire que quand je me suis levée deux heures en avance, des poches sous les yeux et des plis sur les joues, j'avais grave le seum avec ces bâtards de leur race, c'était totalement la sère-mi, ouais gros. (T'inquiète, j'écoutais Skyrock au collège, représente ta mère en slip.)

Donc ensuite, j'étais bien énervée, et en plus y'avait contrôle continu en commerce international. La journée bien pourrie.

(Si jamais j'ai des lecteurs éboueurs : le reste du temps je vous aime bien, hein. J'ai une théorie selon laquelle les éboueurs sont plus utiles à la société que les gouvernements. Exemple : un pays sans gouvernement. Genre la Belgique, ça fait bientôt un an qu'elle a pas de gouvernement - tenez bon les mecs, bientôt vous aurez passé les records des États totalitaires, wouhou! - mais c'est pas encore le bain de sang et les gens qui meurent de septicémie dans la rue. Bon. Maintenant, prenez la Belgique, et donnez-leur une grève d'éboueurs pendant un an. Eh ben voilà.)

Heureusement, pour finir ma journée, il y avait Marie, ma blonde préférée, et puis aussi Jean, Clémence, Tki, Martine et son copain, Christine, Professeur Flaxou, et Cyril qui était revenu en Alsace pour le week-end, parce que le reste du temps il est à Nîmes, à tirer des balles dans des mannequins pour se préparer à l'apocalypse de zombies, et aussi accessoirement pour devenir gardien de la paix (ceci dans l'unique but de faire sauter les PV de ses amis qui l'aiment tant - et accessoirement de casser du jeune, y'a pas de sot métier. Non, même pas éboueur).

On a mangé des hamburgers au fromage et bu des bières aux fruits, et Clémence s'est encore fait draguer par le serveur. (Clémence et les serveurs, c'est plus de la coïncidence, c'est carrément du domaine du super-pouvoir, à ce stade.) Et ensuite on est tous allés chez Marie manger des biscuits suédois merveilleux et jouer au Time's Up avec des noms qu'on trouve nous-même, sinon c'est pas drôle. Y'avait que des noms de politique internationale, Moubarak, Khadafi, Hu Jintao, Kim Jong-Il, c'était un peu la fête des dictateurs dans le salon (mes amis sont trop intelligents). Y'avait aussi Tki qui essayait désespérément de nous faire deviner Jaques Cousteau :

- C'est un mec avec un bonnet rouge!
- Charlie!
- Non! Il est vieux!
- Le grand Schtroumpf!

Y'avait Marie qui a fait la blague du siècle (au moins) avec l'ITI-RI:

- Qu'est-ce que c'est qu' E.T. qui se marre un bon coup? C'est l'école de Charlotte!
Y'avait des batailles de caramels mous dans tous les coins, et de la bonne humeur à ramasser à la pelleteuse, à base de blind-tests faciles pour certains et plus difficile pour d'autres, on ne nommera pas qui :

- Bon là j'en fais une facile. Personne n'a le droit de répondre, sauf Flavien!

Faut dire que c'était un peu grave quand même.

- ♪ Imagine there's no heaven....
- Heuuuu...
- ♫ It's easy if you try...
- Allez Flaxou, c'est facile!
- ♪ Imagine all the people...
- Ah j'ai trouvé! Les Rolling Stones!

En fait c'était plus facile quand Marie nous interdisait de répondre.

- Bon, pour celle-ci, Nono a pas le droit de répondre, mais les autres si.
- Muse! 
- 30 seconds to Mars! 
- Coldpaly!
- Placebo!
- Arrêtez, j'ai pas encore lancé la musique!

On s'est tellement amusés que je me suis couchée à trois heures du matin et j'étais que moyennement épuisée. Bon en fait non, j'ai cru mourir. Mais tant pis.

Les perles de la soirée :

- Elle est en Allemagne. (Cyril)
- Elle est à Tours. C'est pareil. (Tki)

- L'indien va être jaloux. (Nono)
- Ben, indien vaut mieux que deux tu l'auras. (Cyril)

- Cousteau il devait quand même avoir des grands poumons. (Moi)
- Comme toi! (Flaxou)

- C'est un grand singe poilu qui escalade les buildings. (Flaxou)
- Demis Roussos! (Cyril)

- C'est un chien célèbre qu'on regardait à la télé quand on était petites. (Christine)
- Hein?
- Et aussi un musicien.
(Fallait trouver Beethoven.)

- C'est "brillant" en anglais. (Clémence)
- Heu.... "Bryan"? (Martine)

PS : Et Nono bien sûr ! on l'adore Nono, elle est géniale Nono, c'est la meilleure du monde entier Nono! (Désolée de t'avoir oubliée. Et en plus c'est vrai que tu es la meilleure du monde entier.)