lundi 4 février 2013

Les Kiwis sont nos amis, il faut les aimer aussi





Et donc, les Néo-Zélandais ont des traits de caractère un peu bizarres.

Par exemple, ils ont des obsessions culinaires quelque peu cheloues, comme le fait qu'il est impossible de trouver un burger sans une tranche de betterave au milieu (si tu te demandes si c'est bon, la réponse est : non) (et en plus après tu fais pipi rouge, bonjour l'angoisse hypocondriaque pour les gens qui n'ont pas l'habitude de manger des betteraves, merci hein).

Ou encore le fait que les Kiwis mettent de l'avocat (le fruit, pas le monsieur du tribunal) absolument PARTOUT (dans la salade, dans les sandwiches, même dans mes putains de burgers à côté de la betterave!) parce que c'est bon pour la santé.

C'est aussi la même raison pour laquelle, si je veux acheter du miel, je dois casquer 25 dollars pour un pot de miel de manuka, parce qu'il n'y a pas de miel normal, parce que personne n'en achète, puisque ben attends si on a le choix entre du miel normal et du miel ANTIBACTÉRIEN, bien sûr qu'on va payer 20 dollars de plus, c'est évident!

D'ailleurs je vois pas où est le "hou là là", parce que n'importe quel type de miel a des propriétés antibactériennes - moins élevées, certes. Je le sais parce que pendant mon enfance sauvage, c'est comme ça qu'on soignait les brûlures quand on était à court de Biafine. (C'était plus souvent que tu le penses.)

(Oui, en plus des autres désordres mentaux, j'avais également quelques tendances pyromanes.)

(Mais maintenant je suis normale, et en plus je sais allumer un barbecue par n'importe quel temps!)

(Une qualité très utile en Nouvelle-Zélande.)

Bref.

Les Néo-Zélandais ont également d'autres traits de caractères bizarres en termes de goûts musicaux.

Laisse-moi te dire que j'ai goûté de la radio Kiwi plus souvent qu'à mon tour, vu que ma voiture a pas de lecteur CD et que le lecteur K7 est cassé, et je peux donc m'exclamer à la face du monde : mais les gens, c'est QUOI le deal avec Katy Perry?

Une chanson sur trois. UNE CHANSON SUR TROIS, je ne déconne PAS, c'est Katy Perry. Depuis que j'écoute la radio Néo-Zélandaise, j'ai réécouté toutes ses chansons depuis 2007 (soit environ trois millions, au rythme où elle les sort) et je n'en peux plus.



(And next we've got Katy Perry with her new summer hit...)

Mais bon, disons que je peux encore comprendre pour Katy Perry.

Par contre, le truc que je ne m'expliquerai jamais, c'est l'engouement pour ça :



Mais chez les ADULTES.

Parce que bon, je veux bien que les jeunes filles en fleur les écoutent en boucle. C'est des ados, faut bien avoir un passage "hystérie pour un groupe de musique merdique" dans ta jeunesse (Moi j'ai eu Sniper, et franchement, ça valait pas mieux).

Mais alors POURQUOI est-ce que toutes les radios de Nouvelle-Zélande se sont mises d'accord pour passer du One Direction en boucle? (Dans une moindre mesure que Katy Perry, mais quand même, on peut raisonnablement espérer une chanson d'eux toutes les heures.)

Et POURQUOI est-ce que tous les Kiwis adultes que j'ai rencontrés se gaussent de Justin Bieber, puis montent le son de la radio en disant "Han attends c'est la dernière chanson des One Dee, elle est trop bien!"


(J'insiste, c'est gens-là sont ADULTES.)

Mais le trait de caractère le plus bizarre des Néo-Zélandais, c'est surtout qu'ils sont GENTILS.

Mais gentils! Je te jure, c'est un truc de fou.

(En tant que Français, tu cherches l'arnaque direct.)

J'ai des millions d'anecdotes que je pourrais te sortir, mais je pense que le meilleur exemple, c'est encore de se baser sur la journée de jeudi dernier (baptisée par moi-même "la Saint Gentil").

Jeudi dernier donc, je sors du boulot à 22h et je vais prendre le bus. Une fois dedans, je demande au chauffeur :

- Est-ce que vous savez où je peux acheter un abonnement de bus?
- Oui, chez n'importe quel conducteur. D'ailleurs je peux vous en faire un maintenant, si vous voulez.
- Ah oui, je veux bien.

Donc il me file la carte et tout, et me demande 30 dollars. Manque de bol, j'avais pas de monnaie. Je lui dis donc que tant pis, ce sera pour une autre fois.

Et là, le chauffeur pointe du doigt une banque pas loin et me dit :

- Ben allez retirer là-bas au coin, je vous attends.

Moi je me suis dit "Nan mais il est malade ce type, il veut que je me fasse lyncher?". Donc je me suis tournée à quarante-cinq degrés, et j'ai dit mi-au chauffeur et mi-aux gens du bus :

- Aha non mais voyons, je ne voudrais pas vous retarder hein, hihi.

En me disant intérieurement : "laisse tomber mec, j'suis déjà une immigrée, tu vas pas encore aggraver mon cas non?"

Et là, le chauffeur me dit :

- Nan mais allez-y, y'a pas de problème.

Et puis tous les gens de l'avant du bus me regardent, et me disent :

- Mais oui, allez-y, y'a pas de problème!

(Ces gens sont fous.)

Donc je prends mon bus, et au bout de quelques minutes, je me rends compte que j'ai aucune idée d'où je suis, vu que les rues Néo-Zélandaises ne sont presque pas éclairées du tout (c'est genre un lampadaire tous les 500 mètres, et le reste du temps tu marches dans la nuit noire et obscure) (obscure et sombre, Isabelle s'est cognée contre les muuurs).

Donc je sors ma carte d'Auckland pour être sûre de ne pas rater mon arrêt, et ça n'a pas loupé (comme à chaque fois que je sors une carte) : environ une miliseconde après, un petit vieux s'est assis à côté de moi en me disant : "Ça va? Vous êtes perdue? Je peux vous aider?"

(Je te jure, ils ont un radar à cartes, c'est pas possible autrement.)

Je dis donc au monsieur que non c'est bon, je veux juste être sûre de ne pas rater mon arrêt.

- Vous descendez où?
- Mount Wellington.
- Ah ben c'est mon arrêt aussi! Je vous dirai quand descendre.

Je descend donc en même temps que le monsieur, et là, il me dit :

- Vous habitez où, exactement?



Moi, réflexe de Française, j'ai failli lui dire : "Nan mais ho vieux pervers mêle-toi donc de ton cul", mais finalement, je lui ai quand même dit "Sur Barrack Road" (ce pays me mollifie).

Ni une ni deux, il se met à marcher à mes côtés, en me disant : 

- Ah moi j'habite pas très loin, je vais faire la route avec vous.

Moi, réflexe de Française, je me suis dit "Ça y est c'est un violeur, obligé", donc j'ai quand même essayé de protester gentiment :

- Ah mais vous inquiétez pas hein, je connais la route maintenant.
- Nonsense! 

(La réponse Britannique à TOUT.)

Et puis il s'est mis à marcher à mes côtés jusqu'à ma maison, en m'expliquant que lui-même avait émigré d'Angleterre il y a 30 ans, qu'il avait épousé une Néo-Zélandaise et que ça lui faisait plaisir de parler à quelqu'un de son Hémisphère, et puis entre immigrés, il faut s'entraider, ces banlieues se ressemblent toutes et il faudrait quand même pas que je me perde toute seule la nuit.

(En même temps, je sais pas ce qu'il y a à craindre la nuit, ici. Les rues sont vides - mais VIDES genre Western avec buisson d'amarante - à partir de 17h.)

(Je pourrais me faire attaquer par un opossum, à la limite.)

Mais mon expérience de la Saint Gentil n'était rien comparée à celle de Professeur Flaxou.

Flaxou, lui, s'était levé tôt pour faire le tour des agences intérim. Et après une journée passée à éconduire les millions de gens qui couraient vers lui dès qu'il ouvrait sa carte pour lui proposer de l'aide, il avait fait le tour des agences, et il est allé dans une serrurerie faire le double des clefs pour la maison.

Le gars lui fait les clefs, lui annonce "30 dollars", et Flaxou n'avait pas de liquide sur lui.

(Décidément c'était la journée.)

Il essaye donc de payer par carte, mais la machine veut pas prendre sa carte. Donc il demande au mec où se trouve le distributeur le plus proche.

Et là, le mec le regarde, lui sourit, et dit :

- Nan mais c'est bon, allez-y. 
- Hein?
- On n'a qu'à dire que c'est votre jour de chance.

QUOI? MAIS QUOI??!

Mais dans quel genre de pays est-ce que les gens te laissent des trucs gratos quand t'as pas de monnaie sur toi?

Réponse : le pays des gentils.

Le pays où on peut marcher dans la rue la nuit sans avoir peur, le pays où j'ai jamais vu un seul mec siffler une nana, le pays où les femmes m'appellent "Honey" et les hommes m'appellent "Mate".

Le pays des gentils.

(Putain, je sens d'ici le retour en France.)

(Ça va être brutal, les gars, ça va être brutal.)

11 commentaires:

  1. J'adore suivre tes pérégrinations néo-zélandaises. Merci de prendre de ton temps pour nous faire partager tout cela avec beaucoup d'humour! ;)

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  2. Une fois j'étais dans le bus, et la chauffeuse s'est arrêtée pour qu'une femme puisse vomir à l'extérieur. ET bah y'a plein de passagers qui se sont énervés contre la chauffeuse parce que ça les mettait en retard. Du coup ton histoire d'arrêt au distributeur ça fait un peu épopée fantastique ^^ (Et alors le "j'ai pas d'argent / tiens c'est cadeau", j'en parle même pas)
    Vous allez vous transformer en Bisounours en fait !

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  3. Mais mais mais ... Il faut absolument que tu essayes le shopping sans liquide et avec une CB qui déconne !

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  4. Ahah, tu m'étonnes le retour en France va être dur!! Sauf si vous rentrez pas... ;)

    Sinon, moi, à Londres, le monsieur de TFL, il m'a filé un chocolat Lindt rouge, un truc pas dégueu. Comme ça, pour rien, j'ai même pas eu à lui montrer mes seins! Pareil, ma première pensée, ça a été "c'est quoi l’arnaque?!".

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  5. ah oui, ça doit faire peur! n'empêche ce qui fait réellement peur c'est qu'on trouve ça pas normal...

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  6. +1 pour la référence aux Inconnus!

    Et puis bon allez, +1 de toute façon parce que j'ai bien rigolé.

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  7. Fou rire en t'imaginant te faire attaquer par un opossum ! (façon Age de Glace)

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  8. Le retour en France va effectivement te faire très mal. Crois-moi sur parole -.-'

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  9. Ah une tranche de betterave et un autoradio près Ça donne encore plus envie de te rejoindre !

    Trouve la radio musique classique sinon, y en a forcément une non?

    Article génial! Enormes bisous et vive les kiwis!

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