vendredi 19 avril 2013

Over the rainbow



Je prends juste une petite pause dans la rédaction de mes aventures chez les Kiwis pour te sortir un petit article "à chaud" (chose que je m'interdis de faire d'habitude, mais merde, si on peut plus désobéir à ses propres règles, autant se coller une balle dans le slip tout de suite).

Parce qu'aujourd'hui, au boulot, en discutant avec mes collègues, j'ai entendu, comme ça, mentionné en passant, qu'hier le Parement néo-zélandais avait voté une loi pour autoriser le mariage gay.

Et ma première pensée, ça a été : COMMENT est-ce que j'en entends parler que maintenant?

Parce que, d'accord, je regarde pas la télé, mais je lis le New Zealand Herald deux fois par semaine!

Le New Zealand Herald! Et ils ont pas pensé à mettre ça en première page au lieu de parler du championnat de Ligue 3 de netball? Sérieusement?!

Pour info, le NZH (ouais je fais des acronymes, je suis trop une locale) c'est un peu "le Monde", mais version Kiwie : c'est-à dire qu'on parle que des pays anglophones et/ou du Commonwealth.

(Ouais, même les îles les plus paumées du Pacifique ont droit à leur article d'une page sur le thème "eh t'sais quoi, ben l'autre jour ils ont pêché un vache de gros poisson, ouah, fallait qu'on mette ça en une parce que hein, c'est pas tous les jours qu'on pêche un gros poisson comme ça, dis donc".)

Donc ça fait des semaines, des mois que le Parlement débat sur l'adoption de cette loi (score final pour ceux que ça intéresse : 77 voix contre 44) (oui, c'est un tout petit Parlement). Et j'en avais même pas entendu parler!

Pourquoi j'en avais pas entendu parler?

Parce qu'il n'y a pas de véritable polémique sur ce sujet.

Alors oui, bien sûr, y'a des illuminés qui ont écrit des menaces de mort aux membres du Parlement soutenant la loi, ou qui ont raconté que les ténèbres s'abattraient sur la Nouvelle-Zélande si la loi passait, et autres grands moments de lolitude à base de "si on a la sécheresse c'est la faute à votre satanée loi".

MAIS, et c'est quand même la grande différence culturelle avec ce que je peux entrevoir des débats houleux qui agitent la France en ce moment : tout le monde s'en fout.

Globalement, les Kiwis ont choisi, dans leur esprit très relax de toujours, de ne simplement pas s'intéresser à une loi qui ne va absolument rien changer dans leur vie.

Et c'est pour ça qu'il n'y a eu ici ni polémique, ni manifestations, ni même mini-débats au comptoir du café du commerce : parce que les gens estiment qu'ils n'ont pas à discuter de ce qui ne les concerne pas. Que ce n'est pas à eux de juger ce que deux adultes consentants ont envie de faire de leur vie.

Et, franchement, ce matin, j'étais fière de mon pays d'adoption.

J'étais fière de voir que la déclaration de la loi avait été accueillie comme ça :


Et pas par  des députés en train de se bagarrer comme des collégiens.

Et comme je suis sympa, je te cite les meilleurs morceaux de l'article en lien, si jamais t'as la flemme de lire :  

"Une grimace qui a provoqué l'ire des élus UMP – dont, surtout, d'Yves Albarello (UMP, Seine-et-Marne) – qui ont fondu sur lui (...) au cri de "ce n'est pas le lobby LGBT qui gouverne !". "En tentant de s'interposer, un huissier aurait reçu un coup" et le meilleur pour la fin : "M. Albarello se plaindra par la suite d'avoir été "agressé par les socialistes" qui lui auraient "cassé[ses] lunettes".

(Voilà voilà. Ces gens représentent le peuple de France.)

Je suis fière de voir que les Kiwis ont géré ce texte de loi, pas comme une incitation à la haine et à la violence,



Pas comme un appel à la négation des droits les plus fondamentaux du respect de l'autre,



En somme, pas comme des gros cons :




(Y'a du niveau)

Mais que les Kiwis ont abordé ce texte comme ce qu'il est : une simple proposition. Pas une menace, pas une punition, pas une injustice. Juste une proposition de rétablir une facette de l'égalité sociale. Donner l'occasion à des adultes consentants de s'unir devant la loi au même titres que tous les autres. Rien de plus.

Je sais que je n'apporte pas d'eau au moulin avec cet article et que mes propos sont ultra-banals (banaux?) (d'où la décision de le publier à chaud, parce que si j'attends une nuit, je vais le supprimer, vu qu'il n'apporte rien et en plus je fais même pas des blagues dedans), mais voilà, des fois, il faut que ça sorte.

Aujourd'hui, j'ai trouvé une raison de plus d'aimer ce pays.

Je termine sur le discours le plus génial du moment (with the Kiwi ixent en prime) (accroche-toi à ton sloup, ta perception des voyelles de la langue anglaise va basculer dans les abysses), et surtout un discours tellement Kiwi de tellement de manières (blaguounettes au Parlement et ambiance Bisounours, bienvenue en Nouvelle-Zélande) :




Et j'espère de tout mon coeur (et avec beaucoup de naïveté) entendre les mêmes mots prononcés en France dans les prochains jours.

(Aussi, et surtout, pour qu'on puisse commencer à parler d'autre chose.)

5 commentaires:

  1. Toi tu est fière de ton pays d'adoption (mais reviens-nous un jour quand même hein^^), et moi je suis fière d'être ta pote :)

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  2. et dire qu'en belgique ça fait des années qu'ils peuvent se marier et ça n'a pas fait beaucoup de bruit non plus (ou je ne m'en rappelle pas).

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  3. Certes mon master d'anglais commence à être loin derrière moi, mais je ne comprends pas 1 traitre mot du discours, mon ego vient d'en prendre un coup!

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  4. La vidéo du parlement qui chante est partout sur les sites de news françaises depuis hier, ça fait halluciner tout le monde!

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