dimanche 15 septembre 2013

L'instant Kiwi!

Instant Kiwi n° 10: Les transports.




(Malheureusement, le Moa n'est plus un moyen de transport.)


Je vais commencer cet article avec un petit conseil pour mes lecteurs que ça intéresserait de passer quelque temps en Nouvelle-Zélande :

Ici, les transports en commun, CA N'EXISTE PAS!

Pour tempérer un peu mon propos : alors, si, il y a des bus à Auckland : ils passent une fois par heure de 7h à 22h et ils font la liaison banlieue proche-centre ville. On a également un formidable système de trains de banlieue type RER qui relient les parties les plus lointaines de l'agglomération au centre-ville (avec, non pas une, non pas deux, mais QUATRE luxuriantes lignes de train) (mais aucune ne va au North Shore, qui concentre pourtant un tiers de la population d'Auckland). Et on a aussi des ferrys qui relient le rivage du North Shore et les îles de la baie d'Auckland au centre-ville.

Dans les autres grandes villes de Nouvelle-Zélande (au nombre de deux : Wellington et Christchurch), on me souffle que le système de transports en commun est plutôt bien foutu.

Et dans le reste du pays : y'a rien.

Il existe deux lignes de train : une sur l’île du Nord qui fait Auckland-Wellington, et une sur l’île du Sud qui traverse les Alpes d'Est en Ouest. Et, des fois, si l'envie te prend, tu peux dégoter un bus qui va d'une grande ville à une autre - mais t'auras plus vite fait de prendre le Red Eye (l'avion de nuit pour les vols intérieurs - appelé Red Eye je te laisse deviner pourquoi, vu que c'est des vols de nuit - ha, les Kiwis, quel sens de la formule) ou de faire du stop.

Mais bon, globalement, Auckland et les transports en commun : laisse tomber la neige. C'est une ville de un million d'habitants, et le système de transports est encore plus pourri que Colmar un jour de verglas.

Donc, la seule solution pour se déplacer en Nouvelle-Zélande, ça reste la voiture. Ici, on compte en moyenne, non pas une voiture par foyer, mais une voiture par individu (enfin, par individu majeur hein, les enfants n'ont pas le permis).

(Oui, je sais, c'est pas écolo de rouler en voiture. Mais c'est un pays qui a plein de parcs naturels, on va dire que ça compense?)

(Et puis bon, l'avantage de ce pays, c'est qu'il y a la place pour se garer PARTOUT.)

(J'ai pas fait un créneau depuis 2012.)

Bon, maintenant, tu me verrais au volant de ma Ford Mondeo de quinze mètres de long, tu serais impressionné par comment je gère la conduite (si si). Mais quand on est arrivés en Nouvelle-Zélande, j'avais tellement la trouille de conduire à gauche que Professeur Flaxou venait me chercher au boulot tous les soirs.

(Je pouvais pas rentrer en bus ou en train, parce qu'en semaine, tous les transports en commun s’arrêtent a 22h30, et moi je finis a minuit.)

(Y'a bien des bus qui font le service les vendredi et samedi soirs jusqu'aux folles heures de 1h30 du mat', mais c'est des bus remplis de gens bourrés, et moi, l'odeur de vomi, ça me dit moyen moyen.)

Et puis Flaxou a trouvé du boulot et j'ai été forcée de prendre la voiture pour aller travailler. (Vu que mes horaires pourris m’empêchent dans la même foulée de prendre le bus et de faire du covoiturage.)

Eh ben laisse-moi te dire qu'autant aujourd'hui je slalome avec grâce dans la jungle urbaine, autant au début, je faisais pas ma fière.

D'autant que la localisation de mon boulot ne me facilite pas la tâche, puisque je dois me déplacer sur cette antichambre de la mort qu'est l'autoroute Sud-Nord d'Auckland.

Ce petit sobriquet affectueux n'a rien a voir avec le taux d'accidents (par ailleurs proche du néant), mais je te jure qu'avec le nombre de fois ou j'ai frôlé l’arrêt cardiaque sur ce tronçon, il mérite amplement son nom.

Oui, parce que les Kiwis, tu vois qu'ils sont pas trop habitués à voir des choses sur la route qui ne sont pas des moutons ou des mynas. Parce qu'une fois sur l'autoroute, ils font, mais alors, n'importe quoi.

Je peux te dire que j'ai jamais autant apprécié ma conduite de mamie que dans ce pays. Parce que, si je mettais pas un point d'honneur a toujours conserver une distance de 2 voitures entre moi et les véhicules devant moi, je serais déjà morte.

A peu près un million de fois.

Parce que les Kiwis, ils aiment leurs voitures automatiques. Du coup, ils ont jamais appris a utiliser le frein moteur (vu qu'ils peuvent pas changer les vitesses).

Alors, quand ils voient un ralentissement au loin, qu'est-ce qu'ils font? ILS PILENT!

Quand la limitation de vitesse change? ILS PILENT!

Quand il y a trois gouttes d'eau sur leur pare-brise? ILS PILENT!

Quand une voiture devant eux met son clignotant pour changer de voie? ILS PILENT! (La politesse, ce fléau.)

Je te jure, sur l'autoroute d'Auckland, tu peux pas baisser ta garde une seule seconde. 

Sans compter que le code de la route Néo-Zélandais est légèrement différent du code européen, et qu'il autorise ce qui selon moi est une aberration sans nom : 

En Nouvelle-Zélande, on n'est pas obligés de doubler par la droite (ce qui semblerait la chose logique à faire, étant donné qu'on circule à gauche). Non non! On se complique pas la vie au pays des gens relax! Nan, ici tu doubles par la droite, par la gauche, par où tu veux, man! Sois libre comme une feuille d'automne, suis ta route, trace ton chemin! Double les gens en diagonale si ça te chante!

Bon, maintenant, j'ai l'habitude, je reste sur ma voie et je module ma vitesse comme ça me chante. Mais je te jure qu'au début, quand t'es dans la voie du milieu et que tu te fais doubler de tous les côtés, et qu'en plus les voitures devant toi freinent brusquement pour laisser passer les autres, tu fais tes prières mais comme tu les as jamais faites de ta vie.

(J'avoue que j'étais contente d'avoir appris le Notre Père à l'école primaire juste pour cet instant-là. Au cas où, t'sais.)

Je l'ai déjà évoqué sur ce blog, mais je me dois d'enfoncer le clou : les Néo-Zelandais sont parmi les êtres les plus courtois du monde.

Du coup, ils sont aussi très très polis en voiture (un concept perdu pour les gens qui ont déjà visité Marseille).

Et donc, quand une voiture indique qu'elle veut aller sur ta voie, il faut la laisser passer instantanément. Ça fait que les Kiwis ont l'habitude de mettre leur clignotant, puis de changer de voie dans la seconde qui suit, confiants dans l'idée que le gentil conducteur Bisounours derrière eux va freiner en plein milieu de l'autoroute pour les laisser passer avec un petit hochement de tête, et éventuellement un bisou soufflé par la fenêtre.

(J'exagère à peine.)

Bon, là je me plains, mais faut avouer que cette courtoisie a surtout des côtés positifs : déjà, en tant que jeune conductrice terrifiée qui peine à trouver les commandes dans ces voitures à l'envers (à la place de la commande du clignotant, y'a les essuie-glace. Mais vous voulez vraiment la mort des Européens!!), tu te fais jamais klaxonner.

J'ai d'ailleurs inventé une blague à ce sujet qui fait fureur aux soirées d'expatriés :

A Kiwi brings his car to the shop and tells the mechanic : "I don't really know what's going on, but my car is making this strange noise." The mechanic says : "Let's have a look, eh? Where is the noise coming from?" The Kiwi says "It goes every time I press this button. Can you fix it?" And he honks the horn.

(Je suis sympa, je partage ma blague en VO, au cas où tu connaîtrais des Kiwis à qui la raconter.)

L'autre avantage de la politesse au volant des Néo-Zélandais, c'est qu'elle rend possible les dispositifs de ce genre :



Ça, c'est donc une voir d'entrée sur l'autoroute d'Auckland. Comme tu peux le constater, on a deux voies qui se fondent en une, et des feux rouges avec cette inscription étrange et honnêtement pas très grammaticalement correcte :



Concrètement, ça se passe comme ça : pour éviter une circulation trop intense, ces feux sont allumés aux heures de pointe et ne laissent passer que deux voitures à chaque feu vert. Ces voitures passent de front et se mettent ensuite à la queue leu leu (là encore, y'a pas de règle sur qui cède le passage à qui, c'est du freestyle, c'est toi qui décides) pour gentiment entrer sur la voie d'insertion et s'immerger avec fluidité dans le trafic.

Bon.

Maintenant, transpose ce dispositif en France, et dis-moi si tu vois la couille dans le potage.

(J'hésite entre "personne ne respecterait jamais ces feux" et "personne ne céderait jamais volontairement le passage à une autre voiture", et je pense qu'en fait on aurait probablement un mix des deux.)

Donc, pour résumer : conduire en Nouvelle-Zélande, c'est terrifiant. 

Mais une fois le premier moment de panique intense et les quelques expériences de mort imminente passées, j'ai réalisé un truc génial : c'est que je pouvais profiter de ma mentalité de Française (qu'on peut résumer par : "Bouge ta tire de là, connard, moi je bosse") pour exploiter allègrement la mentalité de ces gros Bisounours de Kiwis (qu'on peut résumer par : "Oh, vous voulez passer, madame? Mais allez-y, je vous en prie, ce sera avec plaisir, et bonne journée à vous!").

Donc, maintenant, je suis la reine.

Je suis la princesse de la route, la badass du bitume,  l'impératrice de la Southern Motorway.



(Quand je confonds pas mon clignotant et mon essuie-glace.)

6 commentaires:

  1. La liberté de se déplacer est un droit qui s'achète dans de nombreux pays. Parfois très cher parfois d'une manière sournoise en utilisant des octrois pourtant interdit par la loi (astuce placer un feu rouge bloquant, pour ouvrir une barrière !!!)
    Jolies, jolies les illustrations, merci pour ce bon moment.
    Cordialement

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  2. Génial cet article !!!
    Hâte de voir ça en vrai !

    Sinon j'ai découvert la conduite roumaine cet été, sympa aussi : un virage dans qq mètres avec zéro visibilité / un camion qui arrive dans l'autre sens? Mais c'est le moment idéal pour doubler quatre voitures d'un coup!
    Tout le temps !!

    Les roumains qui migrent en Nouvelle-Zélande doivent être des gens heureux.

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  3. Ayant récemment déménagé à Epinal (dans les vosges) je peux assurer que je préfère rouler en Alsace.
    Ici, il n'y a pas de clignotants sur les voitures des base, ça klaxonne tout le temps, pas de respects des limitations ou des marques au sol : tu es libre de doubler n'importe comment (mais par la gauche) et de rouler à n'importe qu'elle vitesse ! De plus, les radars sont gentiment avertis par des pré-radar qui t'indiquent ta vitesse !

    La seule chose qu'ils respectent, c'est les piétons. On te laisse toujours passer!

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  4. Une nouvelle fois, 10mn de rire :)

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  5. Hein ? Pas un mot sur les transports amoureux, madame la jeune mariée, tss tss.....

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  6. Oh yes ! Je sais pas comment j'ai pu raté la publication mais j'ai lu l'article religieusement au Chti qui va avoir le plaisir dans une semaine de me conduire sur les routes néo-zélandaises !!
    Et je vais lui faire relire tous les soirs avant le départ pour que ça rentre bien !!

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